Attention, institution en danger : le FC Metz, premier relégable, abat l’une de ses dernières cartes ce soir au Parc des sports d’Avignon. La victoire ou la vie, ou presque…

L’heure n’est plus à cogiter : Ludovic Guerriero, le capitaine, et ses coéquipiers messins doivent l’emporter ce soir pour conserver l’espoir de se maintenir. Photo Pascal BROCARD
l y a des jours où l’on aimerait remonter le temps. Des jours comme aujourd’hui, où l’on se dit qu’au fond, tout n’était pas si mal avant. Des jours comme ce vendredi 11 mai 2012 que l’on troquerait volontiers contre un vendredi 20 mai 2011 et le souvenir de l’énorme soulagement venu s’emparer de Saint-Symphorien et de ses occupants à la nuit tombée. Le FC Metz venait de l’emporter contre Nîmes et assurait, du coup, son avenir en Ligue 2.
Que reste-t-il de tout ça ? Rien. Des cendres de joie, enfouies sous un nouveau tapis de crispation et d’inquiétude : ce soir, sur la pelouse d’Arles-Avignon, le FC Metz jouera une nouvelle fois pour ne pas, ne plus, faire partie du convoi des relégués en National. Une fâcheuse habitude, même si un détail d’importance empêche de poursuivre la comparaison avec l’épisode de la saison passée : Metz, premier relégable, n’a plus les clés de son avenir entre les mains. Une victoire, aujourd’hui dans le Vaucluse, ne lui garantirait rien si ce n’est le droit d’y croire jusqu’au bout, en l’occurrence jusqu’au 18 mai prochain, date de la dernière journée de championnat qui verra les Messins accueillir Tours.
La victoire ou la vie : il y aura donc un peu de cela, ce soir. Un peu, car tout autre scénario que le succès n’anéantirait pas forcément le peu d’espoir grenat. Mais un résultat nul ou une défaite rapprocherait inévitablement Dominique Bijotat et ses joueurs de la guillotine. Pour faire simple ? Imaginons : une défaite à Arles-Avignon, une victoire du Havre, premier non relégable à égalité de points avec les Grenats, un nul ou un succès pour Lens et Le Mans. Une telle soirée obligerait les Messins à s’imposer contre Tours, la semaine prochaine, en comblant une différence de buts telle que le défi serait impossible à relever.
La relégation en National ? Personne, à Metz, n’en connaît les contours réels, pour la simple et bonne raison que le club à la Croix de Lorraine n’est jamais descendu plus bas qu’en deuxième division depuis son entrée dans le monde professionnel, en 1937.
Scénario de crise à l’étude
Si la plongée dans cet océan d’inconnues venait à se confirmer – il faudra quoi qu’il arrive attendre le 18 mai pour que celle-ci devienne officielle – Ludovic Guerriero et ses coéquipiers entreraient donc dans l’Histoire. À leur façon. Dans leur chute, les joueurs, l’entraîneur, les adjoints et pour faire court, toutes les têtes pensantes ayant de près ou de loin influé sur la partition sportive précipiteraient avec eux une véritable institution : même fouetté par les vagues de l’instabilité depuis son "titre" de vice-champion de France de première division en juin 1998, le FC Metz a toujours maintenu la tête hors de l’eau.
Mais aujourd’hui, le pire est à l’étude : chargé de préparer le budget 2012-2013 qui devra être remis à la Direction nationale de contrôle de gestion (DNCG) le mardi 15 mai, Patrick Razurel planche sur deux documents. « On doit imaginer le scénario normal (maintien de Metz en Ligue 2) et le scénario de crise (relégation en National) que les événements sportifs nous conduisent, hélas, à travailler plus précisément. »
Retenu par ses dossiers financiers, le directeur général du FC Metz ne sera pas à Avignon, ce soir. De toute façon, l’avenir se jouera ailleurs qu’en tribunes. Sur la pelouse, face à un adversaire qui, lui aussi, n’a pas officiellement assuré son maintien. La peur d’un côté, la peur de l’autre, même si on l’imagine bien volontiers plus grande chez les Messins. Voilà le tableau !
