Le monde du Western

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Palinodie
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Re: Le monde du Western

Messagepar Palinodie » 27 nov. 2014, 17:46

Est-ce que vous aimez les parodies ?
Vous, je ne sais pas, mais moi je trouve que c’est un genre très difficile et que bien souvent, quel que soit le sujet parodié, c’est souvent très inégal, bien sûr, on rigole de temps en temps, mais en général, le film (ou la série télé ou le bouquin) a du mal à tenir la distance.

Evidemment, il y a des réussites magistrales, Kaamelott est la 1ère qui me vient à l’esprit (surtout les 3 1ères saisons), « La Panthère rose » ou « y a-t-il un pilote dans l’avion » se voient avec plaisir, en France, « Les Visiteurs » ont fait un carton à juste titre, Mel Brooks qui a parodié quasiment tous les genres, horreur, space-opéra, policier, aventures, m’a bien fait rigolé lorsque ses films sont sortis dans les seventies, mais dans le western, je peine à trouver quelque chef d’œuvre parodique.
Faudrait sans doute que je revois « Blazzing Saddles »(Le sheriff est en prison) de Mel Brooks précédemment cité, mais par exemple « The Hallelujah Trail » (sur la piste de la grande caravane), une parodie de western de 1965 récemment diffusée sur TCM, avec pourtant des pointures comme Burt Lancaster, j’ai eu beaucoup de mal à la regarder jusqu’au bout et n’ai pas eu en tout cas le courage de la chroniquer ici.

Mais cette semaine, passait un western avec le nom de Blake Edwards au générique, mais si Blake Edwards, le gars qui a commis plein de parodies, dont « La panthère rose » citée plus haut.
Donc allons y pour « Waterhole n°3 », obscurément traduit en français par « l’or des pistoleros », il y a bien de l’or, mais aucun bandit mexicain, mais probablement que les distributeurs frenchies ont choisi ce titre pour être raccord avec ce qui était à la mode en ce temps là (1967), le western-spaghetti.

Le générique défile, déjà, ça commence mal, Blake Edwards n’est pas le director, mais simplement le producteur, ah c’est James Coburn l’acteur principal, ça va déjà mieux, parce que Coburn, en plus d’avoir été un des « Magnificent Seven » (les 7 mercenaires) en 1960 et l’éclaireur du « Major Dundee » en 1965, dans 2 très grands westerns, avait tourné également en 65 « Our Man Flint » (notre homme Flint) une très bonne parodie de James Bond.
Figurent également au générique Caroll O’Connor, un inconnu ici, mais une légende aux States dans la mesure où il a joué le lead character d’une série qui a cartonné outre-Atlantique entre 1971 et 1979, au point de détenir très longtemps le record de téléspectateurs, « All in the family » et 2 trognes bien connues des amateurs de western, Claude Akins et James Whitmore.

Finalement, ça ne s’annonce pas trop mal, les paysages et la photo sont plutôt grandioses dans les très nombreuses scènes tournées en extérieur, mais ça ne va pas durer longtemps, bon, l’histoire est ce qu’elle est, 3 types volent de l’or à l’armée, se séparent dans le but de se retrouver pour le partage du butin que l’un d’entre eux va cacher, un joueur (James Coburn) spécialiste du bonneteau (3 cartes, 1 à retourner, ne pas rater l’épisode de Kaameloot sur ce thème !) tombe en possession du plan de la cachette, le trou d’eau n°3 , au passage, il va voler le cheval d’un sheriff, et à cette occasion, impose une relation sexuelle à la fille du sheriff dans l’écurie.
Course poursuite sheriff/joueur/bandits, l’armée n’est pas loin non plus, il y aura une baston dans un bordel et une fin qu’on peut qualifier d’immorale puisque le joueur se barre avec l’or, laissant gros-jean comme devant les autres protagonistes.

Cela aurait pu être marrant, mais ça ne l’est pas, déjà une situation met mal à l’aise, le viol qui devient « a assault with friendly weapon « ( ligne extraite du film), en 2014, ça ne passe pas, c’est bien la preuve qu’on peut rire de tout, mais pas n’importe comment, la victime fille devenant au fur et à mesure du film de plus en plus amoureuse du « héros », c’est juste ridicule et tout le reste est à lavement, le père qui se préoccupe plus du vol de son cheval que de l’agression de sa progéniture, la bêtise abyssale des soldats, les p*tes qui sont ravies d’être des p*tes, c’est simplement lourdingue et beauf, James Coburn ou pas !

