Après ça, le plus dur consistera peut-être à calmer les ardeurs et à expliquer que Metz vient seulement de mettre un terme à quatre matches d’insuccès, ce qui lui permet juste de se replacer sur les bons rails, au pied du podium. Le classement peut constituer une aide précieuse : bien que nettement battu, hier soir, à Saint-Symphorien, Nîmes précède toujours les Lorrains au classement. Il fallait bien que quelqu’un ou quelque chose joue les rabat-joie, au terme d’une soirée si propice à l’emballement que même Le Havre, ce concurrent dans la course à la montée, a perdu face à un mal-classé.
Il faudrait pourtant compter parmi les atrabilaires les plus coriaces pour ne pas reconnaître à la première victoire de Metz en 2010, à son scénario et à sa distribution, des vertus curatives et des désirs d’avenir. C’est comme si le recrutement de Sylvain Wiltord avait sorti Metz de l’ordinaire, en transformant son visage et en la dotant d’une efficacité nouvelle, celle-là franche et incontestable. L’ancien attaquant des Bleus a d’ores et déjà montré qu’à trente-cinq ans, bientôt trente-six, un joueur de son talent avait sûrement raison de tenter le pari de la Ligue 2, faute de mieux. Double buteur dès son premier match sous ses nouvelles couleurs, il a été l’artisan d’une victoire que les Messins ont obtenue en allant de l’avant, avec audace et sans paniquer : il faut aussi se souvenir que c’est une frappe de Jérémy Pied qui a remis Metz en selle, une poignée de secondes après une drôle d’égalisation de Nîmes, fraîchement réduit à dix.
La belle histoire a donc démarré comme un conte pour enfants : dix minutes de jeu seulement, et déjà 1-0, but de Wiltord. Là où d’autres ont besoin d’une avalanche de possibilités pour ne même pas en concrétiser une, la nouvelle vedette du FC Metz a poussé au fond des filets nîmois son premier ballon chaud, d’un intérieur du droit, au deuxième poteau, au bout d’un centre puissant de Pascal Johansen dévié par Alphousseyni Keita. C’est fou comme un joueur change tout, parfois : la perception d’une équipe, l’ardeur de ses partenaires, l’ambiance d’un stade et même, rétroactivement, le jugement sur les attaquants partis.
L’ensemble procure un bien fou, mais il faut rappeler que Wiltord ne jouera pas le match en retard programmé mardi à Angers !
En vingt-et-une rencontres, Metz n’avait inscrit que deux malheureux buts dans le premier quart d’heure. Puis Sylvain Wiltord est arrivé, et ça va tout de suite mieux.
Pied a frappé
Il est en revanche une constance que l’arrivée de l’ancien international n’a pas bouleversée, c’est celle de voir les Messins l’emporter à chaque fois qu’ils ouvrent le score. Nîmes en infériorité numérique logique après l’exclusion de Jonathan Ayité, venu essuyer son pied droit sur le tibia de Julien Cardy à cinq minutes de la pause, l’affaire semblait tomber sous le sens, même si Razak Omotoyossi n’avait pas été récompensé de ses efforts, remarquables et remarqués. C’est à peine si le but de Bahi Aït a bouleversé le bon ordonnancement de la soirée, à la réception d’un coup franc de Moukandjo : tout juste a-t-il rappelé Metz à ses oublis défensifs, qui persistent. Dans la foulée, bénéficiaire d’une remise de Victor Mendy, Jérémy Pied a placé une frappe de l’extérieur du droit déviée par Poulain, assez pour éviter aux Lorrains de cogiter.
En seconde mi-temps, Metz a montré de la suite dans les idées : quelques frayeurs devant son but, et Sylvain Wiltord devant le but nîmois ! Décalé par Jérémy Pied, venu s’imposer dans les pieds de Benoît Poulain, le numéro neuf messin a cette fois armé son pied gauche (54 e) pour glisser le ballon sous Nicolas Puyedebois, sa première victime en 2010. Là-dessus, Wiltord est sorti pour souffler, et il a constaté combien la dernière demi-heure pouvait se révéler pénible, sans lui. Peu ménagé par sa défense, Christophe Marichez a même été sauvé, deux fois, par ses poteaux : sur une tentative de Jean-Jacques Mandrichi (73 e) puis une autre de Benoît Poulain (83 e). Metz chanceux ? Jusqu’où va se nicher l’effet Wiltord !
Sylvain VILLAUME.