Première balle de match à Saint-Symphorien. En battant Nîmes, ce soir, le FC Metz s’évitera un voyage sous tension la semaine prochaine, à Evian : une victoire le maintiendra officiellement en Ligue 2.

Yéni N’Gbakoto et les Messins ont l’occasion d’assurer leur maintien dès ce soir. Il faudra pour cela battre Nîmes à Saint-Symphorien. Photo Pascal BROCARD
Des regrets. Des regrets partout, disséminés aux quatre coins d’une pelouse fraîchement désertée par une équipe qui avait poussé le vice jusqu’à entretenir le mirage de son retour parmi l’élite jusqu’au coup de sifflet final. Voilà à peu près à quoi ressemblait Saint-Symphorien, il y a un an et une semaine.
En ratant le train de l’accession – conséquence combinée de leur défaite face à Vannes et de la victoire d’Arles-Avignon lors de la dernière journée de championnat, le 14 mai 2010 – les Messins de l’époque ne mesuraient sans doute pas avec exactitude ce qui attendait leurs successeurs. Le mystère n’a pas duré bien longtemps. Plus exactement jusqu’au mois d’août suivant : trois premiers matches de championnat, trois défaites. Ou le début d’une traversée du désert qui pourrait enfin s’achever ce soir. A une condition : s’imposer face à Nîmes, avant-dernier au classement.
Bijotat : « Le match le plus difficile »
Se maintenir, s’offrir un quatrième tour de piste d’affilée en Ligue 2. Voilà le possible butin dont il faudra se satisfaire. Nul doute, d’ailleurs, que le déroulé chaotique des mois passés amènera les acteurs – des dirigeants aux joueurs – à se contenter sans difficultés de ce modeste bonheur.
Les débuts calamiteux de l’équipe confiée à Dominique Bijotat, troisième entraîneur de l’année civile 2010 après Yvon Pouliquen et Joël Muller, et son inconstance déroutante, ont en effet longtemps étouffé toute notion d’avenir. Mais les miracles existent donc bel et bien : Metz est là, usé mais debout, pour le prouver, qui a finalement l’occasion d’échapper au destin National qui lui a si longtemps collé aux crampons. Alors, on danse ?
Pas encore, insiste Dominique Bijotat. Son équipe a beau afficher cinq longueurs d’avance sur son adversaire du jour et quatre sur Vannes, son concurrent direct, l’entraîneur messin se pose en rempart face à l’euphorie qui pourrait gagner les vestiaires. « Le match le plus difficile de la saison nous attend. Pénétrer sur le terrain ne sera pas suffisant.Au niveau des émotions, ces rendez-vous sont souvent compliqués. »
Vainqueur à l’arrachée à Istres, la semaine passée, tombeur de deux anciens prétendants à la montée, Boulogne-sur-Mer et Le Havre lors de ses deux dernières apparitions à Saint-Symphorien, Metz devrait se méfier d’un adversaire nîmois en chute libre ?
Oui aux dires de Dominique Bijotat, qui attendra le coup de sifflet final, et peut-être celui de la semaine prochaine, à Evian, si la soirée d’aujourd’hui tourne mal, pour se permettre de pousser un (gros) ouf de soulagement. « Nous n’avons mûri que d’une année. Notre équipe reste une équipe jeune. Et même si l’environnement qui nous attend, avec ce stade plein, est un environnement positif, il faut tout mettre en œuvre pour que personne ne s’éparpille.A nous de rester calmes, lucides et de maîtriser les événements. »
Après avoir passé sa saison à se chercher, après avoir avancé des mois durant avec le vent du doute de face et montré tant de lacunes à s’installer dans le confort de la régularité, Metz se voit aujourd’hui confronté à un horizon inconnu, où les obstacles n’ont jamais semblé aussi peu nombreux. C’est peut-être ce qui incite à la prudence orale observée ces derniers jours dans la bouche des uns et des autres…
Sous les yeux d’un public qui battra quoi qu’il arrive, lui, le record d’affluence en Ligue 2 cette saison, les joueurs de Dominique Bijotat disposent de quatre-vingt dix minutes pour en finir avec dix mois de galère et pour faire voler en éclats cette menace de relégation qui n’a pas, encore, totalement disparu du ciel de Saint-Symphorien. Quatre-vingt-dix minutes pour donner un sens à toute une saison.
