
Ralph Isenegger (à droite), si bavard aux premiers jours, a à son tour décidé de se murer dans le silence. (Photo DNA - Laurent Réa)
On a connu Ralph Isenegger plus bavard. Depuis son premier passage à Strasbourg, le 4 décembre - jour de la vente du club -, celui qui s'est rapidement présenté comme « un simple conseiller en charge du recrutement » avait peu ou prou un avis sur tout, mais surtout un avis.
Le seul à pouvoir
éclairer la lanterne
Le choix de l'entraîneur, le recrutement à venir, les sommes à injecter, puis les états d'âme d'un patron éploré en proie à la dépression : rien n'échappait au regard acéré de l'avocat suisse, si prompt à se laisser aller aux confidences entre deux portes.
Ces derniers jours, Isenegger ne parle plus. Son portable sonne inlassablement dans le vide ou renvoie à une messagerie qui ne prend aucun message. Hier après-midi, il a fini par répondre, mais s'est empressé de raccrocher au nez de son interlocuteur, dès lors que celui-ci a décliné son identité.
C'est bien regrettable. Entre un Alain Fontenla porté disparu ou un Christophe Cornelie évanoui dans la nature, Me Isenegger est peut-être le seul interlocuteur en mesure d'éclairer la lanterne des amoureux du Racing. C'est lui qui est en tous cas à l'origine de la nébuleuse opération de rachat fomentée entre Londres, Genève et Strasbourg.
Avocat de la société FC Football Capital Ltd, mais aussi de Carousel Finance SA, et même d'EuroRacing, Isenegger a mis en relation tous les protagonistes de l'affaire. Il semble ensuite avoir sorti de son chapeau l'énigmatique Alain Fontenla, dont il défend aussi les intérêts.
Sa main pourrait enfin avoir guidé Raphaël Varone, associé avec lui dans une demi-douzaine de sociétés et ami du premier cercle, lundi jusqu'à Strasbourg, pour devenir le gérant de Racing Investissements (lire notre édition d'hier).
« Les masques vont
finir par tomber »
« Pour moi, MM. Loban, Fontenla, Cornelie ou Varone ne sont que des "faux nez", dit Dominique Pignatelli, actionnaire minoritaire en pointe sur le dossier. Les masques vont finir par tomber. Ralph Isenegger ne pourra plus cacher longtemps son jeu. Plus personne n'est dupe. »
Connu pour ses connexions avec le football et ses accointances avec les pays de l'Est - il a notamment servi d'agent dans les transferts d'Ismaël Bangoura du Mans vers Kiev et, tout dernièrement, de Pape Diakhaté de Kiev vers Saint-Étienne -, Isenegger est en tout cas le seul acteur crédible dans ce défilé frénétique de nouvelles têtes.
A la manière d'un marionnettiste, l'homme âgé de 42 ans semble tirer les ficelles de cette farce grand-guignolesque derrière un opaque rideau noir.
Pour alimenter son
propre business ?
Le mode de fonctionnement dénoncé par Julien Fournier dans ces mêmes colonnes, vendredi dernier, concernant le mercato hivernal - 17 joueurs sur le départ, un contingent "exotique" de nouveaux arrivants - aurait certainement pu servir ses intérêts. A croire qu'Isenegger veut utiliser le Racing pour alimenter son propre business.
Voilà le genre de questions que l'on aurait bien aimé lui poser. Mais comme l'ex-bavard est devenu muet, il ne s'agit là que de pures supputations...
Sébastien Keller