Allez, oublions ce western et parlons, une fois n’est pas coutume) d’un northern que j’ai vu très récemment, « Flukt », un film norvégien récent (2012) qu’évidemment les producteurs hexagonaux n’ont pas manqué de « traduire », non pas en fuite (traduction littérale), mais en « Dagmar, l’âme des Vikings » (of course, pas plus de Vikings ici que de pistoleros précédemment).

Northern, je viens de l’inventer, mais dans « Flukt », il y a l’immensité et la beauté sauvage des paysages, une région quasiment désertique soumise à la loi du plus fort, des hors-la loi impitoyables, 1 héros (en l’occurrence une héroïne) solitaire, de l’action, du suspense, des combats, bref tout ce qu’on peut retrouver dans un western, sauf que là, ça se passe au Moyen-âge en Norvège après qu’une épidémie de peste ait vidé le pays de la moitié de ses habitants.

Et ne me dites pas que la scène qui débute le film n’est pas typiquement westernienne, un chariot s’engage sur une piste au milieu de nulle part, mais qui devrait mener à une vie meilleure, nous faisons suffisamment connaissance avec les occupants de chariot (le père, la mère, une ado et un jeune garçon) lorsque survient une attaque brutale (ô combien) qui ne laissera que la jeune fille comme survivante, mais prisonnière.
Non pas des Indiens avec des arcs, mais d’une bande commandée par une femme, Dagmar, qui possède une arbalète et qui gouverne d’une poigne de fer ses acolytes masculins, en tout cas suffisamment pour que la jeune fille d’abord survive, puis ne soit pas immédiatement violée, et là c’est clair que ce ne sera pas friendly…

Au campement des outlaws, il y a également une petite fille que Dagmar considère comme sa fille et à qui elle tente d’inculquer « ses » principes, genre tu coupes un doigt à quelqu’un qui ne t’obéis pas immédiatement.
A ce stade, on est très inquiet pour la situation de la prisonnière, mais je ne vous dévoile pas le reste, sachant que vous avez/aurez probablement l’opportunité de voir ce film récent.

Sachez tout de même que, au fur et à mesure que l’histoire se développe, on comprend que Dagmar n’est pas simplement une psychopathe et qu’il y a une « explication » à son comportement, explication qui nous sera fournie en temps utile.
Le film est assez bien équilibré entre les scènes de tension, de poursuite, de « relâchement », du beau boulot.

En tout cas, j’ai marché, j’ai même couru, peut-être pas aussi vite que l’héroïne, alors que ce film, je l’ai complètement regardé par hasard, je ne savais même pas qu’il existait.
Les comédiens qui me sont évidemment totalement inconnus (du coup, pas d’anecdotes plus ou moins savoureuses) sont plus que crédibles, particulièrement celle qui joue Dagmar, quelle intensité.

Pour une fois, c’est peut-être vous qui allez m’apprendre quelque chose sur eux !

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Re: Le monde du Western

Messagepar DCD » 27 nov. 2014, 18:54

Les Visiteurs ? Une parodie ?

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Re: Le monde du Western

Messagepar Palinodie » 27 nov. 2014, 20:45

DCD a écrit :Les Visiteurs ? Une parodie ?
Disons une comédie avec quand même pas mal d'aspects parodiques concernant le Moyen-âge.
Tu croyais que c'était un film historique ?

(c'est pas mal, tu as lu jusqu'à la 6ème ligne)

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Re: Le monde du Western

Messagepar DCD » 28 nov. 2014, 08:44

Palinodie a écrit :
DCD a écrit :Les Visiteurs ? Une parodie ?
Disons une comédie avec quand même pas mal d'aspects parodiques concernant le Moyen-âge.
Tu croyais que c'était un film historique ?

(c'est pas mal, tu as lu jusqu'à la 6ème ligne)
Alors d'abord j'ai encore une fois tout lu.
Ensuite, nous sommes d'accord, "les visiteurs" est une comédie et non pas une parodie.
Enfin, je me demande ce que j'ai du écrire pour que tu sois rancunier à mon égard désormais.

(c'est assez moche de vieillir).

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Re: Le monde du Western

Messagepar Palinodie » 28 nov. 2014, 09:16

Bof, les classements... (réflexion paradoxale, j'en conviens, dans un topic consacré à un genre !)

