En une petite semaine, Ahmed Kashi et Mayoro N’Doye sont passés d’une enceinte de Saint-Symphorien bouillonnante à l’inimité d’un stade d’Uzès bordé par des platanes. Photo Fabrice ANDRES (Le Midi Libre)
Sur la pelouse d’Uzès, vendredi soir, le FC Metz a véritablement pris la mesure de ce que peut représenter le championnat de France de Troisième division.
L’histoire de la ville, surnommée la Belle Pierre, se lit à chaque coin de rue, au détour de la moindre petite ruelle. Située à quelques kilomètres seulement d’Alès, Nîmes et Avignon, Uzès invite à la flânerie sur ses petites places ombragées, à la méditation dans son jardin médiéval et à un plaisant plongeon dans le temps grâce à ses façades des XVI e et XVIII e siècles, sa cathédrale, son palais ducal et ses châteaux.
Un peu à l’écart de ce décor de carte postale se "dresse" le stade Louis-Pautex, nommé ainsi en hommage à la gloire locale, un marathonien ayant participé aux Jeux Olympiques de Stockholm en 1912. Une enceinte d’à peine plus de 600 places assises où le FC Metz était invité à disputer la septième journée du championnat de National. Un cadre pittoresque, champêtre même, qu’une trentaine de courageux supporters messins ont découvert en même temps que leurs favoris.
« Ne pas se retrancher derrière cette excuse »
Un terrain exigu jonché de feuilles car protégé par d’imposants platanes empêchant, à certains endroits, d’apercevoir les poteaux de corner. Une pelouse bosselée, légèrement en pente, ayant visiblement perturbé les hommes d’Albert Cartier par instants. « C’est vrai que cela ne nous a pas aidés, reconnaît l’entraîneur lorrain. Mais il n’est pas question, pour autant, de se retrancher derrière cette excuse. Aider mes joueurs à relativiser ce résultat nul par d’éventuelles circonstances atténuantes, cela ne m’intéresse pas. Je ne suis pas dans cette logique. »
Au moins Grégory Proment et ses partenaires sont-ils prévenus. Plutôt épargnés jusqu’ici à travers des déplacements à Boulogne, Vannes et Quevilly (sur le terrain de Rouen), ces derniers ont eu un éloquent aperçu de ce qui les attend cette saison. « Ce genre de match et d’ambiance, nous allons les retrouver et devoir faire avec », souligne Albert Cartier. Et ce dès samedi prochain à Fréjus.
Un nouveau rendez-vous en terre inconnue. Des territoires inexplorés par le FC Metz où l’on peut mesurer le gouffre qui sépare la Troisième division nationale du monde professionnel. Rien que pour ça, les Messins se doivent d’assurer leur remontée immédiate au mois de mai prochain. Car aussi sympathiques soient-elles, cette ambiance, cette atmosphère – sans vouloir faire offense aux Uzétiens et consorts – suggèrent l’amateurisme. En dehors du terrain en tout cas, puisque les hommes de Samuel Cruz, qui ont prolongé leur soirée au fast-food du coin, ont donné bien du fil à retordre au leader messin.
De fil, il en fut également question avant la rencontre. Un fil électrique (et sa multiprise) prêté généreusement par un spectateur afin d’alimenter "l’emplacement" dédié aux journalistes. Des spectateurs, pour certains installés sur le toit de bâtiments entourant le stade, également invités à récupérer, à l’occasion, les ballons ayant quitté l’enceinte de Louis-Pautex. Neuf pour être très précis. Du coup, pas question d’espérer jouer rapidement une touche, d’autant qu’aucun ramasseur de balle n’avait été invité à la fête.
Reste que le maigre public uzétien, souvent silencieux, a fait preuve d’un comportement exemplaire. Pas d’excités, juste de vrais amateurs de ballon rond qui n’ont plus assisté à la moindre défaite de leur équipe depuis janvier 2011. Louis-Pautex ? Champêtre, mais imprenable. Bienvenue en National !
Jean-Sébastien GALLOIS.
Albert Cartier : « Nous ne sommes pas à l’arrêt »
S’il ne se satisfait pas du résultat nul concédé sur la pelouse Uzès, l’entraîneur du FC Metz veut retenir l’état d’esprit de son équipe.
Vous redoutiez ce déplacement à Uzès et notamment l’atmosphère particulière autour du stade Louis-Pautex. Bilan ? « Nous avons été très bien accueillis par les responsables du club. Et sur le terrain, ce fut un match engagé mais respectueux. Avec beaucoup de rigueur, mais aucune violence. Ce ne fut donc pas le traquenard que nous aurions pu craindre. »
• Votre équipe y a cependant abandonné ses premiers points cette saison… « C’est vrai. Et il faut, en premier lieu, féliciter cette équipe d’Uzès qui a fait preuve d’une énorme générosité. Et cela doit être une source d’inspiration. Il faut savoir prendre ce qu’il y a de bon dans chaque formation. S’inspirer donc de son sens du sacrifice : j’ai vu des joueurs uzétiens, à la limite de la rupture, s’accrocher jusqu’au bout. Même menés à la marque, ils ne se sont pas écroulés et ont trouvé les ressources pour égaliser. C’est donc que nous ne sommes pas parvenus à leur faire aussi mal que nous aurions voulu. Nous sommes tombés sur un adversaire très valeureux qui nous a mis en difficulté. Il faut l’accepter. »
• Pour autant, le FC Metz n’a pas réalisé sa plus belle performance de la saison. Une explication ? « En première mi-temps, nous avons souffert dans l’impact et l’animation. Nous ne sommes pas parvenus à gagner nos premiers ballons pas plus que nos deuxièmes ballons, ce qui est tout même un peu inquiétant. Peut-être que nous aurions mérité un peu mieux au regard de notre seconde période, qui fut plus intéressante. »
« Se remettre en question »
• Il existe donc des points positifs à retenir ? « Oui, à commencer par le fait d’être parvenu à ouvrir le score dans un tel contexte. D’ailleurs, si nous étions parvenus à faire en première mi-temps ce que nous avons réalisé durant les dix dernières minutes, notamment au niveau de l’intensité, nous aurions certainement deux points de plus aujourd’hui. Ce n’est pas le cas, mais je veux retenir notre état d’esprit : même après l’égalisation, nous avons continué à pousser afin d’inscrire un deuxième but. C’est très intéressant ».