Budget divisé par deux…
Face aux Avignonnais, les joueurs de Dominique Bijotat ne porteront pas le simple avenir sportif de leur équipe mais celui de tout un club, comptant à cette heure plus d’une centaine de salariés. La relégation en National n’épargnerait assurément pas tout ce monde. Parce que réduction des droits télé, parce que réduction probable de moitié d’un budget qui avoisine aujourd’hui les 11 millions d’euros, parce que perte d’intérêt et de recettes… Oui, vue d’ici, la descente est effrayante. Comme l’est celle qui mène aujourd’hui les Messins vers le Sud.
Cédric BROUT.
« Au bout de nous-mêmes »
Le mot maintien décortiqué par Dominique Bijotat, l’entraîneur du FC Metz.
M comme miracle. « Au regard de notre situation, nous allons chercher à Avignon ce qui peut effectivement s’apparenter à un miracle. C’est un match décisif : en cas d’échec, nous n’aurions plus aucune chance de nous maintenir. Un nul nous laisserait un infime espoir. Une victoire, par contre, nous maintiendrait en vie. On sait ce qu’on doit faire. »
A comme Arles/Avignon. « Comme nous, c’est une équipe qui est dans une situation compliquée. Malgré son excellent parcours depuis le mois de janvier ( 6 victoires, 11 nuls et 1 défaite), elle reste à la merci de la relégation avec seulement trois points de plus que nous. C’est qu’elle n’est finalement pas si extraordinaire que ça… On va s’accrocher. Le hasard du calendrier nous offre une équipe à notre portée pour entretenir l’espoir. »
I comme impact (de la défaite face à Guingamp). « J’espère que l’ampleur du score nous a secoués ! Et que le rebond sera à la hauteur de la déception et de l’abattement ressentis après cette défaite. »
N comme nouveau. « J’espère que ces deux jours passés ensemble nous ont permis de nous ressourcer et qu’on présentera un nouveau visage, en tout cas bien différent de celui de vendredi dernier face à Guingamp. Il faudra trouver les armes nécessaires au sein d’une équipe forcément marquée par son parcours et sa récente défaite face à Guingamp. »
T comme travail. « Nous avons décidé de partir plus tôt vers Avignon afin de rompre la monotonie et surtout de travailler dans les meilleures conditions possibles les plans et le schéma que nous voulons mettre en place pour battre Arles/Avignon. Nous pourrions procéder à quelques modifications, d’autant qu’il subsiste quelques incertitudes concernant certains joueurs. Ce que je veux : des garçons capables d’aller au combat. Nous devons tous aller au bout de nous-mêmes. »
I comme insouciance. « Pour s’en sortir, il est nécessaire de régénérer le groupe. Et cela passe par la jeunesse. Encore une fois. Une jeunesse et son manque d’expérience qui reste l’une des explications de notre parcours cette saison. Mais justement, dans un match où beaucoup de monde peut être tenté de gamberger, ces jeunes doivent apporter leur fraîcheur, leur enthousiasme, leur insouciance. »
E comme espoir. « On connaît la situation. Mais on ne va pas non plus se focaliser, s’acharner sur nos maux et le mauvais sort qui nous accompagnent depuis de longues semaines. Non. On se doit d’entretenir l’espoir qu’on a encore devant nous. Nous allons disputer une demi-finale de Coupe et si on veut aller au grand stade disputer la finale, on sait ce qu’il faut faire. »
N comme nerfs. « Nous allons disputer un match au couteau durant lequel il faudra, malgré la jeunesse de l’équipe, faire preuve de suffisamment d’expérience. Il est nécessaire de maîtriser ses nerfs, de garder son sang-froid. La pire attitude serait d’aborder cette rencontre crispés, avec la trouille. Il faut évacuer tout ça. »
Jean-Sébastien GALLOIS.
« Un groupe de combattants »
Pour ce rendez-vous capital dans le Vaucluse, Dominique Bijotat pourrait, une fois encore, procéder à un lifting de son onze de départ.

