L’image est trompeuse : les Messins de Fauvergue ont largement dominé les Nancéiens de Sami mardi soir. Photo Pascal BROCARD
Le derby a confirmé, mardi soir, la dynamique d’un FC Metz impérial contre une équipe de Nancy qui récolte les fruits d’un traumatisme récent. Les Mosellans, deuxièmes, ont atteint leur meilleur classement de la saison.
Le derby lorrain a consacré un curieux partage mardi : à Metz l’ivresse et à Nancy la gueule de bois. Le résultat, impitoyable (3-0), est pourtant frappé d’une logique imparable. Désormais deuxième et invaincue depuis six journées, l’équipe la plus équilibrée, la plus impliquée et la mieux préparée a remporté son duel contre un voisin apathique et sanctionné d’une quinzième place au classement de Ligue 2.
Il ne faut pas trop accabler les Nancéiens car ils l’ont très bien fait tout seuls, qu’ils soient supporters ou footballeurs d’ailleurs. Les premiers ont pollué et failli empêcher le match. Les seconds ont pris la mesure d’un derby qu’ils découvraient pour la majorité. Ce n’est qu’une demi-surprise : peu de joueurs de l’ASNL connaissaient le contexte d’un Metz-Nancy et ils l’ont pris en pleine poire, mardi soir, quand les hommes d’Albert Cartier les ont agressés d’entrée. Comme un symbole, les buts ont d’ailleurs été inscrits par des produits de la formation biberonnés dans cette rivalité. Leurs noms : Ngbakoto, Sarr, Nsor voire Bussmann qui a marqué un but finalement invalidé.
Deux dynamiques
Le résultat est aussi le reflet de deux dynamiques. Nancy est tombé de Ligue 1 cet été, avec pertes financières et fracas humain. Sa trésorerie exsangue et son effectif bricolé lui promettent d’ores et déjà un exercice compliqué. De son côté, Metz est remonté de National avec un noyau préservé, des renforts d’expérience pour la plupart et, surtout, une confiance et un équilibre installés. Leur entraîneur l’a dit autrement : « Aujourd’hui, les garçons courent, savent souffrir et faire les efforts ensemble. Si on reste dans cet état d’esprit, on va enchaîner les bons résultats. Il ne faut pas perdre ça. »
Metz peut se prendre à rêver du haut de sa deuxième place mais c’est aussi un danger pour les troupes d’Albert Cartier. Après son nul à Clermont déjà (0-0), le technicien avait précisé son cheminement de pensée : « On aurait pu être leader mais c’est trop anecdotique à ce stade de la saison. Je suis dans un raisonnement en points, pas dans une recherche de classement. »
Ses joueurs avançaient avec la même prudence après le passage de Nancy. Sylvain Marchal a constaté que « tous les voyants sont au vert » et Romain Métanire rappelait l’impératif de « ne pas relâcher les efforts. » Car Metz paiera au prix fort tout flottement dans ce championnat plus homogène qu’il n’y parait. La mobilisation mosellane doit être d’autant plus préservée qu’un nouveau défi coton se présente aux Grenats : à Lens, lundi soir, dans l’antre d’une formation taillée pour la montée mais sérieusement bousculée sur les dernières journées. « Encore un match compliqué , imaginait Cartier. Il va falloir bien le préparer. » Metz s’est envolé mais il a le devoir, aujourd’hui, de garder un pied dans la réalité.
Christian JOUGLEUX.
Fc Metz express
Tableau de bord. Hier : une séance d’entraînement en matinée. Aujourd’hui : repos. Demain : une séance à 16h30. Samedi : une séance à 10 h. Dimanche : une séance à 9h30 et départ pour Lens dans l’après-midi. Lundi : Lens - Metz à 20h45.
D’un match à l’autre. Dernier match : Metz - Nancy (8e journée de Ligue 2), mardi 24 septembre : 3-0. Prochain match : Lens - Metz (9e journée de Ligue 2), lundi 30 septembre à 20h45. A suivre : Metz - Châteauroux (10e journée de Ligue 2), vendredi 4 octobre à 20 h puis Metz - Luxembourg (match amical) lundi 7 octobre à 18h30 au stade d’Hespérange. Brest - Metz (11e journée de Ligue 2) lundi 21 octobre à 20h30.
À l’infirmerie. Romain Inez et Abdallah Ndour n’ont pas pris part à l’entraînement hier. Les deux défenseurs souffraient de légères contractures aux adducteurs et ils se sont contentés de courir à part.
Suspendu. Ayant reçu trois avertissements dans une période incluant dix rencontres officielles, Diafra Sakho sera suspendu pour la réception de Chateauroux le vendredi 4 octobre. Auparavant, Albert Cartier disposera d’un groupe au complet pour le déplacement à Lens.
Les buteurs : Diafra Sakho (5 buts), Nicolas Fauvergue, Yeni Ngbakoto (2), Bouna Sarr, Kwame Nsor, Gaëtan Bussmann (1).
