
Belle communion, hier soir, entre le public de Saint-Symphorien et les hommes de Dominique Bijotat. Au terme d’une saison crispante le peuple messin peut enfin respirer ! Photo Pascal BROCARD
La crispation avant la délivrance. Le FC Metz a décroché hier soir face à Nîmes sa victoire la plus importante de la saison. Celle qui lui permet d’assurer son maintien en Ligue 2.
J’y suis, j’y reste ! Il aura donc fallu attendre dix longs mois, dix pénibles mois et trente-sept matches pour que le FC Metz mette un terme à l’incertitude qui l’a accompagné tout au long de sa troisième campagne de suite en Ligue 2. Le doute, les craintes, ce matin, ne sont plus permis : le championnat de National ne pourra pas miser sur la présence du club à la croix de Lorraine pour espérer améliorer son attractivité. Hier soir, en venant à bout de Crocodiles aux dents trop usées pour mordre, l’équipe de Dominique Bijotat a, en effet, assuré sa place sur le prochain calendrier de l’anti-chambre de l’élite. Un bonheur simple mais un bonheur tout de même, salué comme il se doit par un stade Saint-Symphorien rempli jusqu’à la gueule.
Comme la saison passée, le public messin n’a pas boudé le plaisir d’un dernier rendez-vous à domicile décisif. D’un exercice à l’autre, pourtant, l’enjeu n’était plus le même. Aux portes de la Ligue 1, le 14 mai 2010. Aux portes du National hier. Tout un monde qui n’a pas empêché les joueurs de Dominique Bijotat de savourer leur victoire de longues minutes après le coup de sifflet final. Et un, et deux, et trois zéro.
Ce succès, le dixième de la saison, les Messins sont allés le chercher avec le même enthousiasme qui leur a permis de relever la tête lors des dernières semaines de compétition. Avec le même enthousiasme, la crispation en plus. Logique. Aux frontières de la délivrance, l’usure psychologique et la fatigue physique accumulées tout au long d’un parcours mené dans les sables mouvants du bas de tableau ont pesé de tout leur poids à l’heure de ce rendez-vous crucial.
Le début de la rencontre n’a donc pas échappé aux traditionnelles approximations techniques dans le camp messin. Et il s’en est fallu de peu pour que la soirée vire au cauchemar très rapidement : sans le pied de fer d’Adama Tamboura, le tir d’Amewou aurait fini sa course au fonds des filets d’Oumar Sissoko (13 e). Les Messins ont connu alors un long moment de flottement, entretenu par la blessure de Mathieu Duhamel. L’attaquant, touché à la cheville gauche, a finalement repris sa place sur la pelouse. En boitillant, mais avec une volonté intacte. La preuve, l’ex-Troyen l’a apporté en frappant sur un service de Traoré. Le ballon repoussé par Butelle, revenait dans les pieds du passeur messin, qui trouvait la cible (38 e).
Duhamel, Traoré : deux joueurs arrivés sur le tard à Saint-Symphorien permettaient aux Messins de s’engager sur le chemin de la libération. Avec d’autant plus d’assurance qu’à la même heure, Vannes, principal concurrent, était déjà mené par deux buts d’écart par Le Mans. Le scénario, idéal à la pause, n’a pas dérapé.
Sakho au bout de la nuit
Pour les Nîmois, il s’est vite révélé irrémédiable. Malgré leur tentatives de déstabilisation, un travail dans lequel Gigliotti a excellé hier, les Provençaux ont compris qu’ils ne se relèveraient plus peu après l’heure de jeu : Kévin Diaz, bousculé dans la surface de réparation gardoise, obtenait un penalty transformé sans trembler par le capitaine messin, Ludovic Guerriero (2-0, 65 e). La messe était dite. Et elle l’était plus encore lorsque Diafra Sakho, entré en jeu à la place de Duhamel, profitait d’un service millimétré de Gueye pour inscrire le troisième but de son camp d’un plat du pied puissant (72 e).
