Humilié par Guingamp vendredi à Saint-Symphorien (2-5), le FC Metz, à nouveau relégable, a perdu les commandes de son destin. Dans ce climat d’angoisse, le président Bernard Serin appelle à la « mobilisation ».

Crispation à Saint-Symphorien : l’avenir du FC Metz s’est encore obscurci vendredi. « On jouera notre survie en Ligue 2 à Arles-Avignon », explique le président Bernard Serin Photo Pascal BROCARD
L’heure est grave, donc. Une preuve ? Hier, le président du Football Club de Metz est sorti de la réserve dans laquelle il était entré à la suite de l’ultimatum adressé à Dominique Bijotat à la veille du match contre Boulogne-sur-Mer, le 30 mars dernier.
GRAND ANGLE
A l’époque, la menace de Bernard Serin avait été suivie d’effets. Les joueurs messins s’étaient en effet imposés, traduisant leur succès en salle de presse comme le signe tangible de leur attachement à leur entraîneur. Cinq semaines plus tard, ce lien, comme d’autres sûrement au sein même de l’équipe, s’est visiblement dénoué si l’on se réfère au contenu indigent de la production livrée avant-hier face à Guingamp (2-5).
Traduction en langage présidentiel. « Il y a eu des défaillances individuelles et collectives. Nous sommes en fin de saison, ce n’est jamais facile, que ce soit au niveau physique ou psychologique. Il faut profiter du week-end pour analyser tout cela précisément et en tirer les enseignements : vendredi prochain, nous jouerons notre survie en Ligue 2 sur le terrain d’Arles-Avignon. Il faut préparer une équipe avec des garçons capables d’aller à la guerre […]. C’est comme si on était en demi-finale d’une Coupe (sic). » La présentation est plutôt flatteuse pour une équipe qui vient d’enregistrer sa quinzième défaite de la saison, la huitième à domicile, contre Guingamp.
Bijotat : Serin a toujours confiance
De ce rendez-vous crucial pour l’avenir de son club, Bernard Serin est sorti « assommé par le contenu et le résultat ». Et il n’a pas eu besoin d’attendre le coup de sifflet final pour cela. Comme d’autres, le président a quitté son siège avant la fin du spectacle. Il est revenu sur les lieux du bide hier matin. « J’ai eu une longue discussion avec Dominique Bijotat. » De laquelle rien, évidemment, n’a filtré.
Seule information : la nouvelle défaite de Ludovic Guerriero et de ses coéquipiers n’a pas rompu le fil censé lier le président messin à son entraîneur jusqu’au 30 juin prochain. « L’heure n’est pas au bilan et aux analyses, mais à la mobilisation. Je le répète, il y a ce match qui nous attend à Arles-Avignon. Jusque-là, tous les détails compteront. Et il faut faire en sorte d’être à la hauteur de l’événement […]. Gagner à l’extérieur, on l’a déjà fait cinq fois cette saison. » Juste. Mais une fois, seulement, depuis le début de l’année 2012…
Cette précision ne fait que renforcer l’impression de chute libre qui ressort de l’observation du parcours des Grenats depuis le mois de janvier. Bien sûr, mathématiquement, le FC Metz a encore une chance de s’en sortir et de prolonger son bail en Ligue 2. Faire confiance aux chiffres, donc ? Hasardeux. Aux hommes ? Risqué.
A deux journées du terme de la saison, la crise de foi semble bel et bien avoir gagné les vestiaires. Et pas sûr qu’un simple appel à la mobilisation suffise à stopper l’épidémie.
Cédric BROUT.
Des soucis et des hommes
Pas de patron dans le jeu, pas de patron tout court et des cadres à la peine. L’apport de sang neuf voulu par l’entraîneur Dominique Bijotat n’a rien changé au tableau du mal messin.

Le capitaine messin, Ludovic Guerriero. Dépassé et à bout de souffle, à l’image de son équipe. Photo Pascal BROCARD
L’histoire collective s’écrit toujours à l’encre des individualités. Sur un rectangle vert aussi. D’où ce constat implacable concernant le FC Metz : ici-bas, des individualités ont parfois brillé, mais trop rarement en même temps ; ici-bas, des individualités ont peiné et trop souvent au même instant. Résultat, l’ensemble grenat s’est délité pour finir par ne plus exister, vendredi, face aux Guingampais.
Dominique Bijotat, l’entraîneur, a évidemment ses torts, torts que l’issue imminente de la compétition exacerbera ou non. Mais c’est bien connu : on vit ensemble, on meurt ensemble… La faillite du technicien messin est aussi celle de ses hommes. Celle de ses cadres en particulier.
La saison passée, Ludovic Guerriero, David Fleurival, ou encore Mathieu Duhamel et Mahamane Traoré, pour ne citer qu’eux, avaient, chacun à leur manière, contribué à la réussite d’une mission qui consistait, déjà, à sauver le club de la relégation. Ça n’a pas été le cas au cours de l’exercice sur le point de s’achever. Usés, on veut bien le croire et le comprendre, par la répétition d’un scénario bâti sur des notions de souffrance et de peur du lendemain, les "patrons" n’ont pas su tirer les leurs vers le haut. Mahamane Traoré, malgré un mental irréprochable, n’en a pas vraiment eu l’occasion : l’international malien revient tout juste de deux mois d’éloignement imposés par une blessure au mollet. Les autres n’avaient pas les ressources pour le faire.
