
Au temps des promesses a succédé celui du doute : Kévin Diaz, David Fleurival et leurs coéquipiers messins, battus lors des cinq dernières journées, doivent relever la tête... Photo Pascal BROCARD
Battu lors des cinq dernières journées de championnat, premier non-relégable, le FC Metz s’apprête à recevoir Reims, leader, dans un climat lourd d’interrogations. Et en présentant tous les symptômes de la crise.
Une faillite comptable
Voilà qui commence à faire long, très long. Plus de cinq semaines, exactement, qu’ils n’ont plus goûté à la victoire. Au soir du 17 septembre, date de leur dernier succès, au Mans, les Messins avaient cueilli douze des vingt et un points qui s’étaient présentés à eux. Depuis ? Rien. Cinq matches, cinq défaites. Soit zéro point sur quinze possibles.
Lourde psychologiquement, mais c’est là un autre problème, cette faillite comptable se traduit d’abord de façon plus concrète par un effrayant glissement de terrain : quatrième à l’issue de la septième journée de championnat, l’équipe de Dominique Bijotat se retrouve aujourd’hui aux portes de cette zone rouge qu’elle avait si longtemps fréquentée la saison passée. Un point, un seul, sépare désormais le camp grenat d’Amiens, premier relégable. Tout cela alors que se profile la venue du leader rémois, vendredi soir... Idéal pour rebondir, diront certains. Idéal, oui, mais à condition d’avoir les jambes et la tête pour le faire.
Une déroute sportive
L’époque, c’est le moins que l’on puisse dire, n’est pas à l’optimisme de ce côté-là. Personne n’ose même le murmurer dans les couloirs de Saint-Symphorien mais le fait est que la réception des Champenois nourrit bel et bien l’inquiétude ambiante. Facile à comprendre : un nouvel échec dans trois jours à Saint-Symphorien et Metz franchirait définitivement la cote d’alerte.
Et c’est là que tout se se complique : en effet, comment étayer l’idée que les Messins ont, aujourd’hui, la capacité d‘enrayer le scénario de crise dans lequel ils ont basculé après leur défaite contre Nantes, le 20 septembre ? Quatre autres ont suivi, au fil desquelles la production messine a montré d’évidents signes de déliquescence.
Le souvenir de l’entame de saison encourageante réalisée par le FC Metz n’est même plus là pour servir de pare-feu à la sinistrose. D’ailleurs, le problème se situe peut-être là, dans le leurre qu’ont pu constituer ses sept premières prestations de la saison. Pas plus tard que la semaine passée, avant que sa formation ne s’incline pour la cinquième fois d’affilée à Troyes, Dominique Bijotat tenait un propos allant dans ce sens : « D’accord, nous avons pris des points, nous avons gagné trois matches, mais il ne faut pas exagérer, on ne dominait pas non plus les débats. » La suite, avec la réussite en moins et un supposé relâchement des uns et des autres, l’a confirmé, donnant corps à une hypothèse guère réjouissante : et si Metz n’était tout simplement pas resté ce qu’il était la saison passée, à savoir une équipe taillée pour galérer ?
Une réalité, une seule
« Avec ce même groupe , répliquait Bernard Serin, avant-hier, dans nos colonnes, nous avons pris 41 points en 27 journées », faisant référence au parcours réalisé par Metz entre le 15 janvier et le 17 septembre. Le garde-corps présidentiel est bancal. Comme on a d’ailleurs pris soin de le répéter à maintes reprises ces dernières semaines du côté de Saint-Symphorien, en substance, « il ne sert à rien de dresser des parallèles entre la saison passée et celle en cours ». D’où l’étonnement à la lecture des mots de Bernard Serin. D’où, aussi, notre perplexité sur la véritable pertinence de ce bilan à cheval sur deux exercices… Un autre, réduit aux cinq dernières journées de championnat, semble il est vrai beaucoup plus évocateur de la situation dans laquelle se retrouve le club lorrain alors qu’un tiers de la saison s’est presque écoulé. La réalité, la vraie, est là : le FC Metz serait bon dernier de Ligue 2 si la compétition avait débuté le 20 septembre, étant la seule équipe à n’avoir engrangé aucun point depuis cette date. Alors bien sûr, la route est encore longue. Mais pour espérer s’en sortir, il est plus qu’urgent que les Messins la retrouvent. Et ça...
Cédric BROUT.