La suite ? Des tribunes en joie et une explosion d’applaudissement lorsque Tony Chapron, l’arbitre portait le sifflet à ses lèvres. Metz tenait son bonheur, pour de bon. En-fin !
Cédric BROUT.
Diaz le dynamiteur

Ludovic Guerreiro. Photo Gilles WIRTZ
EN VUE
Mahamane Traoré. Contrairement à ses précédentes sorties, il n’a peut-être pas eu la même influence sur le jeu hier soir. Gagné, comme ses coéquipiers, par un soupçon de nervosité durant la première mi-temps, le Malien a toutefois tenté de chercher de la profondeur. De rééquilibrer le rapport de force, là où ses partenaires affichaient une timidité coupable. Surtout, nous retiendrons que son but, teinté d’opportunisme, a libéré les siens. Si Metz a retrouvé de la sérénité par la suite, il le doit en grande partie à son chef d’orchestre.
Adama Tamboura. Son sauvetage "miraculeux" sur la ligne d’un but déserté par Oumar Sissoko, à l’approche du premier quart d’heure, a préservé Metz d’une ouverture du score nîmoise précoce. Viril lorsque les événements l’exigeaient, il ne s’est pas contenté de ses tâches défensives en combinant régulièrement avec Kévin Diaz.
Ludovic Guerriero. Lorsque les débats se sont musclés, il n’a pas fui ses responsabilités. Lorsqu’il a fallu supporter le poids d’un penalty vital pour l’avenir en Ligue 2 de son club, il n’a pas fui ses responsabilités.
DANS L’OMBRE
Yéni N’Gbakoto. Cette fois, ses inspirations créatrices se sont heurtées à la rudesse du bloc nîmois. Et aussi à une pointe d’individualisme qui l’a desservi dans ses intentions. Logiquement remplacé par Fallou Diagne à l’heure de jeu.
L’HOMME DU MATCH

Kévin Diaz. Son retour après six mois de blessure se sera donc révélé décisif. Hier encore, dans un contexte pesant, c’est Kevin Diaz qui s’est montré le plus volontaire sur son côté gauche. Incisif alors que ses coéquipiers ressentaient un malaise en première mi-temps, la qualité technique du Monégasque a largement pesé sur les débats. Sa fraîcheur et sa tonicité ont soulagé ses partenaires. Et que dire de ce rush à la 65 e contraignant Haddou à une intervention amenant un pénalty libératoire. Si seulement son avenir pouvait se dessiner à Metz...
PAROLES, PAROLES…
Dominique Bijotat (entraîneur du FC Metz). « Nous ne sommes pas complètement rentrés dans le match car il y avait beaucoup de tension. Au final, cette victoire est entièrement méritée. Nous sommes sur une phase ascendante, ça s’est vu. On n’en est tout de même pas à regretter que ce championnat se termine ( rires)… Il faut féliciter les joueurs pour leur parcours durant cette deuxième partie de saison où nous prenons 28 points. Ce soir, il y a énormément de satisfaction. »
Bernard Serin (président du FC Metz). « C’est un grand soulagement. Il fallait que l’amalgame se fasse dans cette équipe. Je le répète ce soir : jamais, mais jamais je n’ai songé à me séparer de Dominique Bijotat. J’ai toujours eu toute confiance en lui. L’avenir de Duhamel ? Nous avons un accord avec Troyes, il faut désormais s’entendre avec le joueur. Bien sûr, nous aimerions aussi conserver Mahamane Traoré et Kévin Diaz. Mais la balle n’est pas dans notre camp… »
TEMPS ADDITIONNEL
Hier, les consignes étaient de proscrire l’envahissement du terrain. En dépit de la volonté du public messin de communier avec ses joueurs, la pelouse du stade Saint-Symphorien n’a pas connu d’intrusion au coup de sifflet final. Disciplinés, les fans mosellans ? Non, simplement intimidés par le service d’ordre du club, renforcé par un bataillon de maîtres-chiens plus que dissuasif…
J.-M. C.