• Moralité ? « Il faut tout de même nous remettre en question. Comme nous devons le faire à l’issue de chacune de nos rencontres. Ce résultat nul ne satisfait absolument personne au FC Metz. Nous avions vraiment à cœur de poursuivre notre belle série de victoires. Cela dit, nous avons été simplement ralentis. Nous ne sommes pas à l’arrêt. »
J.-S. G.
Fc Metz express
Tableau de bord. Hier : retour d’Uzès en avion dans la matinée; une séance d’entraînement dans l’après-midi. Aujourd’hui : repos. Demain : une séance à 17h.
D’un match à l’autre. Dernier match : Uzès-Pont-du-Gard - Metz (7 e journée), vendredi 14 septembre : 1-1. À suivre : Épinal - Metz (8 e journée), mardi 18 septembre à 20h30 ; Fréjus/Saint-Raphaël - Metz (9 e journée), samedi 22 septembre à 19 h ; Bastia (L1) - Metz (16 es de finale de la Coupe de la Ligue), mardi 25 septembre à 20 h.
A l’infirmerie. Touchés lors de la rencontre à Uzès, Johann Carrasso (luxation acromio-claviculaire) et Bouna Sarr (entorse de la cheville) sont restés aux soins hier. Deux blessures qui, selon le staff médical messin, n’inspirent pas d’inquiétudes particulières. Les deux joueurs en seront plus demain. Albert Baning (cuisse) est en phase de reprise, alors que Michel Lê (genou) est à l’arrêt.
Suspendu. Ayant reçu trois avertissements en moins de dix rencontres, Romain Métanire sera suspendu, mardi, à l’occasion de la venue d’Epinal à Saint-Symphorien.
Buteurs. En National : N’Gbakoto, Keita, Sakho ( 4 buts) ; Gueye, Kehli, Mané (transféré à Salzbourg), N’Doye, Sarr ( 1).
Metz s’en contentera (CFA)
L’équipe messine, au sein de laquelle évoluait une très forte concentration de joueurs professionnels, éprouvait d’énormes difficultés à entrer dans sa rencontre.
Les premiers à se montrer dangereux étaient d’ailleurs les Compiégnois. Sur le coup franc de Martins, M’Fa, vigilant, boxait parfaitement le ballon des deux poings (14 e). L’action suivante, deux minutes plus tard, aurait pu être le tournant du match. Moukam, idéalement placé, tentait sa chance mais voyait un adversaire toucher la balle de la main sans que l’arbitre ne le sanctionne et désignait le point de penalty (16 e). Cassan se chargeait ensuite d’exécuter un coup franc qui rasait la transversale (29 e). À la demi-heure de jeu, les Mosellans ouvraient la marque par Bourgeois sur une passe de N’Dour mais l’attaquant messin était signalé en position de hors-jeu et le but était refusé (30 e). Les Grenats multipliaient les occasions et, sur un corner de Croizet, Bamba plaçait sa tête mais était sanctionné par l’arbitre pour s’être appuyé (32 e).
« Il y avait la place »
Lors du corner qui suivait, Wagué, de la tête, obligeait le portier compiégnois Birck, à s’employer (34 e). Malgré toutes ces possibilités, les protégés de José Pinot ne trouvaient pas la faille et la pause arrivait sur ce score de parité. Metz se faisait ensuite peur (64 e). Un énorme cafouillage devant la cage d’M’Fa aurait, en effet, pu coûter cher aux Messins. Le gardien mosellan repoussait un nouveau coup franc de Martins (70 e) avant de voir le tir de Gaye passer à côté de son but (84 e). L’ultime action chaude était à mettre à l’actif des Messins.
Dans les arrêts de jeu, N’Dour était à la réception d’un coup franc de Croizet et contraignait Birck à sortir sa tête en corner (90 e+1). Aucune des deux équipes n’étant parvenue à débloquer son compteur, l’arbitre sifflait la fin de la partie sur ce résultat nul dont José Pinot « se contentera. Il y avait la place pour marquer mais entre la main oubliée et le gardien qui s’est employé… C’est le premier match où nous n’avons pas marqué mais aussi le premier où nous n’avons pas encaissé de but. Nous avons eu de belles occasions mais le cadre nous a échappé. » Les Grenats obtiennent donc deux points avant leur déplacement à Lens samedi prochain.