Bijotat ne voit pas de fracture
« Dominique Bijotat a toujours ma confiance. » Ces mots sont ceux du président messin, prononcés au lendemain de la cinquième défaite de rang concédée par les Grenats, vendredi à Troyes. Bernard Serin, pour qui, « perdre loin de Saint-Symphorien est un peu plus dans l’ordre des choses (sic) », a voulu envoyer dans les cordes l’idée d’une possible fracture dans sa relation avec un entraîneur qu’il avait engagé la saison passée.
« C’est naturel, c’est la situation qui veut ça »
Il n’empêche. La position du technicien messin s’est sensiblement fragilisée ces dernières semaines. Comment pourrait-il d’ailleurs en être autrement dans pareil contexte, en l’occurrence après cinq revers de suite ? A défaut de répondre à une logique qui placerait les acteurs de la déroute plutôt que leur metteur en scène sous les feux de la critique, la mise en cause de la responsabilité de l’entraîneur ne peut pas, ne doit pas échapper à l’examen de la situation. L’intéressé en est conscient : « C’est naturel, c’est la situation qui veut ça », a-t-il reconnu hier, dérogeant au passage à un principe qu’il avait lui-même institué en début de saison, principe limitant ses interventions face à la presse au mardi et au jeudi.
Dominique Bijotat se veut donc disponible, même avec ces grands garçons qui peuplent les vestiaires, et même aux portes de la crise sportive au bord de laquelle se trouve aujourd’hui le FC Metz. « Les plus concernés n’hésitent pas à frapper à ma porte.Pas plus tard que ce matin (hier), trois joueurs sont venus dans mon bureau pour discuter, et comme toujours, c’est pour échanger des idées dans le but de trouver des solutions à nos problèmes. Je ne pense pas que ce soit l’attitude de joueurs qui ne veulent plus de leur entraîneur. »
« Il est possible que certains lâchent »
Pas de fissures, donc, dans les beaux murs grenat de Saint-Symphorien ? Dominique Bijotat a la décence de ne pas aller jusque-là. S’il s’estime encore « entendu » et s’il réfute, à son tour, l’idée de fracture, l’entraîneur messin admet l’idée que certains éléments n’ayant « pas le temps de jeu qu’ils escomptaient » ne soient plus aussi sensibles à son discours. « Entendu, oui, je pense l’être, mais peut-être pas par tous, il est possible que certains lâchent, face à l’adversité , précise-t-il. Mais moi, je n’ai jamais abandonné personne en chemin. »
Reste, maintenant, à savoir dans quelle mesure cet état des lieux relationnel résistera à une nouvelle contre-performance. D’où toute l’importance du rendez-vous qui attend Dominique Bijotat et ses troupes, ce vendredi, à la maison, contre Reims.
Au-delà de l’évidence de son intérêt comptable, cette rencontre inscrite au programme de la treizième journée sera surtout le moment rêvé pour Ludovic Guerriero et ses partenaires de prouver à la face de leur public que tout ne va pas si mal ici-bas… Et que, comme le précisait Bernard Serin il y a quelques jours, « aucune fracture » n’existe entre « les joueurs, le coach et le staff. » Si ce n’est pas l’heure de vérité, cela y ressemble étrangement.
C. B.
Fc Metz express
Tableau de bord. Hier : deux séances d’entraînement. Aujourd’hui : une séance (9h30). Demain : une séance (9h30).
D’un match à l’autre. Dernier match : Troyes - Metz (12 e journée de Ligue 2), vendredi 21 octobre : 1-0. Prochain match : Metz - Reims (13 e journée), vendredi 28 octobre à 20h. A suivre : Boulogne-sur-Mer - Metz (14 e journée), samedi 5 novembre à 14h30 ; Metz - Amiens (15 e journée), vendredi 25 novembre à 20h.
A l’infirmerie. Olivier Cassan, opéré d’une fracture du nez il y a trois semaines, a repris l’entraînement avec le groupe. Joris Delle, lui, poursuit son travail de rééducation du genou. Yéni N’Gbakoto et Oumar Pouye (soucis musculaires) ont travaillé à l’écart, en compagnie du kiné Luc Labeeu.
Suspendus. Diafra Sakho, exclu vendredi à Troyes, consécutivement à deux avertissements, purgera son match de suspension automatique à l’occasion de la réception de Reims. Le cas de l’attaquant messin sera à l’ordre du jour de la réunion hebdomadaire de la commission de discipline de la Ligue de football professionnel, jeudi. Autre joueur qui ne pourra pas postuler à une place dans le groupe qui sera désigné après-demain pour affronter le leader champenois, vendredi, Hamadi Ayari. Le défenseur - qui court toujours après sa première apparition chez les pros -, a été exclu ce week-end alors qu’il évoluait avec l’équipe réserve.