
Battus par Le Mans le 27 mars dernier à Saint-Symphorien, les Messins tombaient dans la zone de relégation. Malgré quelques sursauts d’orgueil, Stéphane Besle et le FC Metz n’ont pas réussi à relever la tête. Photo Pascal BROCARD
Vendredi, face à Tours, les Messins ont fait leurs adieux à la Ligue 2. L’épilogue d’une saison de tous les maux.
Ambitions (1). « J’ai le sentiment que les dirigeants ont retenu les erreurs de la saison passée. De toute manière, ce club n’a objectivement rien à faire dans les profondeurs de la Ligue 2. » Après une saison 2010-2011, Mathieu Duhamel, l’attaquant messin, se veut résolument optimiste lors de la reprise de l’entraînement du FC Metz, le 22 juin 2011.
Des difficultés, déjà. « Cinq buts au Havre, cinq lors du dernier match de préparation face à Sedan, il n’y a pas de hasard. C’est suffisamment clair et précis pour comprendre qu’on est en difficulté. Car on est très, très fragile défensivement. » La saison de Ligue 2 n’a pas encore commencé et pourtant, Dominique Bijotat tire (déjà) la sonnette d’alarme après l’élimination de son équipe en Coupe de la Ligue au Havre (5-4). le 23 juillet 2011.
Prémonitoire. Après sa victoire face à Châteauroux (2-1), le 19 août 2011, Metz pointe à la cinquième place. Pour autant, Joris Delle refuse de s’enflammer. « Nous sommes mieux que l’an passé, mais nous ne sommes pas en sécurité pour autant », déclare le gardien messin.
Ambitions (2). Mathieu Duhamel n’en démord pas. le FC Metz, a, selon lui, les moyens de « finir parmi les trois premiers. C’est peut-être prématuré, mais je suis ambitieux », assure-t-il le 10 septembre 2011. L’attaquant messin avait visiblement mal évalué la difficulté du chantier…
Confiance. Battus à Troyes (1-0), le 21 octobre 2011, les Messins, dix-septièmes, viennent d’enchaîner une funeste série de cinq défaites d’affilée. Pour autant, « Dominique Bijotat a toujours [la] confiance » de son président, Bernard Serin.
Sauvetage . « Ce soir, j’ai mis un col roulé pour cacher les marques, déclare le 28 octobre 2011 Dominique Bijotat. Certains avaient commencé à me scier la tête… » En battant Reims à Saint-Symphorien, le 29 octobre 2010, Ludovic Guerriero et ses partenaires sauvent, sans aucun doute, la tête de leur entraîneur.
Lucide. Si son équipe retrouve le goût de la victoire, Yohan Betsch reste cependant lucide sur la qualité de jeu proposé. « Des tribunes, cela ne devait pas être terrible à voir, mais au final, nous revenons avec trois points. On ne va pas faire la fine bouche », décrypte le milieu de terrain, après le succès messin à Boulogne (0-1), le 7 novembre 2011.
Prudence. Malgré sa défaite à Angers (2-0), le 20 décembre, le FC Metz termine l’année 2011 avec le sourire, bien calé derrière le trio de tête. Mais Dominique Bijotat prévient : « Nous avons douze points d’avance sur le premier relégable, mais cela va parfois très vite. » Il avait raison…
Colère. Défaillants à Sedan le 27 janvier (défaite 2-0), les Messins doivent revoir leurs ambitions à la baisse : « Ça ne va pas plaire à tout le monde, mais je le dis : aujourd’hui, on joue le maintien », prévient Ludovic Guerriero. De son côté, Dominique Bijotat déclare être « un entraîneur en colère. C’est cette incapacité à se surpasser qui m’est insupportable… »
Muet. Après avoir inscrit huit buts en championnat entre août et décembre, Mathieu Duhamel, blessé début janvier, ne peine à retrouver son niveau et le chemin des filets. « Évidemment que je suis frustré de ne pas marquer, mais je sais que ça va revenir », déclare l’attaquant messin le 8 mars. Il n’inscrira finalement que deux petits buts (un doublé face à Troyes)…
Vivant. Alors que son équipe reste sur une série de neuf matches sans la moindre victoire, Dominique Bijotat assure, après le nul arraché le 18 mars face à Troyes, qu’« il y a toujours de la vie dans ce groupe ».
Ridicule. « On a été ridicule en première période. » C’est le constat implacable de Dominique Bijotat après la claque reçue par son équipe à Reims (3-0) le 23 mars. Metz est alors dix-septième.