Metz a loupé le coche de l’Euro 2016, Metz n’aura peut-être pas son nouveau stade, mais une victoire, ce soir, reléguerait assurément ces deux ratés au second plan. Messieurs, c’est à vous !
Cédric BROUT.
Sissoko : « Nîmes vendra chèrement sa peau »
Oumar Sissoko, qui s’est imposé en cette fin de saison dans les buts messins, affiche sa prudence à la veille de cette rencontre capitale.

Oumar Sissoko souhaite tirer un trait sur cette saison : « Une victoire nous permettrait d’oublier ces difficultés » Photo Pascal BROCARD
Est-ce un Metz serein qui s’avance sur ce rendez-vous décisif ?
« Disons que le groupe se porte bien, que cet enchaînement de deux victoires consécutives apporte un brin de confiance. On perçoit du changement depuis quelques matches. L’apport de joueurs blessés, la montée en régime du collectif et la réussite qui nous a parfois fait défaut en début de championnat nous offrent de la sérénité. »
• Peut-on parler d’ascendant psychologique sur les Nîmois ?
« Nous avons un avantage comptable mais pas forcément psychologique. Personnellement, je pense qu’il ne faut surtout pas s’imaginer en position de force. Nîmes vendra chèrement sa peau. Nous avons conscience que demain (aujourd’hui), une équipe ressentira beaucoup de désespoir au coup de sifflet final. Le mieux est de nous concentrer sur nous-mêmes, de faire abstraction du reste. »
• Difficile pourtant d’occulter l’environnement de cette rencontre…
« Nous connaissons l’enjeu de cette rencontre mais il me paraît inutile de nous mettre une pression supplémentaire. Ce qui est primordial, c’est de reproduire ce que nous avons été capables de faire ces dernières semaines. Il faudra les bousculer très tôt dans la partie, leur faire sentir notre présence de la première à la dernière minute de ce match. »
• D’autant que Nîmes évoluera avec l’énergie du désespoir…
« Je pense surtout qu’ils vont afficher une grande détermination. Peut-être que cela accouchera d’une rencontre tendue, serrée. En cela, il faudra se montrer très vigilants… »
« On a toujours cru en nous »
• La saison dernière à pareille époque, dans un contexte similaire avec un stade plein, vous aviez vécu une expérience malheureuse face à Vannes. Quelle leçon en retenez-vous ?
« Qu’un match à domicile, même devant une forte affluence et dans un contexte a priori favorable n’est jamais gagné d’avance. Loin de là même. Il faudra se servir de ce soutien populaire d’une manière intelligente, en canalisant nos émotions… »
• Votre cas personnel est à l’image de la saison du club, en pleine résurrection après une période délicate…
« Pour être honnête, je ne me voyais pas rejouer cette saison. Alors chaque week-end, j’essaye de profiter un maximum de la confiance qui m’est donnée. C’est un échange avec le staff technique. Je prends du plaisir et je tente de montrer ce dont je suis capable. »
• Le fait que Dominique Bijotat vous maintienne sa confiance alors que Joris Delle est rétabli vous rassure-t-il ?
« Je le répète, ça me procure une grande confiance. Surtout, cela permet de ne pas nous reposer sur nos lauriers avec Joris et Anthony (M’Fa). Nous avançons tous les trois dans le même sens, nous vivons très bien ensemble. »
• En cas de victoire, pensez-vous à la délivrance qui vous habitera ?
« Oui, bien sûr. La saison a été douloureuse mais on a toujours cru en nous. Une victoire nous permettrait d’oublier ces difficultés pour repartir sur de bonnes bases. C’est mon vœu le plus cher… »
Jean-Michel CAVALLI.
Metz pour la passe de trois
Le retour de Yéni N’Gbakoto devrait constituer le seul changement dans le onze messin ce soir, contre Nîmes.

