A l’image de Yéni N’Gbakoto, la réussite du début de saison fuit actuellement le FC Metz. Photo P. BROCARD
Semaine après semaine, les Messins dilapident les bénéfices de leur encourageant début de saison. Pire leur quatrième défaite de rang, vendredi face au Havre, les rapproche dangeureusement de la zone rouge.
Quatre à la suite. La formule, rendue célèbre par un animateur télé du service public, s’est invitée, vendredi soir, dans les coulisses de Saint-Symphorien. En laissant Le Havre s’emparer des trois points de la victoire, les Messins ont, en effet, enregistré leur quatrième défaite d’affilée. Une funeste série qui enfonce un peu plus le FC Metz, désormais seizième à seulement deux longueurs du promu amiénois, premier relégable (en attendant le match opposant demain Guingamp à Monaco).
Quatre à la suite. Pour retrouver la trace d’une telle statistique, il faut remonter à la dramatique saison 2007-2008. Cette année-là, Metz est au supplice en Ligue 1. Un calvaire symbolisé par une séquence, non pas de quatre, mais de six défaites de rangs (dont trois à domicile) entre la quatorzième et la dix-neuvième journée. Évidemment, personne, du côté de Saint-Symphorien, n’espère revivre une telle expérience. Et beaucoup rétorqueront à ces chiffres sortis des boites d’archives que ressasser sans cesse le passé ne mène à rien. La vérité d’aujourd’hui, n’est pas celle d’hier. Certes.
Mais les mines graves affichées par Ludovic Guerriero et ses partenaires, vendredi soir, en disaient long sur les dégâts que venait de faire ce nouveau coup de grisou. « Si nous en sommes là, c’est qu’il manque clairement quelque chose, lâche Bruce Abdoulaye. À mes yeux, ce n’est ni une question de jeunesse ni l’absence de tel ou untel. La vérité, c’est qu’on manque de poigne dans certaines situations. » Comme sur le premier but encaissé face au Havre… Le défenseur messin ne fuit pas ses responsabilités. « Je suis entièrement coupable sur l’ouverture du score des Havrais, reconnaît-il ainsi. Et ce but fragilise le reste de l’équipe… Mais cela n’explique pas tout. »
Il n’empêche. La multiplication de ces erreurs individuelles a grandement contribué au lent déclin de l’empire messin ces dernières semaines. « Dès qu’on perd le ballon, nous avons énormément de mal à se remobiliser rapidement, constate Dominique Bijotat. Quand on est moins bien au niveau de la solidarité, on devient une équipe fragile. »
« Certains sont loin de leur potentiel »
Fragile et fragilisée, vendredi, par une cascade de forfait. Il ne s’est évidemment trouvé personne pour se réfugier derrière cette excuse. D’ailleurs, c’est avec une bonne partie de ses forces vives que le FC Metz a rendu les armes face à Nantes, Istres et Clermont. Il n’est donc pas question ici de jeter l’anathème sur Ludovic Guerriero, pompier de service plutôt correct, ni sur le jeune Alhassane Keita, à qui on ne pouvait légitimement pas demander de miracles (dans de telles circonstances, il s’en est d’ailleurs pas trop mal sorti). Non, contre Le Havre, l’équipe expérimentale concoctée par le staff messin a tout simplement confirmé que la marge de manœuvre des Lorrains n’était pas très grande. Un constat implacable, surtout si l’on se range derrière Dominique Bijotat pour reconnaître que « certains joueurs sont actuellement loin de leur potentiel. »
L’entraîneur messin n’a dévoilé aucun nom. Mais malgré toute la bonne volonté qu’ils ont tenté d’afficher, des garçons comme Yéni N’Gbakoto et Oumar Pouye ont montré leurs limites actuelles, alors que Samy Kehli, entré après la pause, tarde à valider les bonnes dispositions entrevues en fin de saison dernière.
Rien n’est cependant inéluctable. Une preuve ? La résurrection d’Alexander Ødegaard. Peu utilisé – et peu convaincant – depuis son arrivée en Lorraine, le Norvégien, volontaire et inspiré, est enfin sorti de sa boîte, vendredi soir. Une bonne nouvelle pour un milieu de terrain messin qui a grandement besoin de plus de justesse et de simplicité. Reste à savoir si le retour annoncé de certains blessés, Kévin Diaz en tête, permettra à Alexander Ødegaard de confirmer les promesses d’un soir.
