Le FC Metz a perdu en amical, hier à Thionville, face à Mons (0-1), à l’issue d’une séance de travail instructive pour son entraîneur.

Samy Kehli et les Messins ont perdu un match amical instructif, hier à Thionville. Photo Dominique STEINMETZ
Occasions manquées. Les mauvais esprits noteront que Metz a encore signé un mauvais résultat à l’extérieur et les plus pervers remarqueront que les Grenats n’étaient pas loin de leur domicile, hier à Thionville, mais, plus pragmatiquement, l’intérêt était ailleurs.
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Contre Mons, actuel neuvième de la première division belge (0-1), les hommes d’Albert Cartier se sont offert une séance de travail qui visait, essentiellement, à maintenir un rythme et observer des joueurs moins sollicités. D’où l’absence sur le terrain des N’Gbakoto, Sarr, N’Doye et autres Bussmann. L’entraîneur mosellan, hier, a versé dans l’expérimental. Son équipe a été surprise en deuxième mi-temps par un but de Köse qui s’est joué du jeune N’Dour et du gardien Cappa dans un angle ultra fermé (72 e). Avant cela, Metz avait eu l’occasion de prendre l’avantage avec des tentatives de Lejeune (33 e), Keita (42 e) et surtout Cassan qui a perdu un face-à-face avec le gardien belge (53 e).
Nouveaux visages. Albert Cartier a donné du temps de jeu, hier, à des éléments généralement moins habitués à la lumière. Ce fut le cas du jeune Cornet dont l’entraîneur a apprécié « la percussion dans les 25 derniers mètres » et de Cherro, le défenseur argentin qui « reste difficile à juger dans ce contexte ». L’infortuné N’Dour est lui impliqué sur le but tandis que Cassan a montré une réelle qualité de passe. « Il revient dans le coup, il est intéressant mais c’est dommage qu’il rate son occasion, notait le technicien. Il ne faut pas laisser passer les opportunités. » Contrairement à l’immense majorité de leurs coéquipiers, Kashi et Lejeune ont disputé l’intégralité de la rencontre. C’était un vœu de l’entraîneur qui a également songé à ménager ses jeunes éléments. « Normal, dit-il. On a 21 matches derrière nous alors que beaucoup de garçons ne sont habitués à en jouer que 35 en CFA. »
L’avis d’Albert Cartier. « On a réussi une bonne première mi-temps, bien équilibrée et avec du rythme. En deuxième, on a tenté de nouvelles choses. On rate une belle occasion et on est globalement passif en défense. J’aurais aimé qu’on réagisse mais j’ai au moins pu revoir certains garçons. C’était l’objectif. Tout le monde avait envie de jouer chez nous mais j’ai finalement arrêté mon choix ( mardi) à 19h30. Si j’en avais eu l’occasion, j’aurais aussi fait souffler Romain Métanire mais je n’avais pas beaucoup de choix. »
Ch. J.
Sarr rit à nouveau

Bouna Sarr, un élément clé du dispositif messin. Photo Pascal BROCARD
Lancé dans le grand bain professionnel la saison dernière par Dominique Bijotat, Bouna Sarr avait finalement vécu une année en Ligue 2 plutôt décousue. Pour ne pas dire pénible.
Apparu à seulement neuf reprises en 2011-2012, le jeune milieu de terrain, lié au club à la Croix de Lorraine jusqu’en juin 2015, a d’ores et déjà fait exploser ses statistiques depuis l’ouverture de l’exercice 2012-2013 avec onze matches, dont dix dans la peau d’un titulaire. Buteur lors de la dernière journée de Ligue 2 face à Tours, Bouna Sarr a également déjà trouvé le chemin des filets à deux reprises en National, notamment le 7 septembre dernier face à Créteil (3-1).
Mais si le natif de Lyon est aujourd’hui régulièrement appelé par Albert Cartier, c’est qu’il a su trouver sa place au sein du collectif messin grâce à son bagage technique et une motivation retrouvée.
En juillet dernier, il espérait d’ailleurs avoir « l’opportunité de jouer régulièrement et donc d’apporter [sa] pierre à l’édifice ». « Mon objectif, poursuivait-il, c’est de jouer le plus possible, d’inscrire des buts, d’être décisif ». Un tableau de marche jusqu’ici respecté pour un joueur qui au fil des rencontres a su faire oublier le départ de Sadio Mané à Salzbourg. D’autant que son investissement sur le terrain, son sens du sacrifice – réclamé par Albert Cartier – et sa mobilité ne font aucun doute.
En septembre, le FC Metz a retrouvé une certaine idée du jeu. Une autre idée du plaisir à prendre et à offrir. Et Bouna Sarr n’y est évidemment pas étranger…
Metz, le bal argentin
En attirant dans leurs filets les Argentins Guido Milan et Nicolas Cherro, les dirigeants messins ont renoué avec une vieille tradition inaugurée dès les années 1930.

