
A l’image de Vincent Bessat, les Messins ont de quoi se prendre la tête. Mais il reste une chance infime de succès et il va falloir lutter aussi contre l’idée du renoncement. Photo Pascal BROCARD
Metz vient de gâcher, en un seul match, l’occasion idéale de rattraper des semaines de surplace. Le tableau est sombre, les dégâts considérables, la situation désespérée. Faut-il, pour autant, renoncer à tout espoir ?
La défaite concédée vendredi soir face à Arles-Avignon vient confronter Metz à sa sinistre réalité : il faut que le mal soit profond pour ne pas remporter un match aussi bien embarqué, en supériorité numérique et en menant 1 à 0 devant 23 000 fans, face à une équipe possédant le vice pour principale vertu, la hargne pour moteur et Laurent Paganelli pour supporter. La possible promotion des Provençaux présente au moins un mérite : elle atténue les regrets éventuels à l’idée de ne suivre que de très loin cette Ligue 1 où Metz n’a vraiment rien à faire.
Dans son scénario, la soirée de vendredi a confirmé ce qu’il était permis de croire, en sourdine en attendant vérification : il est bien tard pour vouloir changer, à un mois du verdict, la destinée d’une équipe déboussolée, mental effrité, condition physique consternante, sens tactique perturbé, niveau général abaissé, valeurs individuelles variables. Ce n’était pas faute d’être prévenu mais, au lieu de tirer les leçons de l’échec du printemps 2009, Metz a préféré ne rien changer à temps, au point de nier l’existence des ressemblances avec cet encombrant passé. Aujourd’hui, le boomerang n’en revient que plus fort, en pleine poire.
Il y a un an, rentré d’Ajaccio avec une défaite et après un sixième match de rang sans victoire, Metz pouvait encore croire à la montée, à condition de gagner la rencontre suivante 14 à 0 pendant que ses trois concurrents directs s’inclineraient : il restait alors une journée de championnat et, bien entendu, le miracle n’avait pas eu lieu. Cette fois, avant de se rendre à Ajaccio, il reste quatre journées et douze points à prendre : la situation n’est pas si désespérée ! Un succès vendredi en Corse cumulé à une défaite d’Arles-Avignon (face à Nantes) et de Clermont (face à Bastia) replacerait les Lorrains dans la course. On peut toujours rêver ? « Nous ne sommes pas bêtes, assure Stéphane Borbiconi, nous savons bien qu’eux sont dans une dynamique favorable, et nous dans une mauvaise spirale. En plus, là, nous venons de prendre un coup sur la tête. Mais nous n’avons pas le droit de renoncer, au contraire, nous devons commencer par aller gagner à Ajaccio dans l’espoir d’un faux pas de nos adversaires. »
La comparaison autorisée
C’est curieux, mais quelque chose nous dit que la comparaison avec la saison dernière va de nouveau redevenir un sujet autorisé, et même encouragé, ces prochains temps, du côté de Saint-Symphorien. Il s’agira de montrer que deux des trois promus en Ligue 1, la saison dernière, se trouvaient au pied du podium, en 2009, à l’issue de la trente-quatrième journée. Boulogne-sur-Mer et Montpellier comptaient respectivement un et deux points de retard sur Metz, alors troisième, deux et trois points de retard sur Strasbourg, alors deuxième, avant de finalement les doubler. Les écarts ne sont pas les mêmes, aujourd’hui, et il ne reste plus qu’un fauteuil pour quatre, mais la seule survivance d’une infime chance de succès suffit à vouloir la jouer à fond, avec une forme d’énergie du désespoir. C’est un peu tout ce qu’il reste, après huit longs matches passés sans la moindre victoire.
Héritant sur le tard d’une équipe physiquement corrodée, au mental fragile, assez naïve pour offrir deux buts à un adversaire peu dangereux et assez bête pour se laisser transpercée par une équipe évoluant en infériorité numérique, Joël Muller va au-devant d’une difficulté supplémentaire : celle de maintenir mobilisés des joueurs possiblement détournés de la cause collective au profit de leur seul cas personnel, dont une douzaine arrivent en fin de contrat. C’est dire si sa mission est à l’image de la montée de Metz en Ligue 1 : impossible ! En attendant, il a donné rendez-vous à tout ce petit monde lundi à 9 h, pour un entraînement à 9 h 30. L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt.
