Loin de cette bataille entre Metz et Nancy, saint Nicolas saluera les Messins, dimanche, comme il l'a fait l'an passé depuis le balcon de la gare.
Nancy et Saint-Nicolas-de-Port ont déposé cet été la marque Saint-Nicolas. Une initiative mal perçue par Metz et la Région. L’évêque de Myre fait ainsi une entrée tonitruante dans la campagne des régionales.
Se déchirer autour d’une fête familiale réservée aux enfants, c’est possible. En Lorraine et nulle part ailleurs. Depuis quelques jours, saint Nicolas se retrouve bien malgré lui au centre d’un imbroglio politico-juridique, typiquement régional. L’évêque de Myre réussit l’exploit de raviver l’opposition entre Metz et Nancy et de renforcer les dissensions entre les deux principaux candidats aux régionales, Jean-Pierre Masseret et Laurent Hénart.
L’histoire remonte à cet été. En conseil municipal, les villes de Nancy et de Saint-Nicolas-de-Port décident de déposer la marque Saint-Nicolas à l’Institut national de la propriété industrielle (Inpi). Metz et Epinal sont invitées à participer à cette démarche. En vain. L’initiative laisse pantois Jean-Pierre Masseret, président de la Région et Dominique Gros, maire de Metz. Vendredi, lors d’une conférence de presse destinée à présenter le programme des festivités messines, les deux socialistes s’en ouvrent à plusieurs reprises. «La Saint-Nicolas est une fête populaire qui appartient à tout le monde. S’imagine-t-on faire pareil avec Noël ? On va donc s’asseoir sur cette déposition. Elle constitue plus une source de complication que de simplicité. Ce brave saint Nicolas a déjà eu pas mal de difficultés dans sa vie, pas besoin d’en rajouter », explique Dominique Gros, ravi, quelques jours plus tôt, d’avoir enregistré lors d’un conseiller municipal le soutien de l’UMP Marie-Jo Zimmermann, ignorant visiblement que l’homme à l’origine de cette mesure n’était autre que Laurent Hénart.
Produits dérivés
Adjoint au maire de Nancy, en charge de la culture et des fêtes, le candidat UMP aux régionales se défend : «En droit, il est impossible de s’approprier l’item Saint-Nicolas et même l’idée de célébrer une fête de Saint-Nicolas. Le but est juste de protéger la marque contre des initiatives privées visant à éditer des produits dérivés, alimentaires ou vestimentaires portant le nom de Saint-Nicolas. » Cette démarche fait suite à deux souvenirs douloureux pour les Nancéiens. «Pour l’année de l’art nouveau en 1999, un particulier avait déposé une marque art nouveau pour des bijoux. Un autre a fait pareil pour la vente des pavés de la place Stanislas. Il a fallu quatre ans pour venir à bout de cette histoire. »
Résultat : les deux villes meurthe-et-mosellanes ont effectué un dépôt, avec un règlement d’usage : «Il permet aux collectivités locales d’utiliser librement et sans nous prévenir Saint-Nicolas pour tous leurs produits dérivés. Seules les sociétés commerciales et privées doivent nous consulter », ajoute Laurent Hénart, qui regrette cette polémique : «Si nous n’avions pas été à six mois d’une élection, je ne suis pas sûr que le conseil régional se soit réveillé. Occupons-nous plutôt de développer saint Nicolas au bénéfice de toute la Lorraine. Notre initiative a été faite pour compte commun de toutes les collectivités, sachant que les réunir était très compliqué. Il y avait un délai de deux mois pour faire opposition à ce dépôt, et personne ne l’a fait. »
Pas de doute, le père Fouettard risque d’avoir plus de travail qu’à l’accoutumée cette année.
Philippe MARQUE.