
Il a failli être nancéien cet été. Finalement, c’est bien sous les couleurs du FC Metz que Nicolas Fauvergue disputera le derby, ce soir, à Saint-Symphorien. Photo Pascal BROCARD
Auteur d’un début de saison plutôt satisfaisant, le FC Metz défie l’AS Nancy-Lorraine, ce soir, à Saint-Symphorien. Un match pas tout à fait comme les autres. Côté cour... et côté jardin.
L’affiche avait disparu des programmes depuis le 27 octobre 2007. Alors diffusé sur la première chaîne du football français, elle avait dû être retirée de la grille en raison des résultats désastreux qui ont mené le FC Metz vers la case Ligue 2, avant de sombrer dans l’anonymat du National la saison dernière…
De son côté, l’AS Nancy-Lorraine était parvenue à maintenir le cap en prime time jusqu’en mai dernier. Reléguée dans l’antichambre de l’élite pendant que le voisin messin y regagnait sa place, l’ASNL se retrouve donc aujourd’hui à nouveau invitée sur le plateau de Saint-Symphorien. Six ans plus tard… Une sacrée soirée qui avait cruellement manqué au public lorrain. C’est donc logiquement que les deux meilleurs ennemis se disputeront la première manche d’une suprématie régionale dans un stade qui fera le plein.
L’attente est immense. Autant dans les tribunes que sur le terrain. « Enfin ! », a ainsi lâché Albert Cartier lorsque l’hypothèse d’un retour du derby est devenue une réalité. L’entraîneur messin, qui a œuvré jadis, crampons aux pieds, dans les deux camps, assure d’ailleurs que « ce n’est vraiment pas un match comme les autres. Ce n’est pas une simple rencontre de championnat, c’est une finale de Coupe ! Et une finale, ça se gagne… »
Le ton est donné. Et lorsqu’il s’adressera à ses joueurs, ce soir, juste avant la prise d’antenne, Albert Cartier, soignera ses mots. « Mes causeries d’avant-match sont forcément différentes selon l’adversaire et le contexte , explique-t-il. Mais, cette fois, je vais tenter de faire moins l’entraîneur afin d’être plus entraînant et ainsi laisser le collectif émerger et s’imprégner totalement de l’événement. »
Un collectif rajeuni dans les grandes largeurs depuis la débâcle de 2012 et qui a mûri en même temps qu’il se détournait du côté obscur de la farce National. Une pratique du jeune que les dirigeants nancéiens ont également été contraints de mettre au menu après un marché estival assez indigeste. Ultime camouflet, ils ont même vu le désormais messin Nicolas Fauvergue leur filer entre les doigts… « La gestion difficile du mercato n’a pas facilité leur début de saison , souligne ainsi Sylvain Marchal, symbole, lui, d’emplettes parfaitement négociées par le client messin. Mais cette mauvaise période est derrière eux et ils sont en train de retrouver un certain équilibre. »
« Le devoir d’être à fond »
« L’ASNL a désormais un style qui se dégage , confirme son entraîneur. L’implication des joueurs est plus grande et viser le podium demeure l’objectif prioritaire. Sur le papier, les Nancéiens sont favoris puisqu’ils descendent de Ligue 1, alors que nous sommes un promu. »
Certes. Reste que c’est bien le FC Metz, invaincu depuis cinq rencontres (2 victoires, 3 nuls), qui aborde ce derby avec un temps d’avance sur son adversaire. Pour autant, Kévin Lejeune et ses partenaires cultivent encore l’art du contre-pied : (très) séduisants par instants, ces derniers sont également capables (coupables ?) d’inexplicables relâchements. « Si on offre des occasions à Nancy, ça risque de faire mal , souligne Albert Cartier. Mais mon groupe possède une énorme détermination. À Clermont, après avoir trouvé la barre et raté un penalty, nous aurions pu nous écrouler. »
C’est dans cette exigence, érigée en véritable art de vivre par le technicien lorrain, que les Messins devront puiser afin de faire de ces retrouvailles un rendez-vous inoubliable, avec la complicité du public de Saint-Symphorien. « On sait que notre marge de manœuvre est très mince , conclut Sylvain Marchal. Nous avons le devoir d’être à fond tout le temps, particulièrement face à Nancy et devant nos supporters. »
Messieurs, à vous de jouer !
Jean-Sébastien GALLOIS.
« Six ans d’attente »

Depuis 1984, Xavier Schmitt n’a manqué aucun derby. Sa collection de maillots en atteste. Photo Anthony PICORÉ
Porte-parole du groupe de supporters messins Génération Grenat, Xavier Schmitt pose son regard sur un derby dont les meilleurs ennemis lorrains étaient privés depuis 2007.
