Interview de Roy Contout

[zic is back]

Roy Contout, des galères aux étoiles

Romain SCHUÉ France-Guyane 22.11.2010
« La Ligue des champions pour moi, c'est soirée pizza avec des potes. Jamais je ne pensais jouer cette compétition. Je ne réalise toujours pas » (GHM)
Le joueur n'est pas fantasque. Loin de là. L'homme non plus. « Je suis casanier » , avoue Roy Contout. Réservé, plutôt timide, le Guyanais de 25 ans vit pourtant un rêve éveillé. Après les galères et les retours à Cayenne faute d'offres, l'attaquant de l'AJA Auxerre affronte à présent Cristiano Ronaldo, Ibrahimovic et Ronaldinho en Ligue des Champions. Auxerre affrontera le Milan AC demain. D'autres flamberaient, mais lui n'en revient toujours pas. Roy Contout est lancé. Sa carrière également.
Les débuts à Cayenne
« J'ai toujours baigné dans le foot. Mon père était entraîneur au Club Colonial et les filets à ballon traînaient à la maison. J'ai commencé à 5 ans et je suis resté dans le même club jusqu'à mon départ pour la métropole. Mon premier entraîneur, en débutants, c'était Roger Theolade. Il était extraordinaire. Il nous ramenait à maison en camionnette après les entraînements. C'était notre papa. Ensuite, j'ai eu Steeve Falgayrettes et Claude Faubert en moins de 13 ans. Ils étaient très durs, comme mon père. Pour la progression, c'est très important car j'étais dissipé et turbulent. Le foot, c'était ma bouffée d'oxygène. Mes coéquipiers m'appelaient « chien-boule » . J'avais toujours besoin d'un ballon, je tapais dans les canettes à la récré. À l'école, je me débrouillais bien. J'ai eu 14 de moyenne en 4e. J'étais chaud! Ma mère m'a dit que je voulais être pompier à 6 ans, mais à chaque rentrée j'inscrivais sur la fiche de renseignements que je voulais être footballeur. Mes camarades se foutaient de moi. Aujourd'hui, ils sont fiers » .
L'arrivée dans l'Hexagone
« Avec la sélection de Guyane en moins de 15 ans, j'étais à Clairefontaine pour un tournoi de Ligue. C'était notre seule chance pour se faire repérer par les équipes européennes. La chance de ma vie. On s'est pris des taules, mais j'ai marqué quatre buts. Lens a failli me prendre dans la foulée. Finalement, j'ai atterri à Tours avec les moins de 15 ans nationaux. C'était une année extraordinaire. Je marquais but sur but. Mais je ne m'imaginais pas encore être pro. On était vraiment dans une structure amateur. Pour ma mère, c'était difficile de me laisser partir. J'étais son seul fils. C'est mon père qui l'a convaincue. Il n'y avait pas de dialogue à l'époque avec les parents, c'était strict. Ils décidaient et je ne pouvais pas parler ni répondre. Aujourd'hui, j'ai des enfants et je comprends la douleur que ça a été pour elle. L'arrivée en métropole, le climat surtout, c'était dur. Encore maintenant, je m'adapte mais je ne m'habitue pas. Il faut que je rentre deux fois par an en Guyane, obligé! »
Des rêves aux galères
« Mon père tenait à ce que je continue mes études lorsque je suis arrivé au centre de formation de Châteauroux à 16 ans. J'ai eu facilement un BEP comptabilité. J'ai continué une première année de Bac pro, mais c'était trop compliqué avec les entraînements. Je n'avais que le foot en tête et ça ne s'est pas bien passé car j'avais des problèmes de discipline. J'ai toujours eu un problème avec l'autorité. Je répondais et j'arrivais en retard. Du coup, Châteauroux ne m'a pas gardé. En 2002, j'ai dû retourner en Guyane et le foot, ça aurait pu s'arrêter là. Heureusement, j'ai eu des propositions de Sedan, Angers et Beauvais. Ma mère a cassé sa tirelire pour me payer un billet d'avion. J'ai signé une convention amateur d'un an à Beauvais et dès 18 ans j'ai débuté en Ligue 2 en fin de saison. Même si on descendait en National, j'ai rejoué quatorze matches la saison suivante. Mais l'année a été catastrophique, on a été relégué en CFA. Par miracle, Metz, en Ligue 1, m'a recruté (en 2004, ndlr), mais j'ai débuté en CFA jusqu'à ce que Jean Fernandez me repère en octobre. C'était inespéré surtout que je n'avais eu que des offres de clubs de DH durant l'été... J'ai même été convoqué en équipe de France espoirs pour le tournoi de Toulon avec Jimmy Briand, Mandanda et Lassana Diarra. Je croyais que ma carrière était lancée. Mais tout a changé la saison suivante. Joël Muller est devenu entraîneur et a fait jouer les plus vieux. Je n'ai plus joué, on est tombé en Ligue 2 et je me suis fracturé le cinquième métatarse du pied. J'ai été absent six mois alors que l'équipe carburait. Ensuite, j'étais aux oubliettes. Metz m'a manqué de respect et ne m'a jamais expliqué pourquoi je ne jouais plus. Je demandais à voir le coach (Francis de Taddeo, ndlr), mais on ne me recevait pas. En mai 2007, en fin de contrat, j'ai dû retourner en Guyane, je n'avais de nouveau plus rien » .