Fernando Zappia (1983 à 1987), l’un des nombreux Argentins passés par Saint-Symphorien. Photo RL
DOSSIER
Il ne le savait sans doute pas, mais en prenant la direction de l’Argentine en fin de saison dernière, Dominique D’Onofrio, le directeur sportif du FC Metz, s’apprêtait à faire renaître de ses cendres une vieille tradition du côté de Saint-Symphorien : le tango argentin !
1932-1950 : l’ouverture

Roberto Aballay. Photo RL
Dès 1945, le championnat de France s’intéresse de près aux joueurs d’Amérique du Sud, réputés pour leur sens du spectacle et leur aisance technique. Des oiseaux rares à dénicher au plus vite. Dans ce domaine, le FC Metz ne fait pas figure d’exception. Le précurseur de la vague argentine qui va bientôt déferler sur les bords de la Moselle est OscarTellechea, un attaquant qui a débuté sa carrière à l’Estudiantes de La Plata et qui s’est distingué en 1937 en décrochant le titre de meilleur buteur du championnat uruguayen (17 buts) sous les couleurs du Club Atlético Peñarol. Ce dernier, après des passages à Sochaux et Colmar, porte le maillot messin en 1938-1939 mais ne dispute que trois petits matches. Il est rejoint, cette même saison, par son frère Horacio Tellechea qui, lui non plus, ne parvient pas à s’imposer chez les pros.
Après deux essais infructueux en octobre 1951 ( Carlo Bello et un certain Rodriguez ne seront pas retenus), le premier Argentin à rejoindre la Lorraine après la Seconde Guerre mondiale se nomme Roberto Aballay. C’est le FC Nancy qui est allé le chercher en Italie, à la Genoa, en 1951. Dès la saison suivante (1952-1953), le FC Metz s’attache les services de l’ex-attaquant de River Plate et de San Lorenzo. A charge pour l’ex-meilleur buteur du championnat du Mexique 1945 (40 buts en 24 matches sous les couleurs de l’Asturias FC) de faire oublier, sur le terrain et dans le cœur des supporters, Thadée Cisowski, parti au RC Paris. Son influence est incontestable, mais à peine un an après son arrivée, il est écarté du groupe professionnel par les dirigeants qui jugent ses exigences pécuniaires exagérées. Finalement, après une saison d’expiation, son contrat est résilié et l’Argentin se voit interdire d’exercer son métier de footballeur en France.
Lorsqu’Aballay débarque à Metz, il est rejoint par l’un de ses compatriotes : Jorge-Antonio Porcel, attaquant en provenance du club portugais de Covilha. Mais souvent blessé, il joue peu et surtout ne confirme pas sa réputation d’artiste qui semble surfaite. Pour José Montagnoli, le troisième Argentin que Metz engage en 1953, la désillusion est également au rendez-vous. Pourtant, il s’agit d’un milieu de terrain habitué au championnat de France puisqu’il y évolue depuis trois saisons (Sochaux, CA Paris). Lui aussi pèse très peu sur le jeu messin et son entraîneur, Émile Rummelhardt, ne lui fait pas souvent confiance.
Reste que ces joueurs ont volontiers quitté l’Argentine, conscients de pouvoir gagner plus d’argent en Europe, d’autant que leur pays vit alors au rythme d’un régime policier qui aboutit au coup d’état militaire de septembre 1955.
1970-1980 : le tango messin
Comme dans de nombreux clubs français, la représentation étrangère – et donc argentine – à la fin des années 1950 et durant les années 1960 décroît au gré de règlements se voulant résolument protectionnistes. Il faut attendre près de vingt ans pour que le FC Metz se remette au tango argentin. L’Argentine des années soixante-dix se conjugue alors avec une dégradation du climat social, une inflation galopante, des assassinats politiques, le tout orchestré, à partir de 1976, par la Junte du général Videla. Pour les footballeurs, venir exercer leur métier en Europe, et en particulier en France, est un excellent moyen d’échapper à cette ambiance pesante et de décrocher d’alléchants contrats.
Nestor Combin est le premier à poser ses valises en Moselle en 1971. Le président Molinari réussit alors un véritable coup de force sportif, mais également une belle opération médiatique. Après cinq saisons passées à Lyon, cet attaquant naturalisé français en 1961 cède aux sirènes italiennes. La Juventus Turin, Varèse, le Torino et le Milan AC vivent ainsi au rythme des exploits de Nestor. A Metz, malgré ses trente et un ans, le joueur soulève l’enthousiasme des supporters, inscrivant la bagatelle de trente-quatre buts en deux saisons. Cependant, Combin est un personnage de feu dont la cohabitation avec le Danois Tom Sondergaard sur le front de l’attaque n’est pas toujours très sereine. Jacques Favre, son entraîneur, dira de lui qu’il est « hâbleur et râleur ». En juin 1973, Metz ne peut le retenir et le cède au Red Star pour trente millions de francs.
