Mauvaises blagues proscrites, ce 1 er avril, à Saint-Symphorien : pour le FC Metz, à nouveau relégable depuis quinze jours, la venue de Grenoble, lanterne rouge de Ligue 2, est une affaire à prendre très au sérieux...
Kalidou Koulibaly, ou le symbole d’une équipe rajeunie appelée à soigner sa copie, ce soir, contre Grenoble. Photo Pascal BROCARD
Vaincre, ce soir, répondrait à une certaine forme de logique pour le camp grenat. Après avoir battu Tours, l’un des caïds du championnat, lors de sa dernière apparition à Saint-Symphorien, le 11 mars, les Messins retrouvent, en effet, leur tapis de jeu face à un adversaire auquel les statistiques ne laissent, a priori, aucune chance. Aucune chance en Moselle, c’est dire le calibre de l’hôte attendu aujourd’hui… Grenoble ne se contente pas de présenter la plus mauvaise défense du championnat et d’avoir les guiboles qui tremblent aussitôt qu’il s’éloigne de ses montagnes isèroises : à dix journées de la fin des débats, il est aussi et surtout le bon dernier de la classe. Alors oui, pour le camp grenat, vaincre répondrait à une forme de logique…
Irons-nous pour autant jusqu’à dire que le combat est gagné d’avance ? Non. Pas par plaisir, pas par défaitisme, mais là-aussi, pour respecter une certaine forme de logique. Parce qu’un parfum de National flottera sur cette rencontre entre deux relégables et parce que la façon avec laquelle l’équipe de Dominique Bijotat a négocié ses vingt-huit précédents rendez-vous n’autorise aucune certitude, si ce n’est celle qui amène à percevoir chaque semaine messine comme un éternel recommencement, où l’inquiétude s’amuse toujours à chatouiller les pieds de l’optimisme, une notion toute relative ici-bas depuis quelques mois.
L’affiche de ce 1 er avril 2011 n’échappe pas à la règle. Metz a beau rester sur un succès à domicile plutôt plaisant aux yeux de ses fidèles, il a depuis subi une défaite à Dijon. C’était il y a quinze jours. Depuis, rien. Trêve internationale oblige.
Celle-ci prend fin aujourd’hui, dans un climat où les absences de certains ( lire par ailleurs) ajoutent du poids aux interrogations ramenées de Bourgogne et à toutes celles accumulées depuis le début de saison. Ici, on ne pourra d’ailleurs pas reprocher aux Messins d’avoir brouillé les cartes et de s’être éloignés d’une forme de continuité : avec eux, on ne sait jamais. Même aujourd’hui, à moins de deux mois de la ligne d’arrivée, même face à un adversaire que tout désigne comme la première victime promise à la relégation.
Dix matches pour se sauver
Heureusement pour les Messins, le plus motivé des Grenoblois ne sera peut-être pas sur le terrain, mais bel et bien aux abords du banc des remplaçants. Limogé à quelques journées de la fin du championnat, la saison passée, pour avoir à nouveau perdu les clés de l’accession, le technicien breton pourrait cette fois pousser son ancien camp vers le précipice si sa formation venait à réaliser un bon coup ce soir… Reste à savoir si celle-ci en sera capable ?
La réponse tiendra sans doute davantage dans le contenu de la prestation que sera en mesure de fournir l’équipe de Dominique Bijotat, sous la pression qui étreint son présent et son avenir. Et là, il y a urgence.
« Perdre face à Grenoble ne nous condamnerait pas », assure Dominique Bijotat. Il n’empêche. Il vaudrait mieux l’emporter. Metz a dix matches devant lui pour éviter le National. Pas un de plus. Et ça, hélas, ce n’est pas un poisson d’avril.
Bijotat donne la parole à la jeunesse
Entre blessés et suspendus, Dominique Bijotat n’a pas le choix : l‘entraîneur messin confiera une bonne partie des clés à la jeunesse.