Sylvain VILLAUME
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Wiltord : "C'est incompréhensible"
« Il y a quatre victoires à aller chercher », affirme Sylvain Wiltord, qui n’évoque pas son avenir messin au-delà de cet horizon.
Sylvain Wiltord s’exprime peu, voire pas. Après avoir forcé sa nature, au moment de son arrivée à Metz, au point de donner l’image d’un communicant généreux, l’attaquant international aux 92 sélections en équipe de France n’avait plus effectué qu’une sortie médiatique, ces dernières semaines, sur le plateau de Canal +, pour qui il travaillera pendant la Coupe du monde. Ceci est donc une exception, accordée à l’issue de la défaite messine face à Arles-Avignon…
• Comment expliquer une telle défaite, dans un match que Metz menait 1 à 0 face à une équipe réduite à dix ? « C’est incompréhensible. Au bout de vingt minutes, nous aurions pu mener 2 ou 3-0 et nous avions la chance de jouer à onze contre dix. Inconsciemment, cette situation a peut-être entraîné un excès de confiance. Il y avait aussi cette pression grandissante au fil des minutes, notre jeu s’est liquéfié, le jour et la nuit… »
« Je ne pense pas perso… »
• Avez-vous anéanti vos chances d’accession ? « Ce n’est pas fini, non. Il reste quatre matches, quatre victoires à aller chercher. A force de griller tous nos jokers, nous n’en avons plus aucun et nous devons attendre le faux pas des autres. Mais nous avons montré pendant une demi-heure que nous étions capables de bonnes choses : appuyons-nous là-dessus. »
• Votre calendrier n’est pas spécialement favorable… « Que ce soit Ajaccio, Angers, Caen, Vannes, il nous faudra prendre trois points à chaque fois, et le calendrier n’a aucune importance. Notre série actuelle de huit matches sans victoire a engendré cette situation, c’est embêtant, mais nous n’avons plus le choix. »
• Vous avez rejoint Metz, fin janvier, pour « prendre du plaisir ». Prenez-vous vraiment du plaisir ici ? « Des fois, oui ! Des fois, c’est plus difficile, il est dommage de ne pas s’en remettre plus souvent aux bases, à un jeu simple. C’est aussi la Ligue 2 qui veut ça : il s’agit de combats, de défis physiques. Mais à moins de demander à être automatiquement promus en Ligue 1, il faut bien en passer par là… »
• Vous imaginez-vous un avenir à Metz au-delà de cette saison ? « L’avenir ? L’avenir, ce sont les quatre derniers matches. Nous verrons ça après, tranquillement. Pour l’heure, je ne pense pas perso, je ne pense qu’au groupe, à bosser pour s’accrocher à ce qu’il nous reste d’espoir. »
S. V.
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FC METZ EXPRESS
Tableau de bord. Hier : séance de décrassage pour les titulaires de Metz - Arles et entraînement. Aujourd’hui : repos. Demain : entraînement à 9 h 30.
D’un match à l’autre. Dernier match : Metz - Arles-Avignon (34 e journée de Ligue 2) : 1-2. Prochain match : Ajaccio - Metz (35 e journée) vendredi 30 avril (20 h). A suivre : Metz - Angers (36 e journée) lundi 3 mai (20 h 45).
A l’infirmerie. La saison de Frédéric Biancalani (fracture d’un orteil) est probablement terminée. Hier, Julien Cardy (cheville), Razak Omotoyossi (cuisse), Romain Rocchi (cuisse) et Adama Tamboura (pied) ont soigné des douleurs d’après-match.
Suspendu. Matheus Vivian (3 avertissements) purgera une suspension d’un match à l’occasion de la prochaine journée.