Quelques mois plus tard, le soir du réveillon du Nouvel An 1974, le Nantais Hugo Curioni exauce les vœux de Carlo Molinari en apposant sa signature au bas d’un contrat le liant avec le FC Metz. Réservé, sa personnalité est beaucoup moins sulfureuse que celle de son compatriote Combin. C’est devant les buts qu’il s’exprime le mieux (72 buts entre 1974 et 1978). Et associer Curioni au Luxembourgeois Nico Braun, c’est tout simplement s’offrir l’un des meilleurs duos d’attaque de toute l’histoire du club à la Croix de Lorraine (121 buts à eux deux en 3 saisons).
Autre transfuge nantais, le défenseur Hugo Bargas vient compléter la vitrine argentine du FC Metz. S’il n’a pas autant marqué les esprits que Combin et Curioni, l’ancien postier de Buenos Aires assure une solide assise aux Messins entre 1979 et 1981. Quant à Jésus Fandino, de passage une petite saison (1972-1973), il aura toutes les peines du monde à se fondre dans le collectif lorrain, alors que le défenseur de Platense, Juan Carlos Piris (1971-1972), n’y trouvera jamais sa place. Ce dernier fera ensuite les beaux jours du Deportivo La Corogne.
Deux autres Argentins seront approchés durant cette période. Hector Bentron, que Jacques Favre a découvert lors d’une tournée en Argentine, ne sera pas retenu. Pas plus qu’ Arturo Dilello, un étudiant évoluant au Boca Junior, conseillé par un certain José Montagnoli, devenu agent de joueurs en Amérique du Sud.
1990-2012 : à nouveau sur la piste
A partir des années 1980, la source argentine va se tarir. Seul Fernando Zappia portera, entre 1983 et 1987, le maillot grenat. Ce dernier, défenseur formé à River Plate, a transité par l’Autriche avant de venir à Nancy où il est recruté par le FC Metz. Il portera le maillot grenat à 160 reprises, remportant la Coupe de France en 1984 avant de participer à la victoire historique des Messins, le 10 octobre de cette même année au Nou Camp, face à Barcelone en Coupe des Coupes.
En 1991, le gardien Sergio Goycochea, finaliste de la Coupe du monde 1990, est proposé aux dirigeants messins qui lui préfèrent Philippe Flucklinger. Six ans plus tard, l’attaquant Dario Forestello effetue un essai durant six jours, sans que Joël Muller ne donne suite. Par contre, Mariano Bombarda, recruté uniquement sur la base de vidéos, lui, convainc l’entraîneur messin. S’il est né à Cadix (Espagne) et possède un passeport italien, l’attaquant de Groningen est bel et bien d’origine argentine par son père. Il y a d’ailleurs passé son enfance et fait ses débuts ballon au pied à Huracàn. Cependant, le joueur, visiblement déboussolé au sein du championnat français, quitte la Moselle après seulement deux mois de compétition.
Il faut ensuite attendre l’année 2000 pour que l’accent argentin se fasse à nouveau entendre du côté de Saint-Symphorien avec l’arrivée du milieu de terrain Patricio D’Amico. Peu utilisé lors de sa première année messine, le joueur formé aux All Boys est même prêté à Wasquehal en 2001-2002. De retour à Metz, il participe activement (24 matches, 1 but) à la remontée en Ligue 1 en 2003. « Cela a été un moment exceptionnel dans ma carrière, se souvient aujourd’hui l’intéressé. Il y avait, à l’époque, une ambiance exceptionnelle au sein du club et un immense respect pour les supporters grenat.Et l’entraîneur qui m’a le plus appris et transmis sa passion (D’Amico est aujourd’hui entraîneur du club uruguayen du Deportivo Maldonado), c’est Jean Fernandez, mon coach à Metz. »
Neuf ans plus tard, sous l’impulsion de Dominique D’Onofrio, la filière est remise au goût du jour. Ce dernier effectue ainsi plusieurs voyages en Argentine afin de dénicher des perles rares. « En premier lieu, l’objectif était de rompre avec certaines habitudes du club, notamment avec cette politique de prêts, explique le directeur sportif messin. Je voulais des joueurs capables d’apporter une autre mentalité. Or, les Argentins sont réputés pour leur sens du professionnalisme, leur facilité d’adaptation. Grâce aux différents réseaux que j’ai tissés dans ce pays, cinq ou six joueurs étaient intéressés. Or, certains se sont désistés une fois le club relégué en National. Mais nous avons su en convaincre deux. » En effet, si le milieu de terrain Federico Scoppa, en provenance de Finlande, n’a pas convaincu Albert Cartier lors de sa mise à l’essai en juin dernier, Nicolas Cherro et Guido Milan, recrutés sur leur terre natale, ont rejoint les bords de la Moselle. « C’est une filière qu’il faut absolument maintenir, conclut Dominique D’Onofrio. Il n’est pas impossible que j’y retourne rapidement, au moins pour entretenir mes réseaux. » Le bal ne fait que (re)commencer…
Textes : Jean-Sébastien GALLOIS.