Bernard Serin, le président du FC Metz, a tranché dans le vif pour le dernier match de son équipe en L2, ce soir face à Tours. José Pinot remplace Dominique Bijotat à la tête d’une équipe vidée de ses cadres. « Pour préparer le futur ».

À l’image de Kwamé N’Sor (19 ans), le FC Metz alignera, ce soir face à Tours, une équipe très rajeunie. Des joueurs que José Pinot, appelé au chevet du patient messin, connaît par cœur. Photo Pascal BROCARD
les uns partent. D’autres investissent les lieux. C’était le cas, hier, dans les salons dorés de la République. Mais pas seulement. Alors qu’une nouvelle ère, et pas forcément la plus glorieuse, s’ouvre du côté de Saint-Symphorien, l’heure était également à la passation de pouvoir. Un chassé-croisé voulu et assumé par le président du FC Metz.
« J’ai demandé à Dominique Bijotat, Patrick Hesse et Jean-Pascal Singla de s’effacer pour notre dernier rendez-vous de la saison, a expliqué Bernard Serin. Et j’ai décidé de confier les rênes de l’équipe professionnelle à José Pinot et Christophe Marichez. » Une révolution de velours (sans aucun doute trop tardive) qui était dans l’air depuis quelques jours. Et que le président a officialisée hier au nom du changement et d’une volonté de « préparer le futur » dès maintenant. « J’ai mûri ma décision dès le week-end dernier, au lendemain du coup de massue reçue en Avignon. Certaines personnes au club étaient au courant de mes intentions dès lundi matin. » Un discours destiné à couper cours aux rumeurs qui laissaient entendre que le président Serin aurait cédé à la pression des supporters, pour la plupart excédés du parcours sportif de Dominique Bijotat et de ses troupes.
« J’ai effectivement rencontré les supporters lundi soir, confie M. Serin. Je leur ai expliqué que je voulais effectuer certains changements et je leur ai surtout demandé de soutenir le club et nos jeunes. Mais comment leur demander de soutenir le futur si ce sont des joueurs du passé qui sont sur le terrain ? »
Car le second grand bouleversement de cette fin de saison décidément peu académique, concerne aussi les acteurs principaux de ce fiasco. « J’estime que ce match face à Tours est le point de départ de la saison prochaine. Cela n’avait aucun sens d’être dans la continuité des trente-sept rencontres précédentes. » Dominique Bijotat, absent hier matin et dont le contrat qui court jusqu’au 30 juin n’a pas été résilié, appréciera…
« L’ambiance est assez bizarre »
Exit donc les principaux (supposés) cadres de l’exercice 2011-2012. Présents à l’entraînement hier matin, Ludovic Guerriero, David Fleurival, Adama Tamboura, Mahamane Traoré, Kévin Diaz ou Oumar Sissoko, pour ne citer qu’eux (selon la version officielle Mathieu Duhamel, lui, est blessé), ne fouleront pas la pelouse de Saint-Symphorien ce soir. « On m’a confié une tâche bien particulière et des choix étaient à effectuer, explique José Pinot. Ces choix, nous les avons faits collectivement. C’est le fruit d’une réflexion en équipe. » Avec, sans aucun doute, Bernard Serin dans le rôle du capitaine-décideur…
C’est donc avec une formation considérablement rajeunie que les Messins tenteront de « finir sur une note positive », selon les vœux de Pierre Bouby, l’un des rares rescapés de la saignée présidentielle. « L’ambiance est assez bizarre, poursuit l’intéressé. Il se passe un certain nombre de choses au sein du club. Des choix sont faits, mais ce n’est pas à moi, simple salarié du club, de les commenter. La période est délicate sur le plan mental, mais tous les joueurs appelés à affronter Tours rentreront sur le terrain avec l’envie de bien faire. »
À Metz, comme dans les salons dorés de la République, le changement, c’est donc maintenant. À la seule différence que l’équipe du président Serin n’a pas bénéficié d’un plébiscite populaire. Bien au contraire. Et c’est d’ailleurs cette reconquête de son public qui figure en tête du projet du candidat messin. Un chantier immense. Pose de la première pierre dès ce soir.
Jean-Sébastien GALLOIS.
« Ils me connaissent par cœur »
Entraîneur de la réserve messine depuis 2006, José Pinot prendra, ce soir, les commandes d’une équipe professionnelle très rajeunie.

