Saint-Symphorien, rase campagne : impuissants et désordonnés, les Messins laissent passer, face à Nantes, une occasion rêvée de prendre le large. Ils ne méritaient pas mieux qu’un 0-0 bien fade.
Pascal Johansen et Julien Cardy sont restés muets, hier soir, face à Nantes.
Metz a perdu une occasion rêvée de s’installer confortablement sur le podium. Photo Pascal BROCARD
L’actuelle série d’invincibilité du FC Metz se monte désormais à sept matches, mais le nul concédé hier, à domicile, face à Nantes, ne correspond pas tout à fait à l’idée attendue des retrouvailles entre ces deux vieilles connaissances, du temps de la Ligue 1 : les Lorrains ont surtout perdu une occasion rêvée de prendre le large et de compter sept points d’avance sur la tête du peloton des poursuivants. Ils laissent ce matin Laval, Angers et Nîmes à cinq longueurs et, à dix étapes de l’arrivée, plus personne ici n’ignore que ce n’est pas une avance suffisante pour se croire déjà élu, ni même éligible.
Hier, c’est pourtant ce qui s’est produit, à croire que l’époque est à l’abstention : Metz a passé son temps à piétiner, montrant un visage timoré hautement déplacé en de telles circonstances incitant au grand écart. Il a été question d’avertissement, après le 3-3 épique ramené de Laval, la semaine dernière ; disons que le troisième 0-0 de la saison à Saint-Symphorien après Metz-Dijon et Metz-Brest constitue déjà une piqûre de rappel.
En attendant, la vérité de la soirée messine se révèle édifiante, résumée en ces quelques mots : un bon petit quart d’heure, et puis plus rien. Après une entame à peu près prometteuse, ponctuée de deux mouvements offensifs inaboutis entre Razak Omotyossi et Sylvain Wiltord, l’association finalement retenue par Yvon Pouliquen, le jeu de Metz s’est proprement liquéfié et la soirée en est restée au stade des intentions : relâchement, perte de maîtrise, déclin de l’engagement, tout s’est soudain uni pour laisser aux Nantais assez de répit et assez de temps pour s’organiser.
Heureusement pour les Lorrains, Nantes n’est pas tombé aussi bas pour rien, offrant en deux minutes chrono le spectacle pathétique de sa maladresse.
La sauce n’a pas pris
Au nez d’une défense passive, doux euphémisme, Jean-Claude Darcheville pensait sûrement avoir fait le plus dur, au bout de son rush côté droit, en servant Bekamenga en retrait mais, pourtant esseulé et idéalement placé, l’attaquant nantais a raté le cadre, assez incroyablement (34 e). Dans la foulée, c’est cette fois Djamel Abdoun qui, après s’être joué de Nuno Frechaut, a trop enroulé sa frappe, face au but (36 e).
Devant la démobilisation de son équipe, incapable de se remettre en ordre de marche, physiquement dominée et tactiquement à cours d’inspiration, Yvon Pouliquen n’a même pas attendu la mi-parcours : à cinq minutes de la pause, l’entraîneur messin a tenté le pari de la réorganisation en sacrifiant Jérémy Pied pour faire rentrer Romain Rocchi (42 e), mais la sauce n’a pas mieux pris. Toujours aussi brouillons, arrêtés et parfois même carrément perdus, les Messins n’ont pas repris vie, et une troisième option a été tentée, dans le dernier quart d’heure, Vincent Bessat a succédé à Sylvain Wiltord, Victor Mendy est passé attaquant, avant d’être lui-même remplacé, et Pascal Johansen qui aura fait le tour de la question tactique a connu un troisième poste en une heure et quart !
Dans ce contexte échevelé, il faut aussi souligner l’impuissance nantaise à profiter des largesses messines, en cette soirée qui aurait pu tourner au vinaigre face à un adversaire en meilleure posture. Tout aurait même pu changer, dans l’agitation soudaine des derniers instants, mais Omotoyossi a manqué sa dernière occasion d’inscrire un troisième but en quatre matches, dans le temps additionnel, échouant à cadrer son coup de tête. Sept minutes plus tôt, Lubos Kamenar avait sorti le grand jeu, pour écarter du chemin de son but un ballon dévié par la tête de Frechaut, sur un coup franc de Johansen.
Mais sur le contre, Christophe Marichez avait alors imité son confrère nantais, au-devant de Filip Djordkevic, parti pour marquer. Finalement, il existe des 0-0 quasi-miraculeux.
Sylvain VILLAUME.