Les Messins, dont la position demeure précaire, s’invite à la fête que le leader corse organise, demain, à Furiani. En quête du moindre petit point, le FC Metz doit réaliser un exploit pour contrarier les plans bastiais.

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bastia s’apprête à vivre une semaine pour le moins particulière. Dès mardi, les hommes de Frédéric Hantz pourraient en effet être sacrés champion de France de Ligue 2, un an seulement après avoir quitté l’ombre du National. Quatre jours plus tard, les Bastiais commémoreront le vingtième anniversaire du drame de Furiani, où dix-huit personnes avaient trouvé la mort après l’effondrement de la tribune principale du stade, dix minutes avant le coup d’envoi de la demi-finale de Coupe de France face à Marseille.
Deux événements que Toifilou Maoulida, le meilleur buteur de la formation corse, espère toutefois bien dissocier. « On ne se voit pas fêter le titre au moment du vingtième anniversaire de Furiani, explique l’ancien attaquant messin. Ce serait indécent. Dans l’idéal, on aimerait bien assurer avant. Si possible, dès mardi, contre Metz. » Le décor est donc planté. Et même du côté de Saint-Symphorien, on connaît l’importance du contexte. « Les Bastiais vont être extrêmement motivés, assure Dominique Bijotat. D’autant que la ferveur populaire autour de cette rencontre va être énorme. »
La pression (positive, pour le coup) serait donc dans le camp du futur pensionnaire de Ligue 1 ? Sans doute. Et Metz dans tout ça ? En quête du moindre point les rapprochant un peu plus du maintien, les Messins ont-ils vraiment une carte à jouer sur l’Île de Beauté ? Sur le papier cela ressemble à une mission impossible, d’autant que le leader bastiais ne s’est jamais incliné, cette saison, sur son terrain (13 victoires, 4 nuls).
À Metz, l’extérieur ne nuit pas
Une thèse qu’accrédite également leur dernière mièvre sortie à domicile face à Angers (1-1). « Nous nous sommes trop reposés sur l’instinct au détriment de la réflexion, explique Dominique Bijotat. On s’est retrouvé régulièrement à quatre devant, à plat. Ce n’est évidemment pas ce qui était demandé ! Résultat, nous étions en infériorité numérique au milieu et à aucun moment nous ne sommes parvenus à jouer entre les lignes. » Et son équipe a laissé filer deux précieux points en même temps qu’elle a confirmé – même si beaucoup réfutent le terme – que le syndrome Saint-Symphorien existe bel et bien.
« À domicile, on ne parvient pas à tenir le ballon suffisamment longtemps, reconnaît l’entraîneur lorrain. Par contre, à l’extérieur, lorsqu’on doit évoluer en contres, ça va mieux. » Le bilan chiffré du FC Metz loin de ses bases (21 points, 5 victoires, 6 nuls, 6 défaites) et leur récente performance sur la pelouse lensoise (victoire 0-2) sont là pour confirmer les dires de Dominique Bijotat. Et pour créer l’exploit à Bastia, ce dernier – une fois n’est pas coutume – invite à nouveau ses joueurs « à la révolte ». À quatre journées du terme du championnat et malgré la complexité de la tâche qui les attend à Furiani demain, c’est le moins qu’ils puissent faire ! « Je ne peux pas croire un instant que notre situation ne puisse pas être un élément suffisamment fort pour insuffler cet esprit de révolte dans la tête de chacun… », martèle le technicien messin.
Et le meilleur signe que peuvent lui envoyer ses joueurs consiste à mettre tout en œuvre pour gâcher la fête bastiaise…
Jean-Sébastien GALLOIS.
Metz : on tourne ?
Pour le périlleux déplacement à Bastia, Dominique Bijotat pourrait changer quelques têtes et revenir à un système plus rigoureux en 4-2-3-1.

