Frustrés par la situation sportive désastreuse de leur club, près de 200 supporters du FC Metz ont voulu faire connaître, hier, leur sentiment aux joueurs. Des joueurs partis s’entraîner loin de Saint-Symphorien.

Ils se sont déplacés en nombre. Mécontents, motivés et unis. Mais les supporters messins sont repartis encore un peu plus frustrés, faute d’avoir pu dialoguer avec les joueurs et les dirigeants. Photo Maury GOLINI
vendredi dernier, ils ont donné de la voix, encouragé leur équipe, avant de la tancer gentiment puis de prendre, très ironiquement, le parti du bourreau guingampais. Mais l’histoire ne pouvait pas s’arrêter là. Quatre jours après avoir quitté, dans le calme, la scène de Saint-Symphorien en traînant sur leurs dos des tonnes d’amertume, de déception et d’incompréhension, les supporters messins sont revenus sur le terrain de la débâcle.
Il est un peu plus de 9h30, hier matin, lorsque près de 200 irréductibles déboulent, bien décidés à exprimer auprès des joueurs leur « ras-le-bol, mais également le fait qu’on est toujours derrière eux ». Du dialogue et rien d’autre donc. « Évidemment, assure Xavier Schmitt, le porte-parole de Génération Grenat. Il n’a jamais été question de la moindre violence. Les consignes étaient claires : pas de débordements qui auraient donné du grain à moudre aux dirigeants. »
Dans les faits, la manifestation s’est effectivement déroulée sans le moindre heurt. Et ce, malgré quelques fumigènes et surtout la présence de représentants de trois mouvances (Génération Grenat, Horda Frénétik et des Indépendants) réputées pour ne pas toujours être sur la même longueur d’onde. « Le fait d’avoir créé cette union sacrée est déjà une victoire, assure Xavier Schmitt. Nous nous sommes réunis, ensemble, sans afficher notre appartenance à tel ou tel groupe. La seule raison de ce rassemblement, c’est la crainte de voir mourir un club que nous aimons tous. Nous aurions aimé interpeller les joueurs… Ils ont une nouvelle fois fui leurs responsabilités. » « On a l’habitude que les mecs se défilent, poursuit son voisin. Ça fait six mois que c’est le cas… » « Ils ont peur, ils n’assument pas », grince un autre.
Entraînement délocalisé
Bien qu’organisé dans le plus grand secret, ce rassemblement est visiblement revenu aux oreilles des dirigeants du FC Metz. Conséquence, les simples curieux et les manifestants du jour ont trouvé portes closes et des terrains du stade de l’autoroute déserts. Dominique Bijotat et ses hommes ayant, en effet, décidé de délocaliser la séance d’hier matin du côté d’Amanvillers selon nos informations. « Ils ont été prévenus, je suis déçu, peste Xavier Schmitt. Ils prouvent leur amour du club en fuyant. De toute façon, face à Guingamp, on a bien vu qu’ils n’avaient pas du tout l’amour du maillot… » Pas de dialogue donc et pas d’affrontement comme pouvaient le craindre certains.
« Je comprends que les joueurs aient décidé d’aller s’entraîner ailleurs, explique Alain Faber, le président de Cœur Grenat, l’association qui regroupe les dix groupes de supporters officiels du FC Metz. Ils ont besoin de sérénité avant un match très très important à Avignon vendredi. » Ce dernier, qui n’a eu vent de cette manifestation qu’en fin de matinée, assure, « comprendre la déception et le désarroi de ces toutes ces personnes fortement attachées au club et qui parlent avec leurs tripes », mais estime qu’il aurait été « préférable de prendre rendez-vous avec les dirigeants et les joueurs pour discuter de la situation ».
Un avis que ne partagent pas les supporters en colère mobilisés hier matin qui comptaient sur l’effet de surprise. C’est donc raté… Même avec les dirigeants. Car après avoir rapidement quitté des installations sportives vides, tout ce petit monde s’en est allé faire le siège… du siège quelques mètres plus loin. En ce jour férié du 8 mai, ils ont évidemment trouvé portes closes. Et pendant que les uns tentaient de joindre les dirigeants au téléphone et apprenaient que Bernard Serin était en Belgique – « il n’est jamais là de toute façon » –, les autres déployaient des banderoles aux slogans évocateurs : « Marre d’être humiliés », « Battez-vous sur le terrain, non dans les vestiaires », « Le National ? Un scandale ! », « Les six points ou la guerre ! » ou encore celle barrant l’entrée des locaux administratifs messins, « Équipe sans valeur, êtes-vous des amateurs ? ».