Record battu !

Photo Pascal BROCARD
Certes, Metz n’a pas (encore ?) un complexe sportif flambant neuf. Hier, cela n’a toutefois pas empêché Saint-Symphorien de subtiliser à la MMA Arena le record d’affluence de la saison en Ligue 2. Avec 24 442 spectateurs, le stade messin fait mieux que la nouvelle enceinte mancelle, garnie de 24 375 supporters lors de la réception d’Ajaccio en janvier dernier.
La force de l’habitude
A match exceptionnel, préparation… ordinaire. Visiblement confortés par leurs deux dernières sorties victorieuses à domicile contre Boulogne et Le Havre, les hommes de Dominique Bijotat n’ont pas changé leurs habitudes : « Une mise au vert ? Non, non, on reste dans un schéma classique », assurait l’entraîneur en conférence de presse d’avant match. Hier, les joueurs ont suivi en matinée une séance vidéo habituelle, préparée par Samir Chamma, avant d’inspecter à l’heure du déjeuner leur pelouse. De l’ordinaire, donc, histoire de ne pas troubler ce brin de quiétude messin.
Candeloro en guest star
Philippe Candeloro, l’ancienne gloire française du patinage artistique, a donné hier le coup d’envoi de ce Metz - Nîmes. Une bonne manière de rompre la glace.
Une personne évacuée
Ceux-là n’auront pas vu l’ouverture du score messine de Mahamane Traoré. Et pour cause, ils étaient occupés à en découdre : au cœur de la première période, une violente bagarre entre supporters a éclaté au bas de la tribune Ouest. L’incident, qui a duré une bonne dizaine de minutes, a nécessité l’intervention musclée du service d’ordre de Saint-Symphorien. Une personne a été évacuée sur civière. Un spectacle désolant qui a incité certaines familles a quitté les lieux. Triste.

Mathieur Duhamel : « Les larmes aux yeux ! »
Cheville en vrac, mais moral au top : l’attaquant messin a savouré cette dernière apparition de la saison à domicile à sa juste valeur.

Blessé mais heureux. Mathieu Duhamel est, à l’image de son équipe, allé au bout de lui-même pour sauver le FC Metz. Photo Gilles WIRTZ
Il est arrivé en salle de presse en traînant la patte. Mathieu Duhamel ne jouera probablement pas le dernier match de la saison, la semaine prochaine, à Evian. Sa cheville n’a pas résisté, en effet, à une mauvaise réception en première période. Mais hier, c’est la satisfaction qui primait dans la bouche de l’attaquant messin.
• Mathieu, qu’avez-vous ressenti au coup de sifflet final ? « Un bonheur immense ! Mais ça avait déjà commencé lorsque j’ai été remplacé pendant le match. J’ai eu les larmes aux yeux quand j’ai rejoint le banc des remplaçants. Et là, maintenant, je suis super, super heureux pour tous les gens qui sont venus nous encourager et pour tous ceux qui nous ont soutenus tout au long de cette saison. »
• Le soulagement doit être aussi fort que la saison a été pénible ? « Oui, c’est vrai. Heureusement, nous avons réagi au bon moment. Et dans ces difficultés que nous avons rencontrées, nous nous sommes forgés un gros mental. C’est peut-être ce qui nous a permis de nous mettre dans les meilleures conditions pour la réception de Nîmes. »
• Mission accomplie, donc ? « Oui, nous avons fini le boulot. Même si ça n’a pas été facile, nous avons serré les dents et nous tenons notre maintien. C’est l’essentiel. »
• Un dernier mot sur les acclamations du public à votre attention… Tout cela doit vous conforter dans votre choix de rejoindre le FC Metz au mercato d’hiver ? « Oui. Je joue au foot pour ressentir ces choses-là. Je l’avoue, j’aurais aimé que le terrain soit plus long pour mettre plus de temps à rejoindre le banc pour profiter de cet instant. C’était beau. »
