
Humble et discret, François Zdun ne se retourne que très rarement vers son passé. Un passé de joueur et d’entraîneur, entre Metz et Amnéville, pourtant très riche. Photo Dominique STEINMETZ
Il a défendu les couleurs du FC Metz entre 1973 et 1983 avant d’embrasser une carrière d’entraîneur qui l’a mené sur la route d’Amnéville à deux reprises. François Zdun, ou le parfait trait d’union entre les deux clubs mosellans.
Amnéville - Metz, est-ce le tirage idéal ? « Évidemment. Beaucoup, moi le premier, espéraient cette confrontation. Pour les Amnévillois, c’est une parenthèse enchantée, une occasion unique de se frotter à des professionnels. Et c’est d’autant plus motivant qu’il s’agit du FC Metz, le club phare de la région, l’une des locomotives du football lorrain. »
• Le CSO Amnéville a-t-il les moyens de faire trembler les Messins ? « Il n’a rien à perdre ! En Coupe de France, l’objectif pour n’importe quel club amateur, c’est de poursuivre l’aventure le plus loin possible tout en se faisant plaisir. La pression ne sera pas dans le camp amnévillois… »
• Quel regard portez-vous sur le parcours actuel des Amnévillois ? « Après une très bonne entame de championnat, ils ont connu une période plus délicate. Mais ils ont su se servir de la Coupe de France pour se relancer. C’est d’ailleurs souvent à travers cette compétition qu’on peut juger des qualités mentales et psychologiques d’une équipe. L’envie et la motivation sont décuplées et ces qualités peuvent rejaillir en championnat et permettre de relever la tête. La problématique est d’ailleurs un peu la même à Metz. Même si les Messins restaient sur deux succès en championnat ( face à Reims et à Boulogne), je suis persuadé que la qualification contre Beauvais ( au 7 e tour) leur a permis d’emmagasiner encore un peu plus de confiance et donc de poursuivre leur belle série en Ligue 2. »
« Tout était possible »
• À propos du FC Metz, que vous reste-il des dix années passées sous le maillot messin ? « Énormément de bons souvenirs. Et un regret : celui d’avoir quitté le club à l’issue de la saison 1982-1983 et donc de ne pas avoir vécu la première victoire du FC Metz en Coupe de France face à Monaco ( le 11 mai 1984). J’avais pourtant la possibilité de rester… C’est la vie. Je préfère retenir l’ambiance générale que j’ai vécue durant toutes ces années avec beaucoup de joueurs issus de la région comme Bracigliano, Battiston, Ettorre ou Raspollini notamment. Nous étions très unis. Sans oublier, évidemment, l’emblématique président Molinari ! »
• Vous en avez connu un autre à Amnéville en la personne de Laurent Fanzel… « Un sacré personnage ! ( rires). Mais pour qu’une entreprise ou un club sportif puisse fonctionner, il est indispensable qu’il ait à sa tête un dirigeant fort, capable d’impulser une vraie dynamique. »
• Mais entre vous, c’était un peu l’eau et le feu ? « C’est vrai. Je suis d’un naturel plutôt calme alors que Laurent est beaucoup plus démonstratif. Chacun fonctionne avec son propre tempérament. Mais cela fonctionnait très bien. Lors de mes passages sur le banc amnévillois, aucune limite n’était fixée. Tout était possible. »
• Vous avez quitté les fonctions d’entraîneur d’Amnéville en 2008 sans être parvenu à faire monter le club en CFA. Est-ce un regret ? « Évidemment, mais en 2002, alors que nous étions promus en CFA 2, on manque la montée en CFA après avoir perdu des points sur tapis vert alors qu’elle était acquise sur le terrain… Ensuite, lors de mon retour, en 2006, il fallait rebâtir une équipe. Au final, je pense qu’on s’en est pas trop mal sorti. Il ne manquait pas grand-chose à chaque fois. Aujourd’hui, je suis le premier à me féliciter qu’Amnéville soit enfin en CFA. Cela prouve, je pense, que le travail en amont a payé. »
• Revenons à la Coupe de France. Une épreuve qui vous a plutôt bien réussi avec Amnéville ? « Deux trente-deuxièmes de finale et un seizième de finale ( défaite 0-3 face à Auxerre en 1990), c’est effectivement pas mal. Je me souviens également de notre succès face au Red Star, qui évoluait alors en National ( 3-2 en 2000, au 7 e tour) et d’avoir longtemps fait jeu égal avec Lille alors que nous étions en DHR et le LOSC leader incontesté de Ligue 2 ( défaite 1-3 au 7 e tour). Avec Amnéville, je n’ai vraiment que de bons souvenirs. »
Jean-Sébastien GALLOIS.
D’Amnéville à Metz et de Metz à Amnéville

Marcel Husson. Photo Archives RL
La passerelle historique qui relie le FC Metz au CSO Amnéville a permis à de très nombreux joueurs de passer d’un camp à l’autre.