Les passeurs : Bouna Sarr (3 passes), Kévin Lejeune (2), Nicolas Fauvergue (1).
L’art de polluer une fête ressuscitée
Le kop de Nancy a été surveillé de près par les CRS. Photo Anthony PICORÉ
Saint-Symphorien a retrouvé l’ambiance des grands soirs… et des dérapages lamentables.
Pour un visiteur candide et égaré, le doute était permis mardi. Il aurait pu penser naïvement que, chez ces gens-là, on aime jouer au frisbee et que les tribunes de Saint-Symphorien abritent bien des vocations de proctologues. La réalité est plus décevante : des sièges ont volé pendant le derby, comme les pétards et les insultes coloscopiques. Car il faut l’avouer : derrière l’ambiance formidable qui a accompagné la partie et l’attitude exemplaire des joueurs et entraîneurs, l’air fut malheureusement pollué par des comportements désastreux.
L’événement le plus choquant reste l’arrivée débile des Nancéiens dans leur kop. Si l’homme descend du singe, certains supporters peuvent revendiquer des gènes de bourrin. Un stadier l’a constaté en réceptionnant un siège en plein crâne. Idem pour Kévin Lejeune qui a essuyé des jets de pétards sur son premier corner et failli voir annuler le match dans ce climat désolant. Aucun camp n’est blanc : l’affrontement monstre sur le pont Saint-Symphorien, avant le match, doit autant aux deux entités et la banderole détruite à l’entrée (« Non au gaz en Syrie, oui au gaz à Nancy ») peut faire honte à ses auteurs.
Nicolas Holveck souhaite partager les responsabilités : « Nos groupes de supporters ont parfaitement joué le jeu dans l’organisation de ce déplacement qui ne présentait aucune faille , dit le directeur général de l’ASNL. Le changement de programme imposé par la direction départementale de la sécurité publique de Moselle a tout mis à mal. On veut bien assumer nos erreurs, mais tous devront le faire. C’est inacceptable. » A Nancy, les sentiments étaient partagés hier, entre la honte véhiculée par ces images et l’étonnement de ne pas avoir été fouillés à l’entrée…
Il faudra vraisemblablement prévoir des sanctions contre les clubs voire des interdictions de stade pour certains supporters, les caméras du stade ayant tourné à plein. Les fautifs ne manqueront à personne. Peut-être alors ces soirées retrouveront-elles un folklore plus digne. Garder par exemple ces banderoles sur les ponts de l’A31 pour annoncer la couleur, les chants et les tifos créatifs des deux camps et cette affluence de folie qui rappelle combien cette région est amoureuse du football. Las, ce sport est ainsi fait aujourd’hui : prompt à enflammer les cœurs et tout aussi capable de faire peur.
Ch. J.
La bonne piste
Le sport lorrain pourrait décoller sur l’ancienne base aérienne de Frescaty. Les hommes politiques et de terrain en ont conscience. Photo RL
L’implantation d’un important pôle de ressources et d’excellence sur l’ancienne base aérienne 128 de Metz-Frescaty va-t-elle trouver un consensus politique et sportif ? Témoignages. De Metz Métropole au FC Metz.
Le pacte lorrain, convention signée entre l’État et la Région la semaine dernière à Matignon, comprend un projet sportif d’une énorme envergure : l’implantation d’un pôle de ressources et d’excellence sportive sur la base aérienne 128 de Metz Frescaty. Énorme parce qu’il a été évalué, dans un premier temps, à 40 millions d’euros (sur 300 millions injectés d’ici 2016) et parce que Metz Métropole sera bientôt propriétaire des 450 hectares laissés libres par le ministère de la Défense. Un terrain de jeux tombé du ciel !
DOSSIER
Mais il reste à définir le mode d’action politique. Bonne nouvelle : si les différentes collectivités ne sont pas encore tombées d’accord sur le fonctionnement de la cabine de pilotage et l’ampleur des réalisations, toutes sont d’accord pour travailler ensemble afin de saisir cette opportunité… sinon historique, du moins immanquable !
Le président de la communauté d’agglomération messine et maire de Montigny-lès-Metz, Jean-Luc Bohl, reconnaît volontiers que des ajustements politiques sont nécessaires : « Je ne tiens pas à prendre en grippe qui que ce soit, ni remettre en question le potentiel du projet, mais les choses que l’on a dites jusqu’à présent, il faudrait qu’elles soient discutées réellement sur le fond de la part de l’ensemble des partenaires. » Sous-entendu, pas question qu’une collectivité tire la couverture à elle.