La renaissance auxerroise
« Il n'y a qu'Amiens, en Ligue 2, qui m'a proposé un essai et qui m'a signé un contrat de deux ans. La première fois de ma vie, à 22 ans! La première année, c'était l'adaptation. Je me suis révélé plus en Coupe de France (Amiens s'incline en demi-finale face à Paris, ndlr). Ensuite, c'était plus prolifique. J'étais souvent titulaire et j'ai marqué sept buts. Mais j'avais déjà deux filles (trois à présent, ndlr) et je n'arrivais pas à économiser pour ma fin de carrière. J'ai eu des propositions financières extraordinaires en Bulgarie, en Roumanie et en D2 anglaise. Je voulais assurer les études de mes filles, il ne s'agit pas de flamber. Mais en fin de saison avec Amiens, Jean Fernandez m'a proposé de rejoindre Auxerre en Ligue 1. J'ai longtemps hésité. Le coach me connaît bien, me fait confiance, mais le salaire était quatre fois plus élevé à l'étranger. Mais le projet sportif l'a emporté. Pour mes filles et ma femme, c'est aussi plus facile de rester en France. À moi de faire mes preuves, je suis jeune. J'ai confiance en moi, je m'accroche, je l'ai fait toute ma vie. Ici, ça marche au mérite de toute façon. J'ai signé jusqu'en 2012 pour être au départ un joueur de complément derrière Jelen, Niculae, Licata, Birsa, Oliech, Quercia... J'ai réussi à jouer trente-trois matches l'an passé, c'était super! On termine troisième, grâce à une victoire dans les arrêts de jeu du dernier match. Une saison incroyable! »
Les étoiles européennes
« On a éliminé le Zénith en match de barrage cet été. L'Abbé-Deschamps, c'était un volcan. C'était magique. La Ligue des champions pour moi, c'est soirée pizza avec des potes. Jamais je ne pensais jouer cette compétition. Je ne réalise toujours pas. J'étais suspendu lors du premier match à Milan, mais face au Real, j'avais la larme à l'oeil. J'ai repensé à toute ma carrière, toutes les galères. Mais on a eu du mal en début de saison (l'AJA a dû attendre la huitième journée pour remporter son premier match). Avec l'accumulation de blessés, des titulaires en plus, on s'est tous remobilisés. Nous, les remplaçants, on a eu la responsabilité du résultat. Si on ne fait pas le travail, qui va le faire ? On a aussi des qualités. Pour l'instant, ça marche bien. Cette saison, je veux encore plus jouer et marquer, même si je ne suis pas un buteur né. Je préfère mettre le feu à la défense, je manque de lucidité devant le but. Il faut que je m'améliore. Je suis titulaire en ce moment, mais je sais que rien n'est acquis. Je me suis toujours battu, je vais continuer. Faire mieux que troisième en Ligue 1, ce sera compliqué, mais on va essayer. En Ligue des Champions, on s'est fait un peu voler. Le Real nous a pris à la légère à l'aller et Mourinho a reconnu qu'on méritait au moins le match nul. Mais on est tout proche, après cette victoire contre l'Ajax (2-1 le 3 novembre), de créer la surprise. On est capable de se qualifier. On va donner notre vie! »
L'avenir
« À moi de prouver que j'ai ma place en L1. L'Angleterre, ça me fait rêver. En juin 2006, j'avais déjà fait un essai à Leeds (en deuxième division, ndlr) avant de continuer à Metz. Les installations, c'était hallucinant. Mais j'aimerais aller à l'étranger pour apprendre plusieurs langues. Ça me servira après ma carrière. Je retournerai en Guyane m'occuper des jeunes. Il y a un problème d'installations, d'insécurité et d'éducation. J'aimerais monter un centre de formation de foot, voire omnisports. C'est indispensable. Je ne trouve pas normal que d'autres joueurs ne le fassent pas. Il faut partager cette expérience. Mais je ne pourrais pas monter ce projet seul. Je suis partant pour commencer dès maintenant si on me contacte pour m'aider. Ce serait génial que les pro guyanais, comme Malouda, me rejoignent. C'est mon rêve » .
Romain SCHUÉ (Agence de presse GHM)

- Du tac au tac
- Un film ? Hurricane Carter.
- Un livre ? Ceux qui parlent de psychologie.
- Un chanteur ? Prof A, Amadeüs.
- Une voiture ? Audi S5.
- Un plat ? Du riz, des lentilles, du poisson frit et les bacoves pommes de ma grand-mère.
- Une peur ? La mort.
- Un personnage historique ?
Martin Luther King et Christiane Taubira.
- Un modèle ? Mes parents.
- Un sportif ? Florent Malouda.
- Un club ? Le Club Colonial de Cayenne et Arsenal.
- Un défaut ? L'impatience.
- Une qualité ? La joie de vivre.

