Messagepar MeTTz » 02 nov. 2024, 21:58
J'aime/
J'aime Madagascar,.
J'aime le sourire des malgaches, j'aime les regarder, les observer, les découvrir toujours un peu plus, jours après jours, mois après mois, années après années.
J'aime voir ces gosses jouer au football entre deux maisons en tôles avec des ballons bien souvent en phase de décomposition avancée.
J'aime cette femme qui, assise sur le trottoir, étale ses légumes ou fruits aux saveurs délicieuses et naturelles. J'aime cet homme, qui, défiguré par la vie, tire une charette qui doit peser trente fois son poids. J'aime cette couturière qui, calmement et méticuleusement, travaille son tissu avec une dextérité inouïe. J'aime ces hommes, ces femmes et ces gosses qui tous les jours me saluent avec une politesse et une sincérité farouchement attachantes.
Quand je suis en sortie quad et que je sillonne les routes ou chemins perdus et isolés de tout, j'aime regarder ces enfants qui me font des saluts de la main et me délivrent tous ou presque des sourires d'une candeur et beauté enivrantes.
J'aime ces gens qui s'amusent, qui chantent, qui préparent leur repas à même le sol le sourire aux lèvres, après avoir rempli quelques seaux d'eau au puits commun, et qui partageront quotidiennement le déjeuner et le dîner devant leurs demeures, aussi insalubres soient-elles. Ils sont toujours joyeux, à défaut peut-être d'être heureux, ça je ne le sais pas.
J'aime ces gens qui dévorent la vie en toutes circonstances et la plupart du temps à tombeaux ouverts. Cette vie n'a aucune moralité, elle ne laissera aucun répit à Madagascar, l'un des pays les plus pauvres au monde. Mais peu importe, sa richesse est ailleurs et se porte bien.
J'aime vivre à côté d'eux, je choisis toujours la même location, plantée à quelques mètres seulement des baraques en tôles d'Ambatoloaka, m'inspirer de cette culture de la vie. J'ai très rarement vu de personnes tristes à Madagascar, pauvres souvent, selon nos critères occidentaux et habituels, mais jamais tristes, sauf à Tana, capitale de l'horreur sociale et de la misère mise à nue.
/ J'aime pas
Je hais ces touristes occidentaux qui, du haut de leurs dollars ou euros, méprisent à n'en plus finir les petits personnels des hôtels où restaurants locaux. Je hais ces personnes qui n'ont d'autres passions que de plonger corps et âmes dans leur téléphones portables, qui n'ont de cesse de sourir et d'obéir à leurs doudounes des temps modernes. Leurs seuls souvenirs de Madagascar seront des selfies aux sourires de façade. En rentrant chez eux, ils auront très vite oublié qu'ils étaient à Madagascar. Le téléphone portable est le mal du siècle, tout ceci se terminera très mal et le désastre affectif et sanitaire est déjà en marche, inexorablement et définitivement. C'est une certitude.
Je hais ce crétin qui ne saluera jamais la petite dame qui lui apportera sur un plateau l'opulent déjeuner préparé avec le plus grand soin. Je hais cette pétasse qui rejoindra le bord de sa piscine sans regards ou bonjours pour toutes celles ou ceux qui se mettront en quatre pour elle. Elle se fout de savoir que chaque nuitée qu'elle passera en ce lieu équivaut peu ou prou à trois salaires mensuels moyens à Madagascar.
Je hais ce vazaha, qui, pour amuser ses potes résidents, prendra par surprise une photo sous la jupe d'une pauvre serveuse du Batumoch, restaurant de plage très prisé ici.
Je hais ce patron français d'un restaurant qui repousse à coup de pelle une petite pestiférée qui n'a de cesse de venir mendier ça et là. Mais peu importe, on ne vire pas un être humain à coup de pelle. Quel que soit son comportement, sa démarche de survie lui est sans doute nécessaire. Je méprise cette bande de sales jeunes élevés dans une marmite en or qui laissent dans un état dégueulasse leur table de restauration après avoir dévoré un repas gargantuesque. Les chaises ne sont même pas remises à leur place. Pas de doute, le respect n'est pas une notion connue de ces déchets prématurés.