Le FC Metz a grillé son joker. Battue par Le Mans, en match en retard, hier à Saint-Symphorien, l’équipe de Dominique Bijotat glisse pour la première fois de la saison dans la zone rouge.

Thierry Steimetz, qui a succédé à Diaz en seconde mi-temps, échoue sur le gardien manceau. Rien n’y fera... Photo Pascal BROCARD
Après tout, Dominique Bijotat a raison. L’entraîneur messin n’est pas dans l’obligation d’exprimer son « inquiétude » à l’extérieur de son vestiaire. Cette inquiétude, qui a grandi au fil des jours, des semaines et des mois, maintenant, n’a plus besoin d’aucune bouche pour exister. Elle déborde de partout au stade Saint-Symphorien. La soirée d’hier, là-dedans, n’aura fait qu’ajouter une goutte à l’océan de désillusions accumulées depuis le début de l’année par les joueurs du FC Metz : ce matin, pour la première fois de la saison, il faut regarder dans la zone rouge pour retrouver leur trace. Certes, Metz a le même nombre de points que son bourreau manceau, nouveau premier non-relégable, mais son goal-average l’a fait chuter au dix-huitième rang du classement. Le doute n’est plus permis depuis longtemps : les Messins sont bel et bien engagés sur la route National.Est-ce une surprise ? Non. Incapables de remporter le moindre match depuis le 16 décembre de l’année passée, les Grenats n’ont pas su profiter de la venue du Mans hier, pour tirer un trait sur cette série enclenchée juste avant la trêve, à travers une défaite à Angers. L’occasion était pourtant belle : de ce match en retard, Metz pouvait tirer un profit énorme, qu’il soit d’ordre comptable ou psychologique. Au lieu de ça, il s’est couché dans la peau d’un relégable. La sanction est lourde. Elle est aussi logique au regard de plusieurs critères : quatre jours après un énième avertissement matérialisé par la claque reçue à Reims (défaite 3-0), cette équipe messine n’a pas montré l’appétit d’un condamné à la victoire et le talent nécessaire pour se relever de ses chutes passées.Bien sûr, Metz s’est créé les premières occasions, comme sur ce centre d’Oumar Pouye que Kévin Diaz et Mathieu Duhamel laissaient filer devant le but (17 e) ou ce tir de Sadio Mané à l’entrée de la surface, repoussé par le gardien manceau (23 e)… Bien sûr, Metz a longtemps occupé la moitié de terrain adverse. Et bien sûr, Metz a encore payé un moment d’égarement, sur ce corner concédé par Kalidou Koulibaly : le ballon, repris dans un premier temps par Massire Kanté, atterrissait dans les pieds de Maazou. Seul au second poteau, l’attaquant sarthois trouvait les filets sans difficultés (0-1, 34 e).« Ma préoccupation ne date pas d’hier »« On s’est fait punir sur l’une de leur une ou deux incursions. » Constat amer dressé par l’entraîneur messin à l’issue de la soirée. Effectivement, comme ce dernier l’a souligné, ce genre de rencontre « se joue à peu de chose. » Et Le Mans, menant au score, a sans doute eu l’impression d’avoir un « peu plus d’ailes » que son hôte messin, enfoncé dans le doute par la leçon de réalisme mancelle.Les changements opérés après la pause par Dominique Bijotat n’ont pas eu d’effet sur le tableau d’affichage. Thierry Steimetz a buté sur Giorgi Makaridze (65 e). Le gardien manceau a repoussé une autre tentative, de la tête, signée Yéni N’Gbakoto (74 e), tout comme il l’a fait sur celle de Sadio Mané (88 e). Mathieu Duhamel, sur son coup franc de la dernière chance, dans le temps additionnel, n’a pas eu davantage de réussite.Hier, Metz a une fois de plus justifié son statut d’équipe la moins efficace du championnat. Et c’est avec ce statut, assorti de quelques courbatures dans les jambes et dans les têtes, qu’il accueillera Boulogne-sur-Mer, à la fin de la semaine : les Grenats et leur entraîneur actuel possèdent trois points d’avance sur les Nordistes. Jusqu’à vendredi au moins.
Cédric BROUT.
Un coup de massue