Voilà pour les règlements de comptes, Jean-Luc Bohl ayant découvert, apparemment, une partie du contenu par voie de presse. « On évoque une grande salle. Il faut voir si elle est vraiment pertinente pour le sport à cet endroit car il y a déjà des surfaces existantes. On ne peut les multiplier. »
Avancer en étant unis
Le patron de Metz Métropole, par ailleurs, de prôner la sagesse. De calmer le jeu : « Prenons les choses dans l’ordre : la réflexion, le budget… Nous ne pouvons pas mettre en péril l’avenir financier de Metz Métropole. Pour l’instant, on n’a aucune visibilité réelle en ce domaine, ni sur le mode juridique. On peut rapidement élaborer un plan d’aménagement d’ensemble pour trouver des vraies ouvertures. Je suis dans le concret. Impossible de dépenser l’argent public n’importe comment. Attendons aussi d’être officiellement propriétaires des lieux (cela devrait se faire à l’été 2014). Les idées, c’est bien mais, pour l’instant, on n’est pas capable de dire qui fait quoi et à quelle hauteur financière. »
Contre le nouveau visage de la base aérienne, Jean-Luc Bohl ? Pas du tout, en fait ! Si la forme le titille – il souhaite ardemment « une cohérence et unité lorraines » –, le fond le séduit : « Je ne remets pas en cause le travail du Conseil général de la Moselle sur ce projet et je ne veux pas jouer les esprits chagrins. L’installation d’un pôle sportif est une très bonne idée, nul ne le conteste ! Metz Métropole, comme le Conseil général, compte bien être le moteur principal de ce projet enthousiasmant au cœur d’un endroit se situant à sept kilomètres du centre-ville de Metz, bien desservi au niveau des infrastructures routières, et proche de la deuxième zone commerciale de France. Le potentiel est indéniable, mais c’est du lourd et du sérieux. »
La constitution d’un syndicat mixte, spécialement chargé de l’avenir la base a érienne de Frescaty, « un enjeu majeur pour les prochaines années » , devrait être rapidement entérinée. Histoire que le pôle d’excellence sportive trouve sa place aux côtés d’autres axes comme l’agriculture périurbaine ou les énergies renouvelables.
Alain THIÉBAUT.
Bernard Serin : « Ce projet nous intéresse »
A moyen ou long terme, les Grenats déménageront-ils sur l’ancienne base aérienne de Frescaty ? Photo Pascal BROCARD
Le FC Metz a été le premier à travailler sur le sujet Frescaty. Pour son président, il faut même que cela se fasse vite.
De quelle manière êtes-vous lié au projet ? « Nous avons été les premiers à travailler sur le sujet il y a un an et demi ! Les infrastructures du club méritent d’être améliorées, tout le monde peut en convenir. »
• L’état des lieux ? « L’entraînement doit être repensé. Nous avons les professionnels d’un côté, le centre de formation de l’autre. Il manque des terrains synthétiques et notre handicap est grand en hiver alors que les vestiaires de Saint-Symphorien ne sont pas vraiment aux normes du niveau qui est le nôtre par rapport aux autres. Dans le domaine médical par exemple. »
• Le centre de formation se sent à l’étroit. Vrai ? « Totalement ! Car son activité se développe au travers de notre formation internationale de joueurs et d’entraîneurs. Nous sommes en partenariat avec la Chine (Chengdu), Singapour, l’Inde et New Dehli, le Sénégal… Nous développer est devenu une nécessité. »
• L a base aérienne de Frescaty serait-elle un bon plan ? « Un lieu parfaitement adapté. Déjà maintenant, il existe des infrastructures d’hébergement avec des chambres individuelles, de restauration, qui ne servent pas. Il existe beaucoup de surfaces où l’on pourrait associer terrains engazonnés et synthétiques. Les halls, qui servent à l’aviation, sont gigantesques. Ils n’ont pas d’équivalents en France. Il y aurait peu d’investissements à faire pour une salle couverte. »
• Prêchez-vous pour votre paroisse grenat ? « Pas seulement, ces installations profiteraient aux autres clubs de foot de la région. Ils sont demandeurs. L’hiver, ils connaissent les mêmes problèmes que nous. »
« Regrouper »
• Avez-vous des propositions concrètes ? « Elles ont été envoyées au Conseil général de la Moselle, à la Région lorraine et à la ville de Metz avec un chiffrage. »
• Justement, dans quelle mesure le FC Metz peut-il mettre la main à la poche ? « On ne pourra pas tout financer. Il faudra que l’on soit accompagné. »
• Donc Bernard Serin à fond pour Frescaty ? « Ce projet nous intéresse, immédiatement même ! On peut regrouper des centres de formation, des camps d’entraînement. Le Conseil général pourrait installer et développer la Moselle Sport Académie. Certains lieux pourraient être communs. »
• Le FC Metz partagerait-il ? « Un club professionnel comme le nôtre doit avoir des disponibilités 24 heures sur 24, mais plein de choses peuvent être communes : salles de musculation, le médical ou le scolaire, et d’autres équipements peuvent se mutualiser. A Frescaty, on ne part pas de rien. Ce serait à moindre coût. »
• Les collectivités ont-elles été réceptives au FC Metz ? « Oui, une écoute favorable et de l’ambition avec le Conseil général. Cela peut et doit se faire rapidement. Les installations actuelles, faute de chauffage ou de gardiennage, peuvent se détériorer rapidement. Il faut absolument assurer la conservation du bâti existant. »
A. T.
