Régulièrement titularisé au cours de la première partie de saison, Mayoro N’Doye s’était fait plus discret depuis janvier. De retour face à Rouen, samedi dernier, l’homme réservé a endossé la panoplie du joueur conquérant.

Le regard porté vers l’avant, le « guerrier » sénégalais a fait son grand retour samedi dernier. Photo Pascal BROCARD
Comme tous ses partenaires, il s’est volontiers plié à la séance de dédicaces improvisées par les jeunes de l’ES Metz, hier en fin de matinée, sur le bord de la pelouse du stade de l’autoroute. Pris soin de saluer les supporters. Avant de se prêter à l’exercice médiatique. Avec un calme mâtiné de timidité. Loin, bien loin, de l’étiquette de « guerrier » que lui a récemment collé Albert Cartier.
L’intéressé sourit. Pudiquement. Toujours. « Il y a deux Mayoro N’Doye , lâche-t-il finalement. Celui de la vie quotidienne, calme, normal et le footballeur qui se donne toujours à fond. Oui, sur le terrain, je suis un guerrier ! »
L’impressionnant Pape M’Boup (1,91 m, 88 kg) peut en témoigner. Le frêle milieu de terrain défensif (1,76 m, 67 kg) a mis tout son cœur (et son corps) dans la bataille pour contrarier le géant rouennais samedi dernier. C’est que le natif de MBao, situé à quelques encablures de Dakar, piaffait d’impatience. Sa dernière titularisation remontait au 9 janvier et un frustrant voyage à Bastia. « Cela fait évidemment plaisir de débuter à nouveau une rencontre , confie le jeune homme de vingt-et-un ans. Mais je n’ai jamais douté. J’ai continué à bosser. De toute façon, le coach fait des choix pour le bien de l’équipe et à mon poste, le FC Metz possède de très bons joueurs. »
Il cite alors Ahmed Kashi, Albert Baning et surtout Grégory Proment. « Je suis jeune. J’ai encore tellement de choses à apprendre, souligne celui qui a débarqué sur les bords de la Moselle en janvier 2010. Depuis son arrivée, Grégory Proment me conseille, me soutient, m’invite à ne rien lâcher. Comme il le fait avec les autres joueurs d’ailleurs. Un capitaine comme lui, c’est précieux. Il sait vous mettre en confiance. »
« Cela valait le coup… »
Touché aux adducteurs fin janvier et barré par la montée en puissance de Kashi, le Sénégalais assure n’avoir jamais « baissé les bras », arrivant même régulièrement en avance à l’entraînement pour effectuer, notamment, des exercices de gainage. « Je le répète, je me suis toujours donné à fond. Même la saison dernière. » Derrière cette phrase se cache un soupçon de frustration. « Je n’ai pas beaucoup joué (4 matches dont 1 titularisation). Je pense pourtant que j’avais fait le nécessaire… » Un mauvais souvenir ? « Disons que c’était difficile », glisse-t-il sans que sa voix ne trahisse la moindre rancœur. Pudique. Encore.
C’est pourtant avec « un esprit de gagneur » que Mayoro N’Doye a pris la route National en juillet dernier. « Physiquement, j’ai vraiment souffert lors de la préparation , coupe-t-il dans un large sourire. Il a aussi fallu que je corrige certaines choses, notamment mon placement. Le coach m’a souvent recadré. Au début, c’était difficile à entendre. Désormais, je me rends compte que cela valait le coup… » Car aujourd’hui le FC Metz frappe avec insistance à la porte de la Ligue 2. Pas de quoi ébranler le flegme d’un joueur ayant à son tour endossé la panoplie de grand frère en prenant sous son aile les plus jeunes de ses compatriotes (Abdallah N’Dour et Désiré Segbé, notamment). « Il reste encore cinq matches, rien n’est fait », prévient-il. Mais c’est en bonne voie ? « Oui », finit par admettre le « guerrier » (et son double) dont le contrat court jusqu’en juin 2014.
Jean-Sébastien GALLOIS.