Quel beau topic de GKK
Quelle brin de folie il fallait ce jour-là pour prendre la direction de Lens.
Je voulais résolument voir de mes yeux ces messins-là monter...
Partis en avance, quittant les trombes d'eau de Sarrebrück pour un radieux soleil dès Sarrelouis, s'autorisant des arrêts, des détours au pays des embouteillages, la route barrée pour Aubange et évitant un accrochage, "pélerinant" sur l' aire d'autoroute du dernier dép autorisé à Bollaert, tout s'annonçait bien et la marge de nos grenats nous laissaient vaquer le cœur léger... On avait un peu forcé sur la marge de manœuvre et le GPS indiquait une arrivée à Lens pour 19h54... malheur

, je force l'allure pour gratter quelques minutes mais cette journée idyllique voyait ses premiers assombrissements arriver quand un panneau nous indique un accident à 9 kms ... et que les voitures s'agglutinaient déjà. 9kms de c** à c**, impensable... direct : sortie d'autoroute, chemins champêtres, voie unique en forêt, routes pavées, c'était Liège-Bastogne-Liège dans la province de Hainaut

, on rejoint l'E42 juste au niveau de l'accident, juste après quand ça roule, on a à peine perdu 10 minutes, ce pari fou de quitter l'autoroute a pour une fois payé, "le roi de la route" file maintenant vers Valenciennes ... embouteillage à la frontière, état d'urgence toussa, ils passent tout le monde sur une voie, un beau merdier, pour aucun contrôle, on ne va pas s'en plaindre... arrivée à Lens, Bollaert est beau depuis l'autoroute mais on prendra la sortie suivante pour ne pas emprunter les secteurs interdits aux dangereuses personnes se prévalant de la qualité de. Stationnement à l'arrache sur les trottoirs d'une ruelle, avec des Lensois en pagaille, je nous situe, on est loin du stade mais il serait vain d'espérer gagner du temps en s'approchant, on suit bien les initiatives des locaux qui savent mieux que nous. En route pour le stade, une marée sang et or, des accents exotiques, on se joint à la procession et on se garde bien de dire mot, nous, les seuls n'affichant aucune couleur... :roll:
Pour rejoindre la Trannin, il faut faire tout le tour du stade, passer au milieux des derniers ultras qui traînent à rejoindre la Xercès... à peine les premières marches du parvis franchies et on entend la compo de l'équipe Messine donnée par le speaker, deux ou trois joueurs le temps que les tribunes se réveillent et enfin repris en chœur les noms de nos joueurs, tous de la même famille... on y est... sauf pour notre attaquant vedette qui a droit à une bonne bronca des familles, premiers contrôles, on accède aux tourniquets, bizarrement, nos ebillets messins rechignent à passer, fouille, ça traîne, on s'impatiente, ça râle, on arrive enfin en tribune, 3 minutes après les Metz Capitale apparemment qui nous saluent de loin et on rejoint plus haut le groupe de Messins avec qui on était en contact, à peine assis, à peine le coup d'envoi donné, sacré timing, juste de chez juste... prémonitoire.
Le match commence, mon bon Valou hurle sur Reis, on est bien, on se croirait à la maison, en TOB sauf qu'il faudrait peut-être pas qu'on se fasse trop remarquer... trop tard, le but gag de Lalaina grille ce qu'il nous restait de couverture... même pas pu faire semblant ...
La force et les mots me manquent pour décrire la suite du match.
Arrive la mi-temps, 3-0 pour le HAC, ils évolueront à 11 contre 10, que dis-je, à 12 contre 10... ça sent le souffre mais on espère, Metz nous a habitué à jouer un peu une mi-temps, on va égaliser, les lattes nous ont sauvé, c'est un signe. En tout cas il faudra car le HAC va faire le job, c'est certain !
Seconde mi-temps, les ultras Lensois s'y mettent, comme s'il y avait besoin, on passe d'une ambiance plutôt très correcte pour un stade sans kop à un truc carrément dément, nos Messins, s'ils avaient eu quelconque velléité de jouer au football se trouvaient dans une atmosphère encore plus tétanisante.
"On est lààààà, on est làààààààààààà
dans le malheur ou la gloire, nous on est lààààààààààà
Pour l'amour du maillot que vous portez sur le dos, dans le malheur ou la gloire, nous on est làààààààà"
Bordel, ils sont lààààààà... fumis, torches et tambours qui tabassent et résonnent, ils sont làààààààà
Les téléphones se remettent à vibrer, but Havrais... et chaque vibration de téléphone nous vaut... vous imaginez bien... Je croise les regards de détresse des autres Messins, je ne vois plus le terrain, je ne suis plus là, je ris (jaune

) aux conneries des supporters Lensois, ils ont de l'humour, on se dit qu'on assiste à une nouvelle ... 5-0 pour le Havre ... carotte historique, les genoux collés au siège de devant, la nuque posée sur le rebord du dossier de son siège, je m'effondre, je me décompose, on voit bien que ça se joue ailleurs, Metz ne jouera pas une minute de la rencontre et on frôlera même à plusieurs reprises le doublé Lensois qui nous crucifierait...
La notion du temps se dérègle, les MCs plus bas se lèvent, s'assoient, regardent tantôt en l'air tantôt le sol, Valou entreprend de démonter une partie de la tribune, mon dieu que c'est solide, ils ont pas fait les choses à moitié, le parcage Burgien aurait cédé lui... d'ailleurs les Burgiens ... oooh et pis non... ça devient irrespirable, certains se liquéfient sur leur siège, d'autres montent et descendent les escaliers comme des poulets sans tête...
Beaucoup parlent de temps interminable, moi, je n'ai rien vu passer, rien compris, comme quand on voit défiler sa vie sous ses yeux en quelques secondes, j'ai traversé ces 90 minutes hors de mon enveloppe charnelle... mais avec une intensité jamais connue... jamais !
J'ai abandonné mon téléphone, les quelques Messins autour sont tous dans le leur t'façon. On m'annonce toujours 5-0 à la 94 ème minute au Havre... ils sont en avance, on joue à peine les arrêts de jeu... il faut égaliser, les Havrais vont le faire le carton dont ils ont besoin, Le corner Messin est joué de manière à gagner du temps, je ne comprends pas, l'arbitre siffle, le banc Messin se précipite sur le terrain dans la joie et le soulagement, je regarde interrogateur celui qui tient son téléphone face à moi... le match du Havre n'était pas terminé sur son live mais à quoi bon, ça doit être bon !!!... on réalise, on se congratule, on se tape sur l'épaule, je dévale les escaliers jusqu'au MCs, je tape dans leurs mains, GKK m’étreins ... pourquoi pas... bordel !!!
Je remonte à ma place, les Lensois bout-en-train de derrière nous félicitent, on les remercie pour Bekamenga, on parle de tout de rien, je plane, je tremble, je redescends pas... On va à la barrière de notre niveau pour voir Diallo s'approcher de la tribune, des Messins sont en dessous à les féliciter, on observe, et puis comme la célébration traîne, on est dans une féérie, on descend au niveau 0, slalomant entre les Lensois pour rejoindre nos Messins et... retour à la réalité, voyant une poignée de pelés compressés contre les grilles avec un cordon de stadiers qui s'interposent entre eux et une foule sang et or quelque peu belliqueuse, on est contraints de se raviser et quitter l'enceinte.
La suite est encore longue à raconter mais on s'en fout, toute l'équipe du Graoully Mag qui quitte Bollaert en hurlant sa joie, ça valait le détour