Hamadi Ayari. Photo Pacsal BROCARD
Quelle équipe Dominique Bijotat alignera-t-il, ce soir, sur la pelouse du Parc des sports d’Avignon ? Réponse de l’intéressé : « Ce sera un groupe de combattants ». C’est le moins que l’on puisse attendre de joueurs dont dépend la survie – ou la petite mort – d’un club tout entier. Côté cour, comme côté jardin.
« Il pourrait y avoir quelques changements », a également souligné l’entraîneur messin, qui souhaite que certains jeunes apportent « un peu de fraîcheur ». Là encore, rien d’illogique après la gifle reçue vendredi dernier face à Guingamp (2-5). Reste à savoir où se situeront ces fameux changements. Ce jeu de chaises musicales est devenu une habitude ces dernières semaines. En raison des absences de certains de ses éléments, évidemment, mais aussi « pour bousculer » son effectif. La méthode, pour l’heure, n’a pas vraiment eu les effets escomptés.
Au moins, Dominique Bijotat pourra-t-il compter sur Mamadou Wagué. Remis d’une béquille reçue à Bastia, le défenseur formera la charnière centrale avec Stéphane Besle. Sur les côtés, l’opposition de mercredi matin laisse à penser qu’à droite Hamadi Ayari pourrait remplacer Romain Métanire, à la peine face aux Guingampais la semaine passée, alors que Bruce Abdoulaye est en balance avec Adama Tamboura dans le couloir gauche.
Keita en pointe ?
Devant la défense, l’entraîneur messin devrait à nouveau faire confiance à son capitaine Ludovic Guerriero, lequel officierait avec Pierre Bouby à la récupération.
Au milieu, un trio composé, de droite à gauche de Sadio Mané, Mahamane Traoré et Kwamé N’Sor pourrait débuter la rencontre. À moins que Traoré soit jugé encore trop juste (mais comment se priver d’un tel métronome dans un match capital ?), auquel cas Bouna Sarr, auteur d’une prestation remarquée en équipe réserve dimanche, pourrait sauter dans la brèche.
Devant, Mathieu Duhamel, pour son expérience, tiendrait la corde, sauf si son entraîneur décide de (re)lancer Alhassane Keita, auteur de son quatorzième but en CFA le week-end passé.
J.-S. G.
L’arbitre
Wilfried Bien. Plutôt habitué aux pelouses de l’élite cette saison (17 matches, 56 avertissements et 4 exclusions en Ligue 1), l’arbitre de la Ligue Rhône-Alpes, trente-huit ans, n’a encore jamais croisé la route des Messins cette saison. Pas plus que celle d’Arles/Avignon d’ailleurs. Wilfried Bien a pourtant officié à quatre reprises en Ligue 2, distribuant vingt et un cartons jaunes et n’ayant, à ce jour, jamais vu rouge…
Le chiffre
2. Pour la réception du FC Metz, ce soir, le Parc des Sports d’Avignon pourrait afficher complet. Grâce à l’opération "Tous au stade" fixant le billet à 2€ seulement, le président de l’AC Arles/Avignon, Marcel Salerno, espère remplir les 17 518 places de l’enceinte avignonnaise. Pour que Romain Rocchi et ses partenaires puissent bénéficier du soutien du "douzième homme".
L’anecdote
Butelle, encore lui. La saison passée, il s’était déjà trouvé sur le chemin du FC Metz lorsque le club grenat jouait son maintien en Ligue 2 : Ludovic Butelle, ancien gardien grenat, était alors dans le but de Nîmes. Le 20 mai 2011 (37 e journée), la défaite de son équipe à Saint-Symphorien avait permis aux Messins de sauver leur place dans l’antichambre de l’élite. Un an plus tard, Butelle est le numéro 1 d’Arles/Avignon… Où Metz jouera à nouveau pour éviter une rétrogradation en National.
L’info
Sur un terrain de CFA. Partis mercredi dans le Vaucluse, les Messins ont effectué leur dernière séance d’entraînement hier après-midi, sur les installations de l’US Le Pontet, club de CFA. Avant la traditionnelle mise en place, les joueurs offensifs ont eu droit à une grosse séance de frappes devant le but. Un petit parfum d’inédit qu’il faut souhaiter payant…
C. B. et J.-S. G.