Quand j'ai associé les Visiteurs à parodie, c'est mon ressenti immédiat/instinctif par rapport au souvenir que j'ai du film, pas ce qui est écrit dans Wikipédia (que par ailleurs j'utilise quotidiennement) ou autre part.
Toi, tu en as un autre, c'est tout aussi respectable !

Est ce qu'à chaque fois que qqun vanne qqun qui, de son côté n'en est pas avare non plus, c'est son côté rancunier qui ressort ?
De plus, tu es "mon" seul lecteur régulier authentifié/homologué, vais-je risquer de le perdre ?

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Re: Le monde du Western

Messagepar DCD » 28 nov. 2014, 10:45

Bon je te pardonne car je suis grand et bon.

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Re: Le monde du Western

Messagepar Palinodie » 11 déc. 2014, 15:33

Comme vous le savez (ou devriez le savoir), il y a des acteurs dont je ne suis pas fan, par exemple Marlon Brando et Richard Harris, dont j’ai du détailler quelque part la prodigieuse performance dans « The Deadly Trackers » cf. viewtopic.php?p=238364#p238364.

Ben tiens, cette semaine, je visionne 2 westerns dont l’un et l’autre sont les vedettes d’affiche, en plus ces 2 films sont tournés à peu près à la même époque, soit au début et en plein dans la période où le spaghetti western était le genre dominant, même s’ils ne font pas obviously partie de cette catégorie.

Branlon Mado, tout le monde connaît, c’est l’Actors Studio dans toute sa démesure, l’acteur doit être capable de se gratter le trou du c*l avec le plus grand naturel possible (je ne sais plus où j’ai lu cette citation, si ça se trouve, elle est de moi), du coup, c’est avec un certain scepticisme que j’ai démarré la projection de « The Appaloosa » (L’homme de la Sierra), un western de Sydney J Furie tourné en 1966.

C’est tourné au Mexique, en « vrai » Technicolor, avec une qualité d’image impeccable, chaque fois qu’il y aura des paysages à filmer, t’en prends plein la tête, même si le réalisateur s’est appliqué à filmer souvent n’importe quoi en gros-plan (c’est la mode en cette fin des sixties), ça peut être pertinent, mais utilisé à longueur de temps, ça tient plus du procédé que d’autre chose.

L’intrigue ? Un probablement (on n’aura pas beaucoup d’explications, à part dans la confession du début du film) ex-aventurier rentre chez lui , un bled à la frontière mexicaine, sur un magnifique cheval appaloosa, un étalon à partir duquel il compte faire un élevage de chevaux avec sa famille. Mais il se fait voler sa monture, alors qu’il était bourré (Brando, pas son cheval…), par un bandit mexicain qui de plus l’humilie. A partir de là, Brando n’aura de cesse que de récupérer son cheval, ce qui va le mener au Mexique.

Bizarrement, Brando la joue très mollasson, il est raconté dans un ouvrage qui lui est consacré qu’il n’était que moyennement intéressé par ce film, il ne quittait le bouquin qu’il lisait que quand il entendait le réalisateur gueuler « action » (le réalisateur, lui, a clamé qu’il s’était au moins une fois frité avec MB), ajoutons à cela qu’il n’a plus vraiment une taille de guêpe, du coup, on a du mal à croire qu’il peut être dangereux, John Saxon qui joue le chef mex multiplie les clichés du bandito hyper-macho et Emilio Fernandez (l’inoubliable Mapache dans « the wild bunch ») caricature à loisir le mexicain qui ne peut aligner 3 mots sans ricaner.

A part çà, ça peut se regarder, il y a quelques bons moments, le bras de fer avec des scorpions sur la table, les scènes avec le vieux berger, le physique de Anjanette Comer, la fille de l’histoire, et puis donc les paysages, mais bon, on sent bien quand même l’influence du spaghetti-western essentiellement européen sur le western amerloque !

Tiens, le second film, « Man in the wilderness » (le convoi sauvage)a été tourné en 1971 en Europe, en Espagne, notamment dans les Pyrénées espingouines,, donc un spaghetti-western ?
Ben non, à part le tic récurrent du réalisateur de filmer quasiment en permanence avec un procédé qui fait qu’on a l’impression que l’image est » brouillée », on ne retrouve pas les outrances du genre.

