RL 20/02/11 : les stades sont aussi des tribunes politiques
Publié : 20 févr. 2011, 10:55
Des jeunes jugés pour avoir exhibé un symbole antifasciste. Un groupuscule d’extrême-droite dissout. Des tensions entre supporters du même club. Les stades sont-ils politisés ? Enquête dans les travées de Saint-Symphorien.
Pour nous, c’est un drapeau qui a sa place dans un stade. » Le 27 janvier dernier, les quatre prévenus semblent se demander ce qui les a conduits de la tribune au tribunal.
DOSSIER
Leur tort ? Avoir exhibé dans une enceinte sportive, le 22 octobre 2010, un symbole rappelant une idéologie raciste ou xénophobe. En l’occurrence une croix gammée. C’était à Saint-Symphorien, lors de Metz-Angers. Sauf que la croix gammée en question était fracassée par un poing et rehaussée de cette inscription allemande « Gegen nazis », littéralement « contre les nazis ».
« Tout le monde connaît l’engagement antifasciste de la tribune est », expliquent aux juges les quatre membres de la Horda Frénétik 1997. « D’un stade, on a souvent l’image de gens qui tendent le bras , de combats entre supporters. Mais un stade, ce ne sont pas que des alcoolos fachos, ce sont aussi des militants remarquables », appuie M e Raphaël-Antony Chaya. Juste avant, le procureur a déjà souligné le ridicule de la situation. Les quatre jeunes sont relaxés.
Si la justice ne badine pas avec les messages envoyés par les supporters dans les stades, c’est parce que ces enceintes peuvent servir de tribunes à des groupuscules. « Le milieu est gangrené par la politique », reconnaît ce supporter vieux de 25 ans.
A Saint-Symphorien, la situation est moins limpide qu’au PSG, entre les tribunes Auteuil et Boulogne. « Certains comportements laissent à penser que la tribune est est plutôt ancrée à gauche, et l’ouest à droite. Mais ce n’est en aucun cas la politique qui régit leur fonctionnement », analyse Jacky Ancel.
Fachos contre gauchos
Le chef de la sécurité, depuis 1991, fait référence aux drapeaux bleu, blanc, rouge et à La Marseillaise régulièrement entonnée par Génération Grenat (tribune ouest), auxquels La Horda Frénétik (tribune est) répond par l’effigie du Che ou le drapeau jamaïcain : « Dans la vie, on choisit qui on fréquente. Au stade, c’est plus difficile. Nous, comme on ne veut pas être assis à côté d’un raciste, on s’identifie par une iconographie très marquée », explique ce membre de la Horda. « Quand le leader local de la CNT (Confédération nationale du travail, structure anarchosyndicaliste, NDLR) vient voir un match, c’est avec la Horda », ajoute Jacky Ancel. De la même manière, en 2008, suite à des violences, le ministère de l’Intérieur a exigé la dissolution de plusieurs groupes de supporters français, dont La Faction, à Metz : « Des nazillons, dont beaucoup adhéraient aux Jeunesses identitaires », décrit le responsable de la sécurité. Ils avaient pris place tribune ouest.
Aujourd’hui, il n’y a plus foule au stade et le calme est revenu. Même si les relations entre les deux groupes sont variables. Dernièrement, lors d’un déplacement à Troyes, ils ont chanté ensemble… avant de s’envoyer quelques gifles sur le chemin du retour : « En déplacement, on fait rire tout le monde quand les gens voient que nos deux groupes sont séparés par un cordon de sécurité », ajoute Jacky Ancel.
Quelques violences, mais pas de prosélytisme, comme le confirme ce supporter, qui suit le club depuis quinze ans et a fait partie des deux groupes : « Officiellement, ils se disent apolitiques et effectivement, je n’ai jamais rien relevé de concret. Bien sûr, vu de l’extérieur, on peut avoir l’impression que les fachos s’opposent aux gauchos. Mais la réalité est beaucoup plus complexe que cela. »
Textes : Philippe MARQUE.
Pour nous, c’est un drapeau qui a sa place dans un stade. » Le 27 janvier dernier, les quatre prévenus semblent se demander ce qui les a conduits de la tribune au tribunal.
DOSSIER
Leur tort ? Avoir exhibé dans une enceinte sportive, le 22 octobre 2010, un symbole rappelant une idéologie raciste ou xénophobe. En l’occurrence une croix gammée. C’était à Saint-Symphorien, lors de Metz-Angers. Sauf que la croix gammée en question était fracassée par un poing et rehaussée de cette inscription allemande « Gegen nazis », littéralement « contre les nazis ».
« Tout le monde connaît l’engagement antifasciste de la tribune est », expliquent aux juges les quatre membres de la Horda Frénétik 1997. « D’un stade, on a souvent l’image de gens qui tendent le bras , de combats entre supporters. Mais un stade, ce ne sont pas que des alcoolos fachos, ce sont aussi des militants remarquables », appuie M e Raphaël-Antony Chaya. Juste avant, le procureur a déjà souligné le ridicule de la situation. Les quatre jeunes sont relaxés.
Si la justice ne badine pas avec les messages envoyés par les supporters dans les stades, c’est parce que ces enceintes peuvent servir de tribunes à des groupuscules. « Le milieu est gangrené par la politique », reconnaît ce supporter vieux de 25 ans.
A Saint-Symphorien, la situation est moins limpide qu’au PSG, entre les tribunes Auteuil et Boulogne. « Certains comportements laissent à penser que la tribune est est plutôt ancrée à gauche, et l’ouest à droite. Mais ce n’est en aucun cas la politique qui régit leur fonctionnement », analyse Jacky Ancel.
Fachos contre gauchos
Le chef de la sécurité, depuis 1991, fait référence aux drapeaux bleu, blanc, rouge et à La Marseillaise régulièrement entonnée par Génération Grenat (tribune ouest), auxquels La Horda Frénétik (tribune est) répond par l’effigie du Che ou le drapeau jamaïcain : « Dans la vie, on choisit qui on fréquente. Au stade, c’est plus difficile. Nous, comme on ne veut pas être assis à côté d’un raciste, on s’identifie par une iconographie très marquée », explique ce membre de la Horda. « Quand le leader local de la CNT (Confédération nationale du travail, structure anarchosyndicaliste, NDLR) vient voir un match, c’est avec la Horda », ajoute Jacky Ancel. De la même manière, en 2008, suite à des violences, le ministère de l’Intérieur a exigé la dissolution de plusieurs groupes de supporters français, dont La Faction, à Metz : « Des nazillons, dont beaucoup adhéraient aux Jeunesses identitaires », décrit le responsable de la sécurité. Ils avaient pris place tribune ouest.
Aujourd’hui, il n’y a plus foule au stade et le calme est revenu. Même si les relations entre les deux groupes sont variables. Dernièrement, lors d’un déplacement à Troyes, ils ont chanté ensemble… avant de s’envoyer quelques gifles sur le chemin du retour : « En déplacement, on fait rire tout le monde quand les gens voient que nos deux groupes sont séparés par un cordon de sécurité », ajoute Jacky Ancel.
Quelques violences, mais pas de prosélytisme, comme le confirme ce supporter, qui suit le club depuis quinze ans et a fait partie des deux groupes : « Officiellement, ils se disent apolitiques et effectivement, je n’ai jamais rien relevé de concret. Bien sûr, vu de l’extérieur, on peut avoir l’impression que les fachos s’opposent aux gauchos. Mais la réalité est beaucoup plus complexe que cela. »
Textes : Philippe MARQUE.