
Pascal Johansen et les Grenoblois ont surpris les Messins sur un ballon anodin. Metz s’enfonce dans la zone de relégation. Photo Pascal BROCARD
Les choses se compliquent un peu plus encore pour le FC Metz, battu hier à domicile par Grenoble, dernier du championnat. Le National ? C’est tout droit.
Une nouvelle claque, une nouvelle désillusion, appelez-ça comme bon vous semble. Après tout, l’important aujourd’hui, à Saint-Symphorien, n’est pas tant dans les mots, mais dans les maux affichés hier soir encore par le FC Metz.
Battue il y a deux semaines à Dijon, l’équipe de Dominique Bijotat l’a une nouvelle fois été, et s’il vous plaît, par le dernier de Ligue 2. Grenoble ne s’était imposé qu’une seule fois à l’extérieur depuis le coup d’envoi du championnat – il a profité de son passage en Lorraine pour rendre ses statistiques un peu moins indigentes. Alors certes, Yvon Pouliquen et les siens ne sont pas tirés d’affaires pour autant. Ce matin, ils demeurent assis au fond de la classe, mais ils doivent sûrement se sentir moins seuls : l’écart qui les séparait du premier relégable messin a fondu sous les premiers rayons du printemps.
Sous ce ciel menaçant du bas de tableau, les Messins, eux, affichent une mine résolument différente de celle de leur dernier adversaire. A neuf marches, désormais, de la ligne d’arrivée, leur marge de manœuvre s’est encore réduite : hier soir, la volonté manifestée tout au long de la première période n’a pas été suffisante pour masquer les carences locales.
Carences offensives pour l’essentiel. Pas vraiment inquiétés derrière, les Grenats ont fauté devant le but grenoblois. Après un quart d’heure de jeu, les Isérois auraient pu accuser un retard de deux buts au tableau d’affichage sans pouvoir crier au scandale. Mais Mathieu Duhamel avait manqué de promptitude pour transformer sa reprise de volée sur un service de David Fleurival (9 e), et Gaëtan Bussmann, lui, avait manqué de réussite : sa tête, à la réception d’un coup franc de Ludovic Guerriero avait été renvoyée par le poteau de Viviani (11 e).
Rajeuni dans ses grandes largeurs, en raison des nombreuses absences avec lequel son entraîneur a été contraint de composer, le onze messin semblait tenir le scénario de la rencontre. En dépit du déchet technique observé dans sa production et de relances parfois plus qu’approximatives, Metz dominait, en effet, un adversaire conscient de jouer l’une de ses dernières cartes.
Douche froide
Et c’est peut-être cet instinct de survie qui a servi la cause grenobloise. Présents dans l’engagement, les joueurs d’Yvon Pouliquen ont su saisir l’une des rares occasions qui se sont présentées à eux pour assommer l’enthousiasme messin.
Sur un ballon anodin côté gauche, Atila Turan, à l’entrée de la surface de réparation messine, réussissait à lober Joris Delle. Le ballon finissait au fond des filets (71 e). Douche froide sur Saint-Symphorien. Les efforts déployés par la suite pour revenir au score n’ont jamais abouti, que ce soit cette reprise de volée en pivot de Thibaut Bourgeois ou celle, trop enlevée de Mathieu Duhamel, en manque de clairvoyance hier…
Le FC Metz a beau avoir « pris le match par le bon bout », comme le soulignait Dominique Bijotat à l’issue du débat, il n’a pas su aller au bout de ses intentions. Et le résultat a de quoi inquiéter.
Reims, vainqueur de Tours, a, provisoirement au moins, quitté ce "championnat à cinq" dans lequel Ludovic Guerriero et ses coéquipiers s’étaient engagés. Pour eux, le mois d’avril commence par un poison de défaite. Et il ne reste que très peu de temps au staff et aux joueurs pour dénicher l’antidote…
Cédric BROUT.
Atila les a tués...

