Des mots pour panser les maux. Pour Sylvain Kastendeuch, l’ancien capitaine emblématique du FC Metz, « tirer sur l’ambulance » n’est pas la solution pour sortir le club de l’ornière. « Il faut, au contraire, tous se mobiliser. »

Sylvain Kastendeuch ne brigue aucune fonction au FC Metz. « Je veux apporter mon soutien d’ancien joueur » à un club qui « traverse le moment le plus pénible de son existence », dit-il. Photo Karim SIARI
Avec 515 matches disputés sous les couleurs du FC Metz entre 1982 et 2001, il incarne un pan de l’histoire du club à la Croix de Lorraine. Ex-adjoint au maire de la ville de Metz chargé de la jeunesse et des sports (entre 2001 et 2008), il connaît également l’envers du décor. Enfin, co-président de l’UNFP (Union nationale des footballeurs professionnels) depuis 2006, il continue à être au plus près des réalités du football professionnel. Très affecté par la relégation de son « club de cœur », Sylvain Kastendeuch lance un appel à la mobilisation générale.
INTERVIEW
• Qu’avez-vous éprouvé, vendredi dernier, après la relégation annoncée du FC Metz ?
« Une profonde tristesse. Ce qui m’a poussé à ne pas réagir à chaud. Avec un peu de recul, j’estime aujourd’hui qu’il faut dépasser cette tristesse. Le FC Metz doit désormais se tourner vers son avenir. Même si ce n’est pas facile, il est nécessaire de dédramatiser la situation. De mon point de vue extérieur, je me refuse à une quelconque condamnation des uns ou des autres. On ne peut plus refaire le match. Ce n’est, de toute façon, plus le moment. »
• Et selon vous à quoi est propice le moment ?
« Mon message est simple : il faut que tout le monde se remobilise autour du club. Que tout le monde apporte son soutien. Selon ses moyens et ses responsabilités. Personnellement, j’ai participé à l’histoire de ce club et je reste un amoureux du FC Metz. C’est la raison pour laquelle je veux passer ce message alors que le club traverse le moment le plus pénible de son existence. »
• Faut-il lire, dans ce message, une envie de vous impliquer dans la vie du FC Metz, comme le laissent entendre certaines rumeurs ?
« Absolument pas ! Mon activité professionnelle ( co-président de l’UNFP) m’interdit une telle démarche. J’ai fait un choix, renonçant même à des mandats politiques. Je ne prétends à aucun poste dans l’organigramme du club. Non, à travers ces mots je veux apporter mon soutien d’ancien joueur et de supporter à l’ensemble des composantes du FC Metz. Il faut être derrière elles. Les politiques en tête ! Où sont-ils d’ailleurs ? Le silence du Conseil général et du Conseil régional est assourdissant. C’est pourtant le moment d’envoyer des signaux démontrant leur attachement au club. »
« C’est de l’ingérence ! »
• La Ville de Metz, par la voix de son adjoint aux sports, Belkhir Belhaddad, a pris position (lire RL du 16/05)… ( Il coupe)
« Son message est totalement illisible : on ne sait pas s’il soutient le FC Metz ou s’il le condamne. De plus, j’estime que ce n’est pas le rôle de la Ville – pas plus que le mien d’ailleurs – de remettre en question les compétences de Bernard Serin ni l’aspect sportif. C’est tout simplement de l’ingérence ! Les conseillers ne sont pas les payeurs ! Personnellement, je refuse d’entrer dans le jeu consistant à dire : "On aurait dû faire si, on aurait dû faire ça". Je le répète, il est trop tard pour refaire le match. Mais il est temps de passer à la phase de reconquête. »
• En avez-vous discuté avec vos anciens coéquipiers ?
« Bien évidemment. Les réactions ont été très diverses. Mais au final, c’est bien la mobilisation qui l’emporte. La preuve, les anciens du FC Metz devaient disputer un match de gala à Troyes vendredi. Ils l’ont annulé afin d’être présents au stade Saint-Symphorien pour la dernière rencontre du championnat face à Tours. Vendredi est, à mes yeux, déjà le premier jour de la reconstruction. C’est avec cet état d’esprit que les gens qui aiment vraiment le club doivent venir au stade. Et laissons le soin à M. Serin de faire son analyse et de prendre les décisions qui s’imposent. »
Jean-Sébastien GALLOIS.