Les propos de Platini sur les manifestations au Brésil
Publié : 27 avr. 2014, 22:48
Comme les médias n'en ont pas trop parlé jusqu'à présent, je viens seulement de découvrir les propos de Platini sur les manifestations au Brésil. Sa cote d'amour ne devrait pas monter...
La déclaration en video :
http://rue89.nouvelobs.com/rue89-sport/ ... aux-251797
Et la réaction de Pascal Praud, que je trouve pertinente :
L'incroyable dérapage de Michel Platini
Avec un mépris insensé, Michel Platini a dénoncé les manifestations qui perturbent l'organisation du Mondial. Personne ne s'en émeut. Bizarre, non ?
"Faut absolument dire aux Brésiliens qu'ils ont la Coupe du monde, qu'ils sont là pour montrer la beauté de leur pays, leur passion pour le football et que, s'ils peuvent attendre un mois avant de faire des éclats un peu sociaux, ce serait bien pour le Brésil et pour la planète football, quoi. Mais bon, après, après, on ne maîtrise pas, quoi." En marge de la présentation du calendrier de l'Euro 2016 en France, Michel Platini a regretté les mouvements contestataires qui agitent le Brésil à quelques semaines de la Coupe du monde. Je reproduis ces paroles in extenso. Chaque mot compte.
Michel Platini a raison. Qui sont ces gueux qui menacent la compétition ? Qu'ils retournent dans leur bidonville ! Et s'ils n'ont pas de pain, qu'ils mangent de la brioche. Rio vaut bien une messe. Qui sont ces va-nu-pieds qui dénoncent les investissements du foot ? Rien n'est plus important qu'un ballon qui roule. Le Brésil, c'est le folklore, Copacabana, une carte postale, un monde magique, des plages et des filles. S'il vous plaît, rangez vos pancartes et faites la fête. On vous a choisis pour ça. C'est un ordre. Souriez, dansez chantez. La Fifa vous regarde.
Michel Platini a une chance : il ne dit que ce qu'il veut, quand il veut et comme il veut. Il jouit d'une liberté unique de parole et je ne vois personne pour le concurrencer parmi ceux qui exercent une responsabilité. Qui se permettrait une sortie pareille sans qu'un tsunami l'emporte ? Imaginez ces mots dans la bouche de Najat Vallaud-Belkacem, la ministre des Sports. Elle serait démissionnée dans les 24 heures.
La presse muette
Le poste de président de l'UEFA n'est soumis à aucun contrôle de l'opinion. Pas un mot dans la presse ce samedi pour commenter son hallucinante sortie. Bien avant Jean-Paul II ou Jean XXIII, les médias français ont canonisé saint Michel. Son passé de footballeur justifie cette clémence, mais pas seulement. Platini est craint. Peur des représailles. Peur d'être mis à l'index. Plus d'interviews. Plus de rendez-vous. Platini déteste la contradiction. Il n'oublie rien. Il est puissant. On le dit rancunier. Autant de raisons de faire profil bas. La bien-pensance a des indignations sélectives.
Et puis quoi ! Platini, c'est Radio Nostalgie, les années 1980, Yannick Noah, Bernard Hinault, Alain Prost. Les années sport et le n° 10 des Bleus comme porte-drapeau. Le plus grand joueur de l'histoire, c'est lui. Le plus intelligent sur le terrain, c'est encore lui. Passeur, buteur, meneur. Platini de Séville, la main dans celle de Battiston après l'attentat d'Harald Schumacher, torse nu et tête baissée après la défaite. Platini de la Juventus, Ballon d'Or en 1983, 1984 et 1985. Platini, esprit libre, garant de la morale, homme de bon sens qui attaque les puissances de l'argent. Enfin, celles des clubs. Parce que la Fifa et l'UEFA ont tous les droits.
Dans le monde merveilleux de la Fifa, on imagine jouer au football par 50°, des ouvriers meurent en construisant des stades, mais que vaut la vie d'un Népalais à l'aune d'une Coupe du monde ? Et que valent les revendications des manants du Brésil quand la Fifa débarque ? Alors, emmenez-moi, emmenez-moi au pays des merveilles. Il me semble que la misère serait moins pénible au soleil.