Kévin Diaz dissimule sa peine… Photo Pascal BROCARD
EN VUE
Cheikh Gueye. Suspendu à Dijon, le défenseur sénégalais retrouvait, hier, son couloir droit. Avec plaisir et détermination. Bien placé, incisif dans ses duels, il a, par ailleurs, ajouté une belle touche offensive à sa palette. Sa prestation aurait pu être parfaite s’il n’avait pas laissé échapper ce diable d’Atila Turan sur l’ouverture du score grenobloise (71 e).
DANS L’OMBRE
Fallou Diagne. S’il s’est acquitté de ses tâches défensives avec sobriété, il a, par contre, montré ses limites dans l’art de la relance. En usant de façon quasi-systématique de longs ballons (pas toujours maîtrisés), le jeune défenseur sénégalais n’a guère contribué à la fluidité tant recherchée du jeu messin. Au contraire…
Samy Kehli. Une entrée en matière pleine de promesses à l’image de cette frappe lobée tout en finesse (6 e). Et puis, les quelques gestes techniques et inspirations du début de rencontre -qui pouvaient laisser espérer le meilleur - se sont dissous en même temps que le chronomètre égrenait les minutes. Dommage…
PAROLES, PAROLES
Yvon Pouliquen (entraîneur de Grenoble). « Cette victoire, un peu heureuse, nous maintient en vie. Nous avons souffert face à la qualité offensive des Messins, notamment durant les vingt premières minutes. Mais grâce à un bel état d’esprit nous avons su provoquer la réussite. »
Dominique Bijotat (entraîneur de Metz). « Notre équipe est trop jeune, trop verte. Cette jeunesse est un atout lorsqu’on a le bonheur de mener au score, mais devient vite un handicap dans un tel scénario. A mes yeux, il ne s’agit pas d’un hold-up : Grenoble a fait valoir son expérience. C’est une grande désillusion, même si la première période s’est révélée assez intéressante… »
Ludovic Guerreiro (milieu et capitaine de Metz). « Cette défaite fait très mal. Grenoble a une réussite totale alors que nous avons un grand nombre d’occasions. Si on pensait que le maintien était perdu, il serait préférable d’arrêter tout de suite. Ce n’est pas le cas ! »
Mathieu Duhamel (attaquant de Metz). « C’est un vrai hold-up. Psychologiquement, c’est dur à avaler, mais il va vite falloir digérer cette déception. »
TEMPS ADDITIONNEL
Il a bien tenté de contenir sa joie en débarquant en salle de presse. Mais très vite son sourire l’a trahi. Pour son retour à Saint-Symphorien, Yvon Pouliquen ne pouvait rêver meilleur scénario. Et même les quelques noms d’oiseaux dont l’ont affublé quelques supporters messins n’y ont rien changé…
J.-S. GALLOIS.
L’HOMME DU MATCH
Atila Turan. Au sein du menu peu digeste proposé hier soir à Saint-Symphorien, un homme, un seul, est sorti de l’ombre. Parce qu’il a inscrit le seul but de la rencontre, « avec un peu de réussite », a-t-il modestement reconnu après la rencontre. Mais pas seulement. Non, le jeune milieu de terrain grenoblois, dix-neuf ans le 10 avril prochain, a marqué les esprits par sa débauche d’énergie et sa technique un brin au dessus de la moyenne. International français U19, Atila Turan a justifié, hier, la flatteuse réputation qui le précédait et qui susciterait la convoitise de grands clubs italiens et espagnols.

TRIBUNE LIBRE
Ça commence à gronder…
Les journées se suivent et ne se ressemblent pas du côté de Saint-Symphorien : reparti avec le sourire aux lèvres, le 11 mars dernier, après la victoire de son équipe face à Tours, le public messin a, cette fois, quitté l’enceinte chargé d’une bonne grosse dose d’amertume. Avant de rejoindre leurs pénates, les supporters ont d’ailleurs pris soin de confier leur déception et leur colère aux dirigeants du club présidé par Bernard Serin. Des sifflets à la sortie des joueurs, des appels à la démission adressés à l’ensemble de la direction balancés au fil de la seconde période… Contre-performance sportive, mécontentement populaire… Il n’a pas fallu attendre ce 1 er avril pour le deviner, mais l’évidence a gagné en luminosité : la fin de saison s’annonce pesante !