
Albert Baning est toujours indisponible. Photo Pascal BROCARD.
Dans l’attente de la décision de la DNCG concernant Le Mans, aujourd’hui, le FC Metz continue de préparer sa rentrée. En National...
Les Messins ont repris le chemin de l’entraînement hier matin. Au menu, une séance le matin et une autre l’après-midi, sous le soleil, qui a peut-être permis aux joueurs d’Albert Cartier d’oublier momentanément l’incertitude qui entoure leur sort en raison du report de la décision concernant l’éventuelle rétrogradation du Mans en National. L’issue de cet interminable feuilleton devrait tomber aujourd’hui, après le réexamen des comptes sarthois par la commission d’appel de la Direction nationale de contrôle de gestion (DNCG).
En attendant, les Grenats – qui pourraient retrouver la Ligue 2 en cas de confirmation de la décision prise par la DNCG de reléguer Le Mans –, essayent de faire abstraction du flou ambiant. Ils préparent leur premier match de championnat, le vendredi 3 août à Saint-Symphorien, face à Boulogne-sur-Mer. La réception des Nordistes devrait se faire sans plusieurs éléments.
Outre Thibaut Bourgeois, victime d’un claquage à la cuisse et indisponible pour quatre à six semaines, Moussa Gueye est lui aussi incertain pour le premier rendez-vous de la saison : l’attaquant sénégalais, arrivé cet été en provenance de Charleroi (Belgique) est ménagé en raison d’une tendinite rotulienne. Enfin, Albert Baning est lui aussi, encore indisponible. Pas encore tout à fait remis d’une contracture qui le tient à l’écart du groupe depuis le début du mois, le joueur travaille en solo. La date de son retour à la compétition reste, pour l’heure, inconnue.
Un dernier test demain
Changement de programme pour les Messins : l’opposition interne qui devait rassembler les joueurs d’Albert Cartier vendredi soir a été annulée et remplacée par un match amical prévu demain, à partir de 18h, sur la pelouse de Saint-Symphorien. L’adversaire ? Le FSV Mainz 05, qui a terminé le dernier championnat allemand de première division à la treizième place. Les deux équipes disputeront trois périodes de quarante-cinq minutes chacune (entrée : 5 euros ; gratuit pour les abonnés). « Et si jamais nous sommes en Ligue 2 , on demandera à reporter le match prévu à Lens samedi », a indiqué Albert Cartier, l’entraîneur messin. On ne sait jamais, en effet...
C. B.
DNCG : Le super-comptable du foot
1984. La Direction nationale de contrôle de gestion voit le jour et prend place dans le paysage du football français. Indépendante, hébergée par la Ligue de football professionnel, elle est chargée, depuis, de surveiller les comptes des clubs professionnels de l’hexagone.
De l’interdiction de recruter de nouveaux joueurs en passant par la rétrogradation dans une division inférieure ou encore l’exclusion pure et simples des compétitions, la DNCG dispose d’un catalogue de sanctions variées. Dont l’application a parfois de lourdes conséquences…
En 2002, le FC Metz en avait fait les frais. Relégué en Ligue 2 à l’issue de sa saison, le club grenat avait été repêché le 26 juin, en raison de la rétrogradation prononcée à l’encontre de l’OGC Nice. Moins d’un mois plus tard, la Direction nationale de contrôle de gestion revenait sur sa première position, estimant que le club azuréen présentait des garanties financières nouvelles. Suivant l’avis du super-comptable du foot français, le conseil fédéral réintégrait l’OGC Nice et accablait le FC Metz d’une deuxième relégation.
Ces revirements ne sont heureusement pas légion. Cette saison, plusieurs clubs ont senti le souffle de la DNCG passer, mais s’en sont finalement sortis. Auxerre, tout juste relégué en Ligue 2, fait partie de ces derniers exemples. Comme Cherbourg qui a, lui, profité d’une réintégration en National, quelques semaines après s’être vu signifier sa relégation en CFA pour cause de santé financière défaillante. Le club cherbourgeois croisera donc la route du FC Metz cette saison.
A moins que la DNCG reste en accord avec ce qu’elle avait prononcé le 11 juillet dernier, en appel, dans le dossier du Mans…
C. B.
Quelques choses à savoir sur la DNCG…
- La Direction Nationale de Contrôle et de Gestion (DNCG) peut s’appeler autrement : on parlera de DNACG en volley (avec le A de Aide), de la DNCCG en basket (avec le C de Conseil), de la CNCG en handball (avec le C de Commission au lieu de Direction).
- Chaque fédération sportive a sa DNCG.
- Il s’agit d’une commission indépendante chargée de surveiller les comptes des clubs.
- Elle est composée de personnes émanant du monde sportif et des fédérations mais aussi d’experts-comptables.