Même Richard Harris est étonnamment sobre dans son jeu (mais uniquement dans son jeu hein, parce qu’il était porté à mort sur la boutanche et ça a du picoler pas mal les soirs de tournage avec John Huston qui joue aussi dans ce film) et puis l’histoire est « solide », quoique relativement classique, et serait même, selon l’avertissement au générique de début, historiquement véridique.
Ouais, tirée de fait réels incontestablement (voir la vie de Hugh Glass sur Wikipedia), mais pas plus, faut pas exagérer.

En 1820, lors du retour d’une expédition qui ramène des trappeurs vers le Missouri avec leur bateau (rempli de fourrures) tiré par des mules jusqu’au moment où ils atteindront le fleuve, un trappeur est grièvement blessé par un grizzly. Ses compagnons conviennent d’atteindre qu’il meurt, car il est intransportable, commencent à creuser sa tombe, s’enfuient à cause de l’arrivée d’indiens présumés hostiles, les Arikarees (joués par des manouches espagnols), une tribu qui a vraiment existé et contre qui, par ailleurs, a été conduit, en 1823, la première vraie guerre contre les tribus de l’Ouest américain.
Le trappeur survit tant bien que mal tout en refaisant le point sur sa vie (nombreux flash-backs, eux aussi pas mal floutés) et va commencer à poursuivre l’expédition, probablement pour se venger.

Malgré le « massacre » de l’image cité plus haut, il y a quelques scènes saisissantes et ce dès le générique, quand on entrevoit, au milieu d’une forêt, le gréement d’un bateau ou la silhouette « hantée « (limite hollandais fantôme) du capitaine du vaisseau (joué par John Huston) ou la scène où un des trappeurs croit reconnaitre celui qui a été blessé, bref il y a de la matière, en tout cas, j’ai regardé ce film avec un plaisir non dissimulé.

Un petit mot sur RH : un irlandais, un vrai, qui aurait pu être un très bon joueur de rugby sans une grave blessure, poète à ses heures, amateur d’art, bringueur, bagarreur, mais bon, une certaine classe : par exemple, le jour où un toubib lui annoncé sa mort imminente s’il n’arrêtait pas de picoler, il s’est pointé dans un bar de luxe, a commandé 2 boutanches hors de prix et les a bues en disant que c’était la dernière fois qu’il se saoulait. Apparemment, il a tenu parole, puisqu’il est mort à un âge relativement avancé, c’est lui qui joue Dumbledore dans les 2 premiers Harry Potter.

2 films et aucun de descendu en flèche ! Comment est-ce possible ?

Bon, si t’insistes, je vais dire un mot sur « Chuka », en vf Chuka le redoutable (1967).
Et effectivement, la vision de ce western est redoutable…

D’abord parce que c’est une production fauchée de chez fauché :
Pour les quelques scènes en extérieurs, comme sans doute on ne disposait que de la superficie d’un terrain de foot, on a branché les ventilos, du coup, il y a une poussière monstre qui masque le paysage, t’entrevois quelques collines au fond, et c’est tout.
Le reste du film se passe dans un fort, mais là tu vois bien que c’est du fort de studio, notamment à cause des éclairages et puis aussi du sol (c'est limite du lino), si tu veux te faire une idée, tu regardes un épisode de Wild Wild West (les mystères de l’Ouest) qui se passe dans un fort, ça doit bien exister.

Le scénario assez simpliste ne déparerait pas la série citée plus avant, des indiens, pour obtenir des provisions afin de ne pas crever de faim, veulent attaquer un fort isolé, fort commandé par des officiers tous plus corrompus ou pleutres les uns que les autres. Et Chuka arrive…

Le projet a été porté et produit par l’acteur principal, Rod Taylor, qui voulait changer d’image, en interprétant ce rôle d’aventurier au sang extra-froid, ex-tueur repenti et toujours tombeur de ces dames.
Jusque là RT était connu surtout pour ses rôles dans « Time Machine » (la machine à remonter le temps) et « the Birds » (les Oiseaux), un mec bien propre sur lui quoi, là, il veut pouvoir aussi être considéré comme un gros dur (il a une certaine carrure physique, c’est loin d’être une ablette) et obtenir des rôles adéquat, d’où ce film et ces scènes où il fume des cigares (obligatoires depuis Clint Eastwood et ses 3 films, de 1964 à 1966, avec Sergio Leone) tout en descendant des bouteilles d’alcool, le tout vautré dans le foin d’une écurie, mais capable de dégainer en une fraction de seconde, sans faire tomber la cendre de son cigare ou de culbuter l’héroine, tout en conservant une impassibilité de lézard se chauffant au soleil.