C. B.
« Un sentiment de joie »
Ludovic Guerriero (milieu de terrain et capitaine du FC Metz). « Ce que je ressens ? Un sentiment de joie. On met enfin un terme à cette saison difficile. En première période, nous avons souffert mais l’ouverture nous a libérés. Par la suite, on a montré beaucoup de caractère. À l’avenir, il ne faudra pas oublier cette saison et ces points perdus en début de championnat. Ce maintien a été acquis par l’ensemble, les joueurs, le staff et le président qui n’a pas lâché l’entraîneur. Évoluer dans une telle ambiance, c’est extraordinaire. Peu de clubs qui jouent le maintien bénéficient d’un tel soutien. »
Kévin Diaz (milieu de terrain du FC Metz). « On respire un bon coup. Le stade était plein, il nous a permis de nous dépasser en fin de match. »
Thierry Froger (entraîneur de Nîmes). « Qu’importe l’ampleur de la défaite, nous étions venus pour chercher la victoire. Mais ce soir, Metz a affiché plus de maturité que nous. Il faut accepter le verdict, nous descendons… »
C’est dans la difficulté que…
Voilà, c’est fini… Après de longs mois de batailles rangées, de souffrance, de peur au ventre, les Messins ont fini par obtenir, presque tout au bout du bout du championnat, ce qu’ils espéraient obtenir depuis le premier jour : le droit de rester en Ligue 2 et de continuer à caresser le rêve désormais un peu fou de revenir au plus vite parmi l’élite du football français. Entamée sur la pointe des pieds, avec trois défaites d’affilée en août dernier, le parcours des joueurs du FC Metz s’achève donc (ou presque, il reste Évian la semaine prochaine) par trois victoires conquises la tête haute.
On rendra grâce ici aux dirigeants messins d’avoir su, quant à eux, garder la tête froide. Ils ne sont pas si nombreux, les présidents de club, à croire, à leurs risques et périls et jusqu’au bout, à la pertinence de leurs choix. En nommant Dominique Bijotat chef de chantier à l’amorce de la saison 2010-2011, Bernard Serin ne s’attendait évidemment pas à ce que l’édifice à reconstruire soit aussi branlant si longtemps… Mais le président a tenu bon, l’entraîneur aussi, et la maison grenat est restée debout. C’est souvent, dit-on, dans la difficulté que se bâtissent les plus belles victoires. Le FC Metz, avec toujours Dominique Bijotat à sa tête, s’apprête donc à faire vibrer Saint-Symphorien la saison prochaine. C’est tout le mal qu’on lui souhaite.
P. DEL.
Metz se prépare (CFA)
Le match. FC Metz : 4 e avec 79 points (13v, 10n, 7d) ; dernier match : victoire à Aubervilliers (2-3). Noisy-le-Sec : 17 e avec 56 pointts (5v, 11n, 14d) ; dernier match : victoire contre Villemomble (2-1).
L’enjeu. L’objectif de s’assurer une place en demi-finale des équipes réserves de CFA (le 31 mai à Metz) étant atteint depuis le week-end dernier, les deux ultimes rencontres de championnat n’ont plus beaucoup d’enjeu côté messin. Les joueurs de José Pinot se serviront donc de la venue de Noisy-le-Sec (17 e), aujourd’hui, pour préparer leur demi-finale.
L’effectif. Suspension purgée, Romain Métanire retrouve ses camarades alors que Wang Chu, lui, rejoint Amine Aribi à l’infirmerie. Dans les buts, Joris Delle fera son retour à la compétition. Thibaut Bourgeois et Olivier Cassan compléteront le groupe de CFA. Le groupe : Delle – Métanire, Reydel, Kayombo, Méligner, Diallo – Yi Teng, N’Ganvala, Haddadji, Tandjigora, Cassan – Keita, N’Doye, Simpara, Bourgeois.
FC Metz - Noisy-le-Sec, stade des Hauts de Blémont à Metz-Borny (18h)