RL(19/01/10) Jérôme Fernandez : « On a toujours faim »
Satisfait de l’issue du tournoi de Bercy, le capitaine de l’équipe de France ne doute pas de la mobilisation de ses partenaires. En Autriche, dès aujourd’hui, les Bleus assumeront leur statut de favoris de l’Euro.
Plus d’un millier de buts (1156) inscrits sous le maillot de l’équipe de France, cela pose un homme. Jérôme Fernandez, bras armé de Claude Onesta, a embrassé le capitanat depuis un an et demi avec modestie et simplicité. Deux qualificatifs qui vont si bien à ces Experts, en route, à compter d’aujourd’hui, vers un nouveau sacre continental.
GRAND ANGLE
A quelques heures de défier la Hongrie, le joueur de Ciudad Real balaye les contours de cette équipe de France couverte de gloire depuis les Jeux Olympiques de Pékin. D’une disponibilité rare dans un milieu sportif professionnel toujours plus précautionneux et méfiant envers la sphère journalistique, Jérôme Fernandez accrédite bien la thèse que le handball, discipline majeure en France depuis l’avènement des Barjots, a su conserver de l’authenticité.
Appétit insatiable. Championne olympique (Pékin 2008), championne du monde (Croatie 2009), cette génération française s’inscrira, à jamais, comme l’une des plus talentueuses de l’histoire. Pourtant, en dépit de ces campagnes passées, l’envie habiterait toujours les héritiers de Jackson Richardson. Plus qu’une simple volonté d’enrichir leurs épais palmarès, les partenaires de Jérôme Fernandez se sentent investis d’une impérieuse mission de promotion de leur discipline : « Nous sommes toujours, et encore, en quête de reconnaissance. On a envie que notre sport change de statut. L’engouement que nous porte le public vient aussi de nos résultats. Aujourd’hui, cette équipe de France est capable de mobiliser 14 000 spectateurs, comme ce fut le cas dimanche à Bercy. Ce lien tissé avec le public doit être conforté ».
Gare à la boulimie. Un complexe de supériorité pourrait-il gagner cette France si conquérante et talentueuse. La question se pose. Elle est aussitôt rejetée : « Le profil des joueurs évacue toute crainte de ce côté-là. Que ce soit avec Niko (Karabatic), Thierry (Omeyer) ou encore Didier (Dinart), ce groupe se compose d’éléments sensibilisés au devenir national ». Un autre élément, plus technique et inconcevable pour le profane, explique encore le degré de motivation des hommes de Claude Onesta : « Nous avons conscience de ne pas être imbattables. Mieux, nous sommes encore perfectibles dans certains domaines. Notamment dans le jeu de transition et en attaque placée ».
« L’équipe à battre »
Omeyer, chef étoilé. Sûre de sa force et de la qualité de son effectif, l’équipe de France se voit également conforté par le monde extérieur. Après Nikola Karabatic, c’est désormais au tour de Thierry Omeyer d’endosser le costume étoilé de meilleur joueur du monde. Le gardien de Kihl (Allemagne), qui a reçu son trophée dimanche à Bercy devant 14 000 spectateurs, n’a pas réussi à contenir une émotion qui s’est propagée à l’ensemble du collectif : « Ce fut émouvant pour tout le monde. Thierry a prouvé, ces dernières années, qu’il était le meilleur à son poste. C’est bien que les décideurs aient enfin voté pour lui. Et puis cette distinction, c’est aussi une récompense pour le collectif ».
Un Euro à quelle sauce ? Le joueur de Ciudad Real confirme l’idée répandue qu’une épreuve continentale se révèle plus exigeante qu’un tournoi mondial. « Il y a très peu d’écart entre les seize équipes qui disputent cet Euro. Le premier tour se révèle déjà très dur. D’autant qu’on va croiser avec la poule de l’Allemagne ». Les adversaires supposés de l’équipe de France pour le titre sont déjà clairement identifiés : « Le Danemark, la Croatie et la Pologne. Sans oublier, bien sûr, l’Allemagne et l’Espagne, deux grandes nations du hand mondial ».
Gille, l’ingrédient pimenté. Enième rayon de soleil dans le ciel bleu azur de l’équipe de France, le retour de Bertrand Gille en sélection nationale. Le frère de Guillaume, qui fut élu meilleur pivot des Jeux de Pékin, n’a pas tardé à retrouver ses marques après une parenthèse internationale de deux ans : « C’est simple, on a l’impression qu’il ne nous a jamais quittés. Son retour apporte de la fraîcheur et de nouvelles perspectives. Bertrand, c’est quelqu’un qui apporte sur, et en dehors du terrain ».
Goulache hongroise. La Hongrie se dresse aujourd’hui sur la route de l’équipe de France à Wiener Neustadt. « Un adversaire à prendre au sérieux, comme d’ailleurs les deux autres de cette poule. A l’instar de la Tchéquie, mercredi (demain), cette équipe, qui n’a, entre guillemets, rien à perdre face à nous, jouera décomplexé. C’est ce qu’il y a de plus dangereux. Il faudra se montrer rigoureux dès la première minute de ce match et de ce tournoi pour ne pas donner une once de confiance à nos adversaires. Être l’équipe à battre, c’est ce qu’il y a de plus dur. »