Ultimatum. « On appellera ça comme on veut, mais oui, c’est un ultimatum. » La victoire ou la porte. Tel est le message de Bernard Serin à l’endroit de Dominique Bijotat, le 29 mars, avant la réception de Boulogne.
Solidaires. Le 30 mars, grâce à un but d’Andy Delort, Metz bat Boulogne, sort de la zone rouge et sauve, pour la deuxième fois, la tête de Dominique Bijotat. « On est derrière lui. On l’a démontré ce soir », clame Mathieu Duhamel.
Envie. Humiliés par Guingamp (2-5) le 4 mai, les Messins n’ont plus leur destin entre les mains. Et Stéphane Besle de réclamer « des mecs qui ont envie, pas d’autres », pour les deux dernières rencontres. Un vœu pieux…
Miracle. « Au regard de notre situation, nous allons chercher à Avignon ce qui peut effectivement s’apparenter à un miracle », reconnaît Dominique Bijotat, le 11 mai, avant le périlleux déplacement sur la pelouse d’Arles/Avignon. Le miracle n’aura pas lieu…
Tristesse. « C’est le moment le plus difficile de l’histoire du FC Metz. » Le 11 mai, après la défaite concédée à Avignon qui plonge le FC Metz en National, Joël Muller, le conseiller du président Serin a du mal à retenir ses larmes.
J.-S. G.
José Pinot : « Avec tout mon cœur grenat »

José Pinot et Christophe Marichez (deux premiers en partant de la gauche) à la tête de la nouvelle génération messine. Une image d’un soir ou une solution à plus long terme ? Photo Pascal BROCARD
Appelé au pied levé par le président Serin pour suppléer Dominique Bijotat, vendredi, à l’occasion du dernier match du FC Metz en Ligue 2, José Pinot est sorti de sa réserve. Au sens propre comme au figuré.
Quand avez-vous appris que vous alliez diriger l’équipe professionnelle pour ce dernier match face à Tours ? « Le président Serin m’en a informé mercredi. J’ai accepté cette mission ponctuelle de deux jours avec tout mon cœur grenat. J’ai fait tout mon possible, avec Christophe Marichez, pour préparer cette rencontre dans les meilleures conditions possibles. »
• En avez-vous discuté avec Dominique Bijotat ? « Bien entendu. Je ne voulais pas qu’il y ait la moindre ambiguïté. Depuis son arrivée au FC Metz, nous avons entretenu de très bonnes relations professionnelles et humaines. Parler de cette situation avec lui était donc naturel. Mais je ne vous dévoilerai pas le contenu de notre discussion. »
• Pour votre première à la tête des pros messins, le contexte était tout de même très particulier. Comment avez-vous vécu cette expérience ? « Sans être totalement rassurés sur l’accueil qui allait nous être réservé au stade, nous avions tout de même quelques garanties. Et avec le recul, sans doute était-ce une sage décision… Nous savions très bien que si nous voulions le soutien des supporters, il fallait aller le chercher. Ils ont tellement souffert ces dernières années… »
• Quel message avez-vous adressé à vos joueurs ? « D’aborder ce match comme un match de coupe. Une coupe de la remobilisation, une coupe de la reconstruction, une coupe du rassemblement… Je leur ai demandé d’être enthousiastes, de faire preuve d’envie, d’aller de l’avant, tout en faisant abstraction de l’aspect émotionnel qui entourait la rencontre. Je pense qu’ils ont réussi leur pari puisque j’ai entendu des applaudissements à la mi-temps et au coup sifflet final. Ce n’était pas gagné d’avance, car s’ils n’avaient pas de pression particulière en termes de résultat, il y avait une certaine attente, un soupçon de curiosité autour de cette jeune équipe. »
• Et le technicien, quel bilan tire-t-il ? « Nous avons effectué un gros travail de récupération et le volume de course a été très bon. Tout n’a pas été parfait, mais nous avons longtemps été plus proches du 2-0 que du 1-1. Tours a été réaliste, voilà tout. Mais j’ai aimé la réaction des joueurs : après l’égalisation, ils ont continué à jouer et se sont créés de bonnes situations. »
« De réelles affinités »
• Pensez-vous que l’équipe alignée vendredi puisse être l’ossature de celle appelée à évoluer en National la saison prochaine ? « Savoir qui sera encore là ou pas, n’est pas de mon ressort. Il appartiendra aux dirigeants de prendre les décisions qui s’imposent. Mais ces jeunes ont en tout cas montré qu’on pouvait compter sur eux et qu’il existait de réelles affinités entre ces joueurs, qui se connaissent très bien. C’est pour cette raison que nous sommes parvenus à créer de nombreux décalages sur les côtés, à proposer beaucoup de centres et de tirs. Et évidemment, ce n’est pas sur la seule séance de jeudi que nous avons amené cette cohérence. L’animation s’est faite d’elle-même. Alors, effectivement, pourquoi ne pas s’appuyer sur cette jeunesse, mais à mes yeux, il faut tout de même trouver, parallèlement, les bons cadres pour les entourer. »
• Certains joueurs vous ont-ils surpris ? « Je ne veux pas sortir d’individualité. Chacun à récité sa partition. Cela dit, voir Sadio Mané à ce niveau n’est pas une surprise, alors qu’on a pu se rendre compte qu’on pouvait compter sur des garçons comme Yohan Betsch, Pierre Bouby, Mamadou Wagué ou Romain Métanire, qui n’ont pas vécu une saison facile. »
Jean-Sébastien GALLOIS.
