Après sa lourde défaite (0-3) vendredi à Clermont, le RC Strasbourg occupe pour la première fois de son histoire le poste de lanterne rouge de la Ligue 2. Le club alsacien continue ainsi à s’enfoncer dans une crise qui va au-delà du simple aspect sportif.
« Nous sommes en train de réfléchir à la façon dont nous pouvons avancer après cette claque. La situation est critique. On parle désormais de maintien », reconnaît Jean-Luc Herzog, auquel l’actionnaire principal, Philippe Ginestet, a délégué la présidence, fin août.
Officiellement, on ne parle pas d’un énième changement d’entraîneur. Il serait le cinquième en trois ans. D’abord parce que se séparer de Pascal Janin, nommé après le licenciement de Gilbert Gress, a un coût élevé pour un club manquant d’argent. Ensuite parce que Strasbourg n’attire pas les foules.
Jean-Pierre Papin, évoqué déjà comme successeur de Gress au cœur de l’été et dont le nom a circulé à nouveau samedi, a fait savoir qu’il n’était « pas intéressé par l’aventure » que constituerait son retour sur le banc du club qu’il a fait remonter en L1 en 2007. « Après Lens, je ne pars pas dans un club après sept matches joués et trois points », a expliqué le Ballon d’Or 1991 samedi soir à Boulogne-sur-Mer. « Jean-Pierre Papin tout comme Luis Fernandez ne sont plus des noms d’actualité », admet Jean-Luc Herzog.
En revanche, circule en Alsace le nom de Gérald Baticle, ancien attaquant du Racing (et de Metz), qui a déjà succédé une fois à Pascal Janin : c’était la saison dernière, à Brest, avant d’être lui-même remplacé par Alex Dupont.
« Poisson pourri »
Strasbourg sait qu’il doit agir. Seul club de L2 sans le moindre succès, il se retrouve à déjà trois points d’Istres, premier non-relégable. Et de candidat naturel à la montée, il voit désormais la relégation en National hanter son horizon.
Lors de la promotion de Janin, à la méthode plus douce que Gress, les dirigeants avaient indiqué qu’ils jugeraient sur les résultats d’août et de septembre. Mais, avec seulement trois nuls et trois défaites, le bilan équivaut presque à un zéro pointé.
Le retour de Habib Bellaïd, prêté par Francfort pour consolider une défense à la rue, n’a pas fait évoluer une équipe qui baisse les bras, selon Janin, quand elle est menée. Et de croire que les retours de Stéphane Pichot, Nicolas Fauvergue et Emil Gargorov inverseront enfin la tendance contre Caen, lors de la prochaine journée.
Le problème est que la crise n’est pas uniquement sportive. Dans les coulisses, comme souvent à Strasbourg, depuis son seul et unique titre en 1979, la guerre est déclarée. Et l’ambiance est devenue délétère.
« Quand le poisson pourrit par la tête, il faut le couper », a lancé hier dans les Dernières Nouvelles d’Alsace Egon Gindorf, un ex-président et toujours actionnaire, qui avoue regretter d’avoir vendu le club à Ginestet en décembre 2005.
En urgence, une nouvelle fois, au chevet du nouveau bonnet d’âne de la Ligue 2, les dirigeants alsaciens ont dit se donner « une réflexion de 48 heures ». Il est sûr qu’il faudra plus qu’une potion magique pour sauver le Racing.