Mokhari dépité et Metz assommé. Après Evian-Thonon et Laval, le cauchemar s’est poursuivi face au promu troyen. Photo Pascal BROCARD.
Face à Troyes, Metz concède sa troisième défaite en trois journées de Ligue 2 : le voilà déjà en grand danger avant la venue de Vannes vendredi.
Sale temps, vraiment. Après trois journées de championnat, Metz court toujours après sa première victoire et, pire, après son premier point. En vain, puisqu’il a erré sans but hier soir face à Troyes avant de courir après le score avec le même insuccès que face à Evian dix jours plus tôt ou à Laval vendredi : jusqu’ici, son mois d’août dessine un grand vide et les bonnes impressions apparues ici ou là, au cours des deux précédents matches, ont cette fois été lessivées sous la pluie. Un succès s’avère d’ores et déjà indispensable, vendredi, au même endroit, face à Vannes, mais le doute et la peur vont maintenant s’ajouter aux tourments estivaux d’une équipe aussi mal en point que mal en points.
Sous un ciel d’automne et devant une assistance digne d’une affiche opposant le dernier de Ligue 2 à l’avant-dernier, il a fallu s’armer de patience mais aussi d’indulgence, autre ingrédient indispensable en ces temps de grand refroidissement à Saint-Symphorien. Comment dire ? Comment exprimer le désarroi né de la première moitié de soirée ? L’à peu près s’est emparé des débats, gagnant les Messins aussi bien que les Troyens, avec l’apparition d’une tare rédhibitoire pour espérer y voir plus clair : le problème n’était pas dans le dernier geste, ni même dans l’avant-dernier geste, pour emprunter au vocable en vogue, le problème commençait dès l’antépénultième geste, sur une pelouse certes trempée et dans un contexte n’incitant pas nécessairement aux coups de panache des grands soirs.
Tout est dans le score
Ça allait donc comme un lundi : de petites frappes mal appuyées (Gestede à la 10e côté messin, Obbadi à la 32e côté troyen) quand les défenses lâchaient du lest ; quelques éclairs (Guerriero à la 17e, Sissoko à la 39e) qui auraient pu sortir ce brouillon de match de sa grisaille, en vain. Le temps (celui qui passe) pouvait-il y changer quelque chose, entre deux équipes déjà placées en état d’urgence ? Même pas. Le stress a transpiré des débats, l’imprécision a duré et, avec elle, l’ennui n’a jamais tout à fait débarrassé le plancher glissant de Saint-Symphorien, sur lequel la somme considérable de coups francs favorables à Metz n’a créé aucun danger. Troyes n’en dira pas autant : celui de Carlier, depuis son propre camp, a seulement été repoussé par la tête de Brégerie, imprudemment, puisque le ballon a atterri dans les pieds de Marcos. Instantanée, la reprise de l’attaquant italo-brésilien n’a laissé aucune chance à Marichez (0-1, 77e).
Au final, ce but survenu au cœur d’une deuxième mi-temps encore très chiche en occasions de but côté lorrain (aucune digne de ce nom, sinon une frappe de Guerriero repoussée par le gardien troyen au bout du temps additionnel) ne pose même pas la question de la bouteille à moitié vide ou à moitié pleine. Le tableau d’affichage dit tout, tout est dans le score. Et dans le classement de Ligue 2, qui raconte le cauchemar estival des Messins, avant même le plus gros de la troisième journée, ce soir, et alors que Vannes s’annonce à Saint-Symphorien dès vendredi. Cela dit, Vannes ou un autre, le problème ne tient pas dans la nature de l’adversité, comme Metz - Troyes l’a démontré.
Sylvain VILLAUME.
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Le calvaire de Brégerie
Sale soirée pour le capitaine Romain Brégerie, mouillé sur le but troyen, et peu à son aise dans le jeu. Pascal BROCARD.
Le capitaine messin offre malgré lui le but à Troyes, au terme d’une petite soirée. Devant, le réalisme n’était toujours pas à l’ordre du jour. Même cause…
LA DÉFENSE
Marichez. Tranquille sur des tentatives de Sissoko (39 e) et Faussurier (60 e), le gardien messin a été peu sollicité, sinon sur la tentative d’un Obbadi maladroit (32e) et évidemment sur le but de Marcos hors d’atteinte a priori, avant d’être victime d’un claquage en fin de match.
Gueye. Averti pour une semelle sur Faussurier (65 e), l’arrière droit messin a signé un bon retour dans les pieds de Duhamel (65 e) et quelques montées pour apporter un surnombre finalement stérile. Il fut par ailleurs plutôt discret.
Diagne. De la sobriété, un jeu simple et des interventions relativement propres. Troisième option derrière les blessés Borbiconi et Fréchaut, le Sénégalais n’a pas à rougir de sa prestation.
Brégerie. Des relances qui débarrassent, du retard sur le centre de Duhamel pour Obbadi (32 e), une mauvaise appréciation sur un coup franc de Mokhtari retombé dans ses pieds (19 e) et surtout cette tête qui offre à Marcos le but assassin (77 e). Parler de mauvaise soirée serait un euphémisme pour le capitaine messin.
