En l'espace de deux semaines, le Racing a vécu autant de soubresauts et de bouleversements que la plupart des autres clubs en un siècle. Retour sur une quinzaine hyper-agitée.
Selon la formule chère à Andy Warhol, Alain Fournier - encadré de Christophe Cornelie et de Ralph Isenegger - a eu droit à son quart d'heure de célébrité. (Photo DNA - Laurent Réa)
VENDREDI 4 DÉC.
- Philippe Ginestet démissionne de la présidence du Racing et officialise la vente de toutes ses parts - 70% de la holding EuroRacing, qui détient 78% de la SASP Racing - à un « grand financier » estonien, en l'occurrence Roman Loban. Agé de 27 ans, cet homme d'affaires basé à Londres devient de facto le nouveau propriétaire du club.
Alain Fontenla éclipse
Roman Loban
Déjà, les premières zones d'ombre apparaissent. M. Loban ne se déplace pas à Strasbourg pour se présenter aux "petits" actionnaires lors de l'assemblée générale. Il mandate deux conseillers, Ralph Isenegger, avocat genevois, et Christophe Cornelie, représentant de la société helvétique Carousel Finance SA.
Julien Fournier est nommé PDG du Racing, à la solde de la société FC Football Capital Ltd créée par Roman Loban le 5 novembre 2009. En conférence de presse, l'ex-secrétaire général de l'OM apprend avec grand embarras qu'un autre actionnaire est entré en scène : un mystérieux « M. Jafar. »
En soirée, l'équipe de Pascal Janin sombre à Nîmes (2-1) et hérite de la 19e place de L 2.
SAMEDI 5 DÉC.
- L'homme mystérieux se nomme en fait Jafar Hilali. Cet autre représentant de Carousel Finance explique que M. Loban ne détiendrait plus que 50% des parts vendus par Ginestet, l'autre moitié ayant été rachetée par un Français de 35 ans, « amoureux du Racing » : Alain Fontenla. Celui-ci deviendra à court terme le seul propriétaire du club.
LUNDI 7 DÉC.
- Julien Fournier a mis son week-end à profit pour rencontrer Jacques Santini et Jean-Pierre Papin, a priori en balance pour succéder à Pascal Janin sur le banc alsacien.
JEUDI 10 DÉC.
- Alain Fontenla, encadré de MM. Isenegger et Cornelie, débarque en patron à la Meinau. Tendu, mal à l'aise, le financier indépendant avoue ne rien connaître au football et n'avoir jamais franchi les grilles du stade strasbourgeois. Sans confirmer la hauteur de son engagement - Fournier évoquait 10M€ à injecter sur 2 ou 3 ans -, il officialise en revanche le remplacement de Pascal Janin. Son successeur n'est toujours pas connu.
DIMANCHE 13 DÉC.
- Sur le terrain, le Racing se qualifie pour les 32es de finale de la Coupe de France en battant Thionville (3-0). Des tribunes, Jean-Pierre Papin file à l'anglaise. Il suspend la décision de son engagement à celle de la DNCG, qui doit auditionner les nouveaux propriétaires le mardi. Le brouillard s'épaissit autour de la Meinau.
MARDI 15 DÉC.
- Alain Fontenla ne convainc pas la DNCG, qui exige des garanties sonnantes et trébuchantes. Le propriétaire est invité à créditer le compte courant du club de 3M€ avant le 6 janvier, date à laquelle une nouvelle audition est programmée.
Dans la foulée, Julien Fournier tombe des nues après s'être entretenu avec son patron et Me Isenegger. Leur mode de fonctionnement, notamment dans la gestion à la hussarde du mercato hivernal, pousse le PDG à donner sa démission. Il reviendra sur sa décision dans la soirée, par « devoir de responsabilité. »
MERCREDI 16 DÉC.
- Pascal Janin, qui devait simplement prolonger sa mission de deux jours jusqu'au passage du club devant la DNCG, est toujours en place. Son intérim courra jusqu'à Noël. Au moins...
JEUDI 17 DÉC.
- La holding EuroRacing doit se réunir en assemblée générale à la Meinau pour entériner la passation de pouvoir entre Ginestet et Fontenla. Ni le nouveau patron, ni aucun de ses représentants, ne fait le déplacement.
Cadeau de Noël pour
les Alsaciens ?
A travers un communiqué assez hallucinant, Fontenla annonce son retrait et la revente de ses parts. Les raisons invoquées - pression de la presse, des actionnaires minoritaires et de la DNCG - sont très légères.
Alain Fontenla laisse à ses détracteurs alsaciens « jusqu'au 24 décembre » pour formuler une proposition de reprise.
Séb.K.