Impatient de retrouver cette saveur si particulière du derby ? « Évidemment ! Six ans d’attente, c’est long ! Si les joueurs ne doivent pas passer à côté de ce match, les supporters non plus. Cela fait près de trois semaines que nous préparons cet événement. À titre personnel, j’ai vécu tous les derbys depuis 1984. Honnêtement, je n’ai jamais senti autant d’enthousiasme et de pression… Beaucoup d’entre nous ont d’ailleurs posé un jour de congés afin d’être très tôt au stade. »
• Outre l’enjeu de la suprématie régionale, en quoi ce match est-il plus important que les autres ? « J’estime que quatre rencontres sont fondamentales. Le premier fut le match d’ouverture face à Laval ( victoire 1-0 ). Il a lancé la saison. Ensuite, viennent les deux manches du derby. Pour une question de suprématie donc. Et enfin, le dernier qui pourrait être celui de la montée en Ligue 1… Mais quoi qu’il arrive, pour nous, supporters, il est impensable de ne pas s’imposer face à Nancy au stade Saint-Symphorien. D’autant qu’on a l’avantage, cette saison, d’avoir beaucoup de joueurs du cru qui ont baigné dans cette culture des Metz - Nancy. De toute façon, si tu gagnes ce derby, alors tu peux pardonner quelques erreurs ensuite. Dans le cas contraire… »
« À grands coups de chants »
• Pourquoi cette aversion pour le voisin nancéien ? « C’est un sentiment qui se cultive de génération en génération. Ce n’est pas uniquement lié au monde du football. Historiquement, Metz et Nancy ont toujours été dans la divergence et l’affrontement. C’est vrai dans la vie politique, économique, universitaire ou culturelle. Les exemples ne manquent pas : l’aéroport régional, la gare Lorraine TGV, les Universités et le Centre Pompidou. À chaque fois, cela a fait l’objet d’une controverse voire d’un combat entre les deux villes. Le football est fatalement imprégné de cette rivalité. »
• Comment cela se matérialise-t-il au stade ? « Cette haine ne doit pas se traduire par de la violence. C’est par les chants, les animations dans le stade et la victoire, bien entendu, qu’on fera entendre notre suprématie. Car il n’existe aucune ambiguïté : Metz est la capitale de Lorraine ! »
• Aucune violence à prévoir donc ce soir ? « Personne ne peut prétendre maîtriser cet aspect des choses à 100 %. Notamment aux abords du stade et en ville. Notre bagarre à nous, elle va se faire dans les tribunes à grands coups de chants et d’encouragements. Pour la première fois depuis 2011 ( Metz - Nîmes, 24 442 spectateurs ), un match à Saint-Symphorien va se disputer à guichets fermés. Il faut en profiter pour revivre l’ambiance qui accompagnait le FC Metz dans les années 1990. »
• Des rencontres ont-elles été organisées entre le club et les supporters ? « Bien entendu. Au cours de ces réunions, nous avons donné quelques garanties concernant l’avant-match, à l’extérieur du stade mais surtout durant la rencontre. Nous avons passé un accord moral comme celui qui avait été établi lors de notre déplacement à Épinal en mars dernier ( considérée à risques, la rencontre s’était déroulée sans aucun incident ). J’insiste : toute notre énergie sera déployée pour encourager le FC Metz à travers les chants. »
• Un mot sur cette équipe nancéienne… « Honnêtement, peu de supporters messins s’intéressent aux performances des Nancéiens mais tous se réjouissent de leurs défaites. Par contre, il y a une chose qu’on ne pardonne pas à Nancy : c’est l’achat de Jeff Louis au Mans, la saison dernière, qui a permis à l’équipe mancelle de sauver sa place en Ligue 2, alors que Metz aurait dû être repêché. Rien que pour ça, la victoire messine est impérative ! »
J.-S. G.
« Le match de l’année »

« Si on finissait deuxième derrière Metz, après avoir perdu les deux derbys, pour nous, ce serait une saison ratée », assurent les membres des Saturdays FC. Photo EST RÉPUBLICAIN
Pour les ultras nancéiens, le derby est un rendez-vous qui supplante tous les autres. Ils l’ont en tête depuis plusieurs mois et l’ont préparé minutieusement. Rencontre en Forêt de Haye.
Leurs terrains d’expression, ce sont d’abord la tribune Piantoni de Marcel-Picot et les carrés visiteurs en déplacement. Pour qu’ils se décident à se rendre au centre d’entraînement de la Forêt de Haye, il faut un événement exceptionnel. En réaction à un ras-le-bol, comme cela avait été le cas en février 2012 lorsqu’ils avaient pénétré dans les vestiaires alors tenus par Jean Fernandez. Ou bien à l’approche du derby, comme ce fut le cas dimanche matin.
