
Mathieu Duhamel s’est élevé plus haut que tout le monde pour placer les Messins sur la bonne voie juste avant la pause. Et l’attaquant lorrain a récidivé en toute fin de rencontre pour sauver les siens de la défaite. Photo Pascal BROCARD
Metz a frôlé le pire, hier, face à Clermont, arrachant le point du nul dans les derniers instants d’un match durant lequel il a mené au score à deux reprises. La consolation ? Il sort de la zone rouge.
Ce matin, ils auraient dû regarder le classement avec soulagement. Ce matin, ils auraient dû compter deux longueurs d’avance sur le premier relégable nîmois. Vous avez bien lu : les Messins ne font plus partie du trio appelé à rejoindre le National au soir du 27 mai prochain. Et pourtant, ce matin, c’est bel et bien un lourd parfum d’amertume qui flotte sur Saint-Symphorien.
Hier soir, face à des Clermontois qui arrivaient invaincus depuis sept matches, l’équipe de Dominique Bijotat a peut-être eu le bon goût d’associer l’enthousiasme à l’efficacité. Trois buts en quatre-vingt-dix minutes, pensez donc ! Séduisante sur certaines phases de jeu, elle a même touché à la victoire. Du bout des doigts seulement... Tant d’efforts et d’application pour quoi au final ? Un point, un seul, dont l’unique bénéfice réside dans cette dix-septième place qu’elle occupe grâce à une meilleure différence de buts que son homologue gardoise.
A Metz, la fragilité se cultive.
Entrés sur la pelouse dans une disposition offensive prononcée, avec Mahamane Traoré à la baguette, les Messins ont pris le taureau par les cornes. Leur domination, flagrante durant le premier quart d’heure, n’a cependant pris une allure concrète qu’après la demi-heure de jeu. A l’origine, un puissant coup franc de Mathieu Duhamel. Renvoyé par le gardien clermontois, le ballon revenait dans les pieds de Romain Brégerie, dont la tentative était repoussée par le poteau. Surgissait alors Kalidou Koulibaly : dans une forêt de jambes, le défenseur sénégalais trouvait la faille (1-0, 34 e). Mais, ici-bas, le bonheur ne dure jamais bien longtemps.
Trois minutes à peine après l’ouverture du score, Mario Mutsch – qui ne s’était jusque-là pas particulièrement distingué – perdait sa lucidité en même temps que le ballon. Alessandrini saisissait l’offrande. A la réception de son centre, Sloan Privat justifiait sa réputation de tueur. L’attaquant clermontois signait, en effet, son dix-huitième but de la saison, d’une tête décroisée sur laquelle Joris Delle était impuissant (1-1, 37 e). Abattus les Messins ? Mathieu Duhamel apportait la réponse à son public. Sur un corner frappé par Ludovic Guerriero, l’ancien Troyen trompait Fabre, de la tête, pour la deuxième fois de la soirée et permettait aux siens d’atteindre la pause en ayant repris l’avantage (2-1, 45 e+2)
Le calvaire de Mutsch
Une chose est certaine. Le repos n’a pas été profitable à Mario Mutsch. Dans des circonstances quasi similaires à celles qui avaient amené la première égalisation adverse, l’international luxembourgeois, qui rejoindra le FC Sion à l’issue de la saison, perdait à nouveau les pédales. Tergiversant, à une trentaine de mètres du but de Joris Delle, il laissait le ballon s’échapper et provoquait un coup franc en voulant le récupérer. La suite ? Un bijou de frappe d’Alessandrini, qui se logeait dans la lucarne de la cage de Joris Delle (51 e, 2-2). Les Messins n’étaient pas au bout de leur peine. Alors qu’ils évoluaient en supériorité numérique après l’expulsion d’Abdoulaye (53 e), ils se laissaient encore surprendre par Alessandrini. L’attaquant clermontois se jouait d’une défense incroyablement passive pour donner l’avantage à son camp, d’une frappe croisée (2-3, 78 e).
« On n’a pas le droit de donner des buts comme ça à notre adversaire. » La colère de Dominique Bijiotat, à l’issue des débats, avait beau être contenue. Dans les mots de l’entraîneur messin, l’agacement était plus que palpable. Preuve que l’égalisation de Mathieu Duhamel, dans le temps additionnel, n’était pas suffisante pour atténuer la déception avec laquelle les Grenats ont quitté la scène.
