
La paire argentine du FC Metz a été rarement réunie cette saison. Si Milan est titulaire, Cherro (arrière-plan) attend son heure. Photo Pascal BROCARD.
Le défenseur argentin a découvert un pays, un club, une langue et un championnat depuis cet été. Non content d’avoir gagné ses galons de titulaire, il s’échine aussi à maîtriser le français. Avec envie.
Une petite rumeur accompagne régulièrement les entrées sur le terrain du grand Guido. Les joueurs ont pris l’habitude d’entendre quelques « Zlatan » s’élever des tribunes de Saint-Symphorien. Rapport au gabarit et à la queue-de-cheval évidemment. La recrue du FC Metz a aussi le nom de l’ancien club (Milan) et le deuxième prénom du directeur sportif d’Ibrahimovic (Leonardo) mais la comparaison ira difficilement plus loin s’agissant d’un défenseur argentin qui découvre la France depuis le modeste balcon du National.
Originaire d’un quartier de Buenos Aires, ce jeune homme de vingt-cinq ans s’est posé en Europe pour la première fois cet été. Il revendique des racines italiennes du côté de sa mère et possède donc un passeport binational mais il n’avait jamais franchi l’Atlantique auparavant.
Sa venue était souhaitée par Dominique D’Onofrio qui a suivi ce solide gaillard sur vidéo avant d’aller à sa rencontre. « Nous avions prévu d’attirer trois Argentins, un par ligne, mais on ne savait pas encore qu’on allait descendre en National, explique le directeur sportif messin. Si les autres ont décliné, Guido, comme Nicolas Cherro d’ailleurs, a tout de suite adhéré à notre projet. Il était très enthousiaste et je lui trouvais toutes les qualités pour s’imposer : une mentalité de professionnel, un calme naturel. Il fait aussi peu de fautes et il compense son manque de vitesse par une intelligence de jeu. »
« Plus physique »
Argentin pur sucre, Milan a tâté sans plaisir du froid de la Moselle, maintient que la viande n’y sera jamais meilleure qu’au pays et... il a souri sur la question de sa vocation : « Dans mon pays, répond-il, on te donne deux choses à la naissance : un biberon et un ballon. » Avec une idole en prime : « Maradona, évidemment. Mais si Messi remporte une Coupe du Monde, il sera au-dessus. »
Aujourd’hui titulaire et solidement implanté dans l’axe d’Albert Cartier, Milan s’est rapidement adapté aux contraintes du National. « C’est moins tactique et plus physique que la D2 argentine mais ça correspond bien à mon profil , remarque-t-il. Les terrains sont plus petits aussi et, à part Metz qui est bien suivi, il y a moins de ferveur que chez moi où je pouvais jouer devant 40 000 fanatiques. »
« Bien accueilli par les gens et par le club », Milan surmonte également l’obstacle de la langue pour se fondre dans sa nouvelle vie. « Difficile… », soupire-t-il, malgré de nets progrès en la matière. « Avant, j’essayais de comprendre en suivant le regard ou les mimiques du coach qui est très expressif,confie-t-il. Avec le temps et la répétition des mots, je comprends de mieux en mieux. »
Johann Carrasso s’est improvisé interprète pour faciliter l’intégration de son coéquipier. « Guido commence à rigoler, à chambrer avec nous, explique le gardien. On sent qu’il est plus à l’aise. C’est quelqu’un d’assez réfléchi, plutôt réservé dans le vestiaire, mais il a envie de s’investir et il s’intéresse à tout. Quand je parle avec Romain Inez, par exemple, il cherche à comprendre ce que l’on dit. »
« Apprendre la langue était une condition de sa venue », rappelle D’Onofrio. L’Argentin s’est plié à cette exigence avec gourmandise. Il fait même du rab en compagnie d’Ahmed Kashi : « Je lui traduis des gros mots »…
Christian JOUGLEUX.
Ses cours de français
Mode d’emploi à l’usage d’un Argentin en renfort à Metz. Dans un premier temps, prière de s’adresser à Johann Carrasso qui manie l’espagnol à l’occasion. « Au début, on avait fait une liste des mots à connaître pour Guido (Milan), du genre "laisse", "seul", "ça vient", se souvient le gardien mosellan. Il nous a surpris. En dix jours, il les connaissait déjà. »
Deuxième étape : se tourner vers Via Lingua, un organisme spécialisé dans l’apprentissage du français. C’est Sylvie Devaux qui officie auprès des Argentins du FC Metz. Elle s’est déplacée au centre de formation pour les rencontrer sur la base « de deux heures par jour début août, de trois à quatre fois par semaine en septembre et sur deux séances hebdomadaires aujourd’hui ». « Je ne parle pas espagnol, je m’adresse à eux en français, explique-t-elle. Guido comme Nicolas (Cherro) ont vraiment conscience de l’utilité de la langue. Ils ont même une appétence pour ces cours. Ils sont intéressés, curieux de tout et ils n’ont pas peur de se lancer. Par contre, c’est difficile de préparer un cours parce que ça peut partir dans tous les sens. Au début, ils voulaient savoir comment prononcer les noms de leurs coéquipiers. Ensuite, ils ont essayé de connaître des mots plus concrets pour pouvoir louer un appartement, acheter une voiture ou commander au restaurant… »
Le lexique et la conjugaison des verbes posent encore problème, comme c’est souvent le cas en français. En revanche, les deux garçons n’ont eu aucun mal à apprendre le nom de leur poste dans la langue de Laurent Blanc. Entre défenseur et defensor, la traduction n’est pas compliquée.
Ch. J.
Fc Metz express
Tableau de bord.Hier : deux séances. Aujourd’hui : une séance à 10 h. Demain : une séance à 15 h.
D’un match à l’autre.Dernier match : Metz - Red Star (14 ee journée de National), samedi 10 novembre : 1-1. Prochain match : ASC Biesheim (DH) - Metz (7 e tour de la Coupe de France), samedi 17 novembre à 18 h. A suivre : Rouen - Metz (15 e journée de National), vendredi 23 novembre à 20 h ; Metz - Paris FC (16 e journée de National), vendredi 30 novembre à 20h30.
A l’infirmerie. Après avoir été dispensé d’entraînement mercredi après-midi par mesure de précaution, Kévin Lejeune, qui souffrait des adducteurs, a participé normalement à la séance matinale hier. Le milieu de terrain est donc candidat à une place de titulaire pour le déplacement à Biesheim (DH), demain, en Coupe de France. Un rendez-vous pour lequel Albert Cartier doit se passer des services de Samy Kelhi (pubis) et Moussa Gueye (adducteurs). Michel Lê et Erwan Martin (genoux) poursuivent, eux, leur rééducation.
Buteurs.En National : Sakho (8 buts) ; N’Gbakoto (5) ; Keita (4) ; Kelhi, Proment, Sarr (2) ; Bussmann, Gueye, Mané (transféré à Salzbourg), N’Doye (1).