Comme souvent en pareil cas, le vocable guerrier est à nouveau à l’honneur du côté de Saint-Symphorien. Rien d’étonnant pour une équipe messine au bord du gouffre. Des paroles, d’accord. Mais qui pour les actes ?
M aintenant, il faut mettre des mecs sur le terrain qui ont envie. Et pas d’autres. » Quelques minutes après la déroute face à Guingamp, Stéphane Besle, le défenseur messin anticipait l’appel lancé le lendemain par son président. Pour le déplacement sur le terrain d’Arles/Avignon, « il faut préparer une équipe avec des garçons capables d’aller à la guerre », déclarait ainsi Bernard Serin dans nos colonnes ( RL du 6 mai). Il serait grand temps car il ne reste plus que deux batailles à livrer. Deux barouds d’honneur, qui, même en cas de succès, ne garantiraient pas la survie du FC Metz en Ligue 2.
GRAND ANGLE
Car après la débâcle guingampaise, les "guerriers" messins n’ont plus leur destin entre les mains. « Durant ma carrière de joueur puis celle d’entraîneur, j’ai connu des moments difficiles et je n’ai jamais baissé les bras, avait assuré un Dominique Bijotat touché mais pas coulé, vendredi soir. Je ne vais pas commencer aujourd’hui. Mais j’aimerais communiquer ce sentiment plus fortement auprès des joueurs. » Une autre manière de réclamer des joueurs (vraiment) concernés par l’avenir du club… alors même qu’il est peut-être déjà trop tard.
L’entraîneur messin, malgré quelques rumeurs – plus ou moins fondées – s’étant propagées durant le week-end, sera bien sur le banc en fin de semaine du côté d’Avignon. Le temps des ultimatums est passé, Bernard Serin est coincé… Reste à savoir si tous les acteurs du fiasco de vendredi dernier, figureront, eux, au générique. Tous étaient en tout cas présents, hier après-midi, pour la reprise de l’entraînement, même les joueurs ayant participé à la victoire de l’équipe réserve dimanche (Delle et Kehli étaient à l’œuvre pendant qu’Abdoulaye, Pouye, Bestch, N’Gbakoto, Sarr et Keita ont effectué une séance allégée). Partisan du remaniement de son effectif ces dernières semaines – « pour bousculer l’intérieur de chaque tête » – Dominique Bijotat s’autorisera-t-il de nouveaux bouleversements ? Le changement, c’est maintenant ?
C’est une hypothèse qu’a laissée entendre Bernard Serin lui-même et qui ne serait effectivement pas inutile. Car la fébrilité, symbolisée par la prestation d’Oumar Sissoko, irréprochable jusqu’ici, et l’absence de révolte, prégnante depuis de longues semaines – malgré quelques rares sursauts d’orgueil (Boulogne, Lens) – se sont douloureusement matérialisées face à Guingamp. Personne, à commencer par Ludovic Guerriero, pourtant capitaine du navire messin, n’a haussé le ton, appelé à l’insurrection. Résonne alors l’absence de Kalidou Koulibaly qui, par sa seule détermination et aussi son talent aurait sans doute été utile dans ces moments critiques.
Traoré, le retour ?
Quant aux principaux hommes d’influence de la fin de saison dernière, ils ne sont pas parvenus, à ce stade, à renverser la tendance. À l’image de Mathieu Duhamel, auteur de neufs buts entre janvier et mai 2011 mais seulement de deux depuis le début de l’année ou encore Kévin Diaz et Yéni N’Gbakoto, utilisés avec parcimonie par Dominique Bijotat en raison d’un rendement bien éloigné de ce qu’on pouvait légitimement attendre d’eux.
Reste le cas Mahamane Traoré. Blessé lors de la CAN mi-janvier puis victime d’une (nouvelle) rechute le 2 mars face à Clermont, le milieu de terrain malien aura été le grand absent de cette deuxième partie de saison. Sa seule présence aurait-elle inversé le cours des choses ? Elle l’aurait sans doute influencé, mais personne ne le saura jamais… Une chose est sûre, l’international malien, qui a repris l’entraînement collectif hier, devrait faire son retour à la compétition dès vendredi au sein d’une légion qui luttera pour son honneur et pour entretenir le mince espoir de survie qui subsiste encore…
Jean-Sébastien GALLOIS.
Metz en très grand danger...
En perdant face à Guingamp, vendredi dernier, les Messins se sont mis dans un drôle de guêpier. Et en perdant par trois buts d’écart, ils n’ont fait qu’aggraver leur cas. Leur différence de buts risque fort, désormais, de leur coûter très cher.
• Metz l’emporte à Arles/Avignon : c’est presque une condition sine qua non pour s’en sortir. Mais si Le Havre l’emporte dans le même temps à Laval, tout se jouera à Saint-Symphorien lors de la dernière journée face à Tours. À moins qu’Arles (qui resterait à 44 points), Lens ou Le Mans, en cas d’échecs lors de la 37 e journée, enchainent l’un ou l’autre une deuxième défaite lors de la 38 e journée.
