Youssef Mokhtari a jailli au deuxième poteau et dans le temps additionnel pour offrir au FC Metz la victoire de l’espoir… Photo Pascal BROCARD
Metz, par Youssef Mokhtari, est allé chercher dans le temps additionnel une victoire sur Angers et sur lui-même qui maintient l’espoir, la première depuis le 1 er mars. La pression est aujourd’hui sur Arles et Clermont.
Arlésiens, Avignonnais et Clermontois ont longtemps cru pouvoir dormir sur leurs deux oreilles, la nuit dernière : ils pensaient ne plus rien risquer de Metz, et pas davantage d’Angers. Avancé au lundi, ce qui a eu le don de vider la soirée de tout suspense en multiplex et de vider Saint-Symphorien dans un même élan, Metz - Angers a longtemps permis d’expliquer par l’absurde de son contenu l’incongruité de la lutte pour la troisième place qualificative pour la Ligue 1. Et puis, Metz a gagné à la fin. Ce n’est pas la victoire la plus limpide des treize remportées jusqu’ici, ni même la plus méritée, mais elle possède au moins une vertu : Metz vit encore. Dans son cas, cela relève de la survie.
Parce que le printemps messin se veut suffisamment pathétique, il paraît plus raisonnable de passer sous silence le spectacle non offert en première mi-temps par les équipes classées aux cinquième et sixième places de cette imprévisible Ligue 2. Juste un chiffre : 1, comme le nombre de tirs cadrés, pardon, de tir cadré (par Vincent Bessat, à la 17 e, sur lequel Jean-Daniel Padovani s’est réchauffé les mains).
Ensuite ? Plus rien, jusqu’en deuxième mi-temps où, comparé à ce qui ne s’était pas passé avant, les huit mille égarés de Saint-Symphorien auraient pu se croire devant un film d’action(s). Pas un chef-d’œuvre, cela va de soi. « Même si nous avons été fébriles, même si nous n’avons pas été bons, il faut le dire, nous avons eu le mérite de ne pas lâcher », résume le défenseur messin Matheus Vivian.
A deux reprises, ce sont les Angevins qui ont failli offrir aux Lorrains le bonheur d’un but : sur un corner de Jérémy Pied repris de la tête par Romain Rocchi, mais la malencontreuse déviation de Charles Diers a rebondi sur Padovani (46 e) ; sur un coup franc de Bessat, la tête du capitaine angevin Michaël Stephan a trompé son propre gardien, mais le ballon a filé en corner (50 e).
La peur a changé de camp
A l’heure de jeu, Angers s’est retrouvé à dix après l’exclusion de Sébastien Renouard, écourtant son retour au pays d’un tacle très en retard sur Pied mais, bien sûr, cela n’a pas changé grand-chose. Notamment à la maladresse désormais proverbiale qui frappe Metz au printemps : héritant d’un long ballon de Sylvain Wiltord dévié par Diafra Sakho, tout juste entré en jeu, Victor Mendy a frappé au-dessus, bien qu’en position idéale, esseulé face au but ouvert (82 e).
Par bonheur, Sissoko a sauvé la mise face à Keseru, sur un centre de Philippe Brunel (83 e), puis le poteau a renvoyé une frappe d’Olivier Auriac (88 e). C’est alors que le temps additionnel a tout changé, une manie locale. Mais dans le bon sens, cette fois. Sur une dernière relance intelligente, à la main, de Oumar Sissoko, venu suppléer Christophe Marichez au débotté, Cheikh Gueye a remonté tout le terrain, trouvé Mario Mutsch et le centre du Luxembourgeois, comme à Ajaccio trois jours plus tôt, s’est avéré décisif : au bout, il y avait cette fois Youssek Mokhtari, entré à l’heure de jeu, pour jeter son pied gauche (90e+3).
Le premier but messin de l’international marocain permet à Metz de stopper une série d’insuccès de neuf matches et de remporter une victoire, enfin, ça n’était plus arrivé depuis le 1 er mars. Il faudrait toujours un sacré concours de circonstances pour monter, mais cette perspective existe encore, au moins jusqu’à ce soir, et il faudra aller gagner vendredi à Caen si Metz survit au reste de la trente-sixième journée. Un jour, peut-être, Arles-Avignon et Clermont se mettront à perdre. C’est même aujourd’hui ou jamais, maintenant que la peur a changé de camp : ce soir, tout Metz crie : allez Châteauroux, et allez Le Havre, à s’en exploser les cordes vocales ! Sait-on jamais…
Sylvain VILLAUME.
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Mokhtari au bout de la nuit
Soirée difficile pour Sylvain Wiltord. Photo Pascal BROCARD
Entré en cours de jeu, le Marocain a tiré son équipe de sa torpeur dans le temps additionnel. Premier but du milieu de terrain messin…
LA DÉFENSE
Sissoko. Titularisé en dernière minute en lieu et place de Marichez, il n’a pas eu grand-chose à faire en première période. La frappe de Keseru (83 e) lui a permis de signer sa première véritable intervention. Sa main n’a pas tremblé, à l’inverse du poteau qui a renvoyé le tir d’Auriac (88 e). Sa relance rapide vers Gueye, à l’issue d’une sortie aérienne, a abouti à l’ouverture du score messine dans les derniers instants de la partie.
Gueye. On ne pourra pas lui reprocher de s’être caché. Son abnégation a fini par être récompensée : auteur d’une grande remontée dans le temps additionnel, il a eu la clairvoyance nécessaire pour décaler Mutsch, passeur décisif pour Mokhtari.
Borbiconi. Sa fébrilité était palpable dans les premiers instants de la soirée. Moins exposé après la pause, il en a profité pour se rassurer.
