Messagepar Bhoys » 25 mars 2025, 09:02
Source " FSRC"
Les comptes 2023/24 sont sortis, le Racing en danger ?
La semaine dernière, la Ligue de Football Professionnel a publié, comme chaque année, les comptes individuels des clubs de L1 et L2 pour la saison 2023/2024. Une transparence bienvenue, même si elle reste insuffisante au regard de l’état alarmant du secteur, pesant plus de deux milliards d’euros et employant directement et indirectement plusieurs dizaines de milliers de personnes.
Cette saison, le déficit cumulé des clubs français dépasse les 269 millions d’euros, malgré les transferts lucratifs et les apports financiers extérieurs. À titre comparatif, en Allemagne, la DFB affiche un chiffre d’affaires record avoisinant les 6 milliards d’euros, dont plus d’un milliard rien que pour la deuxième division, avec une majorité de clubs professionnels bénéficiaires. Cette réussite est le fruit de plus de vingt ans d’efforts visant à améliorer le « produit » football (diffusion, accueil du public…), renforcer l’ancrage local et promouvoir une gestion responsable des clubs.
En France, difficile d’imaginer la LFP de Vincent Labrune, Nasser El Khelaifi, Laurent Nicollin et consorts se lancer dans un tel travail de fond.
Ces comptes 2023/2024 sont aussi l’occasion d’un premier bilan financier inquiétant de la gestion BlueCo au Racing. Avant l’arrivée de BlueCo, le club n’avait enregistré que deux exercices déficitaires sur six saisons en Ligue 1 (2019/2020 marqué par la crise sanitaire, et 2022/2023 à -3 M€). Sur ces six années, le Racing avait cumulé un bénéfice net de 10,4 M€, essentiellement grâce aux ventes de joueurs, nécessaires pour compenser l’explosion de la masse salariale (passée de 30,688 M€ en 2019/2020 à 51,225 M€ aujourd’hui).
Pour 2023/2024, si les recettes hors mutations restent relativement stables (grâce notamment au dernier versement CVC), les charges, elles, explosent de 40 %, passant de 76,122 M€ à 106,554 M€. Cette hausse spectaculaire est principalement due aux amortissements des transferts (17,254 M€) et aux honoraires d’agents et intermédiaires (6,705 M€). Ces deux postes de charges représentent, à eux seuls, plus de 36 % des recettes hors mutation du club (64,863 M€), montrant à quel point le Racing dépend désormais dangereusement de recettes exceptionnelles comme les ventes de joueurs pour équilibrer ses comptes. Résultat : un déficit opérationnel record de plus de 41,6 M€, partiellement réduit par les ventes de joueurs (Diallo, Bellegarde, Sels…), ramenant le déficit net final à -14,225 M€.
Le bilan révèle également une inquiétante dépendance envers BlueCo. La ligne « comptes courants d’actionnaires » atteint désormais 55 M€. Concrètement, il s’agit d’une avance consentie par BlueCo pour combler les déficits récurrents. Cette avance constitue une dette que le club devra impérativement rembourser sur ses futures recettes, notamment issues des transferts. En clair, les bénéfices futurs serviront d’abord à rembourser l’actionnaire plutôt qu’à financer le développement du Racing. Ce modèle tient tant que BlueCo injecte des liquidités, mais il menace gravement l’équilibre financier à long terme du club.
Ce modèle dangereux, observé ailleurs en France et en Europe, doit alerter les instances nationales (LFP, DNCG) et internationales (UEFA) afin de réglementer enfin ces pratiques risquées. Encore une fois, l’Allemagne montre la voie, où transparence, rigueur de gestion et ancrage local sont depuis longtemps exemplaires.