Malheureusement, ça ne fonctionnera pas, il ne deviendra jamais Eastwood ou Bronson par exemple qui trustera les characters de ce types, faut dire que « Chuka « n’a pas du avoir un gros succès au box-office, malgré quelques bons acteurs, Ernest Borgnine et John Mills, on est à la limite du film parodique, surtout quand nous est expliqué l’origine du problème du commandant : jadis officier anglais, il se serait sacrifié pour éviter que son sergent soit fait prisonnier par des rebelles soudanais, et ceux ci l’ont émasculé, quand c’est Ernest Borgnine (le sergent) qui nous conte la chose, Ernest, un grand malabar qui prend une voix mouillée, on est soit stupéfié, soit hilare et on se dit que le scénariste, c’est de la bonne qu’il achète…

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Re: Le monde du Western

Messagepar Palinodie » 26 déc. 2014, 23:19

Aujourd'hui, je vais tenter d'évoquer le "Major Dundee" (1965) de Sam Peckinpah.

Tenté, parce que, si quelquefois/souvent, je suis obligé d'aller à la pêche pour trouver de rares infos sur le film évoqué et donc alimenter ce topic, là pour le coup, il y a pléthore d'éléments, ce film a vraiment fait couler beaucoup d'encre.

Ce qu'il y a de certain/d'authentifié, c'est que Peckinpah n'a pas du tout été satisfait du résultat, lui, il voulait faire un film fleuve de plus de 4 heures, après le montage imposé par Columbia Pictures, il en est resté un peu plus de 2 heures (124 mn) et récemment est sorti une version "longue" de 156 mn, mais même si vous regardez cette version, vous verrez qu'il y a manifestement des ellipses, notamment quand le héros est en pleine déchéance et picole au Mexique, mais n'allons pas trop vite, de toute façon, le lecteur moyen de ce topic, lui, il veut un peu de grain à moudre, du concret, pas de l'élucubration de bas étage ou de la théorie de haute volée...

Alors allons y pour le pittoresque, avec SP, il y en a de toute façon !
Lorsque le bon Sam, tout juste quadragénaire, qui a toujours été fasciné par le Mexique, notamment la tequila et les señoritas, a voulu fignoler son casting, il s'est mis en quête d'une actrice mexicaine pour un petit rôle de paysanne mex, (logique pour vous, d’autant que le film a été tourné au Mexique, mais pas toujours le cas à Hollywood), il a porté son dévolu sur une actrice malheureusement non dispo, puisque en tournage avec Bud Boetticher. Ce dernier lui a conseillé alors une autre actrice, Begonia Palacios, 24 ans.

Apparemment, ça a fait tilt immédiatement, voire même bonus et parties gratuites, puisque le réalisateur s'enfuit avec elle pendant quelques jours (je rassure ceux qui trouveraient la situation scandaleuse, ça a fini par un mariage, et même plusieurs - 1 divorce entre-temps - mais je laisse la parole à Sam " I cast her in the picture and later married her - not once, but three times; twice in civil court, once in a Church"), le tournage commençait assez mal.

D'autant plus mal que le studio allait réduire le budget et les jours de tournage, que le Sam picolait régulièrement, sans doute avec Richard Harris (cf post précédent), qu'il virait des techniciens à tour de bras, que Charlton Heston, le lead character, a du prendre quelquefois les choses en main et s'est fortement engueulé avec SP au point de le menacer de son sabre lors d'une altercation.

Car le major Dundee (Charlton Heston) a un sabre, évidemment, c'est un officier viré de l'armée nordiste suite à une manœuvre probablement audacieuse à Gettysburg (la bataille turning-point de la Civil War amerloque), mais non couronnée de succès. Du coup, il va essayer de se refaire une réputation au Nouveau Mexique en se créant littéralement une guerre, voire deux. Ce territoire est en proie à un raid des Apaches de Sierra Chariba qui massacrent un escadron de blue soldiers et une famille de civils, sauf 2 jeunes garçons qui sont enlevés et Dundee y voit une opportunité de rentrer en grâce en poursuivant les natives « jusqu’en enfer, s’il le faut » et en ramenant les kidnappés.
Pour ce faire, il a besoin d’aide et se résout à enrôler des prisonniers sudistes dont il a la garde, les rebelles étant commandés par son ennemi intime, joué par Richard Harris.