Yéni N’Gbakoto, buteur lors de la dernière journée, débutera la rencontre face à Grenoble. Photo Pascal BROCARD
Romain Brégerie et Adama Tamboura, suspendus. Mahamane Traoré, Alexander Odegaard et Nuno Frechaut, blessés, faites le compte… Contraint à renoncer à tout ce petit monde, Dominique Bijotat s’est tourné vers la jeunesse. Au terme d’une trêve internationale durant laquelle lui et son staff auront travaillé avec un effectif amoindri, l’entraîneur messin a pioché là où il le pouvait : en résulte le visage juvénile du onze qui sera opposé ce soir aux Grenoblois.
« Je table sur l’enthousiasme »
La défense ? Vingt et un ans de moyenne d’âge : l’aîné sera Cheikh Gueye, vingt-quatre printemps. De retour dans le couloir droit après sa suspension, le Sénégalais collaborera avec une charnière centrale inédite, composée par Kalidou Koulibaly et Fallou Diagne, le flanc gauche devant revenir à Gaëtan Bussmann.
Le milieu de terrain n’échappera pas au vent de la jeunesse puisque Samy Kehli et Yéni N’Gbakoto, auteur d’une rentrée pertinente, il y a quinze jours à Dijon, seront respectivement chargés de l’animation dans les couloirs droit et gauche, de part et d’autre de Ludovic Guerriero et David Fleurival.
« Je table sur l‘enthousiasme qu‘ils doivent ressentir à l’idée de jouer à ce niveau. Sur les phases offensives, ça peut amener des choses intéressantes… Sur le plan défensif, il faudra beaucoup de rigueur… » Le mot d’ordre est lancé, qu’il faudra respecter pour répondre à l’urgence comptable. « Ce n’est pas parce qu’on n’en parle pas tous les jours dans la presse que nous sommes inconscients, insiste Dominique Bijotat. On connaît notre réalité.Nous sommes dans un championnat à cinq, il faut terminer dans les deux premiers. »
Le chiffre (1)
1. Les Grenoblois n’aiment pas voyager. Ils n’ont remporté qu’une seule victoire à l’extérieur : c’était le 10 septembre 2010, à Istres (0-1, 6 e journée). Pour le reste, leur bilan comporte dix défaites et trois résultats nuls.
Le chiffre (2)
43. Metz, quatorzième attaque du championnat avec vingt-cinq buts inscrits, s’apprête à affronter la défense la plus perméable de Ligue 2. Les Isèrois ont encaissé un total de quarante-trois buts depuis le coup d’envoi du championnat.
La phrase
Bijotat n’y croit pas. Interrogé sur l’éventuelle démobilisation qui pourrait avoir gagné les rangs grenoblois après la défaite face à Laval, Dominique Bijotat s’est montré très clair : « Démobilisés, ils ne peuvent pas l’être. Sur ce match-là, ils peuvent faire coup double face à l’un de leurs concurrents directs. »
L’info (1)
Diaz dans les dix-sept. Trois semaines après son retour à Saint-Symphorien et sept mois après sa dernière apparition en Ligue 2, Kévin Diaz fait son retour dans le groupe messin. Victime d’une grave entorse du genou en septembre 2010, le milieu de terrain ne débutera pas la rencontre, mais il est susceptible d’entrer en cours de match. « Son explosivité et son coup de patte peuvent nous servir », explique son entraîneur.
L’info (2)
Pouliquen à la Plaine. Yvon Pouliquen s’est sûrement rappelé à quelques-uns de ses souvenirs messins, hier, à l’heure de diriger sa séance de veille de match. Celle-ci s’est en effet déroulée à la Plaine de Jeux. La délégation grenobloise était arrivée dans la matinée en Lorraine.
La question
Pascal Johansen sera-t-il sur la pelouse de Saint-Symphorien ? Oui, mais peut-être pas durant le match. Retenu dans le groupe de seize joueurs désignés hier par l’entraîneur Yvon Pouliquen, l’ancien Messin devrait débuter sur le banc des remplaçants.
