
Bruce Abdoulaye et les Messins ont butté sur le mur havrais. Et ils ont fini par quitter la pelouse de Saint-Symphorien avec une défaite sur le dos. La quatrième d’affilée… Photo Pascal BROCARD ;
La venue du Havre devait permettre aux Messins de retrouver la paix. C’est raté. En s’inclinant pour la troisième fois d’affilée à domicile (0-2), le FC Metz glisse à une très inconfortable seizième place.
Un pour tous, tous pour un. Face à la cascade de forfaits qui a frappé l’équipe messine durant la trêve internationale, la devise, empruntée aux célèbres Mousquetaires, était plus que jamais d’actualité.
Défendre les couleurs grenat. Laver l’affront des deux défaites infligées à domicile par Nantes et Istres. Et pour reconquérir Saint-Symphorien, Dominique Bijotat, contraint d’innover hier soir, avait décidé de lancer le jeune Alhassane Keita en l’absence de Mathieu Duhamel, meilleur artilleur messin. Autres innovations, la présence (annoncée) de Ludovic Guerriero aux côtés de Bruce Abdoulaye dans l’axe central de la défense et la première titularisation cette saison d’Alexander Odegaard.
Une bonne pioche pour le coup. Le Norvégien, souvent poussif lors de ces rares apparitions sous les couleurs messines depuis l’ouverture du championnat, aura, au final, été l’une des rares satisfactions de la soirée. Une bien maigre consolation au regard d’un épilogue désormais trop connu. Car Metz s’est incliné. Pour la quatrième fois d’affilée. Ce qui ne lui était jamais arrivé la saison dernière en Ligue 2. C’est dire la nature du mal qui ronge actuellement la formation messine.
Alors, certes, d’aucuns se retrancheront derrière l’aspect expérimental et le manque d’expérience de l’équipe alignée, hier, par Dominique Bijotat, le tout dicté par les absences des uns et des autres. Mais cette excuse ne doit pas cacher les carences que traînent actuellement, comme un boulet, Ludovic Guerriero et ses partenaires.
On a pourtant cru qu’un semblant de renouveau était à l’ordre du jour durant vingt-cinq bonnes minutes en première période. Après une première double alerte signée Novillo-Rivière, repoussée par Anthony M’Fa (6 e), le FC Metz a ainsi pris les choses en main. Monopole du ballon, volonté de faire vivre le ballon, variation du jeu. La palette à Doudouce se serait sans aucun doute délectée de cette production. Mais elle aurait également pointé du doigt ces déchets techniques qui empoisonnent la vie des Grenats depuis de trop longues semaines. Elle aurait aussi démontré que pour parvenir à ses fins, s’appliquer dans le dernier geste et réussir au moins un centre peut s’avérer utile voire nécessaire. Enfin, elle aurait démontré, comme l’a souligné Dominique Bijotat à l’issue de la rencontre, que certains joueurs sont encore loin de ce qu’on est en droit d’attendre d’eux.
Fleurival contre son camp
Car si Alexander Odegaard s’est très souvent appliqué, à l’image de cette subtile remise pour Yeni N’Gbakoto (19 e), notamment, les Messins ont rarement mis Placide en danger. Oumar Pouye, transparent par ailleurs, s’y est essayé (42 e) pour l’une des rares frappes cadrées de la rencontre côté lorrain. Un bien maigre bilan, d’autant que les Havrais, loin d’avoir réalisé le match du siècle, ont su se montrer réalistes sur l’une de leurs rares incursions dans le camp adversaire en première période. Mesloub profitait ainsi d’une mésentente entre Bruce Abdoulaye et Adama Tamboura pour servir Rivière, seul au point de penalty (0-1, 36 e). Une énième erreur anéantissant, encore une fois, les louables, mais vains efforts du FC Metz.
Résultat, les hommes de Dominique Bijotat ont lentement, mais sûrement baissé le pied. Après la pause, ils ont bien tenté de pousser, d’inverser la tendance. En vain. D’autant que le malheureux David Fleurival a offert, bien involontairement, le deuxième but à des Havrais qui n’en demandaient pas tant (0-2, 52 e).
Un « scénario catastrophe » selon Dominique Bijotat dont l’équipe pointe, ce matin, à la seizième place. Et le spectre de la saison dernière de rejaillir… Sale soirée.