La situation va se compliquer encore quand on sait qu’il y a quelques soldats noirs dans l’escadron de Dundee et que du fait de l’entrée (illégale) des US soldats au Mexique, il va y avoir un conflit avec les soldats français, soutien de l’empereur du Mexique Maximilien.

Conflit Nord/Sud, racisme, esclavage, cavalerie vs Indiens, la guerre et ses ravages, la situation au Mexique, SP voulait tout traiter dans un seul film, d’autant que je ne vous ai pas encore révélé qu’il voulait à travers Dundee mettre à mal l’image du général Custer (il faudra attendre « Little Big Man » pour ça), en allant plus loin que John Ford dans » Fort Apache » (le personnage joué par Henry Fonda), qu’il a quasiment pompé une séquence de « Lawrence d’Arabie » (celle de l’exécution d’un prisonnier sudiste) et que même selon certains exégètes, il aurait fait une transposition de « Moby Dick », j’arrête là, je viens de perdre 5 de mes 6 lecteurs…

En tout cas, SP rompt avec les conventions et l’esthétisme habituelles du western, foin du jeune premier propre sur lui ou du héros bourru, mais au fond bienveillant genre John Wayne, on retrouve les trognes habituelles , celle de la Sam Peckinpah Stock Company, Warren Oates, L. Q. Jones, R. G. Armstrong, Ben Johnson (lui, c’est un ancien du Wayne pack, cf viewtopic.php?p=277522#p277522, mais qui a quelques années de plus et qui a un peu grossi), pas vraiment des jeunes premiers, James Coburn, mais manchot et enlaidi par une barbe broussailleuse et puis faut-il rappeler que Heston et Harris ne possèdent pas des tronches de premier de la classe, les femmes sont sinon faciles, du moins assez promptes à être submergées par les circonstances et à succomber. Entre parenthèses, outre les figurantes mexicaines, il y a une formidable actrice autrichienne Senta Berger qui possède un certain sex-appeal !

Dans le même ordre d’idée, les combats sont moyennement à la loyale, c’est plutôt embuscade et coup en douce, la seule vraie bataille rangée, celle finale entre les français ( des affreux sadiques avec des grandes lances et des petites barbichettes…) et les valeureux survivants du bataillon Dundee a été imposée au director par le producteur, sans doute effrayé par le projet de SP.

Car SP aurait voulu en plus avoir des dialogues emplis de « shit » et de « fuck » », ce qui lui a été refusé, c’est encore les mid-sixties, que tout le monde meurt à la fin, ho, coco, t’as pensé à la recette ?, bref faire le contraire de ce qui se faisait habituellement, d’où donc les coupes sombres dans le final cut.

Mais pas d’inquiétudes pour Sam, tout çà, il le réalisera, quelques années plus tard, en 1969, (le temps qu’il retrouve un peu de crédit chez les producteurs) dans la crépusculaire « Wild Bunch » (la Horde Sauvage).

Sinon, pour le scénario, si l’histoire est « inventée », les scénaristes ont peut-être pensée à la Dakota War, dans laquelle des soldats sudistes prisonniers ont participé aux opérations menées contre les Sioux Dakota qui venaient de massacrer allégrement entre 400 et 800 pionniers installés sur leurs terres ancestrales, sous prétexte que les autorités ne les avaient pas ravitaillés comme promis par le précédent traité qui leur avait aussi garanti l’inviolabilité de leur territoire. Ca s’est terminé comme d’hab, les indiens ont perdu, on en a pendu 30 pour l’exemple (plus grosse exécution massive de l’histoire US), les autres ont été déportés du Minnesota vers l’Ouest.

Mais dis donc, t’as pas encore donné ton avis sur ce film ?

Ben, c’est très très regardable, malgré le fait que de temps en temps, vu les coupes sombres au montage, il y a des trucs qui s’enchainent assez mal, que l’action tarde à démarrer, il y a quelques scènes d’anthologie, de bons acteurs, non, tout amateur de western se doit d’avoir vu « Major Dundee » !

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Re: Le monde du Western

Messagepar messinmarseille » 26 déc. 2014, 23:39

Quel courage pour continuer ce monologue westernesque, merci pour la prose ;-)

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Re: Le monde du Western

Messagepar Palinodie » 11 févr. 2015, 23:20

Pour fêter l’année 2015, revenons 60 ans pile poil en arrière et examinons 2 œuvres du millésime 1955.

