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Comment une équipe réputée plus forte peut-elle faire pire que sa devancière ? C’est la question qui taraude les esprits, actuellement, autour du FC Metz, cinquième du précédent championnat de Ligue 2 et aujourd’hui englué à la quatorzième place du classement, après huit journées sur trente-huit. Avec un groupe mieux calibré, une identité de jeu plus lisible, une ambiance proclamée « plus saine » (alors qu’il n’avait jamais été reconnu ouvertement qu’elle ne l’était pas, l’an dernier), les Messins de septembre 2009 sont en bien plus mauvaise posture que les Messins de septembre 2008, quatrièmes à seulement un point du podium, il y a un an.
D’accord, le précédent exercice a montré que rien ne servait de partir à point : le printemps meurtrier des Messins avait ensuite tout gâché. A la faveur de l’automne qui approche, au moins au calendrier, le très médiocre classement actuel appelle à consulter les archives. Elles indiquent que la situation n’est pas désespérée : en octobre 2002, la promotion Jean Fernandez pointait au quinzième rang, ce qui ne l’avait finalement pas empêchée de remonter (directement) en Ligue 1, au bout du compte. Seul rescapé de cette période finalement faste, Stéphane Borbiconi pourra toujours détailler cet exemple auprès de ses partenaires, cette semaine, sur la route d’un match à gagner absolument face à Laval. Qu’il ne détaille pas trop, cependant : à l’époque, Metz possédait un buteur en devenir (Emmanuel Adebayor) et s’apprêtait à en recruter un qui, lui aussi, évolue aujourd’hui en Ligue des Champions (Mamadou Niang). Aujourd’hui, Metz aurait-t-il seulement les moyens (et l’envie) de s’intéresser au Lorrain Frédéric Marquès, qui empile but sur but avec Amnéville au point de laisser croire qu’il est déjà un attaquant bien à l’étroit en CFA ?
Car le problème essentiel des Lorrains, aujourd’hui, est clairement identifié : ils ne marquent pas assez de buts. Comme leurs ambitions joueuses les livrent au risque de l’exposition, parfois, cette maladie chronique à ne pas transformer les occasions, qu’elles soient nombreuses (contre Tours) ou plus rares (samedi au Havre), finit par coûter cher, très cher. Papiss Cissé en a, par exemple, manqué deux très franches, samedi, dans le ton d’un début de saison qui ne le place pas exactement sur les bases de l’année dernière, où l’attaquant sénégalais aurait déjà pu prétendre à marquer bien plus que quinze buts.
« Forcer notre caractère »
Le mal pouvait déjà sembler fait, au Havre, quand les Messins ont manqué le coche. Mais leur jeu semble fabriqué pour inquiéter sérieusement un adversaire : il n’est pas interdit de croire que les deux buts bêtes encaissés en début de seconde mi-temps n’étaient pas rédhibitoires. Un peu plus hargneux, plus percutants et plus décidés, les Lorrains auraient même pu prendre les devants, en première période. Leur entraîneur, Yvon Pouliquen, l’a encore déploré après-coup : « Nous n’allons pas au bout de nos intentions. » Mais les intentions sont bonnes, c’est déjà ça, le reste est affaire de petits et de gros détails (un moment d’absence à l’arrière, de grosses carences à l’avant) : le problème, c’est que le diable est dans le détail, et la compétition n’attend pas que Metz soigne ses maux pour avancer.
De Stéphane Borbiconi, impliqué sur les deux buts, à Romain Rocchi, effaré de constater que son équipe venait de prendre trois points seulement sur douze possibles, les Messins ne se voilent pas la face : c’est une franchise qui n’a pas toujours existé, la saison passée. Mais Romain Rocchi en revient quand même à un vice jusque-là fatal à cette équipe : « Nous devons franchir un palier dans les matches difficiles, nous faire violence, forcer notre caractère. » Comme ce n’est pas Coupe de la Ligue tous les jours, c’est donc face à Laval, un très bon promu, qu’il va falloir commencer à remonter la pente, dès cette semaine.
Sylvain VILLAUME.