Voilà qui situe bien l’importance d’un rendez-vous auquel ils songent depuis des mois. Plus précisément depuis la défaite face à Bastia qui avait scellé le sort de l’ASNL le 18 mai dernier. « Le derby ? C’est la première chose à laquelle on a pensé ce soir-là , confient les responsables du groupe Saturdays FC, Quand le calendrier est sorti, nous avons immédiatement coché la date. » Pour eux, « c’est le match de l’année. » D’autant plus après une aussi longue séparation…
Rien ne peut détrôner le derby de son statut d’événement immanquable. Comme rien ne peut égaler en valeur un succès face au voisin messin. « Si on finissait deuxième derrière Metz, après avoir perdu les deux derbys, pour nous, ce serait une saison ratée », assurent en chœur David Cosenza, le président, François Devaux, le secrétaire et Christophe Rokita, l’un des leaders historiques du kop nancéien. C’est dire.
Quand on leur demande d’où vient cette rivalité, les ultras nancéiens évoquent déjà l’histoire différente des deux villes. « Nous n’avons pas la même culture. Du coup, on se sent plus proche d’autres villes qui sont pourtant plus éloignées. » À cela s’ajoute évidemment « l a suprématie sportive entre les deux clubs phares de Lorraine. S’il faut gagner un match, c’est celui-là ».
Une piqûre de rappel
À l’adresse de ceux qui ne seraient pas au courant ou qui l’auraient oublié, ils ont administré quelques piqûres de rappel ces derniers jours. D’abord en déployant une banderole face à Troyes (« Gagner le derby »), puis en menant cette action bon enfant en Forêt de Haye. « Nous voulions sensibiliser les joueurs qui ne connaissent pas trop la rivalité entre les deux clubs. Car, aujourd’hui, il y a beaucoup moins de Lorrains dans l’équipe que par le passé. A priori, le message est passé », sourient-ils.
Sur le terrain, la compétition entre les deux clubs n’a jamais dépassé le cadre du football. En dehors, l’animosité entre ultras nancéiens et messins a parfois entraîné des dérapages. Un risque qui semble écarté pour ces retrouvailles. Demain, l’opposition aura lieu dans les tribunes. À grand renfort de chants et de banderoles. « Cela fait plusieurs semaines qu’on se prépare. Vous verrez, il y aura une très belle animation », préviennent-ils en ménageant le suspense.
Aux cent cinquante membres encartés qui suivent régulièrement les matches se joindront, pour l’occasion, de nombreux sympathisants. Le tout dans « un climat apaisé », en lien avec les bonnes relations qu’entretiennent les Saturdays FC avec le responsable de la sécurité du club nancéien Nabil El Yaagoubi. « On se rencontre assez régulièrement mais, avec le derby, on s’est vu encore plus souvent », indiquent les responsables du groupe. Avant de taquiner leur interlocuteur privilégié : « Il va bientôt falloir qu’il monte à Paris en commission de discipline. Mais ça va, il a l’habitude et il se débrouille bien… » Partie de rigolade à la clé. Qu’ils espèrent poursuivre sur le chemin du retour ce soir sur les coups de 23h30…
P.-H.W.
Carlo Molinari : "Metz est plus une ville de football que Nancy"
Des derbys, il n'en a manqué qu'un seul. Ce 23 février 1962, l'AS Nancy Lorraine était venu battre, à Saint-Symphorien, "son" FC Metz. Lui était alors souffrant. Carlo Molinari, 80 ans aujourd'hui, va très bien. L'ancien patron des vice-champions de France, deux fois vainqueurs de la Coupe de France et d'une Coupe de la Ligue, est surtout très content de la bonne santé retrouvée de son club. Fier aussi de ses Grenats qui ont repris des couleurs en remontant en Ligue 2. Juste avant le derby qui se jouera ce mardi 24 septembre, sur les bords de la Moselle, à guichets fermés, il se confie devant nos caméras.

----> http://www.republicain-lorrain.fr/actua ... -que-nancy
Sakho

Diafra Sakho. Photo Pascal BROCARD
LIGUE 2. Diafra Sakho ne sera finalement pas suspendu lundi, pour le déplacement du FC Metz à Lens. Suite à un changement de règlement, les décisions de discipline ne s’appliquent, cette saison, qu’à partir du mardi. L’attaquant mosellan devra donc manquer la réception de Châteauroux, le 4 octobre prochain au stade Saint-Symphorien, en raison d’une accumulation de cartons jaunes.