« Tribute to a bad man » (La loi de la Prairie) de Robert Wise, le director de » West Side Story » entre autres.
Alors là, un western à déconseiller à tous ceux pour qui idéalisent un peu trop l’Ouest américain, dans ce film, tout ce peuvent espérer récolter les cow-boys qui sont des « nobody on a horse », c’est « bad teeth, broken bones, double hernia, and lice!(des poux) », en guise de distraction, ils rêvent de feuilleter « a mail order catalog « pour reluquer des « women in corsets » , de plus les entraineuses qui racolent le client dans un saloon n’ont pas une vie si facile que ça, vous y croyez vous ?

Mais pour autant, ce film n’est pas non plus un reportage in situ sur la vie des cow-boys, il n’y a que peu de scènes où on les voit travailler, simplement on devine que leur vie n’est pas une sinécure et qu’elle n’est pas forcément passionnante, cf la séquence avec le catalogue citée plus haut.

Pas beaucoup d’action là-dedans, nous sommes en 1875, «et « mon gars, ça fait bien longtemps qu’il n’y a plus d’Indiens dans le coin », les gars ont bien des armes, mais ne s’en servent que finalement que très peu, que lorsqu’ils surprennent des voleurs en plein action.

Ben, qu’est ce qui reste alors ? L’amour ?

Oui et non, oui, parce qu’effectivement, il y a une femme au milieu de tout çà, en fait 1 femme au milieu de 3 hommes, mais non, ce n’est pas l’axe central du film.

Bon, le mieux, c’est que je raconte un peu de quoi ça cause, ça sera plus simple :
Un pied-tendre déboule au Wyoming, avec l’ambition de devenir cow-boy. Par hasard, il secourt un type qui s’avère être un éléveur de chevaux, le big boss du coin, ce dernier va l’embaucher, lui apprendre les rudiments du métier dans son ranch dans lequel vit une jeune fille ex-pianiste de bar qu’il a sauvé de la déchéance.
Comme le ranch est à des miles et des miles de Cheyenne, la grosse ville du coin, le rancher a pris l’habitude d’exercer sa propre loi et par exemple de pendre les voleurs de chevaux qu’il attrape. Et des voleurs, il y en a régulièrement… (pour le reste, je vous laisse découvrir tout seul, ça vaut le coup !)

Notez que ce film qui est resté relativement méconnu (perso, je n'en avais jamais entendu parler) a probablement influencé Sergio Leone, quand dans une scène de "The good, the bad and the ugly "(le Bon, La Brute et le Truand), Tuco oblige le personnage sans nom interprété par Clint Eastwood à marcher sans fin dans le désert.

En fait, ce film est une réussite, grâce aux paysages magnifiquement rendus (un procédé genre technicolor et superbe) et également grâce à la qualité des interprètes principaux , James Cagney en tête dans celui du rancher, Irène Papas, l’ex-pianiste, et même Don Dubbins, le pied-tendre, pourtant un quasi inconnu ici.
Dans les rôles secondaires, Lee Van Cleef, l’obsédé du catalogue…

James Cagney est tout simplement prodigieux dans le rôle de ce type tout entier axé sur sa réussite, à tel point qu’il a laissé en chemin une partie de son humanité, notamment quand il est saisi par la hanging fever.
En 1955, Cagney a déjà 56 ans, mais sa vitalité, sa combativité éclatent tellement à l’écran qu’on ne s’étonne pas plus que ça que Irene Papas qui a la moitié de son âge (vite, une calculette…) est plus qu’attirée par lui.
A un moment, il y a une baston (ah quand même) entre Cagney et son contremaitre, un trentenaire en pleine forme (bien que légèrement sournois), JC le prévient d’entrée « I fight dirty » avant de lui casser la gu*ule à grands coups de coude dans la tronche.
Faut dire que James Cagney est issu d’un quartier misérable de NY, le Lower East Side, qu’il a appris la danse et la boxe dans sa jeunesse et qu’il n’a jamais refusé une street fight si l’occasion se présentait.
De plus, quand il a eu un peu/beaucoup d’argent, il s’est acheté un domaine avec des chevaux qu’il élevait, autant dire que ce rôle lui allait comme un gant.