• Metz réussit le nul à Arles/Avignon : dans ce cas, Arles/Avignon, fort d’une différence de buts nettement favorable, devient hors de portée. Si Le Havre l’emporte à Laval, les Messins devront compter sur des échecs à répétition du Mans ou de Lens. Ou sur une contre-performance du Havre le dernier jour face à Angers. Tout en battant Tours….
• Metz perd à Arles/Avignon : dans le pire des cas de figure (Le Havre gagne à Laval, Lens et Le Mans prennent au moins un point), l’affaire sera d’ores et déjà pliée. Le Havre, avec sa différence de buts actuelle de 0, n’aurait plus rien à craindre d’une équipe messine qui affiche -13 et qui passerait au moins à - 14. Si Le Havre ne gagne pas ou si Lens ou Le Mans perd, tout se jouera le dernier soir. Mais Metz disposerait alors de très peu d’atouts dans son jeu et ne pourrait que compter sur la défaite des autres équipes pour réussir un miracle.
FC METZ EXPRESS
Tableau de bord. Hier : une séance d’entraînement dans l’après-midi. Aujourd’hui : une séance à 9h30. Demain : une séance à 9h30 puis départ pour Avignon vers midi. Jeudi : une séance à 15h30 dans les environs d’Avignon.
D’un match à l’autre. Dernier match : Metz - Guingamp (36 e journée de Ligue 2), vendredi 4 mai : 2-5. À suivre : Arles/Avignon - Metz (37 e journée de Ligue 2), vendredi 11 mai à 20h30. Prochain match : Metz - Tours (38 e journée et dernière journée de Ligue 2), vendredi 18 mai à 20h30.
À l’infirmerie. Bruce Abdoulaye (cheville) a retrouvé la compétition, dimanche, avec l’équipe réserve. De son côté, Mahamane Traoré a repris l’entraînement collectif hier après-midi, alors que Kalidou Koulibaly (pied) est forfait pour les deux dernières sorties de son équipe.
Suspendu. Aucun.
L’info. La séance de dédicaces en présence de Ludovic Guerriero, Thierry Steimetz, Samy Kehli, Mahamane Traoré et Patrick Hesse, prévue demain après-midi à l’hypermarché Leclerc de Creutzwald est annulée. En effet, les Messins quitteront la Lorraine dès midi pour rejoindre Avignon.
Jules s’en est allé…
Meilleur buteur du championnat de France sous le maillot du FC Metz lors de la saison 1985-1986, Jules Bocandé était l’une de ces stars qui marquaient vraiment leur époque. Il nous a quittés hier à l’âge de 53 ans.

Jules Bocandé dans toute sa splendeur. C’était en 1984, face à Sochaux et un certain Franck Sauzée, le 25 novembre 1984. Photo RL
L’information a fait l’effet d’une petite bombe, hier, en toute fin d’après-midi. Jules Bocandé, 53 ans, est décédé à l’hôpital Bon Secours de Metz, des suites d’une opération et de complications qui ont fini par le terrasser. Grand et costaud, rien n’arrêtait l’attaquant sénégalais sur les pelouses. Cette fois, sa course s’est brisée net…
Depuis environ deux mois, Jules Bocandé était revenu séjourner à Metz. Victime d’un accident vasculo-cérébral voilà quelques mois au Sénégal, où il était reparti vivre, il en conservait quelques séquelles et avait notamment du mal à marcher. Sa jambe le faisait souffrir. À tel point qu’une opération était devenue indispensable.
« Jules m’a appelé et m’a demandé de lui organiser son séjour, en particulier ses rendez-vous médicaux », confie Carlo Molinari, l’ancien président du FC Metz ( lire aussi ci-dessous), qui lui porte une affection toute particulière.
Jules Bocandé avait donc choisi Metz pour subir l’opération qui devait le soulager et le débarrasser de ses ennuis de santé. Optimiste, comme toujours, il avait prévu ensuite de compléter sa formation d’entraîneur avant de retrouver le Sénégal.
« Il n’avait pas remis les pieds à Metz depuis 1986. Depuis son départ pour le Paris SG. D’ailleurs, il n’a pas reconnu la ville ! Il était vraiment très content de revenir sur les lieux de ses exploits », raconte l’un de ses amis proches. Messin et Sénégalais comme lui.
Hospitalisé en début de semaine, Jules Bocandé a subi une première intervention le 3 mai. Mais tout ne s’est pas passé au mieux. Des complications sont apparues. Qui ont nécessité une deuxième opération deux jours plus tard. Placé sous assistance respiratoire, l’état de santé de Jules Bocandé n’a alors cessé de se dégrader. Dimanche soir, la famille et ses proches étaient prévenus que le risque était grand. Jules devait livrer une dernière bataille, qu’il a cette fois perdue. Hier après-midi, vers 16h, Jules s’en est allé. Son épouse, Maïmouna, qui l’avait accompagné à Metz, trois de ses six enfants, Daniel (footballeur à Thionville), Momo et René, qui demeurent en Moselle, ont assisté, impuissants, à son départ.