Source : http://www.franceguyane.fr/actualite/sp ... -75376.php

Muller et De Taddeo en prenne pour leur grade lol. Pour Muller il a tout a fait raison !!

[gauloiskiki]

Muller et De Taddeo en prenne pour leur grade lol. Pour Muller il a tout a fait raison !!

C'est vrai qu'en 2005-2006, je me souviens comme Contout était adulé par le public et était injustement mis de côté par Muller malgré les souhaits des spectateurs de St-Symphorien qui le reclamait à chaque match ...

[Palinodie]

Muller et De Taddeo en prenne pour leur grade lol. Pour Muller il a tout a fait raison !!

C'est vrai qu'en 2005-2006, je me souviens comme Contout était adulé par le public et était injustement mis de côté par Muller malgré les souhaits des spectateurs de St-Symphorien qui le reclamait à chaque match ...

D'où son surnom (donné, il me semble, par Tricky) The Legend...

Le problème, c'est ce que c'est un attaquant et qu'il est très maladroit devant le but, alors qu'avec sa vitesse et sa vivacité, il arrive régulièrement à avoir des situations intéressantes.
Avec Metz (sauf erreur), il n'a marqué qu'1 but, légendaire certes (parce que quasi-impossible à mettre) à Bordeaux, lors d'un nul 3/3.
Il est lucide, il voit bien qu'il n'était qu'en 4/5ème position comme attaquant, mais il y a eu pas mal de blessures à Auxerre et il a su en profiter mais pas vraiment en tant que buteur...

[pilch]

encore un mec qui semble avoir une mentalité exemplaire, mais sur lequel tout le monde crachait...

[Nestor la Foudre]

encore un mec qui semble avoir une mentalité exemplaire, mais sur lequel tout le monde crachait...

S'il avait courru un peu ça se serait mieux passé pour lui. Ici on aime les gars qui se battent.

[Capitaine Fracasse]

Et oui, c'est bien fait pour notre gueule (moi compris), on s'est foutu de sa gueule à lui (la légende tout ça...)

et pendant que Metz joue à Le Mée, lui il joue le Milan et le Real...
et pas si mal que cela...

[yoshi]

Et oui, c'est bien fait pour notre gueule (moi compris), on s'est foutu de sa gueule à lui (la légende tout ça...)

et pendant que Metz joue à Le Mée, lui il joue le Milan et le Real...
et pas si mal que cela...

Si il n'y avait que lui, mais la liste est longue...

[symba057]

Et oui, c'est bien fait pour notre gueule (moi compris), on s'est foutu de sa gueule à lui (la légende tout ça...)

et pendant que Metz joue à Le Mée, lui il joue le Milan et le Real...
et pas si mal que cela...

Malgré son surnom (La légende), il me semble qu'il n'était pas si detesté que cela par les supporters. Enfin, mes souvenirs sont peut-être loin d'être exacte...

[olis57]

Et oui, c'est bien fait pour notre gueule (moi compris), on s'est foutu de sa gueule à lui (la légende tout ça...)

et pendant que Metz joue à Le Mée, lui il joue le Milan et le Real...
et pas si mal que cela...

Malgré son surnom (La légende), il me semble qu'il n'était pas si detesté que cela par les supporters. Enfin, mes souvenirs sont peut-être loin d'être exacte...

Il n'était pas haï, en tout cas bien moins que Leca, à la même époque. Mais il faisait partie de cette clique de joueur qui ne démontrait pas forcément ni le talent, ni l'envie, que l'on pouvait attendre d'eux.
Regretter, aujourd'hui, son départ, c'est être très hypocrite.

[grenat25]

Ca ramène surtout à une question fondamentale : est-ce qu'au final JF n'a pas été le meilleur entraineur messin depuis 2000...

Certes, le jeu n'était pas toujours folichon, mais il a tenu ses objectifs (montée, maintien), il a lancé une pelletée de jeunes, il savait bâtir une équipe adaptée aux moyens qu'on lui donnait, les derniers coups d'éclat datent de son époque (la début de saison avec Ribery, quelques victoires de prestige...) et surtout son parcours à Auxerre et Sochaux montre que c'est vraiment un entraineur fait pour des clubs "moyens"....