Au moins pour une rencontre, José Pinot va sortir de l’ombre. Et plus si affinité ? Photo Pascal BROCARD
Comment avez-vous accueilli votre nomination à la tête de l’équipe professionnelle pour ce dernier match de la saison ?
« J’ai accepté la tâche que Bernard Serin m’a confiée car je suis le premier supporter du FC Metz. Le président a décidé de se tourner vers l’avenir dès aujourd’hui en comptant sur de nombreux soutiens. J’en fais évidemment parti. »
• Vous allez diriger une équipe très jeune, épurée de nombreux cadres. Comment abordez-vous cette rencontre ?
« Par la force des choses, il a fallu s’orienter vers les jeunes. À mes yeux, ce n’est absolument pas un problème. D’abord parce que la plupart d’entre eux représentent l’avenir du club. Ensuite parce que je les connais très bien et qu’eux aussi me connaissent par cœur. Et puis, personnellement, ce n’est pas ma première expérience à ce niveau. J’ai longtemps été adjoint en Ligue 2 et en Ligue 1 ( à Beauvais, Troyes et Angers). J’ai même officié une fois en tant qu’entraîneur principal en L2 avec Beauvais. »
« Une équipe de rookies »
• Dans ce contexte très particulier, quelle sera la teneur de votre discours auprès des joueurs ?
« Je vais leur demander de faire preuve d’humilité, d’être en parfaite communion sur et en dehors du terrain. L’état d’esprit, quel que soit le niveau, est primordial. Particulièrement si l’on estime que ce match face à Tours est celui du renouveau, du rassemblement autour d’un club. Même dans les temps faibles que l’on va forcément traverser, il faudra être présents. C’est une équipe de rookies ( de débutants) qui va disputer cette rencontre. Mais il faut y croire. Le chantier est immense et tous ont un rôle à jouer dans cette reconstruction. Même les remplaçants car je considère qu’une continuité doit s’effectuer avec les joueurs du banc. »
• Le fait que de nombreux joueurs ont évolué ensemble en équipe réserve peut-il être un atout ?
« Bien évidemment. Il existe des affinités entre quelques-uns d’entre eux. Je pense que certaines associations pourraient s’avérer intéressantes. »
• Au sein de cette équipe de rookies comme vous le dites, Pierre Bouby fait figure d’ancien. Quel sera son rôle ?
« Je n’ai pas encore arrêté mon choix pour le capitanat, mais Pierre sera l’un des joueurs consultés. Il possède une certaine expérience et surtout il a démontré, ces dernières semaines, que son investissement était intact. »
J.-S. G.
Le chiffre
8,5. Outre le traumatisme sportif, la relégation en National du FC Metz va évidemment entraîner des répercutions financières. Interrogé, hier, sur le budget qui sera celui de son club la saison prochaine, le président Bernard Serin a indiqué « qu’il y travaillait. Nous ne sommes pas en mesure de donner encore une version définitive, mais je pense que nous allons vers un chiffre de l’ordre de 8,5 millions d’euros (contre 11,8 cette saison). » A titre de comparaison, les deux plus gros budgets de National cette saison étaient ceux de Nîmes et Rouen qui avoisinaient les 6 millions d’euros.
L’info
Cherche entraîneur. Si José Pinot, secondé par Christophe Marichez, sera à l’œuvre à la tête de l’équipe première ce soir face à Tours, rien n’indique, pour l’heure, que le tandem officiera la saison prochaine en National. Bernard Serin a indiqué qu’il n’avait « aucun commentaire à faire » sur l’éventuelle solution interne pour remplacer Dominique Bijotat. « Trouver un entraîneur est l’un des nombreux chantiers que nous devons entreprendre, a indiqué, hier, le président messin. Le choix de ce dernier sera l’une des clés de la saison prochaine, mais il est prématuré d’en parler aujourd’hui. Je me laisse entre dix et vingt jours pour choisir. Et que l’entraîneur en question décide de choisir Metz. »
La phrase
« Ça me fait mal ». « Voir le FC Metz descendre en National, ça me fait mal. Je suis un ancien habitué du stade Saint-Symphorien et je reste, malgré la relégation, un véritable supporter du FC Metz, dont je connais beaucoup de dirigeants. » De Peter Zeidler, l’entraîneur allemand du Tours FC, qui, avant de s’installer en France, passait régulièrement la frontière pour assister au match de la formation messine.