(Source : http://www.lepoint.fr/invites-du-point/ ... 6_1910.php)
La déclaration en video :
http://rue89.nouvelobs.com/rue89-sport/ ... aux-251797
Et la réaction de Pascal Praud, que je trouve pertinente :
L'incroyable dérapage de Michel Platini
Avec un mépris insensé, Michel Platini a dénoncé les manifestations qui perturbent l'organisation du Mondial. Personne ne s'en émeut. Bizarre, non ?
"Faut absolument dire aux Brésiliens qu'ils ont la Coupe du monde, qu'ils sont là pour montrer la beauté de leur pays, leur passion pour le football et que, s'ils peuvent attendre un mois avant de faire des éclats un peu sociaux, ce serait bien pour le Brésil et pour la planète football, quoi. Mais bon, après, après, on ne maîtrise pas, quoi." En marge de la présentation du calendrier de l'Euro 2016 en France, Michel Platini a regretté les mouvements contestataires qui agitent le Brésil à quelques semaines de la Coupe du monde. Je reproduis ces paroles in extenso. Chaque mot compte.
Michel Platini a raison. Qui sont ces gueux qui menacent la compétition ? Qu'ils retournent dans leur bidonville ! Et s'ils n'ont pas de pain, qu'ils mangent de la brioche. Rio vaut bien une messe. Qui sont ces va-nu-pieds qui dénoncent les investissements du foot ? Rien n'est plus important qu'un ballon qui roule. Le Brésil, c'est le folklore, Copacabana, une carte postale, un monde magique, des plages et des filles. S'il vous plaît, rangez vos pancartes et faites la fête. On vous a choisis pour ça. C'est un ordre. Souriez, dansez chantez. La Fifa vous regarde.
Michel Platini a une chance : il ne dit que ce qu'il veut, quand il veut et comme il veut. Il jouit d'une liberté unique de parole et je ne vois personne pour le concurrencer parmi ceux qui exercent une responsabilité. Qui se permettrait une sortie pareille sans qu'un tsunami l'emporte ? Imaginez ces mots dans la bouche de Najat Vallaud-Belkacem, la ministre des Sports. Elle serait démissionnée dans les 24 heures.
La presse muette
Le poste de président de l'UEFA n'est soumis à aucun contrôle de l'opinion. Pas un mot dans la presse ce samedi pour commenter son hallucinante sortie. Bien avant Jean-Paul II ou Jean XXIII, les médias français ont canonisé saint Michel. Son passé de footballeur justifie cette clémence, mais pas seulement. Platini est craint. Peur des représailles. Peur d'être mis à l'index. Plus d'interviews. Plus de rendez-vous. Platini déteste la contradiction. Il n'oublie rien. Il est puissant. On le dit rancunier. Autant de raisons de faire profil bas. La bien-pensance a des indignations sélectives.
Et puis quoi ! Platini, c'est Radio Nostalgie, les années 1980, Yannick Noah, Bernard Hinault, Alain Prost. Les années sport et le n° 10 des Bleus comme porte-drapeau. Le plus grand joueur de l'histoire, c'est lui. Le plus intelligent sur le terrain, c'est encore lui. Passeur, buteur, meneur. Platini de Séville, la main dans celle de Battiston après l'attentat d'Harald Schumacher, torse nu et tête baissée après la défaite. Platini de la Juventus, Ballon d'Or en 1983, 1984 et 1985. Platini, esprit libre, garant de la morale, homme de bon sens qui attaque les puissances de l'argent. Enfin, celles des clubs. Parce que la Fifa et l'UEFA ont tous les droits.
Dans le monde merveilleux de la Fifa, on imagine jouer au football par 50°, des ouvriers meurent en construisant des stades, mais que vaut la vie d'un Népalais à l'aune d'une Coupe du monde ? Et que valent les revendications des manants du Brésil quand la Fifa débarque ? Alors, emmenez-moi, emmenez-moi au pays des merveilles. Il me semble que la misère serait moins pénible au soleil.
(Source : http://www.lepoint.fr/invites-du-point/ ... 6_1910.php)