Le Racing a terminé sa saison comme il l'avait commencé : mal. Incapables de remporter le moindre succès à l'extérieur, accablés par les blessures, trop dépendants de Fauvergue, les Strasbourgeois ont affiché des lacunes rédhibitoires. Si elle ne pouvait espérer jouer la montée, cette équipe avait néanmoins les moyens, sportivement, d'éviter la catastrophe.
Rodrigo, De Carvalho, Cassard (de g. à d.) et leurs coéquipiers resteront à jamais ceux ayant envoyé le Racing en National pour la première fois de son histoire. (Photo DNA - Laurent Réa)
DÉPART RATÉ.
- Le retour de Gilbert Gress avait fait rêver les supporters nostalgiques. L'état de grâce n'aura pas duré longtemps. La campagne de matches amicaux est poussive et le premier match officiel de la saison donne déjà le ton. Balayé à Istres le 1er août pour le premier tour de la Coupe de la Ligue (6-1), le Racing, mal préparé, n'est pas prêt.
Six jours plus tard, Châteauroux vient s'imposer à la Meinau (1-2) pour l'ouverture du championnat. Gilbert Gress quitte le navire, son adjoint Pascal Janin le remplace, sans pour autant qu'un véritable électrochoc ne se produise.
Une entame catastrophique
Le Racing récolte son premier point lors de la 3e journée à domicile face à Arles/Avignon (1-1). Mais les Strasbourgeois ne gagnent pas, malgré l'éclosion de Gueye (cinq buts lors des cinq premiers matches) et les cinq points décrochés en neuf journées les plongent déjà dans la zone rouge (lanterne rouge au soir de la 7e journée).
Il faut attendre le 16 octobre pour voir les ciel et blanc remporter leur première victoire, lors de la 10e journée, à domicile contre Vannes (1-0, but de Gueye).
Ce départ raté condamne d'emblée les espoirs de haut de tableau du Racing, obligé de lutter pendant de longues semaines pour entrevoir un coin de ciel bleu. Et c'est au beau milieu de l'hiver, le 15 janvier, que les Strasbourgeois sortent pour la première fois de la zone des relégables, à la faveur d'une victoire face à Laval (4-1).
FINISH LOUPÉ.
- Le Racing va connaître une période "faste" pendant deux mois. Les joueurs de Pascal Janin vont récolter 17 points en dix journées, se montrant réalistes à domicile et plutôt solides à l'extérieur (quatre matches nuls), même si le premier succès hors de la Meinau se fait toujours attendre.
Le Racing est même 11e le 15 février à la faveur de sa victoire face à Nantes (1-0). Le 19 mars, le maintien semble plus que jamais à la portée des coéquipiers de Guillaume Lacour après le succès à domicile contre Brest (1-0).
Mais le Racing s'essouffle, le poids des blessures fait son oeuvre et la défaite à Tours la semaine suivante (2-0) marque le retour des ennuis.
Lors des neuf dernières journées, l'équipe de Pascal Janin ne va prendre que six points, sans pour autant plonger dans la zone de relégation. Ce sera chose faite, au plus mauvais moment, vendredi dernier après le revers à Châteauroux qui envoie le club en National.
Impossible de se maintenir
sans gagner à l'extérieur
Bien sûr, le maintien ne s'est pas joué sur deux matches, mais on ne peut s'empêcher de penser que le Racing a loupé le coche face à Nîmes (1-1) et Le Havre (1-1) lors des deux dernières rencontres à domicile. Deux occasions manquées face à des équipes n'ayant rien à jouer et qui auraient pu (dû ?) permettre au Racing de ne pas avoir à jouer son maintien à Châteauroux.
MAUVAIS VOYAGEURS.
- Peut-on se maintenir quand on ne décroche pas le moindre succès à l'extérieur ? Le Racing a donné la réponse : non. Strasbourg est la seule équipe du championnat à n'avoir jamais gagné à l'extérieur et affiche, logiquement, le plus mauvais bilan de L 2 (avec Bastia) avec 8 points glanés hors de la Meinau, en dépit de quelques sorties convaincantes mais mal récompensées à Caen ou Brest.
Impossible, dans ces conditions, de passer une saison sereine, quand bien même le bilan du Racing à domicile est plutôt bon (7e de L 2) avec 34 points pris sur 57 possibles. Pascal Janin a d'ailleurs répété à plusieurs reprises qu'il n'avait jamais trouvé la solution pour que son équipe - manquant singulièrement de caractère - s'impose à l'extérieur.
ABSENCES.
- Elles ne peuvent pas expliquer à elles seules la piteuse saison du Racing, encore moins constituer une excuse, mais les blessures ont jalonné l'exercice 2009-2010.
Cassard en début de saison, Khiter pendant de longues semaines, Bezzaz juste avant la trêve, Pichot et Gargorov dans le sprint final, Gueye durant l'hiver, Fauvergue au printemps et lors des deux derniers matches ont ainsi cruellement fait défaut au club strasbourgeois.
Qu'en aurait-il été si Fauvergue, Bezzaz, Pichot et Gargorov, tous titulaires en puissance, avaient été en mesure de jouer ces dernières semaines ?
LA "FAUVERGUE DÉPENDANCE". - C'est un euphémisme de dire que le Racing ne présentait pas le même visage selon que Fauvergue était aligné ou non. Le joueur prêté par Lille est le seul attaquant alsacien à s'être montré efficace avec régularité (13 buts en 26 matches).
Janin : « Les joueurs ont
été très professionnels »
Ses périodes d'absence ont malheureusement illustré toutes les difficultés du Racing dans le secteur offensif (trois buts marqués en cinq matches au mois de mars quand le Nordiste s'est retrouvé sur le flanc). Les autres attaquants ciel et blanc, hormis Gueye en début de saison, ont souffert de la comparaison.
Cette équipe manquait également d'un leader technique et créatif. Seul Gargorov l'a été, mais comme à son habitude en de très rares occasions.
LOGIQUE ?
- Pour autant, cette relégation historique en National aurait dû être évitée. Jean-Claude Plessis évoquait vendredi un manque de talent. Certes, Strasbourg ne pouvait pas jouer les premiers rôles. Mais avec une grande majorité de joueurs rompus à la L 2 - Lacour, Cassard, Rodrigo, Marcos, Sikimic ou Pichot pour ne citer qu'eux -, le Racing avait les moyens, sur le terrain s'entend, d'éviter la catastrophe.
Sans établir de lien de cause à effet, c'est quand les coulisses ont semblé s'apaiser avec l'arrivée de Jean-Claude Plessis que... les résultats sportifs ont recommencé à se détériorer.
Pascal Janin, la veille du déplacement à Châteauroux, l'avait d'ailleurs souligné : « Les joueurs n'ont rien à se faire pardonner. Ils ont bien tenu durant cette saison. Leur comportement a été impeccable et ils ont fait leur métier dans des conditions très difficiles. Ils ont été très professionnels. »
C'est ainsi au plus fort de la tempête, à la fin de l'hiver, que le Racing avait redressé la barre. Un constat à en perdre la tête.
Simon Giovannini