Haut les heurts !

Le 26 novembre 2011, à l’issue de la rencontre Metz - Amiens, une première bagarre générale éclate… Photo Pascal BROCARD
La saison du FC Metz a été émaillée par plusieurs incidents, révélateurs des tensions qui ont accompagné Dominique Bijotat et les siens.
Les états d’âme de Diafra Sakho
Alors que l’équipe de Dominique Bijotat, au détour d’un succès face à Châteauroux, s’installe à la cinquième place, la belle harmonie est rompue, le 22 août 2011, par la sortie médiatique très remarquée de Diafra Sakho dans les colonnes de France Football. L’attaquant messin y fait part de son agacement et de son « envie de partir », car, selon lui, il n’entrerait plus dans les plans de Dominique Bijotat. Conséquence : une mise à l’écart du groupe pro durant une semaine. Le malaise est palpable et le joueur finira par être prêté à Boulogne.
Le bras d’honneur de Bijotat
Après une série de cinq défaites d’affilée, les Messins parviennent, le 28 octobre 2011, à stopper l’hémorragie en s’offrant le scalp du leader rémois (1-0). Un succès qui permet à Dominique Bijotat de rester à la tête du FC Metz. Mais dans les jours qui suivent, l’affaire du bras d’honneur supposé de l’entraîneur messin en direction des supporters de la tribune Ouest supplante rapidement la performance sportive. Dominique Bijotat avouera que ce geste était « ambigu », mais qu’en « aucun cas il n’était adressé aux supporters ». L’argument ne convainc pas ces derniers. Un certain malaise s’installe…
Bagarre générale, acte I
26 novembre 2011. Metz s’impose face à Amiens. Au coup de sifflet final, l’Amiénois Johann Paul, frustré, assène un coup derrière la tête de Pierre Bouby. Une bagarre générale éclate. Les Messins n’auront que le tord de répondre aux provocations adverses. Mais l’image du FC Metz est, une première fois, écornée.
Bagarre générale acte II
Moins d’un mois plus tard, à l’issue du derby opposant les Messins à leurs voisins amnévillois pour le compte du huitième tour de la Coupe de France, plusieurs joueurs en viennent aux mains. Qui sont les coupables ? Peu importe. Ce 10 décembre 2010, c’est une fois de plus l’image de marque du club à la Croix de Lorraine qui en prend un coup…
Quand Guerriero dérape
En venant s’imposer à Saint-Symphorien le 13 avril, Monaco pousse les Messins dans la zone rouge. Frustré, agacé, en colère, Ludovic Guerriero perd ses nerfs en salle de presse à l’issue de la rencontre, s’en prenant à un journaliste du Républicain Lorrain. Une sortie médiatique mal contrôlée, témoin d’une grande fébrilité à l’heure d’aborder la dernière ligne droite.
Des supporters excédés
Humiliés sur sa pelouse par Guingamp (2-5), les Messins ont un pied en National. C’en est trop pour les supporters messins qui décident de s’inviter, le 8 mai, à l’entraînement des hommes de Dominique Bijotat. Ils sont près de 200, ce jour-là, à vouloir faire connaître leur sentiment aux joueurs. Le "dialogue" n’aura pas lieu, la séance ayant été délocalisée au dernier moment. Les supporters (toutes familles réunies) décident alors de déployer des banderoles du côté du siège avant de plier bagages, dans le calme. Quelques jours plus tard, des représentants seront reçus par Bernard Serin, qui posera, sans que ce soit vraiment officiel, une oreille attentive à leurs revendications…
J.-S. G.