Vingt et un kilomètres séparent Metz et Amnéville. Vingt et un kilomètres que de nombreux joueurs et entraîneurs ont parcouru. Dans un sens comme dans l’autre. Une tradition qui remonte aux années 1930… André Frey, tout jeune défenseur du CSO est ainsi l’un des premiers à franchir le Rubicon en signant en faveur du FC Metz en 1937. Il est rejoint la saison suivante par un employé de bureau amnévillois, Antoine Gorius , qui gardera les buts messins jusqu’en 1939 puis de 1945 à 1948 avant de retourner à Amnéville pour enfiler la panoplie d’entraîneur dans les années 1950.
Également formés au CSO, Auguste Sanso (attaquant à Metz en 1967-1968) et l’étudiant en sciences Daniel Jenny (défenseur à Metz entre 1972 et 1981), emprunteront, plus tard, une trajectoire similaire. Tout comme David Fanzel, l’actuel directeur sportif amnévillois, passé par le centre de formation messin, mais qui débutera chez les pros avec le Red Star en 1989.
L’histoire s’écrit également dans le sens Metz - Amnéville. Ainsi, de nombreux joueurs pros du FC Metz ont retrouvé le milieu amateur, à l’issue de leur carrière, sous la bannière amnévilloise. Ainsi, Henri Baillot (attaquant international messin entre 1945 et 1950) a-t-il pris en main l’équipe amnévilloise une fois les crampons raccrochés, tout comme Pascal Raspollini (attaquant de Metz de 1974 à 1979 puis de 1980 à 1982), François Zdun ( lire par ailleurs) et Cyril Serredszum (défenseur messin entre 1989 et 1998) quelques décennies plus tard. Sans parler de l’emblématique Marcel Hussson passé par le banc amnévillois avant de faire le bonheur de celui du FC Metz.
De leur côté, Claude Franquet (attaquant à Metz entre 1971 et 1974), Thierry Pauk (milieu du FC Metz entre 1984 et 1992) ou encore Didier Lang (milieu messin entre 1989 et 1997) ont prolongé leur plaisir ballon au pied au sein de la cité thermale.
Les recalés de la formation messine
Mais depuis quelques années, un nouveau phénomène est apparu, souvent jugé injuste par les intéressés, mais qui profite grandement aux dirigeants amnévillois. « C’est vrai qu’Amnéville profite régulièrement de la formation du voisin messin, explique ainsi François Zdun. Cela permet aux joueurs n’ayant pas percé chez les pros de rebondir chez les amateurs. Un milieu où il y a de belles choses à faire… »
Et ces recalés de la formation messine passés par le CSO sont nombreux. Si Kassim Yildiz et Mickaël Maurice ont eu l’opportunité de vivre quelques matches en Ligue 1 avec Metz avant de porter le maillot amnévillois, des garçons comme Didier Chaillou, David Urek, Mathieu Charpentier, Loïc Cantonnet, David Spir, Arnaud Ribas ou encore Romain Andres ont finalement vécu une deuxième vie de footballeur à Amnéville après des années passées au sein du centre de formation du FC Metz. Tout comme Yannick Suzanne, Loïc Fanzel et Florent Osswald aujourd’hui encore licenciés au CSOA.
J.-S. G.
Making of
Hier matin, 11 h. Rendez-vous est pris avec François Zdun dans son café de la rue du Maréchal Foch à Hayange. L’endroit est chaleureux, son propriétaire souriant. Un peu à l’écart d’une clientèle qui hésite entre avaler un deuxième café ou attaquer l’apéro, l’ancien joueur du FC Metz se prête volontiers au jeu des questions-réponses, tout en avouant, dans un élan de sincérité, ne pas aimer se « mettre en avant ». François Zdun ouvre néanmoins son grand album de souvenirs, triture une cigarette qu’il finira par griller discrètement. Un voyage dans le temps d’une heure et demie. Rafraîchissant.
Né le : 2 février 1955 à Hayange.
Carrière de joueur : FC Hayange, FC Metz (1973-1983), Mulhouse (1983-1984), Tours (1984-1987), Valence (1987-1988), Fréjus (1988-1989), Maizières-lès-Metz (1989-1991).
Poste : défenseur.
Carrière d’entraîneur : Maizières-lès-Metz (1990-1991), Red Boys Differdange (Luxembourg), Spora Luxembourg (1994-1997), Amnéville (1998-2003), centre de formation du FC Metz (2003-2006), Amnéville (2006-2008).
Reconversion : propriétaire d’un bureau de tabac à Hayange à partir de 1992 puis d’un café, toujours à Hayange, depuis 2008.
Le FC Metz ne change rien
Avant le court déplacement à Amnéville, samedi, les joueurs du FC Metz ne bouleverseront pas leurs habitudes. Pas de mise au vert de prévue, mais un programme identique à celui observé lors des rencontres à domicile. Les hommes de Dominique Bijotat se réuniront ainsi dans la matinée, déjeuneront ensemble et participeront à une causerie avant de prendre la direction de la cité thermale. En attendant, les Messins ont eu droit, hier, à une séance d’entraînement matinale rallongée. Celle prévue dans l’après-midi ayant été finalement annulée. À noter que Mahamane Traoré a repris la course en marge de la séance, alors que Joris Delle est resté aux soins.