Les Messins ont sombré. Collectivement... Photo Pascal BROCARD
EN VUE
Adama Tamboura. Le véloce latéral gauche a accompli sa mission dans son couloir. Rarement pris en défaut, il a tenté d’apporter un plus offensif en multipliant les appels. En toute fin de partie, il s’est chargé de colmater les brèches au moment où Stéphane Besle prêtait main-forte aux avant-postes avec son jeu de tête.
Oumar Sissoko. Sans les interventions du gardien messin, l’addition aurait été certainement plus lourde. Oumar Sissoko, qui n’a rien pu faire sur le corner amenant le but, a permis aux siens de rester dans le match jusqu’au bout. À plusieurs reprises en deuxième mi-temps, il s’est interposé avec autorité face aux attaquants sarthois
.DANS L’OMBRE
Le collectif. À l’issue d’une première période insipide, Kévin Diaz a été le premier à payer les pots cassés, le milieu de terrain étant remplacé par Thierry Steimetz au retour des vestiaires. À l’image du joueur prêté par Monaco, les Lorrains ont souvent confondu vitesse et précipitation à l’approche du but adverse. Assommés par le but de Moussa Maazou, les joueurs de Dominique Bijotat ont mis du temps à réagir. Et ils l’ont fait bien trop timidement…
PAROLES, PAROLES
Alain Ravera ( entraîneur du Mans) : « On joue des matches à pression depuis deux mois et demi, on a donc l’habitude. Après notre non-match à Boulogne, il était important de réagir surtout au niveau de l’état d’esprit. Ce soir, on a été présent sur nos fondamentaux, qui doivent nous animer si on veut être présent jusque dans la dernière ligne droite. Venir gagner à Metz dans le contexte actuel est une grosse performance. »
Dominique Bijotat ( entraîneur de Metz) : « On était préparé pour au moins laisser notre adversaire à distance au classement, mais il nous a puni sur l’une de ses deux incursions en première période […] J’espère que deux jours vont suffire pour relever la tête avant le match contre Boulogne. »
TEMPS ADDITIONNEL
Dialogues. Au coup de sifflet final, alors que les supporters de Génération Grenat réclamaient la démission de Dominique Bijotat, plusieurs joueurs messins se sont dirigés vers la tribune Ouest pour entamer un dialogue avec les supporters. Thierry Steimetz, Kalidou Koulibay et Yeni N’Gbakoto ont ainsi discuté avec quelques-uns d’entre eux, histoire de calmer les esprits. Quelques minutes plus tard, au pied de la tribune Sud, ce fut au tour de Joël Muller, le conseiller du président Bernard Serin, de s’entretenir avec les représentants du groupe de supporters à qui ils tardent de retrouver enfin l’ivresse d’une victoire à Saint-Symphorien. Ou ailleurs.
Maxime RODHAIN.
L'HOMME DU MATCH

Sadio Mané Photo Pascal BROCARD
Sadio Mané. Assurément le Messin le plus actif sur la pelouse. Préféré d’entrée de jeu à Thierry Steimetz, le milieu de terrain a touché un nombre incalculable de ballons sans toutefois trouver l’ouverture. C’est lui qui s’est créé la seule véritable occasion messine de la première mi-temps, mais sa frappe, du point de penalty a été déviée par Giorgi Makaridze (23 e). A l’aise sur le côté gauche pour repiquer dans l’axe, il a insisté, en slalomant dans la défense mancelle, obtenant çà et là des coups francs qui aurait pu entretenir l’espoir dans le camp messin. Le jeune Sénégalais était le seul, hier, à sembler pouvoir modifier le scénario de la rencontre.
TRIBUNE LIBRE
C’est une souffrance !
Les encouragements entendus n’ont trompé personne. Les quelque sept mille spectateurs ont souffert en silence, hier en début de soirée, au stade Symphorien. Les plus férus d’entre eux ont toutefois fait entendre leur voix pour crier : « Bijotat, démission ! » Au terme de quatre-vingt-dix-minutes de souffrance. Ça bout dans les têtes. Ça râle, ça vocifère. Les supporters n’en peuvent plus. On les comprend. Depuis la victoire contre Lens qui a propulsé le FC Metz à un point du podium du championnat, le club à la croix de Lorraine n’a fait que s’enliser tout doucement. Mais sûrement. La réalité est telle ce matin : Ludovic Guerriero et ses coéquipiers n’ont plus tout à fait leur destin en mains.
M. R.