Mahamane Traoré Photo Pascal BROCARD
Dominique Bijotat ne change pas une équipe qui gagne. Ou presque pas, puisque le onze qui se présentera ce soir pour baisser le rideau à Saint-Symphorien devrait en effet comporter une nouveauté par rapport à celui qui avait débuté la semaine passée, du côté d’Istres.
Cette nouveauté se nomme Yéni N’Gbakoto. Remplaçant en Provence, le milieu de terrain avait signé une rentrée des plus pertinentes, à un quart d’heure du coup de sifflet final. C’est de son pied qu’était en effet arrivé le centre qui avait permis à Kévin Diaz d’inscrire de la tête le troisième but de son camp. Un but dont l’importance se lit aujourd’hui au classement, puisqu’il permet aux Messins d’aborder l’ultime rendez-vous de la saison à domicile nantis d’une avance comptable des plus précieuses sur les deux premiers relégables.
Traoré à la baguette
Yéni N’Gbakoto, donc, en lieu et place de Fallou Diagne, remplaçant présumé. Pour le reste ?
L’entraîneur messin fera confiance à un schéma en 4-2-3-1 et à des hommes qui restent sur deux succès de rang, une première cette saison du côté de Saint-Symphorien.
Face à Nîmes, Metz se présentera donc avec un seul attaquant de pointe, Mathieu Duhamel, mais avec trois autres joueurs à vocation offensive derrière lui, parmi lesquels N’Gbakoto dans le couloir droit, Diaz à gauche et Traoré aux commandes centrales de l’animation.
C. B.
L'ARBITRE
L’arbitre
Chapron, septième acte. Premier passage à Saint-Symphorien de la saison pour Tony Chapron. L’arbitre, qui dirigera ce soir son septième match de Ligue 2, n’a jamais officié en présence des Messins. Il a en revanche arbitré les Nîmois, à l’occasion de la venue du Havre au stade des Costières (1-1, 30 e journée).
Le chiffre
24 380 spectateurs. L’affluence recensée ce soir à Saint-Symphorien devrait constituer le record de la saison en Ligue 2, tous stades et toutes journées confondues. Jusqu’à présent, il était détenu par Le Mans lors de l’inauguration du stade MMArena, qui avait rassemblé 24 375 spectateurs pour la réception d’Ajaccio en janvier dernier. Le record d’affluence dans le stade messin, lui, passera l’épreuve de cette trente-septième journée : l’an dernier, la venue de Vannes avait réuni 26 353 personnes. L’espace traditionnellement réservé aux visiteurs avait exceptionnellement été ouvert au public grenat.
La phrase (1)
Butelle pris aux maux. « Metz va se relever. Nous sommes passés par là et je suis sûr qu’ils sauront nous imiter ». Voilà ce que déclarait Ludovic Butelle, ancien messin aujourd’hui dans les buts de Nîmes, au soir de la victoire gardoise à l’aller (2-0, 21 décembre). Le gardien disait vrai : Metz s’est bien relevé, tout le contraire de son équipe, en chute libre ces dernières semaines…
La phrase (2)
Dominique Bijotat n’a pas oublié. « C’est le match durant lequel nous avons été le plus ballottés. Pour eux, c’était Noël. » Noël un peu avant l’heure en l’occurrence, puisque la rencontre évoquée hier par Dominique Bijotat remonte au 21 décembre dernier. Ce jour-là, à Nîmes, les Messins avaient concédé leur huitième défaite de la saison au terme d’une piètre prestation (2-0). « Nous avons montré l’un de nos plus mauvais visages de la saison », avait alors déclaré l’entraîneur messin.
L’anecdote
C’était en février 1973. Il faut remonter loin, très loin dans le temps pour retrouver la trace du dernier succès nîmois à Saint-Symphorien. Les Provençaux ne se sont en effet plus imposés à Metz depuis le 25 février 1973 (victoire 1 à 0). Pour mettre un terme à cette longue attente, les Nîmois d’aujourd’hui devront montrer davantage de conviction qu’ils ne l’ont fait cette saison loin de chez eux. Avec deux victoires seulement enregistrées hors de leurs bases – pour cinq nuls et onze défaites – les Crocodiles pointent au dix-huitième rang du classement des performances à l’extérieur.
C. B. et J-M. C.