Tamboura. Il a fait le métier derrière mais a trop peu apporté offensivement.
LE MILIEU
Mutsch. L’international luxembourgeois s’est montré d’une discrétion absolue hier. Cet effacement n’a pas échappé à Dominique Bijotat qui l’a remplacé par Tandjigora (68 e).
Fleurival. Un peu plus de déchet que lors de ses dernières apparitions mais une vraie qualité dans la conservation du ballon. Il décale aussi Guerriero (17 e) qui a frappé au-dessus.
Mokhtari. Très actif au milieu mais peu en réussite sur ses coups de pied arrêtés, le Marocain a aussi hérité d’une occasion précoce dont il n’a semblé savoir que faire. Pour, au final, expédier un tir poussif sur le gardien troyen.
Guerriero. Autoritaire et viril sur l’homme, le piston messin s’est fendu de deux missiles, des vingt mètres (17 e, 76 e), hélas légèrement au-dessus de la transversale de Blondel, ainsi qu’un tir au bout du temps additionnel repoussé par le gardien. De l’engagement, comme à son habitude.
Diaz. Moins présent qu’à Laval, il s’est uniquement distingué en adressant un centre du gauche à Gestede que l’attaquant n’a pas su reprendre (10 e).
L’ATTAQUE
Gestede. Souvent isolée, la pointe messine a montré de la volonté mais il dut se contenter de deux occasions : sur la première, il a buté sur deux défenseurs (10 e) ; sur la seconde, il rate un caviar de Diaz (10 e). Remplacé par Sakho (73e) qui a tenu la balle de l’égalisation au bout du pied (90 e).
Christian JOUGLEUX.
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Dominique Bijotat (entraîneur de Metz) : « C’est le plus mauvais match réalisé par mon équipe, crispée, face à une équipe habile collectivement. Nous n’avons pas joué avec la même idée, il y a eu beaucoup de lacunes, des erreurs que nous renouvelons, des gestes parasites qui nous empêchent d’aller au bout. En plus, nous perdons notre gardien sur blessure, il devait y avoir un chat noir pas loin. La situation d’urgence existait avant ce match ; aujourd’hui, la situation est critique : vendredi, il faudra progresser dans le contenu et débloquer nos compteurs pour nous rassurer. »
Jean-Marc Furlan (entraîneur de Troyes) : « C’est un grand plaisir pour les joueurs, dont beaucoup découvrent la Ligue 2. La victoire, je crois, est méritée. Après la défaite contre Nantes, on se demandait si nous avions le niveau. Il nous fallait un match comme celui-là, même si le championnat est encore long. Je suis relativement satisfait de notre prestation, de ce match qui permet de s’imprégner de la culture de la victoire et de prendre trois points, tout simplement. »
Ludovic Guerriero (milieu de terrain de Metz) : « Cela fait trois matches que nous ne sommes pas à la hauteur et si on ne se réveille pas vendredi, nous serons dans le dur. C’est bien beau de dire que la saison est longue, mais il va falloir se bouger. Il y avait trop de déchet, nous avons été trop gentils, au point de ne pas mettre le gardien en danger. Nous avons affronté une équipe moins forte que les deux précédentes, mais elle a pris trois points et nous zéro : l’équipe la plus faible du championnat, c’est la nôtre. »
« Un naufrage collectif »
David Fleurival (milieu de terrain messin) : « C’était un naufrage collectif. J’ai du mal à trouver quelque chose de positif. On se pénalise en concédant des actions, on commet des erreurs que les autres équipes ne font pas et c’est une nouvelle défaite au bout. Maintenant, on n’a pas le droit de lâcher. Il nous faut quelque chose de positif et d’abord des points. Il faut arrêter d’en perdre bêtement. »
Kévin Diaz (milieu offensif messin) : « On a tous fait un très mauvais match. Tout le monde doit s’inquiéter parce qu’on est en danger maintenant. On s’est mis là-dedans et il faut en sortir rapidement. Il faut qu’on travaille, tous ensemble, qu’on discute tous aussi. Si on obtient deux victoires, on peut repartir derrière. Mais d’abord, il faut se lever le c** ! »
Romain Brégerie (défenseur central messin) : « Une sale soirée, oui. Ce n’est pas la suite logique des deux derniers matchs. On ne peut pas se cacher ce soir. On a péché par naïveté, on n’a pas été solide… bref, on est passé à côté. Heureusement que l’on rejoue déjà vendredi. C’est une chance. On aura moins de temps pour gamberger. »
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Coup dur pour Marichez
Après Stéphane Borbiconi, à l’arrêt en raison d’une blessure au pied, un autre coup dur a frappé l’équipe messine : probablement victime d’un claquage aux adducteurs, en fin de match, Christophe Marichez a réussi à terminer la rencontre mais Dominique Bijotat a exprimé son inquiétude quant à une possible longue indisponibilité du gardien messin. En l’absence de Marichez, le jeune Joris Delle devrait effectuer ses débuts en Ligue 2, vendredi, face à Vannes.