C'est effectivement un sujet complexe.Piou a écrit :Je suis d'accord, le terme de malgré nous est surtout utilisé pour la seconde guerre mondiale. Mais c'est quand même un fait que certains, qui se sentaient plus francais qu'allemands, aient pu aussi être des malgré nous durant le premier conflit. Je doute que tous les hommes nés apres 1870 en Moselle aient été favorables aux allemands. Et si le terme est vraiment inadéquat, lequel employer alors?
D'une certaine manière, je suppose que beaucoup des hommes envoyés au front l'ont été quelque peu "malgré eux" quel que soit le camp, et même si on se sent dans le "bon" (on va rarement se faire trouer la peau pour le plaisir, à part quelques fous furieux), et auraient préféré rester chez eux auprès de leur famille à cultiver leur champ ou élever leurs bêtes.
Il me semble que si les mosellans/alsaciens étaient restés attachés à la France, il y avait plus de 40 ans après l'annexion une certaine résignation voire acceptation, d'autant que l'incorporation à l'Empire allemand apportait quand même certains avantages (dont nos départements profitent encore...), et qu'on ne peut nier une certaine "compatibilité" entre les populations (sarrois/mosellans par exemple, légèrement plus proches que marseillais et mosellans, exemple chosi purement au hasard :siffle: ).
En contrepartie, certains excès de la "prussification" devaient quand même exaspérer pas mal les gens (interdiction de parler le français, des habits ostensiblement français comme le béret...) ont constitué probablement un frein à une intégration totale (étonnant d'ailleurs comme lors des deux conflits mondiaux les allemands, par excès de sentiment de supériorité, ont mal joué la carte de l'intégration de populations qu'ils auraient pu assez aisément gagner à leur cause, pensons notamment à l'Ukraine)
Mais encore une fois je ne suis pas sur que les jeunes gens se soient dits "chouette si on perd la guerre on redeviendra français, comportons-nous le plus lâchement possible".
D'une part, la réintégration de l'Alsace-Lorraine était loin d'être un enjeu affiché.
D'autre part, comme déjà évoqué, l'alliage de la mentalité (sérieux, discipline, sens du devoir et du travail...) et ces 40 ans de vie sous la bannière impériale, les ont conduit à accomplir cette tâche de la manière la plus digne possible, comme un labeur difficile mais incontournable.
Pour les Malgré-Nous de la 2ème Guerre, ce fut complètement différent sur le plan moral : ils avaient fréquenté l'école française, étaient le fruit de la victoire de 18 en en quelque sorte, avaient vu leur région envahie et nazifiée de force avec peu d'égard pour la population.