Vivian. Hésitant dans ses relances. Sa combativité lui a permis de s’en sortir sans encombre.
Mutsch. Le Luxembourgeois avait du jus. Suffisamment pour accompagner Gueye sur sa remontée dans les tous derniers instants de la partie et servir Mokhtari au second poteau.
LE MILIEU
Pied. Il a longtemps cherché sa place dans les débats, commettant un nombre de fautes inhabituel. Il ne l’a trouvée que par intermittence : ses corners ont été à l’origine de quelques situations chaudes devant le but angevin. Blessé, il a cédé sa place à Youssef Mokhtari (60 e). Auteur d’une rentrée timide, celui-ci a quitté le terrain dans la peau de l’homme du match. Il s’est jeté pour reprendre le centre de Mutsch et marquer (90 e+3).
Cardy. Son coup franc, lointain, a bien failli trouver la cible, mais Padovani a écarté le ballon qui prenait le chemin de la lucarne (54 e). Pour le reste, pas grand-chose à signaler : capitaine d’un soir, Julien Cardy est resté d’une grande discrétion au-delà de la ligne médiane.
Rocchi. Poussif et emprunté au cours des quarante-cinq premières minutes, il s’est réveillé après la pause. Deux coups de tête, sur des corners de Pied, lui ont permis de se distinguer, mais aucune de ses tentatives n’a abouti (46 e, 50 e). Il a replongé dans l’anonymat avant de céder sa place à un attaquant, Diafra Sakho (69 e). Auteur d’une tête cadrée mais captée par le gardien angevin.
Bessat. Durant le premier acte, son esprit d’entreprise a contrasté avec l’apathie de l’ensemble messin. Il a d’ailleurs signé l’unique frappe cadrée de la première période, à l’issue d’un relais avec Victor Mendy (17 e). Padovani était sur le chemin. Il a manqué de carburant pour poursuivre sur cette voie après le repos. Remplacé par Thibaut Bourgeois (76 e).
L’ATTAQUE
Mendy. Il n’a pas compté les kilomètres. Hélas, il a encore montré trop de maladresse dans le geste final, comme sur ce service involontaire de Sakho. Seul à l’entrée de la surface angevine, il a complètement manqué sa frappe. Le ballon est allé se perdre dans les tribunes de Saint-Symphorien.
Wiltord. Sa frappe trop molle et non cadrée (32 e) a symbolisé sa prestation. Trois jours après son apparition sur la pelouse d’Ajaccio, l’attaquant messin était visiblement encore émoussé.
Cédric BROUT.
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Matheus Vivian : « Une réaction d’orgueil »
Lucide sur la qualité de la prestation fournie par son équipe, le défenseur messin s’accroche à l’essentiel : la victoire.
• Cela a été très dur mais au final, Metz renoue avec la victoire… « Oui et elle fait du bien. Ça fait longtemps qu’on la cherchait. La réussite n’était pas de notre côté ces derniers temps et il faut avouer que nous en étions en partie responsables. Mais là, nous avons eu la réaction d’orgueil nécessaire. »
• Peut-on dire que Metz survit encore ? « Le plus important, c’était de gagner. Nous voulions quitter le terrain la tête haute, c’est fait. Les chiffres et le classement, on en parlera plus tard. »
• Vu des tribunes, votre équipe a montré deux visages. L’un fébrile en première période, l’autre plus entreprenant après la pause ? « Ce qui est sûr, c’est que nous ne gérons pas bien la pression, elle nous amène à la précipitation, à un manque d’enthousiasme. Un peu comme si nous étions freinés par les moments difficiles que nous traversons. Je ne suis pas persuadé que nous avons été meilleurs en seconde période, mais au moins, nous avons affiché un bon état d’esprit jusqu’à la fin. Si ça n’avait pas été le cas, Youssef Mokhtari ne se serait pas arraché pour marquer ce but. Ce soir, personne n’a triché. »
• Peut-on considérer cette victoire à l’arraché comme un message adressé au troisième, Arles-Avignon ? « Non, le message est pour nous, le staff, les dirigeants et les supporters qui croient en nous. Mais j’espère que Châteauroux va sortir un grand match. Je fais confiance à un copain, Romain Brégerie… »
C. B.
REACTIONS :
Youssef Mokhtari (milieu de terrain de Metz) : « Mon but me fait plaisir, il est important car il nous permet de renouer avec la victoire. Avant le match, nous étions un peu tendus, mais nous avons été solidaires et nous avons été récompensés. »
Oumar Sissoko (gardien de Metz) : « J’ai appris que j’étais titulaire quelques minutes avant le coup d’envoi en raison de la blessure de Christophe Marichez (lire par ailleurs). Je n’étais pas vraiment échauffé, mais bon ça a été… C’était un match super important, on l’a remporté. Maintenant, il nous reste à espérer une contre-performance d’Arles-Avignon. »
Jean-Louis Garcia (entraîneur d’Angers) : « Bien sûr, il y a beaucoup de regrets, mais cette partie est à l’image de notre saison. A dix contre onze, nous avons de belles occasions et ce match aurait même pu basculer en notre faveur. En voulant le gagner, nous l’avons perdu, et c’est frustrant car sept points sur les trois derniers matches auraient pu nous suffire. »
Thibaut Bourgeois (attaquant de Metz) : « Il y avait beaucoup de sourires, beaucoup de joie dans le vestiaire après le match : cette victoire nous fait beaucoup de bien. Finalement, c’est une bonne chose d’avoir joué avant les autres, ça leur met la pression. Ce but dans le temps additionnel, après celui marqué à Ajaccio, montre que la route est peut-être en train de tourner et que nous ne sommes pas décidés à lâcher. »
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