- Le pouvoir d’une DNCG est immense. Elle peut délivrer des sanctions juridiques, financières, sportives entre rétrogradations d’une division à une autre, interdiction de recrutement, perte de points dans un championnat, exclusions d’une compétition, demandes d’équilibres des comptes…
- Une DNCG s’occupe d’abord des clubs professionnels. Les fédérations ont d’autres juridictions pour sanctionner les clubs amateurs.
- Des recours sont possibles pour les clubs : commissions d’appels des fédérations puis CNSOF (Comité National Sportif Olympique Français) puis le Tribunal Administratif (TA) sachant que celui-ci peut donner un référé dans un délai court ou long… Or, quand un championnat commence, le sport ne revient pas, habituellement, sur la décision du terrain. Décision contraire ou pas.
Cyrille Muller : « On assure la pérennité des clubs »

Le Lorrain Cyrille Muller a créé la DNCCG à la Fédération française de basket. Photo Vosges Matin
Le Vosgien Cyrille Muller dirige la direction nationale du conseil et du contrôle de gestion (DNCCG) depuis 2003. Depuis, le basket français s’en porte beaucoup mieux.
Cyrille Muller et la DNCCG ? « À la demande du président de la Ligue nationale professionnelle de l’époque, René Legoff, j’ai mis en place cette DNCCG. C’était en 2003 ! Il a fallu définir le règlement que nous avons amélioré au fur et à mesure. »
• Mais il existait quand même une commission avant… « Oui, mais elle était composée des présidents de clubs qui étaient donc partie prenante. Aujourd’hui, notre commission est totalement indépendante de la Ligue. Nos décisions ne peuvent pas être remises en cause ou alors il faut aller jusqu’en chambre d’appel. »
• Votre pouvoir est énorme ! « On décide effectivement des engagements des clubs en pro A et pro B, on limite les masses salariales, on peut empêcher de recruter, imposer des amendes ou infliger des pénalités de points. »
• Vous l’avez fait à Hyères/Toulon cette saison. Une première ? « Oui. On leur a enlevé trois points. »
• Quel sport a lancé le contrôle de gestion ? « Le football puis le rugby et le basket. Au début, nous avons suivi une recommandation du Ministère de la Jeunesse et des Sports. Un décret a rendu rapidement obligatoire la DNCG. »
• Êtes-vous pris pour le grand méchant loup ? « Un peu au début. Maintenant, nous sommes reconnus, appréciés parce que l’on empêche les dérives, parce que l’on assure donc la pérennité des clubs et l’équité entre eux. »
• Pourtant, parfois, vous avez la réputation d’une commission sévère. « À l’extérieur, on peut avoir cette image de méchant mais on ne ressent aucun sentiment de ce type de la part des clubs que l’on aide. En basket, nous avons un « C » en plus : notre DNCCG comprend le « C » de conseil. Nous organisons des journées d’informations pour les responsables administratifs et financiers à propos de tout, de l’Urssaf, de la Tva, des nouvelles dispositions légales… »
Plus de champions de France à crédit
• Existent-ils des liens entre les diverses DNCG ?
« Oui, nous nous réunissons régulièrement, pour faire le point sur les règlementations sachant que chaque ligue est libre, pour échanger nos expériences. »
• Quelles sont vos dernières décisions concrètes ? « Cette saison, on a accordé 80 % de la masse salariale demandée à Hyères/Toulon et au Havre, les comptes définitifs n’étaient pas conformes aux projets ».
• Des exemples de crashs historiques ? « Limoges, Antibes, Paris ( tous trois champions de France). À l’époque, on avait dit qu’Antibes avait obtenu le titre à crédit. »
• Vous arrive-t-il de vous tromper ? « On peut parfois mal appréhender un dossier si on nous cache des choses mais le mensonge ne dure jamais longtemps. Sinon, c’est impossible de commettre des erreurs. Nous avons trois experts-comptables d’un cabinet très réputé qui font des propositions au conseil supérieur de gestion composé de cinq membres indépendants et de ces trois experts. En plus, je suis aussi le président de la commission d’homologation des contrats des joueurs. On peut ne pas les qualifier quand on juge que le club ne pourra pas les payer. Comme pour trois d’entre eux à Hyères-Toulon, en début de saison. Maxime Zianveni, par exemple, est parti ailleurs ( à Strasbourg ) ».
• Comment est perçue la DNCCG de basket ? « Je ne devrais pas m’en vanter car j’en suis le président mais nous jouissons d’une excellente cote. Pour le Ministère, nous obtenons les résultats les plus efficaces en ce qui concerne la gestion des clubs. Le basket affiche une bonne santé financière. Pour le Sluc Nancy, par exemple, c’est plus que bien ! »
Alain THIÉBAUT.