S’ils ont réussi à limiter la casse, Ludovic Guerriero et ses coéquipiers ont surtout laissé filer une victoire qui leur tendait les bras. Et cela pourrait leur coûter cher au moment du décompte final, d’ici à quelques semaines. Ce matin, Metz n’a pas les deux points qui lui auraient permis d’envisager son déplacement au Mans avec un minimum d’assurance. Il voyagera encore avec la peur au ventre, à la recherche d’un succès qui lui échappe depuis maintenant plus d’un mois...
Cédric BROUT.
A la sauce Duhamel
EN VUE
Ludovic Guerriero. Dans la foulée d’une prestation remarquée à Angers, le capitaine messin a mis tout son cœur dans la bataille, hier soir. Combattant de l’ombre, il a également su braquer les projecteurs sur lui en venant régulièrement en soutien de Mathieu Duhamel, souvent avec justesse. Plus à son aise que d’habitude sur les coups de pied arrêté, il a ainsi déposé le ballon sur la tête de Duhamel, sur corner, pour le deuxième but messin.
Kalidou Koulibaly. Un sens du placement indéniable. Des interventions judicieuses dans les un contre un. Des relances propres. Et, cerise sur le gâteau, une reprise limpide pour l’ouverture du score messine. Convaincant.
DANS L’OMBRE
Kévin Diaz. Il manque encore clairement de rythme. Sa bonne volonté n’est pas à remettre en cause, mais le milieu messin n’est jamais parvenu à vraiment peser sur la rencontre.
Mario Mutsch. Sa timide entame de match, face au très remuant Alessandrini, laissait présager une soirée difficile pour le défenseur luxembourgeois, appelé, hier soir, à palier l’absence de Cheikh Gueye, suspendu... Et elle le fut. Laissé sur le banc par Dominique Bijotat face à Grenoble et à Angers après une prestation très peu convaincante à Dijon, Mario Mutsch a offert deux buts aux Clermontois. En cause, deux pertes de balle conséquence d’une application peu en adéquation avec le contexte actuel.
PAROLES, PAROLES
Michel Der Zakarian (entraîneur de Clermont). « Je n’éprouve pas de colère, simplement une grosse frustration. C’est la troisième fois cette saison qu’on se fait reprendre dans le temps additionnel... On est jeune, on a encore beaucoup de choses à apprendre. »
Kalidou Koulibaly (défenseur de Metz). « Ce point nous permet malgré tout de sortir de la zone rouge et donc d’avoir toujours notre destin entre les mains. Mais c’est clair qu’on devait gagner cette rencontre. »
Dominique Bijotat (entraîneur de Metz). « Je suis remonté ! A un moment donné, il faut savoir ce qu’on veut : ce soir, j’ai vu des garçons qui ont joué et d’autres qui semblent déjà avoir la tête ailleurs ! »
Ludovic Guerreiro (milieu et capitaine de Metz). « C’est une énorme frustration. On fait le plus dur en marquant le deuxième but et à la reprise, on joue à la baballe et on paie cash cette mise en danger inutile. »
TEMPS ADDITIONNEL
Au bord des larmes. Fautifs sur deux de trois buts de Clermont, Mario Mutsch a terminé la rencontre sur le banc, remplacé par Thibaut Bourgeois (80 e). Et s’est avec un soulagement immense, maillot dans la bouche, au bord des larmes, que l’international luxembourgeois a accueilli, le long de la ligne de touche, l’égalisation signée Mathieu Duhamel dans le temps additionnel.
J.-S. GALLOIS.
L’HOMME DU MATCH
Mathieu Duhamel. Cela devient une habitude. Une très bonne habitude. Non content de presser sans relâche la défense adverse, malgré la solitude de l’attaquant de pointe qui est désormais la sienne, Mathieu Duhamel a prouvé son efficacité devant les buts. En inscrivant, hier soir, ses sixième et septième buts sous les couleurs grenats en championnat, il a enlevé une sacrée épine du pied à son équipe. On le répète semaine après semaine, Mathieu Duhamel, un exemple à suivre.

TRIBUNE LIBRE
Faute professionnelle
Il y a de nombreuses façons de faire des bêtises. De la faute légère à la faute lourde, l’éventail est large, mais les conséquences pour une entreprise comme le FC Metz au bord du dépôt de bilan, sont, de toute façon, catastrophiques. Alors qu’ils avaient toutes les cartes en main pour s’imposer hier soir, les Messins ont laissé filer deux précieux points. Les raisons ? Le non-respect des règles élémentaires de discipline définies par le règlement intérieur, des erreurs et des négligences sur le lieu de travail. Bref, autant d’ingrédients qui frisent avec la faute professionnelle.
J.-S. G.
Photos R.L. : http://www.republicain-lorrain.fr/actua ... zone-rouge