Je rappelle quand même aux ignares qui seraient arrivés à ce point de ce topic que JC a été une légende de l’écran aux States pendant plus de 40 ans, il a joué pas mal de fois les gangsters dans les années 30 et en 31 exactement, il a écrasé un pamplemousse sur le visage d’une de ses partenaires, une des scènes les plus célèbres de l’époque. C’est vrai qu’aujourd’hui on est passé depuis longtemps à un stade supérieur, mais n’empêche, Cagney fait vraiment peur avec ce geste…

Un acteur suffisamment important pour imposer dans ce film Don Dubbins, un petit gars qui avait l’heur de lui plaire et avec qui il a fait 2 films en cette année 1955. Après, une fois la protection du grand homme terminée, çela a été direction les studios de la télé.

Et là, on arrive à Irène Papas, que vous connaissez tous, si si, à moins de ne jamais avoir vu « Les canons de Navarone » rediffusée moulte fois, la guerillera grecque amoureuse d’Anthony Quinn, c’est elle. Vous vous doutez bien qu’avec un nom pareil, Miss Papas est grecque, c’est même la seule star internationale hellène de cette envergure, elle a tourné avec les plus grands, dans pas mal de films à costumes, elle est plutôt de gauche, elle a joué dans « Z », un film pas du tout tendre envers la dictature des colonels.
A l’époque du film, elle vivait une grande histoire d’amour avec Branlon Mado, mais secrète, l’histoire, elle l’a révélée quand Marlon est mort, mais là la famille n’a pas démentie, hein, Jeannette…

Dans « Tribute to a bad man », elle joue une fille de saloon d’origine grecque, certainement parce qu’il lui était quasi-impossible de masquer son accent d’origine, il parait que pas de rôles lui sont passés sous le nez à cause de ce fichu accent, en tout cas, ce fut son seul western, l’émigration grecque dans l’Ouest américain n’étant pas chose courante.

Et l’émigration marseillaise ?

Que quoi que ?

Figure toi que je me suis rendu compte dernièrement que la chaine Action rediffuse « La dernière séance » d’Eddy Mitchell, du coup je vais jeter un coup d’œil de temps en temps et si le western diffusé m’est inconnu, je le regarde et l’autre jour, c’était « L’aventure fantastique », avec Robert Taylor(cf. viewtopic.php?p=286260#p286260) et Eleanor Parker, une actrice que j’avais trouvée formidable dans « Scaramouche »

Ben, tu ne donnes pas le titre original ?
Le problème, c’est sur Action, la plupart des films sont en vf et là, c’était le cas, malheureusement je dirais !
L’histoire se passe en 1798 au Kentucky, un trappeur est sauvé d’une attaque d’Indiens par une jeune fille écossaise. Or cette jeune fille tombe amoureuse du trappeur et va tout faire pour l’épouser.
Une comédie western donc, mais le problème c’est que les distributeurs français non content d’avoir comme d’habitude massacré le titre angliche (« many rivers to cross ») ont décidé de transcrire les personnages de l’ouest américain dans l’imaginaire franchouillard.
Dans la vo amerloque, les personnages écossais parlent avec l’accent écossais, et bien, on va leur donner l’accent de Marseille et voilà Victor Mc Lagen, le patriarche, qui beugle des peuchère et des bonne mère, on a évité les puta*ng, mais il me semble bien avoir entendu quelque coquin de sort, les noms sont aussi transplantés, le trappeur ne s’appelle plus Bushrod Gentry, mais Brutus Gentil, il est devenu auvergnat (non mais véridique), Mary reste Marie, mais son surnom donné par les Indiens passe de stepping woman à Femme rapide, ce qui, étant donné le scénario du film, ne manque pas de sel en 2015…

Et pourtant, j’ai bien rigolé, pas aux galéjades hein, mais parce que c’est drôle, Eleanor Parker est enjoleuse à souhait, Robert Taylor toujours impeccable et Victor Mc Lagen assure dans un de ses derniers rôles (il apparait quand même bien fatigué), donc un excellent « petit » film malgré le doublage français .

Et en fait, ce western, je l’avais vu, dans ma prime jeunesse, probablement un film du dimanche après-midi, il y aune scène dans laquelle Victor Mc Lagen est amené par ruse à chausser des bésicles qui m’a sauté à la figure…

Je rappelle pour ceux qui accumulent les indices pour essayer de deviner mon âge que les films amerloques ne passaient pas à la télé française l’année suivante. Et puis d’abord, mes parents ont acheté leur première télé en 1964…


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