Le nouveau
Gautier Bernardelli. C’est le seul "vrai" petit nouveau du groupe. Gautier Bernardelli, dix-neuf ans, solide pilier de l’équipe réserve apparaît, pour la première fois de la saison au sein du groupe professionnel. Un groupe de seize joueurs qui affiche une moyenne d’âge de 21,6 ans à peine. Du haut de ses vingt-huit ans, Pierre Bouby fait donc figure de vétéran, tout comme Thierry Steimetz qui ne disputera, ce soir, que son dixième match en Ligue 2. Une équipe inexpérimentée, mais qui, aux yeux du président Setin représente « le futur ». Le périple jeune en somme.
J.-S. G.
De fidèles Ambassadeurs
Le Club des Ambassadeurs Grenat, par la voix de son président Jean-Pierre George, assure son soutien total au FC Metz malgré « la grande tristesse de voir le club descendre en National ».
L’ image de la Lorraine, en raison des graves difficultés de son industrie, n’est pas très favorable. Et la relégation du FC Metz en National ajoute un peu plus de noirceur au tableau… » Le constat est implacable. Mais, aux yeux de Jean-Pierre George, pas rédhibitoire. Le président du Club des Ambassadeurs Grenat, qui a vu le jour en 2009, refuse de baisser les bras. « Notre objectif est toujours le même, souligne le chef d’entreprise. . Promouvoir l’image du FC Metz auprès des acteurs influents du monde économique et amener le plus de partenaires possibles issus de la grande région (SaarLorLux) » vers le club à la Croix de Lorraine. « Il est hors de question d’abandonner maintenant. Au contraire. Nous devons tous nous mobiliser. Notre action vient en complément de celles mises en œuvre par celles et ceux qui souhaitent que le FC Metz rebondisse le plus vite possible. Qu’il s’agisse de Bernard Serin, l’actionnaire majoritaire du club, de Cœur Grenat et des clubs de supporters, des collectivités locales et territoriales, des partenaires historiques du club. »
« Le FC Metz reste attractif »
Bien conscient que « l’année à venir va être très difficile », Jean-Pierre George affirme toutefois que les partenaires, qu’il a récemment sondés, « gardent leur sang-froid et continuent à soutenir le club. Même si l’exposition va forcément être moins grande en National, pour de nombreuses entreprises, le FC Metz reste attractif. Tout le monde va se remettre autour de la table. La dynamique existe. Mais évidemment, il faut qu’un projet se matérialise rapidement et que la remontée soit rapide. » Autrement dit, dès la saison prochaine. Un an pas plus.
« Les exemples de réussite existent, insiste le président des Ambassadeurs. À Bastia, tout le monde a tiré dans le même sens. En deux ans, les Bastiais sont passés du National à la Ligue 1 ! Pourquoi pas nous ? »
J.-S. G.
Les Socios en soutien
« Le club traverse une période délicate, mais nous restons persuadés que le FC metz est suffisamment populaire pour qu’une association de Socios voie le jour. » A la tête du projet Socios Grenats, Mounir Mougin veut croire à avenir meilleur pour son équipe favorite. Et, avec les autres supporters à l’origine de cette initiative, affirme son soutien sans faille au club du président Serin.
Mais à leurs yeux, faire partie intégrante de l’aventure est une nécessité. « Notre objectif est d’entrer dans le capital du club et de lui amener des subventions. Et donc de recréer un véritable lien, très fort, entre les supporters et le FC Metz. Il n’est pas question de prendre la gouvernance du club, juste de participer activement à sa vie, son évolution. Nous agissons déjà en organisant, notamment, des opérations caritatives avec des jeunes du centre de formation. Nous sommes convaincus que si chacun fait un petit effort de son côté, le FC Metz peut repartir sur de bonnes bases. » Et Mounir Mougin de citer un récent exemple des actions qu’ils souhaitent mener : « Lors du match Metz - Lens, nous avions amené le sponsor maillot des Messins grâce à une société qui adhère à notre projet. »
J.-S. G.
Bernard Serin « ne déposera pas le bilan »
FC METZ. « Il n’est absolument pas question de déposer le bilan. Mais, je le répète, j’ai besoin du soutien des partenaires, des collectivités et des supporters. Après plusieurs années difficiles d’un point de vue financier, nous sommes parvenus à combler doucement le déficit. Au 30 juin, nous devrions clôturer l’exercice dans une situation voisine de l’équilibre. C’est loin d’être florissant, certes, d’autant que la descente en National va nous contraindre à nous adapter, mais cela reste bien moins difficile que cela l’a été dans un passé récent. » De Bernard Serin, le président du FC Metz a propos de la situation financière de son club.