Kevin Gameiro a fait très mal à la défense messine après la pause. Photo MAXPPP
Metz quitte l’aventure en Coupe de France sans nourrir de regrets. Après une première période aboutie, les hommes de Dominique Bijotat ont logiquement plié face à des Lorientais intrinsèquement supérieurs.
Que faire face à « l’un des jeux les plus aboutis de Ligue 1 à domicile » dixit Dominique Bijotat, face à un international (Gameiro) courtisé par les plus grands ? Que faire sur un revêtement inhabituel (synthétique), avec un collectif profondément remanié et à quatre jours d’un déplacement capital à Vannes dans la lutte pour le maintien en Ligue 2 ? Essayer d’exister, ce que Metz a eu le mérite de faire d’une manière convaincante une heure durant, avant de logiquement plier dans la dernière demi-heure.
De notre envoyé spécial à Lorient
« Ce que je ne voudrais pas, c’est qu’à l’extérieur, on ne se réfère qu’à la lourdeur du score ». La crainte de Dominique Bijotat ne se nourrit pas d’une quelconque frustration. Hier, et contrairement à la défaite consentie trois jours plus tôt à Troyes, ce sentiment nauséabond n’avait pas lieu d’être. Les trois buts encaissés par Metz au Moustoir donnent un relief un brin exagéré à la supériorité lorientaise. Cette dernière ne s’est exprimée qu’en seconde mi-temps, à la faveur d’un remplacement opportun (Kitambala pour Fanchone) et sous l’impulsion d’un Kévin Gameiro intenable.
Avant cet éveil breton, l’actuel dix-neuvième de Ligue 2 a délivré une partition cohérente et même dangereuse pour la formation dirigée par Christian Gourcuff. La nature joueuse des Lorientais se heurtait alors à la rudesse d’un bloc-équipe mosellan vigilant et capable de porter le danger sur Fabien Audard. Le gardien breton a d’ailleurs dû détendre tout son être pour sortir, du bout des crampons, un tir fuyant de Mahamane Traoré (32 e). Au cœur de ce premier acte abouti, l’inspiration d’Odegaard aurait également pu susciter une amorce de fantasme si elle ne s’était pas dérobée du cadre.
Loin de la domination bretonne attendue, les partenaires de Kévin Monnet-Paquet opérait d’une manière poussive, comme sur ce tir écrasé de Gameiro échoué sur le poteau de M’Fa, ou sur ce face-à-face perdu d’un rien par Kitambala face au suppléent de Joris Delle. Oui, Metz a existé durant les quarante-cinq minutes initiales. Un motif de satisfaction qu’il ne faudra pas oublier, car au retour des vestiaires, il était écrit que la hiérarchie serait rétablie par l’hôte.
« Un joueur de classe »
En sortant Kitambala pour Fanchone à la pause, Lorient s’est découvert davantage de profondeur. Les lignes se sont étirées, valorisant ainsi la qualité de passe prônée et savamment entretenue par Gourcuff père. La suite n’est que pure logique. La vitesse de Monnet-Paquet, combiné au réalisme de Kévin Gameiro, a rapidement mis Lorient sur orbite ( 1-0, 52e). L’international français, « joueur de classe » comme le souligne le technicien mosellan, n’a eu de cesse de faire valoir son sens du déplacement et un travail d’orientation léché.
Déjà désorientés, les partenaires de Fallou Diagne n’ont rien pu faire sur la percée assassine de Diarra ponctué d’un tir gagnant (2-0, 81 e). La tête de Duhamel aurait pu insuffler une pincée de suspens si Audard ne l’avait pas écartée d’un réflexe salvateur en fin de match (87 e). Seulement Gameiro, puisqu’il s’agit encore de lui, avait sans doute à cœur de prouver à son public que ses velléités de départ pour une formation plus huppée n’ont pas noyé son talent. Son tir expédié dans la lucarne de M’Fa parachevait une prestation d’ensemble qui méritera, sans doute la saison prochaine, un terrain d’expression plus propice à son potentiel (3-0, 90 e+2).
Alors non, devant une telle démonstration de force, l’aréopage mosellan n’avait aucune raison de maudire ce destin contrarié en Coupe de France. Il devra plutôt se laisser guider par ce vent porteur soufflant en première mi-temps au stade du Moustoir. Car sa raison d’être se situe au plus sud de la Bretagne, à Vannes précisément, où une partie de son avenir en Ligue 2 se dessinera samedi...
Jean-Michel CAVALLI.
Publié le 02/02/2011
« Plus fort que nous »
Christian Gourcuff (entraîneur de Lorient) : « C’est une qualification logique face à une valeureuse équipe de Metz. Le scénario de la première mi-temps ne m’a pas plu car on a tout bonnement oublié de jouer. Nous n’étions pas dans le bon timing. Au retour des vestiaires, nous avons su mettre fin à cette domination stérile. »
Dominique Bijotat (entraîneur de Metz) : « On a mis en place ce qu’on souhaitait faire en première mi-temps. Ensuite, nous avons vu la différence entre un club de Ligue 1 convaincu de son football et un autre de Ligue 2. J’aurais tout de même aimé réduire le score à 2-1 pour mettre un peu de suspens dans les débats. Mais nous sommes clairement tombés sur plus fort que nous et sur un grand joueur (Gameiro). »
David Fleurival (milieu du FC Metz) : « Si nous avions ouvert le score, ça aurait peut-être changé la donne. En première mi-temps, nous avons réussi à équilibrer les débats. Ensuite, nous avons plié face à une équipe sereine, surtout sur son terrain. »