Jean-Sébastien GALLOIS.
Odegaard sort du bois

La volonté de Traoré n’a pas été suffisante… Photo Pascal. BROCARD
EN VUE
Mahamane Traoré. Comme souvent, le milieu de terrain malien a beaucoup touché le ballon, s’est montré disponible et a apporté le danger dans le camp adverse. Sa touche technique a été précieuse pour donner de l’espoir aux Grenats. Il n’a manqué que la concrétisation de tous ces efforts pour égayer la soirée.
Ludovic Guerriero. Le capitaine du FC Metz a reculé d’un cran pour prendre place au sein de la défense centrale, où son autorité et sa relance ont été appréciées. Néanmoins, ses qualités n’ont pas suffi pour éviter à son équipe de sombrer.
DANS L’OMBRE
Adama Tamboura. Le défenseur malien a à peu près raté tout ce qu’il a entrepris. Son rendement défensif, sa mission première, s’est avéré tout bonnement insuffisant pour permettre aux siens de tenir en respect les Normands. En difficulté devant Bonnet, Adama Tamboura a été impliqué sur le premier but havrais. Sa mésentente avec Bruce Abdoulaye a coûté cher. Et il n’a jamais su redresser la barre.
Oumar Pouye. L’absence de Kévin Diaz sur le flanc gauche du milieu de terrain lorrain s’est cruellement fait sentir. La tâche d’animer ce secteur de jeu était dévolue à Oumar Pouye, qui a multiplié les mauvais choix tout au long de la rencontre avant d’être remplacé par Mayoro N’Doye .
PAROLES, PAROLES
Dominique Bijotat (entraîneur de Metz) : « On savait les données de ce match. On n’avait pas l’équilibre au départ. Malheureusement, on a subi ce premier but sur lequel les Havrais ont eu un peu de réussite. C’est le scénario catastrophe. Après, ils ont pu utiliser le contre pour nous déséquilibrer et ils l’ont fait sur un coup de pied arrêté. On n’a pas été récompensé de nos efforts mais, dans l’ensemble, Le Havre a mérité sa victoire. »
Cédric Daury (entraîneur du Havre) : « On est resté solide. On avait bien observé cette équipe de Metz et on savait qu’en gardant notre organisation, on aurait des opportunités en contre, comme ça s’est passé. »
Alexander Odegaard (milieu de Metz) : « Depuis quelques semaines, je me sens de mieux en mieux à l’entraînement. J’étais donc content de débuter le match. On avait bien démarré avant d’être mené au score. Dommage. »
TEMPS ADDITIONNEL
Né à Metz, passé par toutes les équipes de jeunes du club avant d’y apprendre son métier, Julien François a quitté, hier soir, le stade Saint-Symphorien avec le sourire. Non sans avoir retrouvé avec un plaisir non dissimulé certains visages et serré quelques mains. Le capitaine du Havre a mené son équipe à bon port.
Maxime RODHAIN.
L’HOMME DU MATCH
Alexandre Odegaard. Pour sa première titularisation de la saison, le Norvégien n’a pas déçu. Il a profité de sa présence pour faire étalage de son talent, trop rarement vu depuis son arrivée en Moselle en janvier dernier. Particulièrement actif, Alexandre Odegaard s’est efforcé d’orienter le jeu messin, aux côtés de Mahamane Traoré. Précis dans ses passes, il n’a pas hésité à prendre sa chance. Il s’est même essayé aux coups de pied arrêtés après la pause. Sans réussite. Avec trente-six minutes dans les jambes seulement, le Norvégien a logiquement baissé d’un ton sur la fin.

TRIBUNE LIBRE - Des cœurs refroidis
Soixante-quinzième minute de jeu à Saint-Symphorien : les premiers des 7 835 spectateurs, qui croyaient assister au redressement des Grenats face au Havre, quittent le stade. « C’est catastrophique » pour certains supporters, sérieusement refroidis par les frimas d’octobre et la prestation de leurs favoris. Après deux mois et demi de compétition, les cœurs n’y sont déjà plus après cette quatrième défaite de rang en championnat, la troisième en moins d’un mois sur l’île Saint-Symphorien, où les visiteurs ramassent les points à la pelle, comme les feuilles le jardinier. L’automne est triste. Les beaux jours de l’été et ses promesses sont loin. Et l’hiver pourrait être bien long…
M. R.