Grenat 1985 a écrit :
Lakota_FFI a écrit :
J'arrive pas zoomer la qualité est pas bonne
Amoureux depuis son enfance du FC Metz, le milieu offensif raconte son émotion de jouer pour son club formateur et de cœur, même si leur trajectoire commune n’a pas toujours été idyllique.
SÉBASTIEN BURON
Il a gardé la même coupe après être passé chez le coiffeur mercredi, mais en un an, Gauthier Hein a bien changé. Revenu l’été précédent à Metz, le milieu offensif a fait remonter dans l’élite son club formateur, dont il est le nouveau capitaine. Suspendu face à Strasbourg (0-1, dimanche dernier), « Gotcho » fait son retour en L1 ce soir à Lyon, contre lequel il s’était vu privé de son premier but en pro pour des pétards jetés sur Anthony Lopes un soir de 2016. « Les gens m’en parlent encore », confie-t-il. Jeudi, le joueur est, lui, revenu sur son lien avec Metz dans un salon orné de photos et citations, dont celle-ci : « Ma ville c’est la plus belle, mon club c’est le plus beau. » Et le natif de Thionville l’a dans la peau : il vient d’ailleurs de se faire tatouer une croix de Lorraine sur son avant-bras gauche.
« Que représente Metz pour vous ?
(Ses yeux s’illuminent.) Pffff… Tellement ! C’est là où j’ai grandi en tant qu’homme et footballeur, où j’ai ma famille, mes amis, où j’allais voir les matches quand j’étais petit. C’est ce club qui m’a aussi permis de rêver. Tu peux gagner des titres dans plein de clubs. Mais accomplir des exploits avec ce sentiment d’appartenance très fort, c’est inestimable.
Aviez-vous des idoles ?
On se battait beaucoup avec mon frère : lui avait tout du PSG et moi de l’OM. Mais quand j’allais à Metz, je regardais les joueurs… (Il sourit.) Il fallait que j’aie un autographe ! Je rentrais et les mettais dans ma petite boîte. Ma mère travaillait dans un centre de rééducation, et j’ai pu y jouer avec des joueurs pros blessés comme Julien Cardy ou Christophe Marichez dans la salle de kiné. C’était un truc de fou. Et à Saint-Symphorien, j’ai vu des stars, comme Juninho. C’était rare, et pour moi tellement exceptionnel d’y aller.
Est-ce bien votre grand-père qui vous a poussé à jouer au football ?
J’avais un lien fort avec lui, aujourd’hui il n’est plus là… Il était toujours autour du terrain à Thionville. Et moi, je regardais, mais je ne voulais jouer qu’avec lui. À un moment, il m’a poussé : “Maintenant, tu y vas !” Je me suis limite effondré. J’avais quatre ans, j’étais timide. Dès que je faisais une passe, je le regardais. C’est aussi lui qui faisait les allers-retours pour que je puisse m’entraîner en préformation. À l’époque, j’avais peur, et il était là pour me rassurer. (Ému.) Quand j’ai signé pro, il était présent, c’était important pour moi.
Avait-il vraiment refusé, dans votre jeunesse, de vous laisser aller à Metz ?
Beaucoup de clubs me voulaient, dont Metz, à chaque fois mon grand-père refusait. Il savait que j’allais signer à Metz tôt ou tard. Mais il estimait que plus je signais tôt, plus j’avais de chances de me faire virer. Ma mère aussi voulait me protéger. Elle ne voulait pas que je fasse sport-études et m’a mis en trilingue en 6e et 5e. Je faisais anglais, allemand et latin, pendant que mes copains de Thionville s’entraînaient en sport-études. Sauf que c’était moi le meilleur et ils ne comprenaient pas !
“Je ne m’imaginais pas revenir un jour"
À quel moment avez-vous rejoint le club ?
Un jour, à Thionville, lors d’un exercice de jonglage, je mets une frappe dans le but. Mon entraîneur me dit : “Mais toi, t’as un melon, c’est bientôt une pastèque !” J’étais tout petit, mais j’étais caractériel. C’est parti en cacahuètes. Metz me voulait depuis trois ans, j’y ai signé en janvier 2008.
