Une étude intéressante, dont la presse rend compte aujourd'hui, par exemple ici :
https://www.lesechos.fr/industrie-servi ... ue-1205077
Coronavirus : la chloroquine inefficace et risquée, selon une large étude britannique
L'étude, publiée par la revue médicale britannique « The Lancet », qui s'est intéressée à 96.000 patients hospitalisés du Covid-19 dans le monde, ne montre aucun bénéfice des traitements à base de chloroquine ou d'hydroxychloroquine. A l'inverse, ceux-ci sont associés à une hausse de la mortalité.
Donald Trump y voit le traitement miracle au Covid-19, au point d'en prendre à titre préventif après la détection de plusieurs cas au sein de la Maison Blanche. En France, il est ardemment défendu par l'infectiologue Didier Raoult.
Pourtant, l'efficacité de l'hydroxychloroquine - conçue pour lutter contre le paludisme- sur des malades du coronavirus n'a toujours pas été formellement confirmée par un essai clinique à grande échelle. C'est même plutôt le contraire.
Ce vendredi, la revue médicale britannique « The Lancet » publie le résultat d'une étude, qui a analysé les effets des traitements utilisés pour soigner 96.000 patients au sein de 671 hôpitaux du monde entier. Parmi eux, près de 15.000 ont reçu de la chloroquine ou de l'hydroxychloroquine, associée ou non à un antibiotique.
Les auteurs se disent « incapables de confirmer un bénéfice » de l'une ou l'autre des deux molécules, quels que soient les traitements associés. Plus préoccupant, ils notent que ces traitements sont, à l'inverse, « associés à une baisse du taux de survie à l'hôpital ».
Selon leurs résultats, le taux de mortalité mesuré dans le groupe de 15.000 malades ayant reçu un traitement à base de chloroquine ou d'hydroxychloroquine oscille entre 16,4 et 23,8 %. Un chiffre bien plus élevé que le taux mesuré pour les 81.144 autres patients, 9,3 %.
L'étude tend ainsi à confirmer la présence d'effets secondaires graves, essentiellement au niveau cardiaque. Les auteurs soulignent ainsi « un risque accru d'arythmie ventriculaire » - un dérèglement du rythme cardiaque, avec un taux compris entre 4,3 et 8,1 %, le plus élevé ayant concerné les patients traités avec de l'hydroxychloroquine associée à un antibiotique. Pour les autres malades, qui n'ont reçu aucune des deux molécules, ce risque est bien moins important, et s'élève à 0,3 %.
Si cette étude ne mettra probablement pas fin au débat sur l'utilité de ces antipaludiques, elle arrive à la même conclusion que deux études , l'une française, l'autre chinoise, publiées la semaine dernière. Celles-ci pointaient déjà qu'aucun bénéfice de la chloroquine ou de l'hydroxychloroquine ne pouvait être démontré.
Ou bien dans
Le Monde :
L'hydroxychloroquine et la chloroquine ne sont pas efficaces et même néfastes, selon une nouvelle étude
Ni la chloroquine, ni son dérivé l'hydroxychloroquine ne se montrent efficaces contre le Covid-19 chez les malades hospitalisés, et ces molécules augmentent même le risque de décès et d'arythmie cardiaque, prévient une vaste étude parue vendredi dans The Lancet, qui recommande de ne pas les prescrire en dehors des essais cliniques.
Menée sur près de 15 000 malades, il s'agit de la "première étude à large échelle" à apporter une "preuve statistique robuste" que ces deux traitements, qui font couler tant d'encre, "ne bénéficient pas aux patients du Covid-19", déclare dans un communiqué le Dr Mandeep Mehra, auteur principal de l'étude publiée dans la prestigieuse revue médicale. Les patients ont reçu quatre combinaisons différentes à base de chloroquine (un antipaludéen) et d'hydroxychloroquine (prescrit contre la polyarthrite rhumatoïde par exemple). Les traitements étaient soit administrés seuls, soit associés à un antibiotique de la famille des macrolides.
L'étude a analysé les données d'environ 96 000 patients infectés par le virus SARS-CoV-2 admis dans 671 hôpitaux entre le 20 décembre 2019 et le 14 avril 2020, sortis ou décédés depuis. Environ 15 000 d'entre eux ont reçu l'une des quatre combinaisons (chloroquine seule ou associée à l'antibiotique, hydroxychloroquine seule ou associée à ce même antibiotique), puis ces quatre groupes ont été comparés aux 81 000 malades du groupe témoin n'ayant pas reçu ce traitement.
Résultat, les quatre traitements ont tous été associés à un risque de mortalité bien plus élevé qu'au sein du groupe témoin (qui était de 9,3 %): 16,4 % de décès pour la chloroquine seule, 22,2 % quand elle était combinée à l'antibiotique; 18 % pour l'hydroxychloroquine seule, et 23,8 % quand elle était associée au même antibiotique. Les auteurs estiment ainsi que le risque de mortalité est de 34 % à 45 % plus élevé chez des patients prenant ces traitements que chez des patients présentant des facteurs de comorbidité, c'est-à-dire de facteurs de risques. Alors que plusieurs pays comme le Brésil parient sur l'usage de la chloroquine et de son dérivé, l'étude recommande de ne pas administrer ces traitements en dehors des essais cliniques.