Une trace indélébile
Très vite, la mauvaise nouvelle a circulé. Les radios sénégalaises ont sans doute été les premières à l’annoncer. Les témoignages ont afflué. Même le président sénégalais, Me Augustin Senghor, a réagi, confirmant s’il en était besoin, l’aura dont il bénéficiait… « Je suis totalement atterré. C’est une perte énorme pour le football sénégalais. On savait qu’il était souffrant. Bocandé a su relancer le football sénégalais. Il a tout donné au football sénégalais par son talent et son engagement ».
Il est vrai que tant en France qu’au Sénégal, Jules Bocandé laissera une trace indélébile.
Débarqué à Metz en 1984, en provenance du club belge de Seraing, Jules Bocandé est resté quatre saisons consécutives en Lorraine. Son plus grand fait d’armes restera son titre de meilleur buteur de division 1 lors de la saison 1985-1986, avec 23 buts. Au total, parmi l’élite, en 223 matches, il inscrira 69 buts.
Et puis son nom, à jamais, restera associé, au même titre que Tony Kurbos, à l’exploit retentissant réussi par le FC Metz à Barcelone. C’était en 1984.
Jules Bocandé est entré dans l’histoire du FC Metz et du football français. Pour ne plus jamais en sortir. Quand bien même, il nous a déjà quittés.
Patrick DELAHAYE.
« Il avait toujours le sourire »
Joël Muller (ancien entraîneur du FC Metz, président de l’Unecatef) : « Jules était un garçon remarquable. Comme joueur, quand il est arrivé, il a permis au FC Metz de prendre une autre dimension au niveau de ses qualités mais aussi quand il enflammait le public et Saint-Symphorien. Il était d’une grande amabilité, disponibilité, il avait toujours le sourire. Il n’était jamais triste, ne critiquait pas, avait beaucoup d’humanisme. Il avait bien servi son pays après avoir servi le FC Metz. Il avait été sélectionneur adjoint et s’était occupé d’un club en Casamance. C’était un des grands joueurs que le FC Metz a connu aussi bien au niveau du talent que de la personnalité, du caractère. Il était très charmant et aimait bien la vie. Malheureusement elle l’a quitté très tôt. Je retiendrai du garçon, ce talent, cet attaquant hors norme et également l’homme agréable, intéressant, collectif. Par exemple, quand il a signé au PSG, je m’occupais du centre de formation. On était parti jouer avec l’équipe réserve et en rentrant au centre avec les joueurs, Jules Bocandé, qui était venu jouer avec le PSG, nous attendait à 22 ou 23 h, au printemps ou en été. Simplement pour se baigner dans l’ambiance, voir les jeunes de l’équipe, leur dire quelques mots et voir le coach. Je n’étais pas étonné de voir un garçon qui avait pris une autre dimension en allant à Paris venir discuter quelques minutes avec les jeunes du FC Metz. Je pense qu’il avait gardé du FC Metz un souvenir inoubliable ».
Bernard Zénier (attaquant du FC Metz de 1974 à 1978 et de 1986 à 91) : « Je l’ai vu il y a un mois et revu au match contre Monaco ( le 13 avril). Il m’a dit qu’il avait eu un problème de santé il y a un an mais qu’il avait bien récupéré et était venu à Metz pour se faire soigner. Je l’avais trouvé bien. Je suis très surpris et très, très abattu. Voir un pote de cinquante-quatre ans mourir comme cela, cela fait bizarre. Il avait mon âge ».
René Marsiglia (entraîneur de Nice) : « C’est une terrible nouvelle. J’ai joué pratiquement trois ans avec lui. C’était un joueur fantasque. Très généreux dans la vie et avec un côté farfelu. Il faisait ce que les joueurs de grand talent peuvent faire. C’est un garçon que j’avais plusieurs fois par mois. C’était un bon équipier, un très bon copain car je ne peux pas dire que c’était un ami. Je pense à ses enfants, à sa famille »
Carlo Molinari : « Quelqu’un de bien »
La voix trahit d’emblée l’émotion. Carlo Molinari, de toute évidence, est très affecté. Quelques heures plus tôt, il a appris la mort de Jules Bocandé. Et en est très affecté. « Ça me touche profondément. Avec lui, j’ai toujours entretenu une relation affectueuse. C’est bien simple, il disait que j’étais son père. »
Quand Jules Bocandé a manifesté le désir de venir se soigner à Metz, l’ancien président (et actuel vice-président) du FC Metz a fait ce qu’il fallait. « Il voulait préparer soigneusement cette opération. Il a vu les kinés, notamment. Il m’a téléphoné plusieurs fois avant de venir. » Carlo Molinari poursuit, avec toujours la même émotion… « Jules était un garçon très attachant. C’est un Grenat de cœur qui s’en va, qui a vraiment marqué l’histoire du club. C’était, en dehors d’être un grand joueur, quelqu’un de "bon" et quelqu’un de bien ».
P. DEL.