En attendant, les Messins vont plancher, à partir de demain, sur une équation à plusieurs inconnues. La plus délicate, et sans aucun doute la plus importante, étant de retrouver une bonne dose de sérénité. Pour enfin faire le ménage à Troyes.
Jean-Sébastien GALLOIS.
Guerriero : « Une très mauvaise passe »
Malgré la nouvelle claque reçue face au Havre, le capitaine messin refuse de capituler : « On doit relever la tête tous ensemble ».
A près cette quatrième défaite d’affilée, quel sentiment prédomine : la déception ou l’inquiétude ? « Une énorme déception tout d’abord. Dans les vestiaires tout le monde était abattu. Cette défaite est très difficile à avaler car nous voulions vraiment rebondir, surtout chez nous. C’est dur… ( Silence). Est-ce que nous sommes inquiets ? Il faut qu’on le soit car quatre défaites de suite, c’est énorme. C’est trop ! Aujourd’hui, le FC Metz est juste devant la zone de rélégation. Alors oui, nous sommes inquiets. »
• Résignés ? « Certainement pas. N’oublions pas que nous n’en sommes qu’à la onzième journée. Si on commence à parler des démons de la saison dernière, comme certains sont déjà tentés de le faire, on ne va pas y arriver. C’est une saison différente ! Nous sommes différents. Voir tout en noir et baisser les bras nous entraînerait vers la fin. Personne n’en a envie. Nous traversons actuellement une très mauvaise passe et il n’y a que nous qui pouvons faire évoluer les choses. On doit relever la tête tous ensemble. »
• Qu’est-ce qu’il a manqué au FC Metz, vendredi face au Havre ? « Du caractère par moments et surtout de la lucidité et de la justesse dans le dernier geste. Nous avons su nous créer de bonnes situations, mais dans la dernière passe nous avons été beaucoup trop pauvres et approximatifs pour mettre en danger une équipe du Havre bien organisée. On a des temps forts, mais on ne parvient pas à les concrétiser. Les Havrais, eux, y sont parvenus. Voilà la différence ! »
« Avec plus de conviction »
• Les nombreuses absences ont-elles été préjudiciables ? « On ne va pas se retrancher derrière ça pour expliquer notre défaite. Des forfaits, toutes les équipes doivent y faire face à un moment ou un autre. Une équipe a été alignée et c’était à elle de faire le travail. Peu importe les joueurs, tout le monde doit être impliqué. L’effectif est suffisamment important… Le problème, je le répète, c’est cette dernière passe et des erreurs défensives qui nous coûtent très cher. »
• La suite ? « Se remettre au travail, enfiler le bleu de chauffe et se remobiliser dès lundi. On vient de prendre un nouveau coup derrière la tête, mais cette tête on doit vite la relever. Il faudra aller à Troyes avec plus de conviction… »
Ludovic Guerriero. Photo Pascal BROCARD
J.-S. G.
Fc Metz express
Tableau de bord. Hier : décrassage pour les joueurs de Metz - Le Havre. Aujourd’hui : repos. Demain : deux séances à 9h30 et 16h30.
D’un match à l’autre. Dernier match : Metz - Le Havre (11 e journée de Ligue 2), vendredi 14 octobre : 0-2. Prochain match : Troyes - Metz (12 e journée de Ligue 2), vendredi 21 octobre à 20h. À suivre : Metz - Reims (13 e journée de Ligue 2), vendredi 28 octobre à 20h.
À l’infirmerie. Malgré quelques soucis musculaires, l’état de santé de Yéni N’Gbakoto et Romain Métanire n’inspirent aucune inquiétude. Il en va de même pour Mahamane Traoré, touché aux ischio-jambiers et à l’arcade sourcilière face au Havre. Mathieu Duhamel (cuisse) devrait reprendre normalement l’entraînement dès demain, tout comme Kévin Diaz (cheville) et Diafra Sakho (talon d’Achille), tous les deux parfaitement remis de leur blessure respective. Enfin, Joris Delle (genou) poursuit sa rééducation et Olivier Cassan (nez) est à l’arrêt.
Suspendu. Kalidou Koulibaly purgera son second match de suspension, vendredi, à l’occasion du déplacement à Troyes.