Vos années en jeunes n’ont pas été simples…
À 13 ans, on m’a détecté un problème au cœur, il était alors trop gros par rapport à ma morphologie. Adolescent, je faisais aussi beaucoup de crises d’angoisse. À l’école, avant un entraînement… Je devenais tout pâle, mon cœur battait la chamade comme si j’étais en train de mourir. En U17, j’ai rencontré des psys, et l’un d’eux a dit : “Il n’est pas capable d’encaisser toute cette charge mentale, il va falloir choisir entre le foot et son bien-être.” C’était difficile à entendre.
Après des prêts à Tours (2017-2018) et Valenciennes (2019-2020), Metz ne compte plus sur vous. Comment réagissez-vous ?
Ça m’a limite soulagé, comme si j’avais besoin de prendre mon envol. Jean-Marc Furlan m’a appelé, j’ai foncé à Auxerre. Je ne m’imaginais pas revenir un jour à Metz. Tu demeures un supporter du club. Mais il n’y a plus de confiance, plus rien.
Quitter Auxerre et la L1 l’été dernier pour revenir à Metz en L2, n’était-ce pas un peu risqué ?
Bien sûr. Mais comme je l’ai encore récemment dit à ma copine : “No risk, no story.” Quand j’ai quitté Auxerre, je pleurais dans ma voiture en allant chercher mes affaires au stade. Mais je savais qu’en venant ici, j’allais jouer devant mes proches et avoir l’occasion de montrer vraiment ce que je valais. À Auxerre, j’aurais pu vivre d’autres moments incroyables. Mais ça n’aurait pas comblé ce qui m’a manqué sur mon début de carrière. Dans ma tête, quand j’ai signé pro, j’allais faire ma carrière à Metz.
“Mon ambition ultime serait de jouer la Ligue des champions avec Metz"
Vous avez écrit : “On finit toujours par rentrer à la maison.” Ce goût d’inachevé était-il trop présent ?
Tu reviens à Saint-Symphorien, tu vois ton ami (Matthieu Udol, parti cet été à Lens) flamber avec son club formateur. Tu te dis “Ça aurait pu être moi…”. Quand j’allais me balader à Metz, on ne me reconnaissait pas forcément. Je sentais que je n’avais pas marqué le club. Et j’ai besoin de laisser une trace là où je vais. La montée, c’était un objectif personnel, c’était plus fort que tout.
Et existe-t-il des choses plus fortes que de marquer avec son club de cœur ?
Avec un but comme celui en barrages retour à Reims (3-1 a.p., 1-1 à l’aller), non. Ce but (un lob presque du milieu du terrain), c’est le plus beau souvenir de ma carrière avec la montée avec Auxerre à Saint-Étienne (en 2022). Je me lève tous les matins pour ça, ces émotions décuplées. C’est tellement intense, tu te vois comme le roi du monde. Intérieurement, c’est un volcan qui part dans tous les sens.
Ce nouveau rôle de capitaine traduit-il bien votre relation avec Metz ?
J’ai été capitaine quand j’étais jeune, et là, c’est magnifique, ça légitime tout ce qui m’a amené ici. Aujourd’hui, je suis au bon endroit au bon moment. Certains vont me prendre pour un fou, mais mon ambition ultime serait de jouer la Ligue des champions avec Metz ! Cette époque a tellement marqué les gens, tu as envie de leur redonner ça.
Avez-vous besoin de cette relation avec les gens ?
Tu peux me croiser au restaurant, je peux parler de foot avec toi pendant deux heures. Faire ce lien, ça me nourrit. La semaine dernière, une petite fille est venue à l’entraînement et s’est effondrée devant moi en pleurs. Ça te fait un choc quand même. Tu représentes quelque chose pour eux.
Êtes-vous plus amoureux de Metz ou du foot ?
Le foot le plus pur, le jeu en lui-même, ça m’obsède, je ne pourrai jamais m’en détacher. Et après le FC Metz. C’est toute ma vie. »