Kevin Diaz. Photo Pascal BROCARD
Saint-Symphorien, le 14 janvier dernier. Toifilou Maoulida, l’attaquant bastiais, unique buteur ce soir-là, se souvient. « Ce fut un tournant. On s’impose 1-0, à un moment où on n’avait pas le droit de perdre, sinon, on était décroché. Metz rate un penalty (refusé puisque la frappe de Pierre Bouby avait bien franchi la ligne), on marque à la dernière minute et on s’impose avec beaucoup de réussite. Avec du recul, c’était peut-être la réussite du champion. Si on avait perdu ce match-là, le championnat aurait été très différent pour nous. » Et certainement aussi pour Metz…
Car près de quatre mois plus tard, les Corses ont un pied et quatre orteils en Ligue 1, pendant que leurs homologues messins tendent péniblement la jambe pour rester en dehors de la zone rouge. « Ce succès au match aller a insufflé un climat de confiance dans les rangs bastiais », analyse Dominique Bijotat. Tout le contraire des Messins dont la marge de manœuvre demeure réduite puisque Le Havre, le premier relégable ne compte que trois points de retard. Et peut-être plus qu’un seul, dès ce soir, en cas de succès face à Lens.
Au coup d’envoi, demain à Furiani, les Messins sauront. Mais qu’ils soient à nouveau relégables ou non, ne change rien au sens des priorités qui sont les leurs. Ni, d’ailleurs, à la difficulté de la tâche qui les attend à plus de mille kilomètres de Saint-Symphorien. « On sait que ce sera compliqué, concède Dominique Bijotat. D’autant qu’il s’agit de notre deuxième match en quelques jours et que physiquement et psychologiquement, c’est délicat à gérer. » Surtout après la prestation très brouillonne proposée face à Angers.
Diaz de retour
Du coup, l’entraîneur messin devrait très certainement procéder à des changements « d’hommes et de systèm e, par rapport à l’adversaire, pour secouer le groupe et faire jouer la concurrence ». Le technicien lorrain pourrait ainsi abandonner l’idée d’une attaque à deux têtes pour renforcer son milieu de terrain avec deux récupérateurs devant la défense. Suspendu face à Angers, Kévin Diaz, très en vue à Lens, devrait prendre le couloir gauche, reléguant ainsi Sadio Mané sur le banc. À ses côtés, il pourrait retrouver Pierre Bouby, posté au centre comme ce fut le cas face à Boulogne et à Amiens. Devant, Mathieu Duhamel retrouverait sa place de titulaire.
Côté bastiais, Frédéric Hantz fera sans doute appel à Rothen et Harek, laissés au repos vendredi dernier à Tours, mais devra se passer des services d’Angoula, suspendu.
J.-S. G.
L’arbitre
Franck Schneider. L’arbitre alsacien, trente-deux ans, a officié à dix-sept reprises sur les pelouses de Ligue 2 cette saison. Au cours de ces rencontres, Franck Schneider a distribué cinquante-neuf cartons jaunes et exclu sept joueurs. Depuis l’ouverture du championnat 2011-2012, il a croisé la route des Messins à deux reprises : face à Châteauroux (4 e journée, victoire 2-1) et à Troyes (12 e journée, défaite 1-0).
La phrase (1)
« Très concerné ». « Même si nous avons travaillé énormément dans la récupération ces derniers jours, il y a encore beaucoup d’application. Le groupe est très concerné. Nous devons aller chercher ce titre car enchaîner champion de National et de Ligue 2 c’est très rare. Il y aura des gars qui joueront une grosse carte pour la saison prochaine lors des dernières rencontres. Ces intérêts individuels devront être mis au service du collectif. Donc tout le groupe sait ce qu’il doit faire. » Avant la venue du FC Metz, demain, Frédéric Hantz, l’entraîneur bastiais, estime que son équipe, quasi assurée d’évoluer en Ligue 1 la saison prochaine, ne souffre d’aucun relâchement.
Le chiffre
0. Metz en rêvait, Bastia le fait… Être intraitable à domicile. L’équipe de Frédéric Hantz ne s’est, en effet, jamais inclinée sur sa pelouse de Furiani, y récoltant 43 points sur 51 possibles (13 victoires, 4 nuls) et inscrivant la bagatelle de 39 buts pour seulement 15 encaissés. À titre de comparaison, les Messins n’ont engrangé que 20 petites unités à Saint-Symphorien (5 victoires, 5 nuls, 7 défaites) avec 16 buts inscrits seulement pour 21 encaissés.
La phrase (2)
« C’était à Metz ». « Je réalise l’une de mes saisons les plus complètes. Mais la plus complète, c’était à Metz, en 2003-2004. Avec Jean Fernandez, on avait réussi à maintenir le club. » L’attaquant bastiais, Toifilou Maoulida, auteur de douze buts et cinq passes décisives en Ligue 2 cette saison, a gardé un excellent souvenir de son passage sous les couleurs messines.
J.-S. G.