
De Carvalho, Sikimic, Rodrigo et Bah (de g. à d.) ne peuvent exprimer que leur impuissance, à l'image d'une saison qui restera dans les annales comme la pire depuis 1906. (Photos DNA - Laurent Réa)
Un départ raté, une fin consternante marquée par une relégation en troisième division française... le Racing a sans conteste vécu la pire saison de son existence. Retour sur onze mois qui resteront dans les annales (noires) du club alsacien.
ACTE I, un départ poussif. - Arrivé à l'intersaison, Léonard Specht prend la présidence en lieu et place de Philippe Ginestet, qui souhaite « prendre du recul ».
Specht, dépassé par
les événements, tire
sa révérence
La première décision de « Léo », rappeler Gilbert Gress au chevet du club pour succéder à Jean-Marc Furlan sera lourde de conséquences. Dépassé en terme de méthodes d'entraînement, incompris par des joueurs, le retour de Gress au bercail est un échec avant même le premier match officiel.
Après une déculottée en Coupe de la Ligue (défaite 6-1 à Istres), les Strasbourgeois perdent lors de la 1ere journée, face à Châteauroux (1-2). Quelques heures plus tard, Gress jette l'éponge et accuse les dirigeants du club - et en premier lieu Ginestet, toujours actionnaire principal - de lui avoir savonné la planche. Il est remplacé dans la foulée par Pascal Janin, son adjoint.
Les derniers soutiens de Gress protestent aux abords de la Meinau tandis que Specht, dépassé par les événements, tire sa révérence. Au plein milieu de l'été, la crise est déjà là.
Sur le terrain, le Racing enchaîne une série de neuf matches sans victoire et pointe, dès la 7e journée, à la dernière place de Ligue 2. Pourtant, le club est encore loin d'avoir touché le fond, comme la suite des événements va le démontrer.
ACTE II, une revente ratée. - Philippe Ginestet l'avait annoncé depuis plusieurs mois : il cherchait un repreneur. Fin novembre, les négociations s'accélèrent avec de mystérieux argentiers londoniens. Ginestet finit par céder ses parts à un dénommé Roman Loban. Mal accueilli par les Alsaciens et les proches du club, son arrivée provoque un incroyable embrouillamini qui dure tout le mois de décembre.
De nouvelles têtes - plus ou moins louches - apparaissent chaque jour dans l'organigramme de plus en plus confus du club. Alain Fontenla émerge comme actionnaire principal, mais a bien du mal à se faire accepter par les supporters, d'autant plus que le flou règne sur sa réelle surface financière.
Un « pool » alsacien, emmené notamment par Dominique Pignatelli, actionnaire minoritaire, se met en place pour tenter de racheter un club qui passe la trêve de Noël dans une agitation qui ne cesse d'enfler.
Le flou persiste
à la tête du club
Sur le terrain, ça va un peu mieux, mais les hommes de Janin sont toujours relégables avec seulement quatre victoires au compteur.
ACTE III, la DNCG s'en mêle. - Le flou persiste à la tête du club en janvier. Mais un ennui ne venant jamais seul, le gendarme financier de la LFP (la DNCG) décide de jeter un oeil sur les comptes du Racing. Et le compte, justement, n'y est pas.
Retoqué par l'organe de contrôle, le Racing est privé de recrutement au mercato hivernal. Pascal Janin, qui ne cesse de répéter qu'il faut un vrai renfort offensif pour s'en sortir en est finalement quitte pour perdre Bellaïd et récupère le seul De Carvalho.
Malgré sa bonne volonté, le Brestois n'est pas l'arme absolue devant les buts, où seul Fauvergue tire son épingle du jeu.
ACTE IV, la valse des dirigeants. - Avec l'arrivée de Jean-Claude Plessis, à la mi-mars, le Racing peut prétendre à un drôle de record : celui du plus grand nombre de présidents qui se sont succédé à la tête d'un club professionnel en une seule saison.
Après Philippe Ginestet, Léonard Specht, Ginestet à nouveau, Julien Fournier, puis Luc Dayan, l'ancien président de Sochaux déboule à la Meinau.
Sur le terrain, les deux mois précédant l'arrivée de Plessis ont permis de voir une réelle embellie. Bizarrement, c'est en effet au plus fort de la crise de gouvernance du club que l'équipe montre qu'elle vit encore.
Le 15 janvier, la victoire face à Laval permet aux coéquipiers de Lacour de sortir enfin de la zone rouge. Un mois plus tard, le Racing est 11e, après une victoire face au Nantes de Furlan. Ce sera son meilleur classement de la saison...
ACTE V, la lente descente aux enfers. - Jean-Claude Plessis parvient à faire revenir un semblant de calme - ne serait ce que médiatiquement - au sein du club comme en dehors.
Rien ne dit que
le pire n'est pas à venir
Quatre jours après son arrivée, le Racing s'impose face à Brest et le maintien semble alors à portée de crampons des Alsaciens. Mais après une victoire ô combien importante face à Dijon, tout se délite. Fauvergue est à nouveau blessé et les cinq dernières rencontres de la saison ne sont qu'une lente agonie, avec seulement deux points engrangés contre des équipes majoritairement relégables.
En coulisses, les rumeurs - dont celle, démentie par Plessis, d'un dépôt de bilan du Racing - reprennent de plus belles, malgré les propos rassurants tenus par Alain Fontenla.
Sur le terrain, une énième défaite à Châteauroux - la 14e de la saison - douche les derniers espoirs d'un maintien en Ligue 2. Alain Fontenla assure néanmoins qu'il fera face à ses obligations financières. Mais encore faut-il que ses propos se transforment en actes et que la DNCG donne son blanc-seing. Or rien n'est moins sûr (lire page suivante).
Ne reste finalement aujourd'hui qu'un immense gâchis. Et rien ne dit que le pire n'est pas à venir...
Barbara Schuster