Malgré les bonnes volontés
Privé des jambes qui lui avaient permis de réaliser une seconde partie de saison assez remarquable en 2010-2011, Metz a aussi manqué de talent pur à la baguette. On en revient à Traoré. Entre son absence provoquée par sa participation à la Coupe d’Afrique des Nations et celle liée à son séjour à l’infirmerie, le milieu de terrain n’a pratiquement rien vu de la phase retour. L’équipe de Dominique Bijotat l’a payé.
Certains, comme Pierre Bouby, un de ceux que le renoncement ne semble pas avoir gagné, ou encore Thierry Steimetz, avec les moyens d’un joueur venant de CFA et lorsqu’on lui en a donné la possibilité, ont fait de leur mieux pour donner une certaine cohérence aux partitions de leur équipe. Cela n’a pas été suffisant et il est difficile de le leur reprocher, comme il est difficile de montrer du doigt les jeunes éléments envoyés au front par le staff messin. Kwamé N’Sor, Sadio Mané font partie de ceux-là.
Avant-hier, ces deux derniers ont signé les deux buts de leur camp. Deux buts pour rien, déjà ensevelis sous le tapis de l’humiliation infligée par les Guingampais à leurs hôtes lorrains.
La lourde défaite concédée par les Messins n’a pas simplement apporté une preuve supplémentaire du manque de qualité de l’effectif et de son utilisation discutable. Non. Au passage, les Grenats ont aussi livré cet aveu au public de Saint-Symphorien, aveu terrible s’il en est à 180 minutes de la fin de saison : à Metz, il n’y a plus de patron depuis longtemps.
C. B.
Plus rien ne s’oppose à la nuit
Une équipe en totale perdition, un club au bord d’un gouffre dont on a du mal à entrevoir le fond, un public gavé de désillusions… La fin de saison 2011-2012 n’a pas encore officiellement sonné mais quelque chose d’irrémédiable flotte déjà au-dessus de Saint-Symphorien. Qu’il sauve sa tête et qu’il reparte pour une cinquième année d’affilée en Ligue 2 – qui sait, les miracles existent peut-être –, ou qu’il sombre définitivement à l’occasion des deux derniers rendez-vous inscrits à son agenda, le FC Metz n’est plus. Derrière ces mots et le constat de fin qui se dresse avant l’heure, appuyé par l’attitude des tribunes messines, vendredi, quand les encouragements et les applaudissements ont très vite tourné en faveur des Guigampais, se devine une réalité où le club grenat apparaît plus que jamais seul face à lui-même. Les fractures entre les publics et leurs clubs jalonnent, il est vrai, de temps à autre, ces histoires d’amour un peu particulières. Le FC Metz n’a jamais échappé à la règle et s’en est toujours remis, mais il semble aujourd’hui parvenu à un point de non-retour. Évidemment, il y aura des mains pour applaudir une hypothétique issue favorable, le 18 mai prochain, lors du dernier round. Des voix pour se réjouir d’avoir échappé au pire.
Mais après ?
Un chantier immense attend ceux qui resteront et ceux qui voudront bien rejoindre le navire dans quelques semaines. Immense parce que la confiance a disparu des rapports entretenus par le club du président Bernard Serin et les supporters, qu’ils soient fidèles ou simples passagers. Et en amour comme en football, quand la confiance a disparu, plus rien ne s’oppose à la nuit.
C. B.
Traoré : retour annoncé
Au cœur de ce week-end plombé par la piteuse prestation de Ludovic Guerriero et de ses coéquipiers avant-hier soir contre Guingamp, c’est une nouvelle que l’on qualifiera de positive : Mahamane Traoré, privé de compétition depuis début mars en raison d’une blessure à un mollet, est appelé à retrouver l’entraînement collectif dès demain. Le milieu de terrain n’a pas « encore quatre-vingt-dix minutes dans les jambes », dixit André Marie, médecin du club, mais il pourrait être amené à participer à l’opération de la dernière chance, vendredi prochain, au Parc des sports d’Avignon.
FC METZ EXPRESS
Tableau de bord. Hier : décrassage pour les joueurs de Metz - Guingamp. Aujourd’hui : repos. Demain : reprise de l’entraînement.
D’un match à l’autre. Dernier match : Metz - Guingamp (36 e journée de Ligue 2), vendredi 4 mai : 2-5. Les deux prochains matches : Arles-Avignon - Metz (37 e journée de Ligue 2), vendredi 11 mai à 20h30 ; Metz - Tours (38 e et dernière journée de Ligue 2), vendredi 18 mai à 20h30.
A l’infirmerie. Aucun nouveau blessé n’a été déploré dans le camp messin, vendredi, à l’issue de la déroute contre Guingamp. Mamadou Wagué n’a pas pris part à ce rendez-vous en raison de douleurs persistantes après sa béquille reçue à Bastia, mardi dernier. Bruce Abdoulaye (cheville) est en phase de reprise.