Peu avant 11h, Joël Muller, le conseiller du président, est finalement annoncé dans la demi-heure qui suit. Trop tard pour la majorité des supporters qui décident de plier bagages. « On se fiche complément de nous, assurent-ils en chœur. Entre les insultes de certains joueurs à notre égard sur les réseaux sociaux et le mépris des dirigeants, c’est bon, ça suffit ! »
Jean-Sébastien GALLOIS.
Muller : « Pas le meilleur moment »
« Ce n’était peut-être pas le meilleur moment pour interpeller les joueurs. » La phrase est signée Joël Muller. Le conseiller du président Serin, que les supporters messins n’ont pas eu la patience d’attendre hier matin, assure « comprendre le mécontentement » de ces derniers, mais explique également que « les joueurs ont un match d’une importance extrême à préparer. Que les supporters souhaitent dialoguer avec eux, d’accord, mais pas pendant une séance d’entraînement durant laquelle le staff technique doit mettre sa stratégie en place. Les joueurs doivent être concentrés à 100 % et même si ce mouvement se voulait pacifiste, on n’est jamais à l’abri d’un débordement d’un ou deux éléments. »
Le dialogue avec les joueurs, le staff et la direction, comme l’affirmaient hier de nombreux supporters, est-il pour autant rompu ? « Absolument pas, affirme Joël Muller. Il existe toujours, même si le contexte actuel est délicat. Mais il l’est pour tout le monde. » Les supporters en sont d’ailleurs conscients, Xavier Schmitt ayant tenu à rappeler que « c’est également l’avenir de l’ensemble des salariés du club qui est en jeu ». « Le club est en train de mourir, poursuit le porte-parole de Génération Grenat. Et au regard des grosses difficultés financières du FC Metz, descendre en National entraînerait un dépôt de bilan. Là, ce serait vraiment la fin. » « C’est aller bien vite en besognes, tranche Joël Muller. Concernant le volet économique, Bernard Serin et son équipe n’ont pas du tout l’intention de s’arrêter. »
Chacun est donc reparti de son côté. Sans avoir vraiment pu dialoguer. Mais avec le même espoir, aussi mince soit-il : que le FC Metz sauve sa peau en Ligue 2. « Même si nous sommes abattus et qu’on estime que l’équipe à la tête dans l’eau à 90 %, on y croit encore, assure Xavier Schmitt. Sinon, nous ne nous serions pas manifestés de cette manière aujourd’hui. »
J.-S. G.
FC METZ EXPRESS
Tableau de bord. Hier : une séance d’entraînement en matinée. Aujourd’hui : une séance à 9h30 puis départ pour Avignon vers midi. Jeudi : une séance à 15h30 dans les environs d’Avignon.
D’un match à l’autre. Dernier match : Metz - Guingamp (36 e journée de Ligue 2), vendredi 4 mai : 2-5. À suivre : Arles/Avignon - Metz (37 e journée de Ligue 2), vendredi 11 mai à 20h30. Prochain match : Metz - Tours (38 e journée et dernière journée de Ligue 2), vendredi 18 mai à 20h30.
À l’infirmerie. Se plaignant de maux de ventre, Thierry Steimetz a été dispensé d’entraînement hier matin. Le milieu de terrain messin, aux urgences l’après-midi même, souffre d’une gastro-entérite et a passé la nuit en observation à l’hôpital. Il est donc d’ores et déjà forfait pour vendredi. De son côté, Mamadou Wagué, victime d’une béquille à la cuisse à Bastia, passera, ce matin, une échographie afin de savoir s’il est apte, ou non, pour le déplacement sur le terrain d’Arles/Avignon vendredi. Enfin, Kalidou Koulibaly (pied) est forfait pour les deux dernières sorties de son équipe.
Suspendu. Aucun.