Messagepar Fredfred57 » 03 juil. 2010, 11:38
Le Racing vire au bleu nuit
La Direction Nationale de Contrôle de Gestion (DNCG) a décidé de reléguer le Racing administrativement en CFA. Le club strasbourgeois a choisi de faire appel. Le président Jean-Claude Plessis continue de garantir que son équipe sera sur la ligne de départ en National, dans un mois.
Au regard de la vaine attente de la veille, il fallait bien s'attendre à un feu d'artifice à l'orée du week-end. Entendus le jeudi, par la DNCG, les dirigeants strasbourgeois ont été priés de se montrer plus convaincants par les spécialistes financiers en charge de vérifier les comptes des clubs pros. Depuis hier, le Racing est relégué administrativement et est censé disputer le championnat de France amateur, soit le 4e échelon de la hiérarchie hexagonale. Le club de la 7e ville de France se situerait ainsi entre le 61e et le 133e rang national, à un niveau où quelques réserves professionnelles luttent avec quelques porte-étendards régionaux. Bonjour le tableau...
Jean-Claude Plessis : « Je suis sûr à 95 % que l'on va s'en sortir »
La notification officielle n'a été transmise au club hier, alors que l'information, qui ramène le club strasbourgeois dans le giron amateur, a fait l'objet de « fuites » dès le matin. Alain Fontanel, l'adjoint en charge des finances de la municipalité strasbourgeoise, a eu vent de la nouvelle. La Ville, propriétaire du stade, gênée aux entournures par la (très) mauvaise santé de son club-phare alors qu'elle a posé sa candidature pour organiser l'Euro 2016, revient en première ligne dans ce dossier sensible. Depuis le rachat du club à Philippe Ginestet par Alain Fontenla et ses associés, les relations entre le Racing et les élus n'ont eu de cesse de virer du glacial au chaud bouillant, en passant par toute la gamme de températures, mais rarement la plus agréable. Depuis une grosse quinzaine de jours, elles étaient en voie de normalisation. Le verdict de la DNCG apparaîtrait-il comme une tuile dans le processus de rapprochement ? Pas sûr. Toujours est-il que le président Plessis n'a pas tardé à réagir. Dès midi, il a convoqué les salariés du club pour les rassurer. Dans l'après-midi, il a conservé son discours teinté d'optimisme. « Ce qui m'embête, c'est la décision de la DNCG qui a été rendue publique, alors que la situation du Racing est en voie de régularisation, a lâché le n°1 du club. Il manquait quatre millions d'euros. Avec la vente de Gueye et l'apport de 600 000 euros consenti par l'actionnaire, on n'est plus qu'à 2 millions. On transmettra à la DNCG appel, qui dépend de la FFF, cette garantie. Je dépends d'actionnaires, mais je suis sûr à 95 % que l'on va s'en sortir. » Les 5 % de doute charrient toutefois un torrent d'inquiétude.
La Ville veut aider le club pour qu'il puisse se maintenir en National
Alain Fontenla, Jafar Hilali et leurs associés ont préféré rester silencieux sur leurs intentions, comme d'habitude. Accessoirement, ils maintiennent une institution sportive régionale dans l'incertitude pendant quelques semaines, les institutions fédérales ne se singularisant pas par leur rapidité. Et cela ne semble pas convenir aux élus de la Ville qui espèrent sauver un chef d'œuvre en péril. Le processus actuel peut néanmoins offrir certaines possibilités. « La sanction de la DNCG est une très mauvaise nouvelle sur un plan sportif, mais aussi économique et social, n'a pas manqué de relever Alain Fontanel dans la matinée. En pensant notamment aux 60 salariés, nous voulons aider le club pour qu'il puisse se maintenir en National. » La possibilité existe.
Les « Londoniens » ont pris l'habitude de tarder pour montrer la couleur de l'argent
Anticipant, dès le début de la semaine, un verdict défavorable, Jean-Claude Plessis avait prévu de faire appel en cas de relégation. Un communiqué de presse, diffusé en début d'après-midi, l'a confirmé. « Le RC Strasbourg fera appel dès l'éventuelle notification et présentera alors l'ensemble des documents justifiant l'apport des deux millions d'euros manquant pour équilibrer le budget, apprenait-on sur le site internet officiel. Cette procédure est tout à fait normale et nous sommes persuadés que notre Racing Club de Strasbourg évoluera en National la saison prochaine. » Une petite touche d'optimisme ne pouvait pas faire de mal en ce sombre vendredi. Mais la relégation met tout de même en lumière des difficultés financières incontestables. Bastia est passé par l'angoissant processus. Gueugnon est également sous la menace. En termes d'image, on a trouvé meilleure publicité. Vu d'Alsace, c'est comme si se répétait le scénario du mois de janvier, quand les actionnaires du club s'étaient fait tirer l'oreille pour apporter les trois millions d'euros indispensables pour couvrir les besoins en trésorerie jusqu'au mois de juin. Alain Fontenla et ses associés avaient fini par consentir l'indispensable apport. Qu'en sera-t-il cette fois-ci ? Les « Londoniens » ont pris l'habitude de tarder pour montrer la couleur de l'argent. Le passage de Gameiro à Bordeaux peut leur faire espérer un allégement de la facture, la vente de l'attaquant lorientais aux Girondins garnissant les caisses strasbourgeoises. « Il y a une urgence, alerte toutefois Alain Fontanel. Il faut sauver le club, mais, si on peut jouer un rôle d'appui, l'actionnaire doit assumer sa part de responsabilité. »
Au conseil municipal, lundi, la subvention à l'ordre du jour
A la faveur de l'appel, de nouvelles tables rondes sont susceptibles d'assainir le panorama. Au conseil municipal, lundi, la subvention de 900 000 euros, dont le versement reste suspendu, sera à l'ordre du jour. Les questions autour du loyer pour le stade de la Meinau ou du financement du centre de formation peuvent apporter quelques réponses. « On a quelques jours pour bien travailler », explique l'adjoint au maire en charge des finances. Il reste en fait quelques jours pour survivre alors qu'en filigrane, dans le discours des élus, l'idée d'un changement d'actionnariat est réapparue. Sur le terrain, on faisait finalement contre mauvaise fortune bon cœur. « Dans ce type de situation, on voit qui sont les forts, qui sont les faibles », concluait Laurent Fournier, l'entraîneur, en fin de journée. Pour l'heure, on en est à prier pour que le Racing, victime d'un gros temps faible dans son histoire, ne meurt pas.
Fr.N.
* : un accord entre le Racing et le club breton, lors de la vente du joueur pour trois millions d'euros, prévoit le versement de 30 % de la plus value lors du prochain transfert, envisagé à dix millions d'euros.